VARSOVIE
Version
française – VARSOVIE – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson
italienne – Varsavia - Pierangelo
Bertoli – 1984
(P.A.Bertoli-G.Brandolini)
Dall'album "Dalla finestra"
(P.A.Bertoli-G.Brandolini)
Dall'album "Dalla finestra"
Varsavia
ou les trahisons des clercs.
Te
souviens-tu, Marco Valdo M.I. mon ami, que nous avons promis à
Lorenzo, un petit dialogue à propos de la chanson Varsavia que tu as
récemment traduite sous le titre Varsovie et à propos de laquelle
tu avais fait quelques réflexions en aparté ? Arguant si je ne
me trompe qu'il te faudrait du temps pour en dire plus et mettre un
peu d'ordre dans ces bribes...
Évidemment
que je m'en souviens très bien et si je n'étais pas si fatigué, je
le ferais ce soir-même et je m'aperçois d'ailleurs en rentrant que
Lorenzo a déjà vendu un peu la mèche... Mais pour bien situer la
chose, tout m'est venu de la traduction... enfin, comme j'ai
l'habitude de le préciser – et ce n'est pas une précision inutile
– ce n'est pas une traduction, mais une version. Je prends toujours
cette précaution pour éviter certaines chicanes et aussi, de donner
une dimension poétique dans la langue d'arrivée : ici, le
français. En quelque sorte, c'est une recréation. Donc, en donnant
la version française de Varsovie, durant l'élaboration, il m'a bien
fallu aussi essayer de comprendre de quoi cette chanson parlait.
De
Varsovie, je présume, dit Lucien l'âne.
C'est
l'évidence. Elle raconte un moment de Varsovie, une histoire à
Varsovie, une nuit où s'abat sur la ville une pluie effroyable et
une répression policière, militaire et politique. Des nuits de ce
genre, me dis-je, Varsovie en a connu beaucoup. On est dans une
maison ; il y a là un couple : l'un ou l'une veut faire
l'amour, l'autre pleure et une voix – homme ou femme – raconte
les événements. On a tué le fils ; c'est comme si on
tranchait dans l'avenir. Une nuit de coup d'État, une nuit où le
pays tout entier bascule.
Jusque
là, dit Lucien l'âne en hochant son grand crâne et en balançant
ainsi ses oreilles, on pourrait être au Caire, à Tunis, à Berlin,
à Paris, à Madrid, Lisbonne, Athènes... En somme, dans presque
toutes les villes du monde. Par exemple, Buenos-Aires pourrait très
bien convenir aussi ou Santiago ou Shanghai, Pékin, Chicago,
Kinshasa, Damas, Stamboul, Ankara ou Moscou... J'arrête mon
énumération...
Et
c'est exactement ce que voulait l'auteur de la chanson, comme le
rappelle Lorenzo dans sa note. Mais tout devient plus complexe par la
suite... À cause de cette madone noire et de ce mineur blanc, qui
semblent former un couple... Et c'en est un, d'ailleurs. Je cite :
« Sur
l'autel, il y a une madone noire
Mais c'est la main du mineur blanc. »
Mais c'est la main du mineur blanc. »
Comme
Lorenzo a déjà, comme je l'ai dit, vendu la mèche, je vais
directement au fait : il s'agit de la Vierge noire de
Czestochowa et son plus ardent admirateur, le mineur blanc, alias
Jean Paul II, lui aussi polonais et fervent idolâtre de la
Vierge."Totus tuus", tout à toi, telle était sa devise.
C'était évident pour moi, mais il vaut mieux préciser les choses
pour la suite... et la compréhension de la chanson. Certes, elle a
dénoncé un coup d'État militaro-politique (en l'occurrence, celui
de Jaruzelsky, opéré sur ordre de Moscou) et donc, la trahison des
communistes polonais face au rêve de société égalitaire qu'ils
avaient promis aux gens, spécialement aux pauvres. Mais la chanson
dénonce immédiatement l’autre grande trahison, celle de Woytila
et de son parti... je veux dire de son Église. Lui aussi avait
promis aux pauvres gens... Mais il n'était pourfendeur du communisme
(l'église concurrente, instrumentée par et pour d'autres puissants,
soit dit en passant) que pour appuyer le parti des riches et des
puissants du monde. On retrouve là le vrai rôle de l'Église dans
la Guerre de Cent Mille Ans : mener le troupeau des pauvres pour
le plus grand profit des riches... Ce qui est encore vrai
aujourd'hui. Et, c'est ce qui s'est passé en Pologne et les pauvres
gens de Pologne connaissent maintenant le prix de cette trahison et
en sauront encore plus demain.
« Seule
une masse de pauvres gens
À humilier, à rendre impuissants,
Seule une masse de pauvres gens
À faire plier, à rendre obéissants. »
À humilier, à rendre impuissants,
Seule une masse de pauvres gens
À faire plier, à rendre obéissants. »
« L'Autre Côté du Mur n'a rien d'un « Sunny side of the street ».
et
« On abat en même temps que le mur
Toute une vie collective
On étend la misère d'un côté, comme de l'autre
C'est la vie
La liberté d'exploiter passe derrière le mur
On crée le chômage individualisé
Richesse d'un côté, pauvreté de l'autre
C'est la vie » [[7911]]
Et tu pourrais ajouter, mais là c'est encore une autre église, mais la même histoire : Regardez ce qu'ils font aux Grecs... Enfin, pour conclure très provisoirement... en ce qui concerne la chanson Varsavia, elle renvoie dos à dos les deux églises (la catholique et la communiste) pour cause de trahison des clercs, en quelque sorte et c'est là le fait essentiel.
Nous, nous qui ne sommes pas chrétiens, nous qui sommes des bêtes de somme – traduction française de notre devise que nous devons aux paysans pauvres de Lucanie qui disaient à Carlo Levi : « Noi, non siamo cristiani, siamo somari », nous essayerons de ne pas trahir et de ne pas tromper... Alors, reprenons notre tâche essentielle qui est de tisser, tels des Canuts modernes, le linceul de ce vieux monde passéiste, clérical, brutal, violent, traître, menteur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
C'est
la nuit à Varsovie ; il pleut fort
Éclairs et tonnerres brisent
Un ciel plus noir que la mort
À Varsovie , les portes sont closes
Dans une maison, l'un pleure
L'autre voudrait faire la chose
Comment puis-je te tenir sur mon cœur, trésor
Quand cette nuit à Varsovie, on meurt ?
Éclairs et tonnerres brisent
Un ciel plus noir que la mort
À Varsovie , les portes sont closes
Dans une maison, l'un pleure
L'autre voudrait faire la chose
Comment puis-je te tenir sur mon cœur, trésor
Quand cette nuit à Varsovie, on meurt ?
Mon
garçon de vingt ans, ils ont tué
De rage ou de peur, ils l'ont tué
Car c'était une force future
Sur la place, j'ai vu tant de fleurs
Piétinées et dispersées avec fureur
Par qui emploie la loi et se sert du bâton
Et sur les autres a des prétentions de maître
De rage ou de peur, ils l'ont tué
Car c'était une force future
Sur la place, j'ai vu tant de fleurs
Piétinées et dispersées avec fureur
Par qui emploie la loi et se sert du bâton
Et sur les autres a des prétentions de maître
Sur
l'autel, il y a une madone noire
Mais c'est la main du mineur blanc
Qui a signé des traites en blanc
Sur le dos d'un peuple déjà fatigué
Las, soûlé d'églises et de prophètes
Car sur le terrain
Mais c'est la main du mineur blanc
Qui a signé des traites en blanc
Sur le dos d'un peuple déjà fatigué
Las, soûlé d'églises et de prophètes
Car sur le terrain
Ils
nous ont trahis nombre de fois
Avec cynisme et détermination
Ils ont envoyé frères et camarades en prison
Et ils ont muselé l'illusion
Il n'y a pas de peuple patron
Il n'y a pas encore peuple gagnant
Seule une masse de pauvres gens
À humilier, à rendre impuissants,
Seule une masse de pauvres gens
À faire plier, à rendre obéissants.
Avec cynisme et détermination
Ils ont envoyé frères et camarades en prison
Et ils ont muselé l'illusion
Il n'y a pas de peuple patron
Il n'y a pas encore peuple gagnant
Seule une masse de pauvres gens
À humilier, à rendre impuissants,
Seule une masse de pauvres gens
À faire plier, à rendre obéissants.
Et
pour tous aujourd'hui, c'est un jour noir
Trop de queues de paille brûlent
Trop de rage pour qui vit encore de l'espoir
En un monde qui s'écroule
C'est la nuit à Varsovie ; il pleut fort
Une pluie qui ruisselle sur nos douleurs
Comment puis-je te tenir sur mon cœur, trésor
Quand cette nuit à Varsovie, on meurt ?
Trop de queues de paille brûlent
Trop de rage pour qui vit encore de l'espoir
En un monde qui s'écroule
C'est la nuit à Varsovie ; il pleut fort
Une pluie qui ruisselle sur nos douleurs
Comment puis-je te tenir sur mon cœur, trésor
Quand cette nuit à Varsovie, on meurt ?
Comment
puis-je te tenir sur mon cœur, trésor
Quand cette nuit à Varsovie, on meurt ?
Quand cette nuit à Varsovie, on meurt ?