Vive
les vacances ! (1)
Chanson
française – Vive les vacances ! (1) – Marco Valdo M.I. –
(19 mars) 2020
Dialogue
Maïeutique
Il
m’est arrivé une curieuse aventure, Lucien l’âne mon ami et je
m’en vais te conter ça ; comme tu vas le voir, il y a deux
versions de cette nouvelle chanson.
Deux
versions d’une chanson, demande Lucien l’âne un peu ahuri, et
pourquoi donc ? Une seule n’aurait pas suffi ?
Bien
sûr que si, répond Marco Valdo M.I., mais voilà, il y a le temps ;
le temps qui passe, le temps qui glisse et fuit comme l’eau du ruau
ou du ru, c’est-à-dire du petit ruisseau. Mais voyons voir plus en
détail la cause de ce doublon ; les deux chansons
s’intitulent : « Vive les Vacances ! » et
elles ont été conçues à deux moments différents et les dates ont
de l’importance. La première version date du 19 mars 2020 –
c’est-à-dire au début du confinement et la seconde,
d’aujourd’hui, le 22 mai 2020 où lentement, on déconfine. Entre
les deux, deux mois ont passé. La première version fut écrite au
temps des jonquilles ; la seconde quand les oiseaux s’en
donnent à cœur joie dans les bois et les jardins ; les
alouettes tout en haut trillent.
Ça,
je le comprends, dit Lucien l’âne, mais c’est pourquoi tu as
attendu pour publier la version première que je ne comprends pas.
La
vérité, Lucien l’âne mon ami, la vérité toute nue, c’est que
j’avais oublié que j’avais écrit cette chanson et qu’elle a
ainsi – elle aussi – été confinée dans un coin perdu du
labyrinthe des fichiers. Je l’ai retrouvée un eu par hasard tout à
l’heure au moment où j’écrivais la suite de la chanson
albanaise « Le
grand Avion ». À ce moment, je me suis rendu compte
qu’elle était déjà datée ; en quelque sorte, elle parlait
déjà du passé ; elle n’avait plus de sens que replacé dans
son historicité. J’ai donc fait les adaptations nécessaires pour
la mettre au goût du jour et c’est à ce moment que j’ai eu
l’idée, la conviction même qu’il fallait garder les deux
versions, sous le même titre, mais en les numérotant pour les
distinguer.
Oui,
dit Lucien l’âne en souriant, les numéroter. C’est dangereux,
car quand on commence avec des numérotations, ça peut mener loin,
très loin.
On ne
sait jamais, en effet, Lucien l’âne mon ami. Par exemple, je suis
venu aux chansons contre la guerre avec une première traduction et
je n’avais pas l’idée d’en faire une deuxième. C’est tout
dire que c’était il y a plus de dix ans, il y a environ 4000
jours. Du reste, voici la première version, celle du commencement du
grand enfermement et déjà, je saluais les gens dans la rue en leur
disant : « Vive les vacances ! »
Et tu
faisais bien, dit Lucien l’âne, car les seuls que tu pouvais
rencontrer étaient effectivement dispensés d’aller au turbin. Ils
étaient au sens strict : « en vacances ».
Maintenant,
tissons le linceul de ce vieux monde décontenancé, désaxé,
déboussolé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Hier,
l’hiver s’est enfui
De
tout le pays.
Ce
matin, le matin est gris :
C’est
le printemps des souris.
Ce
matin, il n’y a pas de vent.
L’air
est vacant.
Le
monde est en pénitence.
Vive
les vacances.
Tout
comme les fleurs,
Les
feuilles hésitent fort
À
sortir leurs corps :
C’est
le printemps en pleurs.
Seul
le clocher bourdonne,
Un
bourdon solitaire dépaysé
Papillonne,
Tout
est confiné.
Certains
ont de la chance,
Les
croyants en confiance
Partent
en avance
Pour
de grandes vacances
Au
Paradis,
Au
grand pays
Du
soleil et des houris.
Vive
les vacances !
C’est
le temps des jonquilles !
Rats
terrés dans la réserve,
On
coule des jours tranquilles :
La
vie en jaune conserve.
Et
puis, le Paradis, on s’en fout
Notre
Paradis, c’est notre trou.
Notre
avenir est tout en patience,
Vive
les vacances !