jeudi 18 août 2022

LUEURS

 

 

 

LUEURS

 

Version française — LUEURS — Marco Valdo M.I. — 2022

Chanson italienne — BaglioriGianni Siviero — 1988-1999

 

 

 


 

 

Dialogue maïeutique

 

 

Lueurs, dit Marco Valdo M.I., est une chanson énigmatique qui rapporte un monologue, c’est-à-dire le discours, la réflexion à haute voix d’une voix anonyme. C’est un lui qui parle ; il y a quelqu’un qui raconte un passage de sa vie et le passage de sa vie.

 

Oh, dit Lucien l’âne, c’est assez habituel pour une chanson.

 

En effet, reprend Marco Valdo M.I. ; d’abord, le titre lui-même est une énigme ; que sont ces lueurs ? Qu’est donc cette lueur aveuglante qui revient lancinante. Est-elle un de ces éclaires d’orage qui soudain déchirent le ciel ? Est-ce même une illumination matérielle ? Est-ce l’éclat d’une bombe ? Ou n’est-ce pas plutôt une clarté qui surgit à l’intérieur de l’esprit, de la conscience de celui qu’elle atteint ?

 

Vues ainsi, dit Lucien l’âne, ces lueurs ne me semblent pas claires ; le mieux serait de dire un peu plus de ce que dit la chanson. Peut-être alors y verrait-on plus clair.

 

Oui, dit Marco Valdo M.I., j’aurais dû commencer par là. Donc elle (la chanson) raconte une série d’événements qui sont des éléments disparates d’un récit : l’enfant qui traverse une passerelle, il court rejoindre ses amis ; il va au jardin ; il écoute sa mère, il la caresse, la console de ses douleurs. Est-elle à l’agonie ? Et lui-même, est-il aussi ce pilote dont l’avion s’est écrasé ? Revoit-il, récapitule-t-il ainsi sa vie ?

 

Oh, dit Lucien l’âne, c’est souvent comme ça avec la chanson, elle évoque et sans doute, sait-elle elle-même de quoi il retourne et a-t-elle choisi la voie du mystère. Quant à nous, nous tissons le linceul de ce vieux monde étrange, multiple, agonisant, sombre et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

Je traverse la passerelle

Car j’aime la ville

Vue de l’autre rive

Au-delà de l’eau verte

Une lueur aveuglante m’emporte.

 

Libre, vite je cours,

Dans les escaliers, je vole

Pour aller dans la cour

Où avec les amis, je joue.

Une lueur aveuglante m’emporte.

 

Je traverse l’allée

Du jardin à la porte.

Les fleurs sont arrosées

En fin de journée.

Une lueur aveuglante m’emporte.

 

J’écoute ma mère

Raconter sa vie

Du temps où elle était une fille,

Son futur, ses illusions mortes.

Une lueur aveuglante m’emporte.


Je regarde ma montre.

Il reste une heure

Pour terminer

Cette pénible activité.

Une lueur aveuglante m’emporte.


Je caresse sa tête,

Ma main se prête

À consoler ses douleurs

Et retenir mes pleurs.

Une lueur aveuglante m’emporte.


Je pense à demain

À ce que je vais faire,

À ce court destin qui est le mien

À mes petites attentes.

Une lueur aveuglante m’emporte.

 

Je suis là, sang et pierre,

Ailes écrasées à terre,

Bouche assoiffée d’air,

Suffoquant, les yeux ouverts

Dans cette obscurité sans fin où je ne vois guère.

 

Je suis là, sang et pierre,

Ailes écrasées à terre,

Bouche assoiffée d’air,

Suffoquant, les yeux ouverts

Dans cette obscurité sans fin où je ne vois guère.

Dans cette obscurité sans fin où je ne vois guère.