samedi 20 novembre 2021

DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE

 

 

DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS 

L’ARC DE TRIOMPHE


Version française – DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson allemande – Zweiter Bericht über den Unbekannten Soldaten unter dem TriumphbogenBertolt Brecht – ça. 1920.


Texte de Bertolt Brecht, dans le recueil « Lieder Gedichte Chöre, 1918-1933 », publié en 1934.

Musique de Kurt Weill, quatrième mouvement de la cantate pour ténor, baryton, chœur de trois voix d’hommes et orchestre intitulée « Das Berliner Requiem », qu’il a composée en 1928.

Deuxième partie de Erster Bericht über den Unbekannten Soldaten unter dem TriumphbogenVersion française – PREMIER RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE.





Ici, Brecht abandonne le grotesque et admet qu’il ne pourra jamais y avoir de résurrection pour ce soldat qui a été assassiné, massacré, déchiré et rendu ainsi inconnu. Il n’y aura jamais de jugement dernier. Alors vous, maudits qui l’avez tué, vous pouvez dormir tranquilles, mais au moins enlevez cette pierre tombale, cet arc de triomphe, et arrêtez vos hymnes de victoire inutiles et scandaleux qui me blessent, moi qui chaque jour continue à me demander : pourquoi n’êtes-vous pas ceux qui sont morts, pourquoi n’avez-vous pas été tués ? Pourquoi pas ?

 

 

 


LA VEUVE DU SOLDAT INCONNU

Otto Dix – 1922

 

 

 

Dialogue Maïeutique



Il y a quelques jours, c’était hier presque, Lucien l’âne mon ami, nous avons longuement parlé du Soldat Inconnu et de son étrange histoire. Son titre indiquait que c’était le « PREMIER RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE ». Cette fois, voici le deuxième. C’est une vraie lamentation, dit Marco Valdo M.I.


Oui, dit Lucien l’âne, ce pourrait être le discours de la veuve, un discours qui sonne comme un glas, un glas de vengeance :

« Chaque jour vient me rappeler

Que vous vivez encore

Vous, vous qui morts

Ne l’êtes toujours pas.

Et pourquoi ? Pourquoi pas ?


On n’en dira pas plus, il suffit de la lire. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde triste, souffrotant, égrotant, râlant et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane







Tout ce que je vous ai dit

Sur le meurtre et la mort du Soldat inconnu

Et son visage détruit,

Et sur les efforts de ses assassins bien connus,

Pour empêcher son retour ici

Est vrai,

Mais lui, il ne reviendra jamais.



Son visage était aussi vivant qu’il se put,

Jusqu’à ce qu’il soit écrasé et qu’il ne le fut plus.

Et il ne fut

Jamais dans ce monde revu,

Ni entier ni écrasé,

Ni aujourd’hui, ni à la fin de la journée,

Et sa bouche désarticulée,

Ne parlera jamais au Jugement dernier.



Il n’y aura pas de procès,

Mais votre frère

Est mort, et mort au-dessus de lui le grès,

Et je regrette

Tout sarcasme, et je retire ma plainte.



Mais je vous prie, maintenant

Que vous l’avez tué,

Silence ! Silence ! À présent

Qu’il est mort, ne commencez pas à discuter.

Je vous prie, car vous l’avez

Vous aussi tué :



Ôtez au moins

La pierre qui pèse sur lui,

Car ce cri de triomphe vain

À moi qui

Ne cesse de m’attrister

Et qui ai déjà oublié le tué,

Chaque jour vient me rappeler

Que vous vivez encore

Vous, vous qui morts

Ne l’êtes toujours pas.

Et pourquoi ? Pourquoi pas ?