DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS
L’ARC DE TRIOMPHE
Version française – DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson allemande – Zweiter Bericht über den Unbekannten Soldaten unter dem Triumphbogen – Bertolt Brecht – ça. 1920.
Texte
de Bertolt Brecht, dans le recueil « Lieder Gedichte Chöre,
1918-1933 », publié en 1934.
Musique
de Kurt Weill, quatrième mouvement de la cantate pour ténor,
baryton, chœur de trois voix d’hommes et orchestre intitulée
« Das Berliner Requiem », qu’il a composée en
1928.
Deuxième
partie de Erster
Bericht über den Unbekannten Soldaten unter dem Triumphbogen –
Version
française – PREMIER
RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE.
Ici, Brecht abandonne le grotesque et admet qu’il ne pourra jamais y avoir de résurrection pour ce soldat qui a été assassiné, massacré, déchiré et rendu ainsi inconnu. Il n’y aura jamais de jugement dernier. Alors vous, maudits qui l’avez tué, vous pouvez dormir tranquilles, mais au moins enlevez cette pierre tombale, cet arc de triomphe, et arrêtez vos hymnes de victoire inutiles et scandaleux qui me blessent, moi qui chaque jour continue à me demander : pourquoi n’êtes-vous pas ceux qui sont morts, pourquoi n’avez-vous pas été tués ? Pourquoi pas ?
LA VEUVE DU SOLDAT INCONNU
Dialogue Maïeutique
Il y a quelques jours, c’était hier presque, Lucien l’âne mon ami, nous avons longuement parlé du Soldat Inconnu et de son étrange histoire. Son titre indiquait que c’était le « PREMIER RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE ». Cette fois, voici le deuxième. C’est une vraie lamentation, dit Marco Valdo M.I.
Oui, dit Lucien l’âne, ce pourrait être le discours de la veuve, un discours qui sonne comme un glas, un glas de vengeance :
« Chaque jour vient me rappeler
Que vous vivez encore
Vous, vous qui morts
Ne l’êtes toujours pas.
Et pourquoi ? Pourquoi pas ?
On n’en dira pas plus, il suffit de la lire. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde triste, souffrotant, égrotant, râlant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Tout ce que je vous ai dit
Sur le meurtre et la mort du Soldat inconnu
Et son visage détruit,
Et sur les efforts de ses assassins bien connus,
Pour empêcher son retour ici
Est vrai,
Mais lui, il ne reviendra jamais.
Son visage était aussi vivant qu’il se put,
Jusqu’à ce qu’il soit écrasé et qu’il ne le fut plus.
Et il ne fut
Jamais dans ce monde revu,
Ni entier ni écrasé,
Ni aujourd’hui, ni à la fin de la journée,
Et sa bouche désarticulée,
Ne parlera jamais au Jugement dernier.
Il n’y aura pas de procès,
Mais votre frère
Est mort, et mort au-dessus de lui le grès,
Et je regrette
Tout sarcasme, et je retire ma plainte.
Mais je vous prie, maintenant
Que vous l’avez tué,
Silence ! Silence ! À présent
Qu’il est mort, ne commencez pas à discuter.
Je vous prie, car vous l’avez
Vous aussi tué :
Ôtez au moins
La pierre qui pèse sur lui,
Car ce cri de triomphe vain
À moi qui
Ne cesse de m’attrister
Et qui ai déjà oublié le tué,
Chaque jour vient me rappeler
Que vous vivez encore
Vous, vous qui morts
Ne l’êtes toujours pas.
Et pourquoi ? Pourquoi pas ?