VENT DU NORD
Version
française – VENT DU NORD – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson
italienne – Il
vento del Nord – Tullio
Bugari – 2017
Texte
de Tullio Bugari
Musique
et voix de Silvano
Staffolani
Vent
du Nord est le nom qu’on lui donna quand il est revenu à Corleone
après la guerre partisane en Carnie, pour l’énergie qu’il
mettait au service des luttes paysannes de sa terre. J’ai eu
l’occasion d’approfondir la figure de Placido Rizzotto
précisément durant mon voyage en Carnie il y a trois ans, en
marchant dans ces belles montagnes où Placido Rizzotto avait vécu
son université.
La
Carnie est sur la photo, une photo frioulane pour parler de la
Sicile. La veille de mon arrivée en Carnie, j’étais allé au
barrage de Vajont pour la veillée nocturne des citadins à la
mémoire (des victimes de la catastrophe) du Vajont, à l’occasion
du cinquantième anniversaire de ce désastre, et j’étais déjà
chargé d’idées concernant les terres et les luttes à ne pas
oublier.
En
outre,
cette année-là,
j’avais publié « In bicicletta lungo la Linea Gotica »
(En
bicyclette le long de la Ligne Gothique)
et j’étais déjà en train de réélaborer les éléments
que ce travail m’avait apportés
pour approfondir ce que les paysans avaient fait une fois rentrés de
la guerre ou redescendus
des montagnes où ils avaient été partisans, et ici la figure de
Placido Rizzotto s’est
révélée
une autre impulsion puissante qui
me
poussa
à
cette nouvelle recherche. Puis, quand le nouveau livre a commencé
– suivant
l’idée de raconter l’histoire d’événements qui ont eu lieu
dans différentes régions en même temps :
la
période choisie se
situait
autour du printemps de 1950
– ici
en Sicile, je découvre
les occupations des latifundia
de cette période, et en particulier du
latifundium
de
Santa Maria del Bosco près de Bisacquino, dans le secteur de
Corleone. Les occupations avaient
été
menées par un très jeune Pio La Torre, arrêté le 10 mars 1950,
exactement deux ans après le meurtre de Placido Rizzotto (10
mars 1948),
dont le corps n’a pas été retrouvé à l’époque (on
le retrouva et on l’identifia en 2009).
Pio La Torre avait
remplacé
à la Chambre du travail de Corleone Placido
Rizzotto
après sa mort. Dans le livre où
je
raconte cette partie de l’histoire, Rizzotto reste en arrière-plan
et n’est que mentionné, mais la chanson part de lui, du Vent du
Nord, qui après sa mort revient,
à travers les occupations des fiefs en Sicile, sous
la forme du
vent du sud, car « vous ne pouvez pas mettre
en cage
le vent, le vent ne se calme pas, quand
on
enferme
dans une cage », répondent les paysans,
« notre rage
ne peut tourner
à
vide, nous allons encore occuper
ces terres ». [Tullio
Bugari]
On
ne peut mettre le vent en cage.
Quand
il chante comme un fleuve
C’était
notre fils et celui d’une âpre terre,
Il
monta là-bas partisan faire la guerre,
Il
escalada les montagnes pour combattre
Sous
les ciels profonds de la Carnie ;
Alors,
on l’appela Vent du Nord.
Et
quand il tomba, il était le Vent du Nord.
Et
quand il tomba, il était le Vent du Nord.
On
ne peut mettre le vent en cage.
Quand
ses mots sont une rivière,
Il
baigne avec douceur cette terre amère.
Nous
cherchons la vie, ils nous font la guerre ;
Nous
houons courbés pour survivre,
Ce
ciel de Sicile sera le nôtre
Fort
et doux comme le jus d’un agrume,
Fort
et doux comme le jus d’un agrume,
Fort
et doux comme le jus d’un agrume.
Dix
mars année quarante-huit :
La
nuit avale Placido Rizzotto.
Le
néant ne peut se raconter,
On
ne peut arrêter de respirer.
Le
vent ne se calme pas quand on l’encage.
Notre
colère ne peut tourner à vide,
Nous
occuperons encore ces terres,
Nous
occuperons encore ces terres,
Nous
occuperons encore ces terres.
Dix
mars année cinquante
On
ne peut mettre le vent en cage
Quand
les gens sont un fleuve
Qui
s’épand sur les chemins et les prés,
Avec
mules, chariots, fanfares et bannières,
Sur
la terre à partager et à semer,
C’est
nous maintenant le vent du Sud !
C’est
nous maintenant le vent du Sud !
Nous
sommes maintenant le vent du Sud !