vendredi 11 mai 2018

Ainsi soit-il !

Ainsi soit-il !


Chanson française – Ainsi soit-il !– Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 38

Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, XI)



Comme tout le monde le sait, Lucien l’âne mon ami, les meilleures des choses ont une fin.

Certes, Marco Valdo M.I. mon ami, voilà une sentence d’une banalité extrême. Que peut-elle bien dissimuler ? Et ce titre, tout aussi banal, que peut-il présager ?

C’est ce que nous allons voir, Lucien l’âne mon ami, et d’abord, je t’annonce que cet « Ainsi soit-il ! » est le dernier volet du sermon de Cornélis et l’« Ainsi soit-il, soit, soit, soit-il ! » en est l’ultime expression. Le sermon d’Adriaensen, qui dans cette histoire est une pièce maîtresse de la défense catholique, comporte donc quatre parties. Dans Le Sermon de Cornélis, le dénonciateur en chaire s’en prenait aux têtes de la Réforme, il vilipendait Luther, Servet, Calvin et d’autres ; dans Honte sur vous !, il s’en prenait à la tiédeur, la mollesse, si ce n’est à la lâcheté de ses ouailles catholiques et tentait de les stimuler pour qu’ils fassent barrage aux nouvelles croyances ; dans Les Apôtres, il ridiculisait et malmenait les prédicants protestants qui sillonnaient le pays ; enfin, dans Ainsi soit-il, il menace de la vengeance de Dieu, de la colère divine et de mille autres rétorsions et malheurs ses catholiques récalcitrants à l’appel au combat contre les Réformés – par ailleurs, très souvent leurs parents ou leurs voisins. Il va jusqu’à revendiquer la stature du prophète pour leur prédire le plus épouvantable des destins : la néantisation. Ainsi, soit-il !

Voilà qui n’est pas vraiment drôle, ni réjouissant, dit Lucien l’âne. J’ai comme l’impression que cet aimable prophète se comporte comme se comporte un prophète, il annonce le malheur et la désolation, il appelle au crime et use de la menace pour appuyer son point de vue. Bref, c’est un sadique autoritaire et carrément dément.

À propos du personnage très typé de ce prédicateur, dit Marco Valdo M.I. un peu songeur, je suis du même avis que toi : c’est un dément. Par exemple, je te rappelle une chanson que j’avais présentée, il y a déjà un certain temps : Tuez les hérétiques, leurs femmes et leurs enfants ! Mais le pire, c’était que ce prêtre pousse au crime n’était pas le seul ; comme des milliers d’autres, il était plutôt dans la norme de la propagande divine. Une norme qui est toujours d’ailleurs actuellement toujours d’application dans notre petit monde.

Ainsi, Marco Valdo M.I. mon ami, comme notre univers n’est pas guéri de ce genre de délire, je pense qu’on peut encore lui adresser cette réflexion en chanson à propos des prophètes et des religions, poil au balcon : L'Injure ou Prophètes, dieux et déesses. Et puis, il nous faut continuer à tisser le linceul de ce vieux monde toujours encombré de religions, de prophètes, de zélotes, fanatique et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



En colère, l’intarissable censeur
Dénonce avec une sainte ardeur
Ce populaire ivre, fou, furieux,
Qui crie : « Vive le Gueux ! »

Il dit : tous, jeunes et vieux,
Hurlent « Vive le Gueux ! »,
Lors même que ces abominables protestants
Veulent les biens de l’Église et les couvents.

Si ça continue, il ne nous restera
À nous autres, pauvres catholiques
Qu’à prendre claques et cliques
Et à fuir les Pays-Bas.

Qui sont-ils, ces pelés, ces galeux
D’où vient tout le mal ?
Des rats qui remontent du canal,
Des vagabonds étrangers, des pouilleux.

Ils ont tout laissé chez les filles,
Ils ont tout perdu au jeu :
En dés, en débauches et en coucheries.
Voilà en vérité ce que sont ces gueux.

Et dans leurs luxurieux banquets,
Chez Brederode, chez Culembourg,
On tient des conclaves secrets,
On prépare de séditieux discours.

Par mépris pour la Gouvernante, ils chantent
Des pasquins, des brocards contre le Roi.
Ils mangent, ils boivent
Dans leurs écuelles en bois.

Ils crient : « Vive le Gueux ! »
Ah, si j’étais le bon Dieu,
Je changerais leurs bières et leurs vins
En eau de vaisselle, en lavure de bain.

Braillez ! Ânes que vous êtes,
Braillez : « Vive le Gueux ! »
Je suis prophète :
Craignez la vengeance de Dieu !

Malédictions, pestes, ruines, incendies
Pleuvront sur vous, pleutres impies
Et de vos os, de vos demeures, que restera-t-il ?
Rien, néant. Ainsi soit-il, soit, soit, soit-il !