Version
française – NOIX DE COCO – Marco Valdo M.I. – 2013
Avec
la parodie des naufragés, GABER « vulgarise » sympathiquement la
vieille théorie – commencée par Rousseau et ensuite reprise par
les pères du socialisme – du « communisme primitif » de la
préhistoire fondé hélas sur la pénurie alimentaire, et l'«
invention » de l'État qui présenté comme une nécessité
d'organisation devient ensuite – en instituant la propriété
privée – l'expression et le moyen de la domination des privilégiés
au détriment des autres, d'une classe sociale sur une autre.
J.J.Rousseau
ouvrait la seconde partie de son « Discours sur l'origine et les
fondements de l'inégalité parmi les hommes » (1754) en disant :
«
Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire Ceci est à
moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai
fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de
meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au
genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé,
eût crié à ses semblables: Gardez-vous d'écouter cet imposteur;
vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et
que la terre n'est à personne. ».
Belle
chanson que celle-là..., dit Lucien l'âne en riant. Elle me fait
beaucoup rire tout en étant fort juste et instructive. Et puis,
cette histoire de noix de coco m'en a rappelé immédiatement une
autre histoire de noix de coco où Arthur, roi d'Angleterre, entame
une discussion hallucinante et nébuleuse à propos d'hirondelles
migrantes et de noix de coco, lui au pied du rempart interpellant les
sentinelles, silhouettes chinoises déambulant au sommet.
(http://www.youtube.com/watch?v=JHFXG3r_0B8 –
http://www.dailymotion.com/video/x25er5_monty-python-sacre-graal_fun)
En
effet, elles sont totues deux drôles. Quant à la chanson de Gaber,
elle se présente comme une scène du théâtre de la vie primitive
dans le décor d'une sorte d'île idyllique, où de « bons sauvages
», collectifs en diable et a priori heureux et solidaires, vivant
des fruits de la nature – qu'interprète LE CHOEUR, vont se faire
avoir par un d'entre eux plus sournois, plus rusé et plus cynique –
qu'interprète GABER , qui va les dépouiller de leurs droits
naturels à la vie et imposer le principe de propriété et son
corollaire qu'est l'État. D'une part donc, cette canzone montre
comment on passe d'un monde commun, d'une société collectivement
solidaire à un monde divisé : le monde conçu par et pour les
riches, dont ma grand-mère énonçait ainsi le principe fondateur: «
Rien pour les autres et tout pour moi ». D’autre part, elle
indique de façon imagée ce qu'il en est des débuts de la Guerre de
Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d'instaurer leur
domination, d'imposer leur mainmise sur le monde, de privatiser à
leur profit la nourriture, les biens, la Terre, en attendant de
s'emparer de l'univers tout entier. C'est un acte de naissance –
imprescriptible, du moins à leurs yeux et scellé dans la majesté
de l'État, figure publique, sorte de totem de leur puissance,
fondement de la spoliation éternisée et de la violence réservée.
En
effet, c'est un joli coup tordu que cet État, seul détenteur de la
force armée, seul autorisé à faire usage de la violence – y
compris contre ses propres citoyens. Cet État est le moyen par
lequel ils (les gens de pouvoir, les tenants et les servants du
système) légitiment leur armée d'occupation permanente, chargée
du maintien de l'ordre (de leur ordre, évidemment!) ; et son pouvoir
intangible est l'instrument de l’iniquité fondamentale de leur
société. Car il s'agit bien – dès le départ – de leur
société, de leur pouvoir, de leur État, de leur Justice, de leur
système où la propriété privatise progressivement tout et où
véritable monstre glouton et insatiable, elle avale les biens et les
choses et dévore la vie des hommes. Ainsi, il est légitime et il en
est plus que temps, comme le chantaient les Canuts, de
tisser le linceul de ce vieux monde propriétaire, étatique, inique,
violent et cacochyme.
Heureusement
!
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
LE
CHOEUR:
Quelle
faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
LE
CHOEUR:
Quelle
faim !
GABER
:
Quelle
faim !
LE
CHOEUR:
Quelle
faim !
GABER
:
LE
CHOEUR:
Quelle
faim !
GABER
:
Quelle
faim !
LE
CHOEUR:
Quelle
faim !
GABER
:
Quelle
faim !
GABER
:
LE
CHOEUR:
Bien
! Hourra ! Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !
GABER
:
Non
! Non. J'ai trouvé les noix de coco !
Ah oui, les noix de coco je les ai trouvées, donc je me les garde !
Ah oui, les noix de coco je les ai trouvées, donc je me les garde !
LE
CHOEUR:
Vous ne comprenez pas les gars... Faisons un raisonnement. Dans la vie, tous les hommes ne sont pas égaux : il y a des hommes normaux et des hommes de talent. Ce n'est pas par hasard que j'ai trouvé les noix de coco !
LE CHOEUR:
Mais qu'est-ce que tu en fais de tant de noix de coco ? Tu es seul et nous sommes nombreux !
GABER :
Ce n'est pas le nombre qui compte ; c'est l’intelligence de l'individu !
LE CHOEUR:
Tu es seul et nous sommes nombreux !
GABER :
Vous ne pensez pas me faire de la peur avec des menaces ?
LE CHOEUR:
GABER
:
… C'est
vrai ! Je suis seul et vous êtes nombreux… Il faut que je vous
calme. Certes pas avec les noix, hein ? Il faut que j'invente quelque
chose, quelque chose de juste, de civilisé. Gaffe si nous commençons
avec la violence. Le respect ! Le respect de ce que nous sommes, de
ce que nous avons, quelque chose de sérieux, d'important, de
démocratique !
Ça y est, j'ai trouvé ! J'invente l'État !
Ça y est, j'ai trouvé ! J'invente l'État !
LE
CHOEUR: