mercredi 10 juin 2015

UNITÉ, DROIT ET LIBERTÉ

UNITÉ, DROIT ET LIBERTÉ

Version française – UNITÉ, DROIT ET LIBERTÉ – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson allemande – Einigkeit und Recht und FreiheitKurt Tucholsky – 1927
Texte de Kurt Tucholsky publié – sous le pseudonyme de Theobald Tiger – le 15 mars 1927 dans “Die Weltbühne”.
Musi
que de Hanns EislerInterprétée par Sylvia Anders in “Hanns Eisler: Hollywood~Elegien Und Andere Lieder”





« L'Allemagne, l'Allemagne au-dessus de tout, au-dessus de tout au monde. » 


« Unité, Justice et Liberté », ce qu' elles signifient pour les « tribus germaniques » reste complètement méconnu… relève ainsi Tucholsky en 1927.
Si ensuite on pense que « Einigkeit und Recht und Freiheit » est la troisième strophe du « Das Lied der Deutschen » (1846), passé
tel quel à travers les époques du Premier Reich, Deuxième reich, République de Weimar, Troisième Reich et est encore aujourd'hui, l'hymne de la Bundesrepublik Deutschland…
Toutefois soigneusement amputé de ses deux premiers couplets.

Tu vois, Lucien l'âne mon ami, quand on traduit, on traduit. Et parfois, il faut quand même ajouter un mot ou l'autre. Ici, au commentaire, je viens d'ajouter : « toutefois soigneusement amputé de ses deux premiers couplets ». Et ce n'est pas sans raison. Car, figure-toi, ce fameux « Das Lied der Deutschen » commence d'une manière qui s'est révélée malencontreuse au fil du temps. Si ce « Chant des Allemands » est au départ un chant de liberté et aussi, un chant qui appelait les Allemands à transcender leurs divisions et à ainsi éviter les guerres fratricides, à mettre l'intérêt commun au-delà et au-dessus des particularismes, son premier vers a fini par le transformer en un hymne impérialiste, position qui a culminé vers 1870-71, 1914-1918 et 1933-45. Ce vers est encore connu et fait se révulser, même la plupart des Allemands, rien qu'à l'idée ; il s'agit bien évidemment de « Deutschland, Deutschland über alles, über alles in der Welt. » - Traduction : « L'Allemagne, l'Allemagne au-dessus de tout, au-dessus de tout au monde. » Donc, au début, lorsqu'elle fut écrite, cette phrase incitait les Allemands à se rassembler, à faire passer l'Allemagne, l'unité allemande au premier plan de leurs préoccupations. Par la suite, avec le rêve d'Otto, d'une Allemagne dominatrice, puissante, les mêmes mots ont pris un sens plus inquiétant. Il s'agissait de dominer le monde ou en tous cas, d'y jouer un rôle dominant. On comprend dès lors beaucoup mieux l'ironique scepticisme de Tucholsky à l'égard de ce que pouvait signifier pour les Allemands de 1927, habitants d'une Allemagne unifiée où grandissait de jour en jour la « bête immonde », les deux premiers vers de la dernière strophe : « Unité et droit et liberté pour la patrie allemande. » Il en frémissait, on en frémit encore. C'est de ce frémissement, de cette sensation d'horreurs à venir que parle cette chanson.

Voyons donc la chanson et reprenons notre tâche en tissant le linceul de ce vieux monde cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Ce qu'est la liberté pour les Germains,
Reste un très grand mystère.
Certains sont dans une interrogation éternelle,
Même s'ils le veulent, ils n'y comprennent rien.
Car déjà cent années, jour après jour,
Imposent pour toujours
Une perspicacité patiente au travers de lunettes.
Quand on est bête, on est bête.
Aucune pilule ne peut y porter remède

La Justice chez les Teutons,
A un bandage au front.
Mais ils l'ornent volontiers,
Et là il ne reste pas toujours attaché.
D'aucuns criaillent
Comme ce cher bétail.
D'autres croient encore à une bonne volonté…
Quand on est bête, on est bête.
Aucune pilule ne peut y porter remède

Que l'unité soit avec les gens d'ici,
Cela a été dit vingt-quatre fois.
Pour les lands, on a écrit
Un énorme appareil de lois :
Hambourg tire à soi
Altona ;
La Bavière sèchement réplique :
« Vive la république ! »
Chacun ne pense en premier
Qu'à son Reich privé…
Une République à contre gré.
Quand on est Allemand, on est Allemand.
Pour cela, il n'y a pas de médicament.


ICI, IL N'Y A PAS DE DIEU

ICI, IL N'Y A PAS DE DIEU



Version française – ICI, IL N'Y A PAS DE DIEU – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne - Qui Dio non c’è - Claudio Baglioni – 1990


Des heures à plat ventre
Et le train électrique tournait
et quand il déraillait
J'en souffrais un peu




Brumeuses fourmilières de maisons
Puanteur brûlée en ville
ICI, IL N'Y A PAS DE DIEU
Boue de rues furonculeuses
Christs et Maries sans piété
Âmes baveuses dispersées
Humanité saoule des bars
ICI, IL N'Y A PAS DE DIEU
Nuit de bras piqués
Rues de crack désespéré
Pages de livre
Une douloureuse mécanique à tourner
Sans avoir tout pigé
Sans rien se rappeler
Des heures à plat ventre
Et le train électrique tournait
et quand il déraillait
J'en souffrais un peu

Viados aux voix fausses
Lumières menteuses de réclame
ICI, IL N'Y A PAS DE DIEU
Visages pluvieux des murales
Raclement de lame sous le tram

J'ai vécu des jours opaques
Comme les poivrots emploient
Pour se tenir les réverbères
Pas pour leur lumière.
Fin des retransmissions
Et j'allais au lit
Avec un linge humide sur la poitrine
De tristesse en moi

Ainsi va le monde
On ne le fait pas le monde
C'est lui qui nous fait, le monde
Combien de fois moi,
Renégat, je l'ai cherché.
Ce Dieu qui ne m'a jamais cherché
Et je voulais seulement un signe
Mais le ciel est comme un vieux fou
Avec un assistant serpent
ICI, IL N'Y A PAS DE DIEU
Payer le prix continuellement
Se sentir toujours un hôte
À voler le feu
On s'y brûle les vies
Mais un peu d'air pour vivre
On respire même des blessures
Doucement j'entrais dans la pièce
Au grain à sécher
Et je roulais dedans
La tête en bas
Ainsi va le monde
On ne le fait pas ce monde
C'est lui qui nous fait, ce monde

Combien de fois moi,
Renégat, je l'ai cherché.
Ce Dieu qui ne m'a jamais cherché
Qui dormit dans les montagnes
Dans les plantes, il respira
Qui rêva avec les animaux
Et avec l'homme, s'éveilla
Et s'il m'avait jamais plu
De boire
J'aurais appris à le faire
Et alors Dieu, bois avec moi,
Trinque avec moi.