dimanche 3 mars 2019

LA BALLADE DU SOLDAT (autre version)


LA BALLADE DU SOLDAT (autre version)


Version française – LA BALLADE DU SOLDAT (autre version) – Marco Valdo M.I. – 2019
d’après la version italienneLA BALLATA DEL SOLDATOGian Piero Testa2008
Texte : Odysseas Elytis
Musiq
ue : Manos Hatzidakis / Hadjidakis
Première interprétation : Giorgos Moutsios



Dialogue Maïeutique

Mon ami Lucien l’âne, comme il m’arrive souvent, j’étais distrait, j’étais préoccupé pas plus tard que tout à l’heure par d’autres choses et de ce fait, j’avais oublié que j’avais fait une autre version de cette chanson. En rangeant mes papiers, je me suis dit que tout compte fait, deux versions valent mieux qu’une.

Je suis assez de ton avis, Marco Valdo M.I., et j’ai souvent développé cette idée. Il me semble même que c’est un des moteurs de cette gigantesque compilation des Chansons contre la Guerre et une des choses qui font leur charme si exotique.

En effet, Lucien l’âne mon ami, c’est l’art de la redondance créatrice, qui est l’enfant naturelle de la sélection de Mère Nature. Un concept darwinien, en quelque sorte.

Une bonne idée, cette redondance darwinienne, dit Lucien l’âne ; de toute façon, sans elle, nous ne serions pas là à ânonner nos âneries. Poursuivons et tissons le linceul de ce vieux monde changeant, multiple, splendide, autocréateur, autodestructeur et cacochyme


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


J’en étais là, dit Marco Valdo M.I. et puis, Riccardo Venturi m’a demandé d’insérer la traduction de son introduction à cette chanson :

« Cher Marco Valdo, peut-être faudra-t-il que tu ajoutes la traduction de ma petite introduction à ton dialogue maïeutique. En effet, ce n’est qu’une petite introduction historique qui rétablit un peu la vérité: il ne s’agit pas d’un poème d’Odysséas Elytis, mais bel et bien de sa traduction grecque du “Cercle de Craie caucasien” de Bertolt Brecht. Et voilà : juste ce que tu avais déjà deviné, ou compris par intuition, en nommant la Légende du soldat mort et la Chanson de Chveik le soldat. Merci ! »

et donc la voici :

« La traduction historique grecque du Cercle de Craie caucasien de Bertolt Brecht (Der kaukasische Kreidekreis, 1945) a été faite entre 1954 et 1956 par Odysseas Elytis, futur prix Nobel de littérature en 1979 (cette année est donc le 40ème anniversaire de ce prix). Avec la scénographie de Karolos Koun et la musique originale de Manos Hatzidakis, la pièce a été jouée au Théâtre d’Art (Θέατρο Τέχνης) à Athènes en 1957.
Le chanteur Giorgos Moutsios, qui faisait partie de l’équipe originale du théâtre, a ensuite enregistré un album, un véritable "Q-Disc" contenant les quatre chansons de la pièce, intitulé : Μάνος Χατζιδάκι Τέσσερα τραγούδια του Οδυσέα Ελύτη από τον "Κύκλο με την Κιμωλία " ("Quatre chansons d’Odysseas Elytis sur une musique de Manos Hatzidakis du « Cercle de Craie caucasien ») ; au piano, il était accompagné par Manos Hatzidakis lui-même.
Pratiquement à l’unanimité, le spectacle continue d’être considéré comme l’un des sommets du théâtre hellénique contemporain ; il s’agissait d’ailleurs de la première représentation brechtienne en Grèce, un an seulement après sa mort. À partir de l’album, le titre original de la chanson est Τὸ τραγοῦδι τοῦ στρατιώτη ("La canzone del soldato"), mais plus tard le titre de Μπαλάντα του στρατιώτη ("Ballata del soldato") s’est répandu et s’est généralisé. Ici, cependant, nous restaurons le titre original. [RV] "

Et cette note de Ventu m’a amené à découvrir ce que je crois être la raison du changement de titre. En fait, il existait déjà une « Το τραγούδι του στρατιώτη » de Κωστής Παλαμάς (1859-1943), qui avait été publiée en 1885. Je laisse cependant à Riccardo Venturi le soin de traduire ce texte et de l’insérer dans les CCG.
Une dernière petite remarque cependant, La Chanson de Chveik le Soldat n’est pas inspirée de Bertolt Brecht, mais bien directement des « Aventures du brave soldat Chveik » de Jaroslav Hasek, (je le sais, car j’en suis l’auteur), comme on peut le lire en tête de la publication :

« La chanson de Chveik le soldat : Chanson française très respectueuse de l’honneur militaire. 13 août 2008 – À la gloire de Jaroslav Hasek et de l’immortel soldat Chveik et son lieutenant Lucas. A priori sur l’air d’un autre Cacanien intitulé : « Ah, vous dirais-je, Maman… », le dénommé Wolfgang Amadeus Mozart, qui aurait bien aimé Chveik. »






À l’heure où le brave
S’en allait la guerre,
Sa bien-aimée pleura
Et supplia ainsi le soldat :


La bataille n’est pas une fête
Et, mon amour, garde bien en tête
De te protéger de la furie
Et des épées ennemies.


Ne te mets pas à l’avant,
Ne reste pas à l’arrière :
Le feu est devant, le feu est derrière,
Toi, tu dois rester au mitan.


Seul celui qui est au milieu sait
Courir et sauter
Et chez lui, seul celui-là
Un beau jour reviendra.