Le
Prince de Manicomio
Chanson
française – Le Prince de Manicomio – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 55
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Arlequin et l'amour
Konstantin Somov - 1921
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Dialogue
Maïeutique
Donc,
dit Marco Valdo M.I., « La
dernière Scène » et « L’infinie
Terreur » étaient les derniers épisodes de cette saga de
l’Arlequin amoureux.
Elles
racontaient, je m’en souviens très bien, mon ami, dit Lucien
l’âne, l’héroïque combat des petits pantins contre les sbires
en délire de l’armée de Napoléon. Un vrai carnage !
C’est
ça, épouvantablement ça, repend Marco Valdo M.I. ; violentés,
violées, battus, torturés, dépecés, assassinés, brûlés, que
sais-je encore, mille fois suppliciés, tous ou presque sont
proprement défunctés.
Tous
ou presque ?, demande Lucien l’âne.
Tous
ou presque, dit Marco Valdo M.I., car Arlequin le pantin, dit le
Bariolé (qu’il faut distinguer de l’Arlecchino, dit l’Arlequin
amoureux, qui n’est autre que Matthias le déserteur, un Arlequin
humain), en a réchappé, car il avait été envoyé (par le reste de
la troupe) attendre le directeur-déserteur, le ci-devant Matěj
Kuře, alias Andrea Sereno, car de l’avis d’Arlequin à
l’encontre de celui du reste des petits comédiens, Matthias-Matěj
finirait par redéserter et revenir à son point de départ
rechercher sa hotte et ses petites personnes, afin de reprendre sa
vie d’artiste ambulant, de montreur de marionnettes et
d’entrepreneur de spectacles. D ès lors, au moment de
l’hécatombe, Arlequin était fort loin.
Ah,
dit Lucien l’âne, ça me fait plaisir qu’au moins un d’entre
eux en soit sorti vivant et du coup, je suppose qu’il va retrouver
son maître.
Sans
doute, répond Marco Valdo M.I., peut-on dire les choses ainsi, sauf
que c’est l’inverse qui se produit, c’est le contraire qui a eu
lieu : Arlequin revenu au point de départ s’était assis sur
un banc et rêvassait en regardant voler les chauves-souris au-dessus
du marché. C’est dans cette attitude pacifique que Matthias, le
directeur-déserteur, le surprit en s’asseyant à côté de lui.
Ils restent ainsi un moment jusqu’à ce qu’Arlequin se décide à
parler.
Ah,
dit Lucien l’âne, ils ne pouvaient rester éternellement
silencieux, c’est évident. Mais, dis-moi, que dit Arlequin ?
Pas
du tout ce qu’on attendait de lui, répond Marco Valdo M.I., car
Arlequin, chemin faisant a réfléchi à son avenir et il annonce sa
grande décision : « Je démissionne, je pars à Vérone
jouer les amoureux dans la troupe du Prince de Manicomio. »
Pourquoi
pas, dit Lucien l’âne, il y a bien d’autres qui ont joué les
amoureux à Vérone. C’est même un métier très dangereux que je
ne conseillerais à personne, surtout s’il est question du Prince
du Manicomio.
Oh,
persifleur !, répond Marco Valdo M.I. ; à Vérone, être
amoureux ne mène pas nécessairement à la mort violente. Et puis,
je vois que tu te méfies du Prince de Manicomio et je me demande
pourquoi.
Enfin,
Marco Valdo M.I.mon ami, tu sais suffisamment, au moins autant que
moi, l’italien pour comprendre que ce Prince du Manicomio n’est
rien d’autre qu’un Roi de Cœur, un prince du monde fou, un
prince dont le nom peut se traduire par « Le Prince de l’Asile
d’Aliénés ».
Ce
n’est pas très rassurant, en effet, quand on y songe, dit Marco
Valdo M.I.. Moi, je ne m’y fierais pas. Comme de juste et Matthias
non plus ne semble pas s’y fier. Et c’est ainsi que l’Arlequin
bariolé s’est éloigné de son maître déserteur. Adieu !
C’est
donc la fin finale de la petite troupe en bois, dit Lucien l’âne.
J’en suis tout émotionné. Cependant, il nous faut continuer –
Le Spectacle continue ! Alors tissons le linceul de ce vieux
monde atteint de rougeole, de polio, de tuberculose, d’ébola, de
grippe, du palu, infesté et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Arlequin
au malheur seul survit
Et
veut rejoindre le déserteur-directeur.
Mais
avant l’heure, c’est pas l’heure ;
Mais
après l’heure, tout est fini.
Arlequin
le Bariolé a pris
Le
droit chemin du pays.
Sur
le chariot d’un roulier,
Il
s’en est allé.
Oui,
Monsieur
Po,
oui, Monsieur
Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Il
a son temps, sa science de patience ;
Sur
un banc, il attend sans impatience
Le
retour de Matthias et sourit
Se
balançant au vol de la chauve-souris.
Arlequin
et son maître, en bonne entente
Méditent
et regardent sans rancœur
Le
ciel où depuis toujours, nul rien ne régente.
L’homme
seul est l’ouvrier de son bonheur.
Oui,
Monsieur
Po,
oui, Monsieur
Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Maestro
principale, je démissionne.
Où
vas-tu aller, le Bariolé ?
Le
Prince de Manicomio me réclame à Vérone.
À
Vérone ? Personne ne te réclame en vérité.
Maestro,
venez à Vérone tout à l’heure.
Le
prince de Manicomio engage des tas d’acteurs.
Venez
avec moi jouer les amoureux.
Arlequin,
je ne peux. Alors, cher directeur, adieu !
Oui,
Monsieur
Po,
oui, Monsieur
Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.