Version
française – UN AMOUR DE 750 000 ANS – Marco Valdo M.I. –
2017
Chanson
italienne – 750 000 anni fa…l’amore – Banco del Mutuo
Soccorso – 1972
Texte
de Francesco Di Giacomo et Vittorio NocenziMusique de Vittorio Nocenzi
Album : Darwin !
Homo Antecessor - La soirée en famille |
Mil
neuf cent septante-deux, c’était le quaternaire, période Olocene.
Textes de Vittorio Nocenzi et de Francesco Di Giacomo, musique de
Vittorio Nocenzi. Chant de Francesco Di Giacomo, de Siniscola,
Thiniscòle en sarde nuorese, un nom d’origine probablement
nuragique. Album : Darwin ! , avec le point d’exclamation. Un
album entièrement dédié à l’évolution humaine, à l’évolution
physique et psychique dans la préhistoire très lointaine qui, on le
comprend de tous les morceaux, annonce l’aujourd’hui sans
solution de continuité. Darwin ! est un album qui, dans le
presque nouveau-né rock progressif italien, se retrouva d’un coup
au sommet du monde, et ce n’est pas une exagération : le Banco del
Mutuo Soccorso a été un band progressif parmi les plus grands de
toute la planète, et il n’y a pas que moi pour le dire et basta.
Le morceau n° 3 du côté B de l’album est cette incroyable
chanson, et qu’on comprenne bien que je ne suis pas certainement
pas habitué à jouer de l’hyperbole et de l’incroyable. Une
histoire d’amour d’il y a septcentcinquantemilleans, et vu que
nous sommes précis, la plaine ionienne du Pléistocène Moyen. La
plaine s’appelle « Ionienne » car, géologiquement, les
sédiments de la période sont particulièrement évidents sur la
côte italienne de la Mer Ionienne.
Il
y a septcentcinquantemilleans, selon la science, vivait du côté
de l’Atapuerca d’aujourd’hui , en Espagne, des hominidés d’une
sorte intermédiaire entre l’Homo Georgicus et l’Homo
Heidelbergensis dite Homo Antecessor. Dans le site d’Atapuerca, on
a retrouvé environ 80 fragments osseux, parmi lesquels le mieux
conservé est une mâchoire appartenant à un individu de dix ans
d’âge. Il semble que l’Homo Antecessor était plutôt robuste,
avec une taille entre 1,60 m et 1,80 m, et un poids qui
pouvait atteindre les 90 kg. Sa capacité crânienne était d’environ
1000/1150 cm³ contre les 1350 cm³ de l’homme moderne.
L’Homo Antecessor était déjà droitier, chose qui le diversifie
des singes. Il avait une capacité auditive semblable à cette de
l’Homo sapiens, et on présume qu’il était déjà en mesure
d’utiliser d’un langage au moins symbolique, et qu’il était
capable de raisonner.
En
1972, Francesco Di Giacomo et Vittorio Nocenzi ne pouvaient pas
encore savoir ce qu’il en est du Quaternaire Olocène. Les
découvertes d’Atapuerca autour de l’Homo Antecessor sont
récentes, elles remontent à 1994 et 1995. Il peut se faire que les
« 750 000 ans », auxquels ils firent remonter leur
histoire d’amour, avaient été simplement inventés. L’ hominidé
d’il y a 750 000 ans n’était pas du tout un grand singe
sans raison, il était déjà glabre, et sa lèvre n’était déjà plus inerte, elle pouvait déjà dire ou exprimer quelque
chose. Peu importe ; tout ceci n’ajoute et n’enlève rien à la
chanson du Banco
del Mutuo Soccorso,
qui est peut-être l’unique chanson au monde où ce très humain
désir d’amour, et d’amour physique, est daté d’une époque
aussi lointaine. Avec mon célèbre frère aîné, qui en 1972, avait
déjà dix-sept ans (j’en avais neuf), ça fait 45 ans que je
connais cette chanson et cet album, dont j’ai encore une cassette
originale terriblement éculée : ma préhistoire, en somme,
maintenant. Il me déplaisait de ne pas la voir ici cette histoire
d’amour du Moyen Pléistocène d’où, j’en suis certain,
Francesco Di Giacomo, Homo Digiacomensis, faisait en quelque sorte
partie avec sa voix catapultée dans le monde d’aujourd’hui
peut-être de ce lointain. Et avec son humanité merveilleuse, avec
sa discrétion, avec son intelligence. Si je devais dire quel artiste
italien me manque davantage, il serait parmi les premiers.
Toujours
selon la science, l’Homo Antecessor pratiquait gaiement le
cannibalisme. Peut-être si l’individu de la chanson avait réalisé
son désir de posséder la belle Mulier Antecessor au corps clair et
aux larges flancs. Peut-être, qui sait, s’il ne l’aurait pas
mangée, ou été mangé par elle. Comme, au fond,
settecentocinquantamila ans après. Bonne écoute, en ce dernier jour
d’été, ou premier d’automne, comme vous voulez. [At-XXI]
Dialogue
maïeutique
Comme
tu as pu l’entendre et le comprendre des explications données par
l’A.T. XXI (l’athée du 21e siècle ?), c’est
une histoire d’amour assez antique. Peut-être tellement antique
que, même toi, Lucien l’âne mon ami, tu n’étais pas encore né
quand elle s’est produite – oui, oui, même si ce n’est pas
vraiment ce que dit la chanson, elle s’est produite ; il
fallait bien, sinon comment cette espèce d’homos se serait-elle
reproduite ? On ne peut quand même pas y voir la main du
Saint-Esprit ou je ne sais quelle Immaculée Conception ; ce
sont fariboles bonnes pour d’ignares pudibonds. Cela dit, 750 000
ans, c’est quand même une fameuse période.
Eh
bien, Marco Valdo M.I. mon ami, nous les ânes, on était déjà là
et comme l’Homo en question, nous étions un peu plus rudes et un
peu moins, comment dire, civilisés (?) qu’à présent. On tenait
plus de l’onagre que du baudet domestiqué qu’on rencontre
parfois. Cependant, rassure-toi, même si j’ai gardé certaines de
mes habitudes anciennes, nous les ânes, on ne s’est jamais mangé
entre nous et de façon générale, on n’a jamais mangé d’animaux,
fussent-ils des « homos ». L’inverse, malheureusement,
n’est pas vrai. Ainsi, nous nous tenions vraiment à l’écart de
cette espèce cannibale et carnivore. On savait se défendre, tu peux
me croire ; d’ailleurs, on est toujours là et moi en
particulier, même si, bien des sous-espèces asines sont en voie de
disparition, comme bien d’autres sur cette planète que l’humanité
est en train de détruire.
Sais-tu,
Marco Valdo M.I. mon ami, que le Coran traite les athées d’onagres
épouvantés. Ça me paraît être une vaste carabistouille,
cependant, il est vrai que les ânes, les hémiones et les onagres
sont des athées têtus et bien décidés à le rester. Ce n’est
pas pour rien que les paysans de Lucanie disaient : « Noi,
non siamo cristiani, siamo somari », ce que je traduirais
volontiers par « Nous, nous ne sommes pas des chrétiens, nous
sommes des bêtes de somme ». Autrement dit, notamment, des
ânes.
Maintenant
que penses-tu, Lucien l’âne mon ami, de la réflexion de Lorenzo ?
Oh,
dit Lucien l’âne, moi, je veux bien en penser quelque chose, mais
au fait, il me faudrait d’abord savoir ce que dit Lorenzo.
Certes,
tu as raison, Lucien l’âne mon ami. Eh bien, Lorenzo dit ceci :
« Il serait bien de demander à Marco
Valdo M.I. si ce morceau se déroule à une époque précédente à
la Guerre
de cent mille ans ou si La
Guerre de Cent mille ans doit être retrodatée ?
Pour
moi, dit Lucien l’âne et j’imagine que pour toi aussi, la
réponse est simple. Il y a 750 000 ans, la Guerre de Cent Mille
Ans n’avait pas encore commencé. Tout simplement, car les riches
n’existaient pas ; il n’y avait que des Homos Antecessors ou
peut-être, des Homos Erectus. Pour ces Homos, les choses étaient
plus simples; à l’époque, on ne prenait pas le temps d’accumuler;
on mangeait tout de suite le pauvre qui vous tombait sous la dent. Il
faut dire que la vie était plus courte et que du coup, on n’avait
pas le temps de faire de la richesse, ni même, de développer une
société d’exploitation. En gros, chez les Homos de l’époque,
on ne pensait qu’à manger et sans doute également, à se
reproduire.
En
effet, Lucien l’âne mon ami, mes pensées vont dans le même sens
que les tiennes, même si personnellement, je n’ai pas vécu à
cette époque légèrement éloignée.
En
fait, je pense que le chiffre de 100 000 ans est trop petit ;
quand je l’ai énoncé la première fois, il voulait simplement
dire beaucoup, vraiment beaucoup. Mais ce pourrait aussi bien être
un million ou un milliard. Qui sait ? Et puis, nul ne sait
exactement quand elle a vraiment commencé cette Guerre. Bien sûr,
comme tu l’as fait, on peut fixer les conditions minimales pour
qu’elle existe : en gros, il faut de la richesse considérée
comme l’accumulation de choses et considérée comme désirable, il
faut aussi de l’ambition, il faut une bonne dose d’avidité, de
ladrerie, un manque total d’intelligence du monde. Quant à sa
durée dans le futur, on ne pourra pas la vérifier. Enfin, je le
pense ; sauf toi peut-être, mais de toute façon, tu ne pourras
jamais nous en informer. En résumé, on ne peut fixer exactement ni
la date où elle a commencé, ni la date où elle finira. Il est donc
assez improbable qu’on puisse en donner la durée avec précision.
Dans ces conditions, en l’absence de recherches pour mettre à jour
des données plus précises, on peut garder l’expression « Guerre
de Cent Mille Ans », tout en sachant ce que ça recouvre.
Soit,
Marco Valdo M.I. mon ami. Adoptons cette idée ; de toute façon,
on pourra toujours la reconsidérer ; il n’y aura aucun
inconvénient à le faire. En attendant, reprenons notre tâche et
tissons le linceul de ce vieux monde accumulateur, ambitieux, peu
respectueux de la vie des espèces, destructeur de la planète et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Déjà
le soleil dans l’eau s’enfouit,
Ton sein danse, tu remontes la vallée
Avec ton troupeau aux puits
Désaltérer tes lèvres séchées …
Corps étendu aux larges flancs,
Je suis dans l’ombre à te regarder.
Te posséder, te posséder, oui te posséder !
Ton sein danse, tu remontes la vallée
Avec ton troupeau aux puits
Désaltérer tes lèvres séchées …
Corps étendu aux larges flancs,
Je suis dans l’ombre à te regarder.
Te posséder, te posséder, oui te posséder !
Et
je retiens mon souffle,
Si tu me voyais, tu fuirais…
Et dans la terre, je prends
L’argile rouge pour cacher mon visage,
Mais je voudrais, juste un instant,
Te serrer contre moi ici sur ma poitrine,
Mais je ne peux pas, tu fuirais, tu me fuirais !
Si tu me voyais, tu fuirais…
Et dans la terre, je prends
L’argile rouge pour cacher mon visage,
Mais je voudrais, juste un instant,
Te serrer contre moi ici sur ma poitrine,
Mais je ne peux pas, tu fuirais, tu me fuirais !
Te
posséder, je ne peux pas, je ne peux pas,
Je ne peux pas, tu fuiras.
Te posséder, moi je ne peux pas…
Même pour une seule fois.
Je ne peux pas, tu fuiras.
Te posséder, moi je ne peux pas…
Même pour une seule fois.
Si
être mienne tu voulais,
De gouttes d’eau, ton sein je couvrirais,
Sous tes pieds, j’étendrais
Des voiles de vent et des feuilles
Corps clair aux larges flancs,
Je te porterais dans le vert des champs
Et je danserais, je danserais avec toi sous la lune.
De gouttes d’eau, ton sein je couvrirais,
Sous tes pieds, j’étendrais
Des voiles de vent et des feuilles
Corps clair aux larges flancs,
Je te porterais dans le vert des champs
Et je danserais, je danserais avec toi sous la lune.
Je
le sais, mon esprit veut
Mais ma lèvre inerte, dire ne peut.
Le ciel devient tout noir,
Tu t’éloignes, reste encore à boire…
Mienne vraiment ! Ah, si c’était vrai !
Mais que suis-je, moi ? Un grand singe,
Sans raison, sans raison, sans raison,
Tu fuirais, tu fuirais,
Mais ma lèvre inerte, dire ne peut.
Le ciel devient tout noir,
Tu t’éloignes, reste encore à boire…
Mienne vraiment ! Ah, si c’était vrai !
Mais que suis-je, moi ? Un grand singe,
Sans raison, sans raison, sans raison,
Tu fuirais, tu fuirais,