jeudi 19 mars 2020

Jours tranquilles


Jours tranquilles



Chanson française – Jours tranquilles – Marco Valdo M.I. – 2020







Dialogue Maïeutique

Comme tu le sais, Lucien l’âne mon ami, l’humanité vit une période assez particulière et peut-être étonnante aux yeux d’un observateur à l’esprit calme et curieux. Ainsi, actuellement, ici, tout ou presque est à l’arrêt – sauf ce qui ne l’est pas, bien évidemment. Sauf le bruit infernal qui sort des boîtes électriquement alimentées.

Sans doute, Marco Valdo M.I. mon ami, en ces temps d’obligations et d’interdictions civiques de toutes sortes a-t-on oublié de préciser que lorsqu’on regarde la télévision ou qu’on écoute la radio, il est de bon ton de couper le son.

Oui, reprend Marco Valdo M.I., ce serait une excellente chose qu’un peu de silence afin que l’on puisse vraiment bénéficier de ces jours tranquilles. Les jours tranquilles, c’est le rêve absolu et c’est le titre de cette chanson, que j’avais d’abord intitulée « Vive les Vacances ! ».

Mais alors, interroge Lucien l’âne, ces jours tranquilles d’où viennent-ils ?
Eh bien, Lucien l’âne mon ami, ces jours tranquilles sont une réminiscence d’un roman de l’exilé étazunien Henry Miller« Jours tranquilles à Clichy », qui relate son séjour à Paris dans les années 1932-33, années qui précèdent l’installation du Troisième Reich. « Das Dritte Reich » est la chanson de Kurt Tucholsky dont j’étais occupé à faire une version française quand m’est venue cette soudaine envie d’écrire cette chanson-ci, chanson de circonstance.

Une chanson de circonstance ?, demande Lucien l’âne, et me semble-t-il doublement de circonstance.

Doublement, en effet, Lucien l’âne mon ami. Ces jours tranquilles (ceux de Miller), qui précèdent à peine, l’ascension des folies impériales, semblent confirmer l’adage maritime : « le calme avant la tempête ».

C’est étrange, dit Lucien l’âne, la manière dont les idées se forment dans la tête ; on dirait des collisions de mots. Ainsi, je suppose que l’autre circonstance est cet étrange printemps qui s’annonce.

Précisément, répond Marco Valdo M.I., un peu comme pour les chats qui s’empressent de sortir de leur torpeur hivernale pour saluer la venue du printemps, j’ai décidé séance tenante, pris d’une certaine impulsion, de faire cette petite chanson sans prétention. Tellement sans prétention que je n’oserais t’affirmer en connaître véritablement l’objectif, ni même si elle en a un. C’est une chanson, c’est tout. Et les chansons, c’est comme les idées, il faut les saisir quand elles passent, sinon on les perd et c’est ce qu’avait dû faire Charles d’Orléans qui, prisonnier des Anglois, disait à l’orée d’un lointain printemps :

« Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.

    Il n'y a beste, ne oyseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissié son manteau !

    Riviere, fontaine et ruisseau
Portent, en livree jolie,
Gouttes d'argent, d'orfaverie,
Chascun s'abille de nouveau :
Le temps a laissié son manteau ! »


M’est avis, dit Lucien l’âne, que dans ces circonstances, ce qu’il faut, c’est un instantané, comme il s’en fait en photographie. Clic, voilà tout. Enfin,sans plus épiloguer, tissons le linceul de ce vieux monde en débandade, croulant, paniquant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Hier, l’hiver s’est enfui
De tout le pays.
Ce matin, le matin est gris :
C’est le printemps des souris.
Ce matin, il n’y a pas de vent.
L’air stagne vacant.
Le monde est en pénitence.
Vive les vacances.

Tout comme les fleurs,
Les feuilles hésitent fort
À sortir leurs corps,
C’est le printemps en pleurs.
Un bourdon solitaire dépaysé
Papillonne.
Le clocher bourdonne,
Tout est confiné.

Certains ont de la chance :
Les croyants en confiance
Partent en avance
Pour de grandes vacances
Au Paradis,
Au grand pays
Du soleil et des houris.
Vive les vacances !

Notre avenir est tout en patience,
Vive les vacances !
C’est le temps des jonquilles !
La vie en jaune conserve.
Terrés dans la réserve,
Avec ou sans famille,
Au cœur de la ville,
On coule des jours tranquilles.