LE
ROCHER ET LA VAGUE
Version
en langue française – LE ROCHER ET LA VAGUE – Marco Valdo M.I. –
2015
d'après
la version italienne de Gian Piero Testa
d'une
chanson grecque –
Ὁ βράχος καὶ τὸ κύμα – Aristotelis
Valaoritis / Αριστοτέλης Βαλαωρίτης – 1863
« Zeus rend fous ceux qu'il veut perdre »… Ceci s'adresse principalement aux zélateurs du rêve d'Otto (von Bismarck), eux qui par deux fois déjà... |
Le
blanc et le bleu de la mer qui, dans le dernier vers, font allusion
au drapeau grec, qualifient comme patriotique cette chanson que,
selon stixoi.info, le groupe Amelopìita a mise en musique : mais de
cette musique, je n'ai pas jusqu'à présent trouvé trace. En ce qui
concerne le texte, la musique est toute autre. Il fut écrit en 1863,
pour être ensuite publié cinq ans après et est, je crois, dans
toutes les anthologies des lycéens grecs.
À première vue, le rocher vidé dans son intérieur par l'activité obstinée et patiente de la vague blanc azur semble interprétable comme la Turcocratie. Mais la date de l'écriture – et même le fait que le poète laissait des commentaires à ses œuvres pour en faciliter la compréhension et les contextualisation - nous porte à la veille de deux événements heureux de l'histoire néogrecque : la chute, dans la mère patrie, de l'antipathique monarchie bavaroise, déjà attaquée vingt ans avant par un mouvement militaire et populaire qui la força à concéder la Constitution, et le retour (retour ?) des Sept Îles ioniennes au sein d'un État grec.
Des
débuts du XIII siècle, les sept îles avaient été vénitiennes,
françaises, russes et enfin britanniques, mais jamais, même pas
pour un jour, turques. Le poète semble nous dire que, comme c'était
arrivé dans la révolte de 1921, le mérite de leurs libérations ne
va pas seulement aux glorieuses bouffées, il va même et surtout au
travail incessant de celui qui ne perd jamais de vue l'objectif et
agit de toute façon, dans les conditions qui s'offrent, pour miner
le système qui opprime. Un travail qui peut durer des générations,
mais qu'il fêle, consume, vide le système, jusqu'à ce que un jour
de gloire arrive et le précipite dans la grande mer de l'histoire.
Dans le texte, il est clair qu'on parle de patrie.
Mais la règle vaut pour toutes les oppressions. Le linceul du vieux monde, en somme, doit être tissé ; et celui qui tisse, le fait avec l' habileté et la constance nécessaires.
Ainsi parlerait-il même Marco Valdo, n'est-ce pas ? (gpt)
Je
n'imaginais pas quand j'avais mis de côté (en vue d'en faire une
version en langue française) cette chanson grecque dans sa
traduction italienne de Gian Piero Testa, je n'imaginais pas que je
ne pourrais lui faire connaître ma version, ni même que ce qui
était annoncé ici depuis longtemps, à savoir : « REGARDEZ
CE QU'ILS FONT AUX GRECS, ILS VOUS LE FERONT DEMAIN »
[[41045]] allait prendre la tournure dérisoire que l'on sait. En
clair, c'est toujours la même Guerre
de Cent Mille Ans [[7951]] qui se poursuit. Les riches (ici,
certainement très internationaux) avec une constance effroyable
agissent pour écraser toujours un peu plus les pauvres – de
quelque nationalité ou lieu qu'ils soient (L'Afrique et l'Amérique
latine en savent quelque chose...). On dira ici à la manière de
Jean Meslier, que pour mettre fin à cette guerre ignoble, il faut
(et il suffirait) de mettre fin à la richesse et aux riches.
Quant à ce qui se passe actuellement entre la Grèce et l'Europe berlinoise, fille du grand rêve d'Otto, on ne peut que regarder avec consternation cette pantalonnade. Les premiers à subir ce régime et ces façons de faire [[45026]] furent d’ailleurs les Allemands eux-mêmes, ceux qui étaient pauvres, évidemment . La Grèce et l'Europe valent mieux que ça, valent mieux que ces comptes de boutiquiers qu'infligent les comptables internationaux. La Grèce est malade, soit. Première règle, on ne tire pas sur une ambulance. Deuxième règle, on essaye de comprendre la maladie, d'en trouver l'origine et de voir que depuis des temps et des temps, chaque fois que la Grèce a voulu mettre la tête hors de l'eau, chaque fois qu'elle aurait pu, qu'elle a montré la volonté de vivre autrement, on l'a repoussée dans le chaos. La Grèce est très malade, certes ; l'Europe ne va pas mieux. On verra ce qu'il en sera demain… ou après-demain. Cela dit, la chanson dit tout autre chose, elle raconte le lent travail de la vague (grecque) qui finit – patience, patience – par submerger le rocher. C'est une chanson de résistance – Ora e sempre : Resistenza ! [[39124]]
Quant à ce qui se passe actuellement entre la Grèce et l'Europe berlinoise, fille du grand rêve d'Otto, on ne peut que regarder avec consternation cette pantalonnade. Les premiers à subir ce régime et ces façons de faire [[45026]] furent d’ailleurs les Allemands eux-mêmes, ceux qui étaient pauvres, évidemment . La Grèce et l'Europe valent mieux que ça, valent mieux que ces comptes de boutiquiers qu'infligent les comptables internationaux. La Grèce est malade, soit. Première règle, on ne tire pas sur une ambulance. Deuxième règle, on essaye de comprendre la maladie, d'en trouver l'origine et de voir que depuis des temps et des temps, chaque fois que la Grèce a voulu mettre la tête hors de l'eau, chaque fois qu'elle aurait pu, qu'elle a montré la volonté de vivre autrement, on l'a repoussée dans le chaos. La Grèce est très malade, certes ; l'Europe ne va pas mieux. On verra ce qu'il en sera demain… ou après-demain. Cela dit, la chanson dit tout autre chose, elle raconte le lent travail de la vague (grecque) qui finit – patience, patience – par submerger le rocher. C'est une chanson de résistance – Ora e sempre : Resistenza ! [[39124]]
Et
puis, dit Lucien Lane, moi, dont tu connais les lointaines origines
grecques, je ressens très mal ce qui se passe et je goûte
particulièrement le côté oraculaire de cette chanson et cette
fin :
« La
mer et se referme. À présent, il ne reste,
Là où fut le fantôme, rien, excepté l'onde
Et sur la tombe, joue la vague blanche et bleue. »
Là où fut le fantôme, rien, excepté l'onde
Et sur la tombe, joue la vague blanche et bleue. »
D'autre part, je trouve paradoxal que ce soit à ceux qui essayent de sortir la Grèce du merdier (en clair, l'actuel gouvernement grec) où d'autres l'ont fourrée, de remettre le malade sur pied, que ce soit à ceux-là que l'on fait reproche de la maladie et qu'on réclame d'assumer les erreurs (appelons cela ainsi) des prédécesseurs. Un peu comme si on demandait à la victime de rembourser les sommes dérobées par les voleurs. On vit dans l'aberration la plus étonnante. On ne peut quand même pas asphyxier les gens et exiger en même temps d'eux qu'ils fassent un marathon. Je te rappelle que j'avais appris dans mes temps anciens que « Zeus rend fous ceux qu'il veut perdre »… Ceci s'adresse principalement aux zélateurs du rêve d'Otto (von Bismarck), eux qui par deux fois déjà, ont obstinément refusé de payer les factures de leurs débordements – chiffrés, je te le rappelle au cas où on ferait semblant de l'oublier, en milliards de monnaie et en millions de morts.
Quant
à nous, tels d'humbles canuts, reprenons notre tâche et tissons le
linceul de ce vieux monde débile, gâteux, immonde et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Au
rocher, sûre d'elle, la vague trouble et sombre.
Fais place, dans ma poitrine déjà froide et morte,
Fais place, dans ma poitrine déjà froide et morte,
Vent
noir et tempête sombre ont fait leur nid.
Je n'ai pour armes l'écume, ni le grondement sourd de la bourrasque,
J'ai un fleuve de sang, et me met en furie la calomnie.
Des gens maintenant fatigués, des gens qui ont dit,
Rocher tu tomberas, est arrivée ton heure terrifique !
Je n'ai pour armes l'écume, ni le grondement sourd de la bourrasque,
J'ai un fleuve de sang, et me met en furie la calomnie.
Des gens maintenant fatigués, des gens qui ont dit,
Rocher tu tomberas, est arrivée ton heure terrifique !
Quand j'arrivais lente, humble et docile,
Je te léchais et je te lavais les pieds telle l'esclave,
Hautain, tu me regardais et tu appelais le monde
Pour voir le mépris dont pâtissait mon écume.
Et par contre en douce, moi qui t'embrassais,
Jour et nuit, je mordais tes chairs, je creusais
Et la blessure que je t'ouvrais, le sillon que je te faisais
Je le cachais d'algues, je le couvrais de sable.
Baisse-toi et sous la mer, regarde ta racine là au fond:
J'ai rongé ta base, j'ai fait de toi un caillou vide.
Fais place, rocher, que je passe ! Le pied de l'esclave
Écrasera ton cou… Je suis d'attaque et pareille au lion ! »
Le
rocher dormait. Caché dans les brumes,
Il paraît impassible, mort, enveloppé dans un suaire.
Lui envoie une lumière au front, sillonné de rides,
Le faible rayon d'une lune exsangue,
Il paraît impassible, mort, enveloppé dans un suaire.
Lui envoie une lumière au front, sillonné de rides,
Le faible rayon d'une lune exsangue,
Volettent
alentour des rêves et des jurements
Et voguent des spectres dans le vent tourbillonnant,
Comme battent l'air les oiseaux à coups d'ailes
Quand ils sentent d'un mort la puanteur abominable.
Et voguent des spectres dans le vent tourbillonnant,
Comme battent l'air les oiseaux à coups d'ailes
Quand ils sentent d'un mort la puanteur abominable.
Le mugissement de la vague, la menace crue
Ce grondement terrible mille fois le rocher
Dans l'air l'avait entendu sans s'éveiller,
Mais ce jour, il tremble et frissonne.
« Vague,
que veux-tu de moi et pour qui sont ces menaces ?
Qui es-tu qui t'avances sur moi sans façons
Qui es-tu qui t'avances sur moi sans façons
Mais devant moi, ceinte d'écume, joue la terreur ?
Qui que tu sois, sache-le, je ne suis pas facile à tuer ! »
« Rocher, mon nom est Vengeance. Le temps m'a imprégnée
De bile et de colère. Je fus élève de la douleur.
J'étais un ruisseau de pleur un temps, mais maintenant, vois-moi ,
Je suis une vaste mer à présent, à mes pieds prosterne-toi.
Ici dans mes viscères, tu le vois, je n'ai pas d'algue cachée,
Je sauve un nuage d'âmes abandonnées et condamnées.
Réveille-toi
maintenant, les âmes de mon Adès te veulent…
De moi tu fis un cercueil… de corps, tu m'as remplie…
À des rivages inconnus, je fus poussée par toi… Mon agonie
Beaucoup la moquèrent et à mes chances
De moi tu fis un cercueil… de corps, tu m'as remplie…
À des rivages inconnus, je fus poussée par toi… Mon agonie
Beaucoup la moquèrent et à mes chances
Leur poison vint en feinte délicatesse.
Fais place, rocher, que je passe, le calme plat est fini.
Je suis tourbillon, indomptable ennemi,
Comme un géant, face à toi, je me dresse ! »
Le rocher reste muet. Dans sa fureur, la vague
D'un coup, enveloppe son corps vide.
Il se perd dans l'abîme, s'effrite, s'efface,
Fond, comme au soleil, la neige.
Au-dessus
de lui mugit encore un peu furieuse
La mer et se referme. À présent, il ne reste,
Là où fut le fantôme, rien, excepté l'onde
Et sur la tombe, joue la vague blanche et bleue.
La mer et se referme. À présent, il ne reste,
Là où fut le fantôme, rien, excepté l'onde
Et sur la tombe, joue la vague blanche et bleue.