Les Lettres maudites
Chanson
française – Les
Lettres
maudites
– Marco Valdo M.I.
– 2018
Ulenspiegel le Gueux – 99
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, V)
Ulenspiegel le Gueux – 99
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, V)
Dialogue
Maïeutique
Comme
tu le sais probablement,
Lucien l’âne mon ami, lors
d’un procès de l’envergure de celui des « sorciers »,
où il est question de meurtre, de vol, de sorcellerie, où donc il
est question de vie et de mort, même s’il y a aveu d’un inculpé,
il y faut une enquête complète. La question centrale étant :
qu’y a-t-il au-delà, que dissimule l’aveu ? Il y faut des
détails, il faut aussi comprendre ce qui a mené à ces désastres.
J’imagine bien que c’est comme ça, dit Lucien l’âne, et même, comme je
l’ai souvent entendu et personnellement remarqué, un procès peut
en cacher un autre, comme on dit chez nous. Le procès d’une
personne vise aussi souvent à découvrir l’ambiance dans la quelle
le crime est advenu et les mécanismes qui y ont présidé. Ne fût-ce
que pour comprendre les faits et prévenir leur répétition.
Souviens-toi,
Lucien l’âne mon ami, dans ce procès-ci, il y a deux accusés et
l’un des deux, Joos Damman, même s’il a reconnu le meurtre de
son ami Hilbert (La
Main d’Hilbert), essaye de
se défausser du reste de l’accusation en rejetant tout sur
Katheline. Il tente de faire accroire qu’il est un bon gentilhomme
odieusement abusé et manipulé par une vilaine sorcière, qui de
surcroît simule la folie.
Ce
n’est assurément pas très élégant pour un gentilhomme d’agir
de la sorte, dit Lucien l’âne, et même, j’ai cru comprendre
qu’il essayait également d’échapper à la justice en plaidant
la péremption de ses actes, la prescription de son crime, du fait
que la loi interdit de poursuivre le meurtrier après dix ans.
C’est
exact, dit Marco Valdo M.I., c’est d’ailleurs la raison pour
laquelle il reconnaît l’avoir commis et tente de charger
Katheline de tout le reste. Il est bien près de réussir, car
Katheline aurait été bien en peine de se défendre pour deux fortes
raisons : sa folie et son amour inconditionnel et délirant pour
Hans, c’est-à-dire lui-même. Mais c’était compter sans Nelle,
qui prend la défense de sa mère en même temps que de la sienne
propre, car Joos Damman veut la faire elle aussi passer pour
sorcière. Malheureusement pour lui et
heureusement pour elles, Nelle retrouve, cousues dans les cottes de
fête de sa mère, deux anciennes lettres de la main de Joos Damman.
Ces lettres infâmes, c’est Nelle qui les dépose enter les mains
du tribunal ; elles causeront la perte de l’ignoble
gentilhomme. Ce que disent ces lettres, on le trouve dans la chanson.
Eh
bien alors, dit Lucien l’âne, voyons la chanson et puis, tissons
le linceul de ce vieux monde périssable, mortel, moisi et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
De
Joos Damann, écuyer
À
Hilbert Ryvish, écuyer.
Ne
perds plus ton temps et ton argent
En
jeux de misère et tristes brelans.
Pour
gagner à tous les coups,
Faisons-nous
beaux diables,
C’est
un emploi admirable,
Les
femmes se pendront à nos cous.
Les
femmes donnent à leur homme d’amour
Leurs
cottes, leurs chemises et leurs atours.
Laissons
les pauvres et les laides,
Prenons
les belles et les riches,
Faisons
leur payer le plaisir du corps,
Bientôt,
nous roulerons sur l’or.
À
la nuit, il faut te faire beau
Et
t’annoncer d’un chant d’oiseau.
Il
faut te faire une face de diable
Et
te pommader les joues de phosphore –
Un
onguent à l’odeur épouvantable,
Une
fragrance d’enfer, un parfum de mort.
Et
toujours, tue qui te gêne.
Allons
chez Katheline, ma débonnaire.
Tu
prendras Nelle sans peine ;
Je
te la donne, j’en suis le père.
Katheline
cache en son logis
Sept
cents carolus d’or,
Un
véritable trésor.
Pour
l’amour, tel sera notre prix.
Puis,
ces femmes pour nous seront
Esclaves
et serves en travail amoureux.
En
Allemagne, nous les mènerons
Et
nous les louerons à qui paiera le mieux.
Et
nous en séduirons d’autres encore ;
Allumé
le feu ardent sous leur ceinture,
Les
femmes nous obéissent en tout,
L’amour
a le sourire si doux.
À
Katheline : M’aimes-tu, mon doux cœur ?
Dis-moi,
caches-tu le trésor sous les fleurs ?
Sorcière
mignonne, nous irons ce samedi
Danser
ensemble au sabbat des esprits.