lundi 7 octobre 2019

La Marengo du Lieutenant

La Marengo du Lieutenant


Chanson française – La Marengo du Lieutenant – Marco Valdo M.I. – 2019

ARLEQUIN AMOUREUX – 1bis

Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.






Dialogue Maïeutique


Ainsi, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as encore écrit une chanson où il est question de Marengo. Qu’est-ce à dire ? Est-il toujours question de la bataille qui s’y déroula il y a plus de deux siècles ? Et si comme je le pense, elle devait faire partie de ton Arlequin amoureux, pourquoi ne pas l’avoir écrite bien plus tôt ? Vu que cet « opéra-récit-historique » comme tu l’avais appelé, tu l’avais commencé par « Marengo », il y a déjà quelques années et que tu l’avais interrompue assez rapidement.

Disons plus exactement, Lucien l’âne mon ami, que je l’avais suspendue, car j’avais d’autres projets en cours, qui me requéraient entièrement. Lais en vérité, je ne l’avais pas oubliée. Il se trouve qu’à présent que je termine ma série de publications, je reprends le fil de cette histoire d’Arlequin amoureux par « La Marengo du Lieutenant ». Cependant, je te rappelle quand même que durant cette suspension, j’ai publié (voir le catalogue du Livre en Papier), outre Dachau Express (1 volume), les Histoires d’Allemagne (6 volumes), les Histoires Lévianes (3 volumes), La Geste de Liberté (3 volumes) et que je sortirai prochainement, les Lettres de Prison (1 volume).

Certes, lit Lucien l’âne, c’est là un travail considérable ; mais ce nouveau Marengo ?

D’abord, Lucien l’âne mon ami, j’ai rencontré une première difficulté à la reprise de cette « série » - c’est très à la mode, les « séries ».

Je me demande ce que tu as pu rencontrer comme difficulté, susurre Lucien l’âne.

Simplement, rétorque Marco Valdo M.I., il y a que les dix premières chansons étaient déjà placées dans un certain ordre et numérotées. Or, celle-ci devait nécessairement être proche de l’autre Marengo. J’ai donc arrangé cette affaire en la numérotant 1 bis.

C’est en effet une curiosité féconde, car rien n’empêche un ter, un quater, etc. Ce serait, dit Lucien l’âne, une série dans la série. Mais encore ?

Ensuite, Lucien l’âne mon ami, laisse-moi te faire remarquer qu’il ne s’agit pas d’« un », mais d’« une Marengo ». Pourquoi « La Marengo » ?, car en fait, il s’agit de la bataille de Marengo. J’ai dû imaginer un tel titre pour dire que c’est la bataille, la même bataille, mais vue d’un autre angle, par un officier, par le lieutenant qui commande notre futur Arlequin. C’est un tout autre point de vue, même si comme chez le Lieutenant Lukas, dont Chveik était l’ordonnance, toute cette logorrhée militaire se tourne elle-même en dérision.

Bien, bien, dit Lucien l’âne, je vois le genre. Mais quand même, un commentaire.

Soit, répond Marco Valdo M.I. : déjà le titre « La Marengo du Lieutenant » devrait te faire pressentir que lui aussi, quelque part dans un palais ou une maison viennoise, a une amoureuse, qu’il ne prend pas pour une « virago » ; au contraire, mais il n’en dira rien cette fois. La chanson (et en partie la première) est une lettre qu’il adresse à cette belle Viennoise et il décrit assez objectivement les armées en présence. Et le résultat assez désastreux de toute cette virile confrontation – un village ravagé, une dizaine milliers de victimes, rien que chez les Autrichiens ; pour les détails, il suffit de lire la chanson.

C’est ce que je vais faire illico, dit Lucien l’âne et cela fait, tissons le linceul de ce vieux monde militaire, médiocre, stupide, mortel et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



On était trente mille Autrichiens
Sur l’herbe, on avait posé nos fesses.
La Patrie requérait des prouesses
Et ce soir, on ne faisait rien.

Ils étaient vingt-deux mille Français
Dans Marengo à vider les barriques.
La République requérait l’ardeur patriotique :
Vaincre ou mourir, ils buvaient frais.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Au matin, les clairons sonnaient,
Les coqs appelaient au combat.
À l’attaque, on s’élançait :
En rangs, on y allait au pas.

Sans vigueur, sans discipline militaire,
Mes hommes ne sont pas des soldats
D’une fougue extraordinaire.
On prend le bourg, l’ennemi n’y est pas.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Victoria ! Triomphe ! On tenait le village.
Mais, ma chère, empêcher le pillage ?
Enfin, n’y pensez même pas.
Les poules s’enfuyaient dans les bois.

Au soir, on perdit la bataille,
La cavalerie s’est enfuie ventre à terre.
Épuisés, pris en tenaille,
Dix mille fantassins se couchèrent.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.