mercredi 3 septembre 2014

LE RÊVE


LE RÊVE

Version française – LE RÊVE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Il sogno – Franca Rame – 1977
Paroles de Dario Fo et Franca Rame
Musique de Fiorenzo Carpi


En amoureux, il m'a emmenée au ciné
C'était un beau film, mais sur la pellicule
Ne jouaient pas des artistes étrangers,
C'était nous les protagonistes.




La vie est un rêve… Ainsi parlait Calderon de la Barca vers 1635. Enfin, il l'écrivait sous forme de pièce de théâtre : « La vida es sueño ». Une histoire assez alambiquée dont je ne t'entretiendrai pas. Mais il reste ce titre plus grand que l'aventure de Sigismond… Donc, le rêve...


Ou le cauchemar ou le fantôme ou le fantasme… ou comme le spectre qui hante le Manifeste du parti communiste, dont accoucha le couple Karl Marx et Friedrich Engels, il y a un peu plus d'un siècle. Ou l'esprit comme celui qui se cachait dans la queue du chat, dit Lucien l'âne en éclatant d'un rire franc et massif. (https://www.youtube.com/watch?v=69S4GTFJg3A)


Certes, mais la canzone de Fo et Rame n'a pas de prétention, elle raconte un rêve qui rêve du monde d'au-delà de la Guerre de Cent Mille Ans, une journée dans un temps où auraient abandonné la course à la richesse, n'auraient plus ce sentiment pervers et destructeur qu'est l'envie, ne nourriraient plus d'ambition, vivraient sans arrogance, un monde matériellement simple et humainement complexe d'où la pauvreté aurait chassé la misère.


Que voilà un beau rêve et même si ce n'est qu'un rêve… Alors, Marco Valdo M.I. mon ami, raison de plus pour reprendre notre tâche et tisser encore et toujours le linceul de ce vieux monde ambitieux, avare (vis-à-vis des pauvres et des miséreux), arrogant, absurde, aboulique et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





L'autre nuit j'ai rêvé
Qu'à l'usine j'étais à travailler
Et près de mon métier
L'ingénieur travaillait
Moi, à manipuler les peignes, je l'initiais
Et lui m'a même dit merci,
C'était gentil.
On n'entendait pas ce grand vacarme
On ne sentait pas la pestilence de teinture,
Ma tante accordait les pauses,
On allait tranquilles, c'était commode.
Sans même le demander, j'allais
Aussi aux cabinets
Et assise à mon aise, je lisais
Tout un grand journal
Où on voyait ce titre phénoménal :
« Travailler peu, vivre beaucoup ».
Je suis allée sur le coup
Faire une petite balade
Dans un grand parc rempli d'enfants
Et dans ma promenade
Je vis sur la pelouse mon enfant.
Mon enfant m'a pris par la main
Et m'a ramenée à notre maison.
On vivait au premier étage,
Ce n'était pas un de ces immeubles
Où nous sommes maintenant, comme en prison.
Mon mari était déjà rentré,
En congé, il faisait la lessive
Il faisait la lessive et n'était pas enragé
En amoureux, il m'a emmenée au ciné
C'était un beau film, mais sur la pellicule
Ne jouaient pas des artistes étrangers,
C'était nous les protagonistes.
Tous des gens du coin.
L'un se levait et nous demandait
Ce dont il avait besoin ;
Tous on en discutait,
Et puis après, chaque question
Trouvait sa solution.
Personne ne faisait le fanfaron,
Aucun n'avait l'air de commander,
Chacun était tout sourire.
Et il y avait un grand panneau à regarder
Avec écrit dessus : « Interdit d'interdire ».
Et puis, les gens parlaient d'une autre voix
Personne ne disait : « Ceci est à moi et ça, c'est à toi » ;
Les choses à toi ou à moi, c'était du passé.
Tout était nôtre, tout était à nous tous.
Même l'amour avait changé,
Ce n'était pas plus une affaire
Entre toi et moi contre les autres ;
C'était avec les autres.
L'amour était l'amour des autres en même temps…
C'en était fini de l'égoïsme,
On vivait véritablement
Le communisme.
C'en était fini de l'égoïsme,
On vivait véritablement
Le communisme.