vendredi 23 août 2013

Jésus Java

Jésus Java

Chanson française – Jésus Java – Jean Yanne – 1971
Texte : Jean Yanne
Musique Michel Magne
Interprète : Anne Germain
















Alors, Lucien l'âne mon ami, pour parfaire ton éducation religieuse et chrétienne, je t’apporte une nouvelle chanson qui fait partie de notre grande série « Alléluia, Dansons avec Jésus ». Tu as déjà entendu bien évidemment Alléluia [[45278]] où dès les premiers vers apparaît Jésus lui-même dans une de ses plus belles réussites miraculeuses : la marche sur l'eau. À toutes fins utiles, je te signale que Jésus est un des plus grands experts en miracles de toute l'histoire, c'est du moins ce que racontent les bibles et les prêcheurs ; ensuite, Avec Maria [[45249]] où apparaît Marie (les apparitions de Marie sont une étrange manie dont le caractère ubiquiste en étonne plus d'un ; tout comme ses changements de couleur : on connaît des Maries blanches et des Maries noires – rien à voir avec le pétrole) – je te précise pour la bonne compréhension des choses que la dénommée Maria (en français : Marie) est la mère du dénommé Jésus. On a présenté ici aussi plus récemment encore un Jésus Tango de derrière les fagots des bûchers de l'Inquisition espagnole, où en ces temps-là, la pauvre interprète (la dénommée Ginette Garcin – Paix à son âme!) aurait immanquablement terminé sa danse [[45309]] et nous aussi, d'ailleurs.


Oh, dit Lucien l'âne en relevant le front et en pointant ses oreilles noires comme une soutane de jésuite, on pourrait y revenir bientôt aux bûchers, aux conversions forcées et toutes ces sortes de facéties. Dans certains pays, on vous pend ou on vous lapide pour moins que ça... C'est tout le charme des religions quand elles sont énergiques.


Bien évidemment et si l'on n'y prend garde, elles finiront par étouffer l'humanité entière... Mais comment s'en débarrasser (des religions, pas de l'humanité) ? Telle est la question. Mais revenons à notre chanson, elle s'intitule Jésus Java. Elle est donc très proche de Jésus Tango... Comme tu le sais, si le tango est argentin, la java, elle, est bien française. J'en tiens pour preuve Fréhel et sa Java bleue [http://www.youtube.com/watch?v=F2b8_-DHh5Q] et Nougaro qui mit en face à face le Jazz et la Java [http://www.youtube.com/watch?v=PM5O hz4WaKA]. Donc, une chanson bien française... Mais pour le contenu, c'est autre chose... On dirait le discours d'une de ces témoins, une de ces apôtres ou de ces apostoliques ou de ces évangélistes qui viennent sonner aux portes et raconter mille fadaises à propos de Jésus qui aurait revenu (pour rester dans le conditionnel de la chanson) ... Mais toi, Lucien l'âne mon ami, qui t'y connais spécialement en danse grecque antique et la qualifia en son temps de panharmonique, peux-tu m'indiquer un mot qui pourrait caractériser le rôle en quelque sorte thaumaturgique de Jésus dont tu as pu apprécier dans ces Jésus Tango et Jésus Java, tout l'effet thérapeutique par la danse...


De fait, dit Lucien l'âne, nous les Grecs, comme tu le sais, nous avions nos dieux – tout un tas et d'ailleurs, ils sont toujours là, n'en déplaise aux monothéistes rabiques. Et parmi tous nos dieux, il y a Dionysos qui bien avant l'invention du Christ et de tout ce qui s'en suivit, connaissait et pratiquait la danse thérapeutique. Il en connaissait les vertus particulières. Les bacchanales ne sont rien d'autre que des Jésus Tangos ou des Jésus Javas avant la lettre. Cela dit, même s'il a plagié les dieux grecs, Jésus est un grand thérapeute et par la danse encore plus, semble-t-il. Mais le mot que je peux te proposer change selon qu'il s'agit d'une thérapie de groupe et en ce cas, je dirais volontiers « choréthérapie » ou d'une danse en individuel avec Jésus, là il s'agirait plutôt d'une orchéthérapie ; je ne te cache pas que cette dernière me semble une méthode extrêmement sensuelle... On peut donc le qualifier, pour répondre à ta question, de Choréthérapeute ou d'Orchéthérapeute, selon les cas.


Par ailleurs, Jésus, c'est l'éternel revenant. Je me demande même si ce n'est pas lui qui hante les châteaux d'Écosse ou le Loch Ness. Cependant, il n'y a rien à redire à la chanson de Jean Yanne, elle fait plus vrai que vrai... Enfin, presque... Car la réalité dépasse souvent la fiction – j'allais dire l'affliction... et de fait, aux paumés du système, une foule d'églises et de prêcheurs en tous genres proposent leur Jésus. Parfois même, ça marche. En somme, il suffit d'y croire. Jésus est un placebo... Quant au salut, on ne sait trop de quoi il peut bien être fait, mais c'est un produit qui se vend bien – par la vente au porte à porte ou dans de grandes réunions de fans.


Allons, Marco Valdo M.I., mon ami, reprenons notre tâche et recommençons à tisser le linceul de ce vieux monde fanatique, crédule, évangélisé, berné, abusé, trompé et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane








Si j'aurais pas connu Jésus
Sûr que je m'aurais sentie perdue
Car quand tu m'as quittée,
Le seul qui m'a aidée
C'est notre voisin du dessus
C'est Jésus

Si j'aurais pas connu Jésus
Ma vie aurait été foutue
Celui qui m'a conseillée,
Celui qui m'a montré
Le chemin du salut
C'est Jésus

Les solitaires, les déracinés
Les traîne-misère, les abandonnés
Les laissés-pour-compte,
Tous les morts de honte
Ceux qu'ont plus rien à espérer
Les pauvres hères, les défragmentés
Les Black Panthers, les traumatisés
Ceux que la vie dégoûte
Il faut qu'ils m'écoutent
C'est Jésus qu'il leur faut aimer

Si j'aurais pas connu Jésus
Sûr que je m'aurais sentie perdue
Car quand tu m'as quittée,
Le seul qui m'a aidée
C'est notre voisin du dessus
C'est Jésus

Si j'aurais pas connu Jésus
Ma vie aurait été foutue
Celui qui m'a conseillée,
Celui qui m'a montré
Le chemin du salut
C'est Jésus

Les filles de peine, les stigmatisés
Les schizophrènes, les épouvantés
Les laissés-pour-compte,
Tous les morts de honte
Ceux qu'ont plus rien à espérer
Les érogènes, les démaquillés
Les indigènes, les désemparés
Ceux que la vie dégoûte
Il faut qu'ils m'écoutent
C'est Jésus qu'il leur faut aimer


Ave Maria, Ave Maria
Ave Maria