Le
Poseur de Rails
Chanson
française – Le
Poseur de rails – René-Louis
Lafforgue – 1956
Je suis un poseur de rails Comme l'était mon père. |
Ah,
Lucien l'âne mon ami, j'avais inséré l'autre jour une chanson de
René-Louis Lafforgue, chanteur libertaire, surtout connu pour ses
chansons gouailleuses et dansantes. Cette chanson – Les
Enfants d'Auschwitz [[48636]]- reflétait cependant l'autre
versant de René-Louis, celui d'un fils de réfugiés espagnols,
venus d'Euzkadi (qu'on nomme souvent par ici, le Pays Basque), fuyant
la dictature
franquiste et les massacres qu'elle perpétra avec l'appui armé
(Guernica est en Euzkadi) des fascistes italiens et des nazis
allemands. Derrière le chanteur de musette, on découvrait un
artiste militant anarchiste – comme Maurice Fanon, Henri Tachan,
Léo
Ferré, Georges Brassens...
Je
m'en souviens très bien de cette chanson assez bouleversante et qui
mérite bien sa place près de celle
de Guccini [[7]], par exemple. Et celle d'aujourd'hui, de quoi
elle parle ?
Je
la qualifierais volontiers de chanson de travail et même, aussi, de
chanson d'émigration, de chanson du rail… Elle pourrait très bien
se trouver auprès du Train
du Nord de Félix Leclerc ou
des Routiers
[[46658]] d'Yves Montand. En fait, c'est un de ces poseurs de rails,
fils de poseur de rails, la reproduction sociale, tu connais ça…
C'est tout, rien
de plus qu'une
vie. La chanson, en fait, ne le dit pas, mais elle évoque combien
le développement du réseau ferré a tué d'hommes – par centaines
de milliers… pour le plus grand profit d'anonymes actionnaires.
L'extension du rail, c'est un des épisodes terribles de la Guerre de
Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour étendre leur
domination, accroître leurs richesses… D'ailleurs, elle se
poursuit dans le Valsusa
[[28]], par exemple. Et puis, il y aqu'elle réserve cette chanson
une fameuse surprise …
Une
surprise ? Quel genre de surprise peut bien réserver une
chanson ?, dit Lucien l'âne tout subitement redressé des
oreilles à la queue.
Eh
bien, libertaire, René-Louis Lafforgue l'était au fond de l'âme et
il avait un ami, dont il fit un temps les premières parties de
récital, et cet ami est un autre libertaire venu du Sud-Ouest de la
France, le guitariste Georges Brassens. La surprise est que
l'accompagnateur de René-Louis Lafforgue est tout simplement
Brassens lui-même. Je ne connais pas d'autres exemples de pareille
prestation de Tonton Georges…
Oufti,
ça vaut la peine de regarder la vidéo… Pour le reste, reprenons
notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde maillé de fer,
ferré de rails, enserré dans un filet d'acier et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Re-hop,
re-hop
Re-hop, re-hop
Je suis un poseur de rails
Comme l'était mon père.
Je me suis mis au travail
Quand la mort lui dit "Vieux frère"
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
J'ai hérité du chemin
Re-hop, re-hop
Je suis un poseur de rails
Comme l'était mon père.
Je me suis mis au travail
Quand la mort lui dit "Vieux frère"
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
J'ai hérité du chemin
Que
mon bonhomme de père
Avait suivi comme un chien
Jusqu'à son heure dernière.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Au boulot vaille que vaille,
On creuse, on pioche et l'on taille,
Par les champs et la rocaille,
L'immense route du rail.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
On construit un éventail
Qui, par Rome ou par Nanterre,
Grandit comme la semaille
Sur tous les coins de la Terre.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Dès que paraît le matin
Les sirènes nous rappellent.
On oublie le mal de reins,
On n'est pas des demoiselles.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Chaque jour, maille après maille,
Grandit le chemin du rail.
Attachés à la ferraille,
En chœur tout le monde gouaille.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Je vais le long du chemin
La musette en bandoulière.
Je repars toujours plus loin
Jusqu'à mon heure dernière.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Quand trop vieux pour le turbin,
Je ne pourrai plus rien faire,
En voyant passer les trains,
Je viderai quand même quelques verres.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Avait suivi comme un chien
Jusqu'à son heure dernière.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Au boulot vaille que vaille,
On creuse, on pioche et l'on taille,
Par les champs et la rocaille,
L'immense route du rail.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
On construit un éventail
Qui, par Rome ou par Nanterre,
Grandit comme la semaille
Sur tous les coins de la Terre.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Dès que paraît le matin
Les sirènes nous rappellent.
On oublie le mal de reins,
On n'est pas des demoiselles.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Chaque jour, maille après maille,
Grandit le chemin du rail.
Attachés à la ferraille,
En chœur tout le monde gouaille.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Je vais le long du chemin
La musette en bandoulière.
Je repars toujours plus loin
Jusqu'à mon heure dernière.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Quand trop vieux pour le turbin,
Je ne pourrai plus rien faire,
En voyant passer les trains,
Je viderai quand même quelques verres.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop