POÈTES
ANDALOUS
Version
française – POÈTES ANDALOUS – Marco Valdo M.I. – 2013
Chantent
encore les poètes andalous
C'était en 1970 et, en Espagne, le généralissime Franco jouirait d'encore bien cinq ans de sa dégoûtante vie. Le poète andalou de lointaine origine toscane Rafael Alberti (son grand-père Tommaso Alberti Sanguinetti était un garibaldien pistoiais réfugié en Espagne) était par contre en exil en Italie. Faisant partie de la fameuse Generación de '27, comme Aleixandre, García Lorca, Salinas et Guillén, il avait adhéré au Parti Communiste et avait combattu le franquisme ; depuis 1939, il n'était plus rentré en Espagne ; depuis 1963, il vivait à Rome.
C'était en 1970 et, en Espagne, le généralissime Franco jouirait d'encore bien cinq ans de sa dégoûtante vie. Le poète andalou de lointaine origine toscane Rafael Alberti (son grand-père Tommaso Alberti Sanguinetti était un garibaldien pistoiais réfugié en Espagne) était par contre en exil en Italie. Faisant partie de la fameuse Generación de '27, comme Aleixandre, García Lorca, Salinas et Guillén, il avait adhéré au Parti Communiste et avait combattu le franquisme ; depuis 1939, il n'était plus rentré en Espagne ; depuis 1963, il vivait à Rome.
Son
poème « Balada pare los poetas andaluces de hoy » parle
du présent d'alors, des poètes andalous de cet aujourd'hui qui se
retrouvaient seuls, après que leurs prédécesseurs, les hommes
libres, avaient été détruits, anéantis, exilés par la dictature
franquiste. Une poésie où la liberté se heurte au désert, à la
solitude. Les poètes existent encore, mais que chantent-ils, que
voient-ils, que ressentent-ils ? Ils chantent, voient et entendent
avec des voix d'hommes, mais les hommes n'y sont plus. Ils sont
seuls.
Il
semble que l'Andalousie entière soit restée sans rien, privée de
ses meilleurs hommes. Tuée par les fusils des traîtres, envoyée au
loin sans plus d'espoir de retour. Et Alberti, qui était
profondément andalou malgré l'exil qui l'avait ramené sur la terre
de ses lointains aïeux, le sentait bien, mieux que les autres. Il le
sentira encore plus lorsque, trois ans après, son ami et camarade
Pablo Neruda, qui avait l'Espagne dans son cœur, mourra, seul, dans
l'horreur d'une autre dictature qui avait à peine commencé à
ensanglanter le Chili ; il lui dédiera, à Florence, un discours ému
commencé dans un italien incertain et poursuivi en espagnol, et un
volume intitulé « A Pablo Neruda, con Chile en el corazón»
Mais
les poètes ne sont jamais seuls. Ils chantent, regardent et
entendent plus haut ; d'autres voix répondront, d'autres yeux
regarderont, d'autres oreilles entendront. Avec cette poésie, Rafael
Alberti énonce dans la manière la plus simple (la simplicité est
le vrai mètre de la grande poésie) la manière avec laquelle les
poètes communiquent, même lorsque leur terre est en proie à la
plus sombre et la plus noire solitude de la tyrannie.
Cette
même année 1970, un groupe folkloriste espagnol, Los Aguaviva, qui
jouissait alors d'une discrète renommée, même en Italie, décida
de mettre en musique cette poésie, en la réélaborant pour
l'adapter à la mélodie composée leur leader, producteur et
compositeur Manolo Díaz. C'étaient vraiment d'autres temps, des
temps où une poésie du genre de Rafael Alberti, mise en musique et
chantée par un groupe folk espagnol pouvait bondir en tête des
classements des disques les plus vendus. Présentée avec le titre
abrégé de Poetas andaluces, elle réussit à entrer dans le hit
parade italien. On l’entendait jusque dans les juke boxes.
Et
je m'en souviens aussi ; rapportée chez nous par mon frère
aîné Francesco, qui en était littéralement tombé amoureux, je me
vois me la chantonner gamin, , même sur la plage : « hombres,
dónde los hombres ? », comprenant à peine le sens des mots.
Une des chansons remisée dans un coin de mon esprit, et sortie
aujourd'hui par Adriana, que je voudrais remercier de façon
entièrement spéciale ; en construisant une page qui en soit digne.
[RV]
Apparemment,
le chant d'Alberti a été entendu et à présent, l'Andalousie offre
ses poètes sans voiles au monde entier
: http://www.poetasandaluces.com/index.asp
[Lucien
Lane]
Rafael Alberti
Apparemment, ce tableau du peintre Abbé Nozal [http://nozal.com/pintura/piedra.htm] représentant le visage de Rafael Alberti - poète andalou, aurait lui aussi disparu... Si j'en crois ce message qui l'accompagne :
« -Si si usted, de pronto, cree haber visto este cuadro en algún lugar y puede ofrecer alguna pista de su paradero, por favor comuníquelo de inmediato a través de email. Gracias.
Que
chantent les poètes andalous d'à présent ?
Que voient les poètes andalous d'à présent ?
Qu'entendent les poètes andalous d'à présent ?
Que voient les poètes andalous d'à présent ?
Qu'entendent les poètes andalous d'à présent ?
Ils chantent, et quand ils chantent, on dirait qu'ils sont seuls
Ils voient, et quand ils voient, on dirait qu'ils sont seuls
Ils entendent, et quand ils entendent, on dirait qu'ils sont seuls
Que
chantent les poètes andalous d'à présent ?
Que surveillent les poètes andalous d'à présent ?
Qu'entendent les poètes andalous d'à présent ?
Que surveillent les poètes andalous d'à présent ?
Qu'entendent les poètes andalous d'à présent ?
Et
quand ils chantent, on dirait qu'ils sont seuls
Et quand ils surveillent, on dirait qu'ils sont seuls
Et quand ils entendent, on dirait qu'ils sont seuls
Et quand ils surveillent, on dirait qu'ils sont seuls
Et quand ils entendent, on dirait qu'ils sont seuls
Mais,
où sont les hommes ?
Peut-être
qu'en Andalousie, il n'y a plus personne
N'y
a-t-il plus personne qui réponde à la voix du poète,
Qui voie le cœur sans voiles du poète ?
Tant de choses sont mortes, il n'y a plus rien que le poète
Qui voie le cœur sans voiles du poète ?
Tant de choses sont mortes, il n'y a plus rien que le poète
Chantez haut, vous entendrez ce qu'entendent d'autres oreilles
Regardez haut, vous verrez ce que voient les autres yeux
Battez haut le cœur, vous saurez où palpite un autre sang
Même
enterré dans son obscur sous-sol, le poète n'est pas seul
Son chant monte du plus profond,
Quand il sort au jour, il est déjà à tous les hommes.
Son chant monte du plus profond,
Quand il sort au jour, il est déjà à tous les hommes.
Et
déjà, sa chanson est à tous les hommes
Et déjà, sa chanson est à tous les hommes
Et déjà, sa chanson est à tous les hommes
Et déjà, sa chanson est à tous les hommes
Et déjà, sa chanson est à tous les hommes
Et déjà, sa chanson est à tous les hommes
Et déjà, sa chanson est à tous les hommes