ÉCHEC
AU ROI !
d’après
la version italienne – SCACCO AL RE – Lorenzo Masetti – 2018
Un nouvel épisode des sympathiques chansons dédiées à la maison régnante espagnole, parmi lesquelles on trouve Una historia real, Jo vull ser rei, Los Borbones son unos ladrones, Muerte a los borbones et naturellement, Simpático holgazán. Du tout nouvel album du retour de l’historique groupe ska madrilène.
Dialogue
Maïeutique
Voilà
maintenant, Marco Valdo M.I. mon ami, que tu nous emmènes jouer aux
échecs. Tu annonces un échec au roi, mais généralement, le coup
suivant peut être vraiment définitif et mener tout droit au
terrible « Échec et mat », à la mort du roi, ce qui
d’ailleurs est le but du jeu.
Oh,
Lucien l’âne mon ami, je n’y suis pour rien, tu vois bien que
c’est une traduction d’une chanson espagnole et toutes récentes
– la chanson et la traduction en italien. Elle a été enregistrée
cette année par un groupe populaire de Madrid. Cela dit, ton
commentaire est exact ; l’échec au roi vise à l’élimination
du roi. On dit alors qu’il est mat. Mais reprenons quelques faits
pour éclairer le débat :
Lors
de la guerre d’Espagne qui dura de 1936 à 1939, puis se poursuivit
sous la forme d’une résistance clandestine pendant les trente-cinq
années suivantes, le « généralissime » (« Generalísimo
Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios »)
Franco, dictateur de son état, a d’abord
trahi, puis détruit la République, massacrant au passage une nonne
part de la population.
Le
même dictateur Franco (etc. por la gracia de dios), sentant sa fin
prochaine, a voulu assurer une « transition » sous la
forme d’une Constitution qui remit en place la monarchie des
Bourbons.
L’Espagne
a pour l’instant un roi.
Il
s’appelle Philippe, comme le roi d’Espagne au temps de Till (voir
notamment L’Araignée
de l’Escurial) ; il porte le numéro VII.
C’est
ce roi Philippe (Felipe VII) qu’il faut mettre en échec et puis,
tout à fait hors jeu, c’est-à-dire Mat, afin de rétablir la
République en Espagne. Du moins, c’est ce que dit la chanson.
Soit,
dit Lucien l’âne. Ce serait un bon début, même si le simple
départ des Bourbons et l’institution de la République ne
changeraient pas grand-chose si on ne mettait dans le même temps
hors jeu, échec et mat, toute la « Grande Espagne, Une et
Libre », toutes ces séquelles du franquisme et tous ces
arrogants dignitaires et leurs affidés. Il y a là un grand
nettoyage à faire que n’a pas permis la soi-disant transition, où
le franquisme est encore ordinaire. Sans balayer ces résidus de la
dictature et du conservatisme espagnol, qui ont fait tant de mal aux
gens d’Espagne et d’ailleurs, la même atmosphère pesante, la
même domination insupportable, la même misère des pauvres
resteront en place comme si de rien n’était.
Certes,
dit Marco Valdo M.I., encore faut-il que cela se fasse. Cela dit,
avant que tu conclues, je voudrais faire une petite excursion dans la
version française et indiquer pour quoi j’ai choisi de (faire)
dire au Bourbon : « Ma vie est une fiction ». C’est
une coquetterie de traducteur – tout comme « pauvres cons »
si gaillardement utilisé par un ex-président de France, tout comme
« mon nom est bourbon(d) », je l’admets volontiers,
mais il m’a plu pour « Ma vie est une fiction » de le
faire en référence à la pièce de théâtre de Pedro Calderon de
la Barca – La vida es sueño (1636), qui écrivait :
«
¿Qué es la vida? Un frenesí.
¿Qué es la vida? Una ilusión, una sombra, una ficción, y el mayor bien es pequeño; que toda la vida es sueño, y los sueños, sueños son. »
Bien,
ainsi, la vie est une fiction, un rêve, un songe… C’est un point
de vue intéressant, conclut Lucien l’âne. Il nous faut cependant
reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde
hiérarchique, monarchiste, dictatorial, conservateur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ne
me cassez pas les bourbons !
Mon
nom est Bourbon.
Mon
nom est Bourbon.
Mon
nom est Bourbon (Qu’en dites-vous, pauvres cons) !
Mon
nom est Bourbon (ma vie est une fiction) !
Que
croyez-vous, pauvres cons, ma vie est une fiction.
Mon
nom est Bourbon !
Ne
me cassez pas les bourbons !
M’adoreront
Si
on vous fout dehors, ça m’est égal !
Que
croyez-vous, pauvres
cons, ma
vie est une fiction.
Mon
nom est Bourbon !
Mon
nom est Bourbon (Qu’en dites-vous,
pauvres cons) !
Mon
nom est Bourbon (ma vie est une fiction) !
Que
croyez-vous, pauvres
cons, ma vie est
une fiction.
Mon
nom est Bourbon !
Ni
roi, ni patrons !
Ni
esclaves, ni plantons !
Ni
patrons, ni roi !
Pour
toi, pour moi, dehors le roi !
Ni
roi, ni patrons !
Ni
esclaves, ni plantons !
Pour
toi, pour moi, dehors le roi !