mercredi 31 mars 2021

AU-DELÀ DE L’ARC-EN-CIEL


AU-DELÀ DE L’ARC-EN-CIEL



Version française – AU-DELÀ DE L’ARC-EN-CIEL – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson italienne – Oltre l’arcobaleno – Germano Bonaveri – 2007



ARC-EN-CIEL SUR PARIS

Robert Delaunay – 1914





Possible d’arriver

Quand elle s’en est déjà allée

Et de rester avec l’idée

De s’être trompé.


Possible qu’on soit fatigué

De se lever un matin

Après une nuit sans fin

Avec une envie de café.


Possible que le devoir social

De voter aux élections

Pose le dilemme moral

D’être pris pour un couillon.


Possible que manger des organismes

Génétiquement modifiés

Oblige à faire un petit exorcisme,

Car ils ne sont pas testés.


Possible qu’ils soient des millions

Les enfants qui passent leurs journées

À coudre des ballons toute l’année

Pour que vous vous preniez pour un champion.


Possible qu’un journal télévisé

Ne raconte pas la réalité profonde,

Mais on ne peut accepter

Toutes ces guerres dans le monde.


Possible qu’à côté des poubelles,

Il y a chaque matin

De vieux chenus, de vieilles demoiselles

Fouillant pour apaiser leur faim.


Possible qu’on soit ensorcelés,

Victimes d’une hypnose

Qui nous a enfoncés

Au fond de nos névroses.


Possible qu’ailleurs un diable sage

Séduise les gens avec une poignée

De riz qu’ici, on lance au mariage :

En criant « Vive la mariée ! »


Possible qu’ailleurs sur terre,

Les hommes ont faim, véritablement

Quand on fait la guerre

Pour du carburant.


Possible aussi qu’à chaque seconde,

Se trament de noirs complots

Et dans toutes les parties du monde,

S’exploitent de sombres tripots.


Possible que certains fort civils,

Avec tout leur argent,

S’en vont au Brésil

Acheter des enfants.


Possible qu’on éclate d’indignation

De voir gracier un assassin,

Quand les amis sont en prison

Pour un vol de deux fois rien.


Possible qu’on soit un peu dégoûté

De notre bonne société,

Car on se fait exploiter

Comme le reste de l’humanité.


Possible que ce n’est qu’une illusion,

Qu’un roulement de tambour,

Qu’un simple discours,

Que ce n’est qu’une chanson.


Possible que ce n’est qu’une chanson,

Qu’un roulement de tambour,

Qu’un simple discours,

Que ce n’est qu’une illusion,


Mais vous êtes vivants,

Mais soyez vivants !



mardi 30 mars 2021

MESURE DE L’ÉTERNITÉ DES CHANSONS CONTRE LA GUERRE


MESURE DE L’ÉTERNITÉ

DES CHANSONS CONTRE LA GUERRE






Comme ce sont les Chansons contre la Guerre qui nous ont depuis environ treize ans alimentés en chansons « à traduire » et que, en quelque sorte en contrepartie, nous avons alimentées en versions françaises de notre cru ou en chansons françaises d’autres auteurs, auteurs-interprètes ou tout simplement, d’interprètes, il nous a paru utile et courtois de publier ce texte-anniversaire.


Un dernier mot : Les Chansons contre la Guerre cherchent « des gars et des filles qui connaissent au moins quinze langues et qui sont prêts à s’engager pleinement, pendant les dix-huit prochaines années, dans un travail difficile, fatigant, qui ne donne aucune gloire et qui ne rapporte pas un seul euro. » D’expérience, nous qui ne connaissons que la langue française (et encore de manière approximative), nous pouvons garantir que la seule exigence est de connaître sa propre langue – pour le reste, on se débrouille et avec le temps, on s’améliore.

Donc, si le cœur vous en dit…


Longue vie (éternelle, enfin tant qu’il y aura du linge à laver ou tant que durera La Guerre de Cent Mille Ans) aux Chansons contre la Guerre et à leurs créateurs, leurs promoteurs et leurs administrateurs.


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


LES CHANSONS CONTRE LA GUERRE MAJEURES !



Depuis le 20 mars dernier, c’est-à-dire du 20 mars 2021, « Canzoni Contro la Guerra / Antiwar Songs / Chansons Contre la Guerre » peut voter, obtenir un permis de conduire, aller dans les prisons ordinaires, contracter mariage, conclure librement des contrats et faire un testament : le site est devenu majeur. Il a dix-huit ans, en somme. Comme le dit la célèbre légende de la page d’accueil : « Canzoni Contro la Guerra est en ligne depuis le soir du 20 mars 2003, jour où ont commencé les bombardements étazuniens sur l’Irak ». Donc, si ce n’est pas vraiment un Millennial, c’est de peu ; sans compter, naturellement, que dix-huit ans, pour un site Internet, c’est pratiquement une éternité. Je ne sais pas combien d’autres sites dans le monde peuvent se targuer d’une telle longévité : nous n’avons jamais été hors ligne, il n’y a eu aucune interruption si ce n’est quelques brèves « pauses techniques » dues à des pannes de serveur.


Au cours de ces dix-huit années, nous avons inséré, commenté et traduit près de trente-quatre mille chansons, morceaux de musique, paroles en musique, musique sans paroles, bandes sonores de films, opéras, chansons anciennes et chansons écrites il y a deux heures, poèmes, œuvres des plus sérieuses et très tristes, chansons à pisser de rire, parodies et je ne sais même pas quoi encore. La “guerre” s’est dilatée à toutes les guerres et luttes possibles et imaginables de l’homme contre l’homme, les animaux et l’environnement ; il y a des pages qui ont fait le tour du monde, d’autres qui ont fait le tour d’Italie ou de France et d’autres qui n’ont même pas fait le tour de leur propre maison. L’auteur étant allergique aux “bilans”, qui lui donnent de mauvaises réactions semblables à l’urticaire, il est préférable de s’arrêter là. Non sans avoir toutefois rappelé qu’en dix-huit ans d’existence, CCG, ou AWS, s’est volontairement passé – et continuera à le faire – de deux choses : toute forme de publicité à l’intérieur, pas même une seule bannière, et des « médias sociaux » de merde. Nous appartenons à la préhistoire, c’est vrai, et nous resterons fièrement préhistoriques. Maîtres de rien et serviteurs de personne.


Au cours de ces dix-huit années, nous avons recueilli : des éloges dithyrambiques, des critiques féroces, des déclarations d’amour, des insultes, des sarcasmes, des discussions intéressantes, des discussions délirantes, des citations de livres, des menaces de violation du copyright, des tonnes de spam, des contributions d’auteurs et d’artistes, n’importe quoi. Il y avait même le fou furieux qui avait pris le livre d’or pour son journal intime (« Chers amis du livre d’or »…). Selon quelqu’un, le site est « esthétiquement laid » (ceux de Stormfront ou de Forza Nuova seraient très beaux, qui sait). Un administrateur s’est fiancé avec une administratrice. Des administrateurs et des collaborateurs sont partis, sont venus, sont repartis et, espérons-le, reviendront. D’autres collaborateurs nous ont quittés pour toujours. Une babel de langues et de dialectes contenant même la seule tentative au monde de restitution d’un texte en chinois ancien.


Chansons contre la guerre, contre le travail (son plus proche parent), contre tout et pour tout. Il y a “Extras” et il y a la « Marque de dégoût » (“Bollino Bleah”). Nous avons fait connaître des inconnus en insérant même des chansons écrites par un garçon grec de douze ans. Nous n’avons jamais tiré un centime de tout cela : nous sommes ainsi. Et pourtant, il semble que nous ayons, selon les sites spécialisés dans la monétisation, une valeur économique d’environ 190 000 dollars : gardez-les, ou plutôt, mettez-vous-les dans le cul.


Fondamentalement, « Canzoni Contro la Guerra » – CHANSONS CONTRE LA GUERRE est un site de mémoire et d’Histoire racontée à travers des chansons et de la musique ; de manière sûrement discontinue et avec des milliers de précisions, de corrections et d’intégrations dans ses milliers de pages, c’est ce que nous avons toujours essayé de faire et ce que nous continuerons à faire aussi longtemps que nous le pourrons. Un jour, quelqu’un – par la loi de la nature – partira dans le Vaste Rien, en espérant qu’auparavant, il ne soit pas devenu stupide. Si tout cela vous plaît un tant soit peu, nous recherchons des gars et des filles qui connaissent au moins quinze langues et qui sont prêts à s’engager pleinement, pendant les dix-huit prochaines années, dans un travail difficile, fatigant, qui ne donne aucune gloire et qui ne rapporte pas un seul euro. Merci et à bientôt. Pour l’instant, avançons, malgré le Covid. (Staff CCG)

dimanche 28 mars 2021

Dans les Wagons de Première Classe

Dans les Wagons de Première Classe



Chanson française – Dans les Wagons de Première ClasseHenri Tachan1965



DANS LES WAGONS DE PREMIÈRE CLASSE

Jean Edouard Vuillard - 1908



Dialogue maïeutique


Voici, commence Marco Valdo M.I., une illustration métropolitaine (adjectif qui veut dire de « grande ville » et qui comme nom désigne le Métropolitain – qui est le métro de Paris) de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres pour maintenir leur domination, défendre leurs privilèges, étendre le champ de leur pouvoir, accroître leurs prérogatives, augmenter leurs richesses et nourrir leur ambition.


Ah, dit Lucien l’âne, on en parle souvent de cette guerre, mais je n’avais jamais encore entendu évoquer une telle illustration. Je suis donc fort intéressé à connaître ce qui peut bien se cacher sous cette expression.


Tout simplement une chanson, évidemment, dit Marco Valdo M.I. ; et tout d’abord, un petit topo s’impose. Pour la clarté, je rappelle que la plupart des noms propres cités dans ce parcours subferroviaire sont des noms de stations de métro de Paris – j’ajoute entre parenthèses la date d’inauguration : de Lamarck (1912) à la Trinité (1910), de Notre-Dame de Lorette (1910) au Panthéon, du Père Lachaise (1903), de Sébasto (1904) à Montparnasse (1906). Donc, ce topo : depuis fort longtemps, les humains se regroupent et forment des agglomérations, lesquelles deviennent de plus en plus grandes et de plus en plus peuplées. On signale à présent des métropoles de plusieurs millions d’habitants et même, on dénombre quelques cités de plus de vingt millions d’habitants. C’est considérable et entraîne toutes sortes de conséquences. Ainsi, depuis longtemps, dans les conurbations atteintes de gigantisme se posent des problèmes de circulation et une des solutions pour éviter les embarras superficiels est de construire sous le sol ; c’est le métro, dont les premières lignes sont apparues à la fin du XIXe siècle.


Oui, oui, tout ça, je le sais, répond Lucien l’âne, mais ce que je ne vois toujours pas, c’est ce qu’il en est de la chanson.


J’y viens, Lucien l’âne mon ami. Ici, il s’agit du métro de Paris, dit le Métropolitain, lequel comporte deux classes destinées aux usagers – car à Paris, les clients du métro (qui est un organisme public – La Régie Autonome des transports parisiens, dit communément la RATP) ne sont pas des voyageurs, mais des usagers. On a donc pour tout le monde, pour le peuple, les wagons de deuxième classe, qui aux heures utiles sont la plupart du temps pleins à craquer, une foule s’y presse et pour ceux qui peuvent se le payer (censément les plus riches), une autre classe, plus chique…


Quoi, dit Lucien l’âne, même La Rousse et le Petit Robert disent que chic doit toujours rester invariable en genre.


Oui, je sais, Lucien l’âne mon ami, il serait plus chic de laisser chic invariable, mais ce serait terriblement snob de ne pas écrire chique comme de ne pas écrire une classe snobe – pourquoi, en effet, rejeter le féminin des mots ? Donc pour en revenir à cette autre classe plus chique, plus snobe, plus chère, on la dénomme la Ière Classe. Cette division sociale du métro est le cœur du sujet de la chanson ; c’est le thème moteur de son récit. Elle montre la division sociale, économique à laquelle sacrifie cet utile moyen de transport ; fort heureusement, on n’a pas (encore ?) créer cette distinction sur les trottoirs des villes.


Oh, dit Lucien l’âne, il n’est pas impossible qu’on le fasse, comme on pourrait étendre ce genre de mesure aux routes, aux places et même, aux files dans les commerces.


Ainsi, reprend Marco Valdo M.I., la chanson se fait l’écho du sentiment populaire vis-à-vis de cette discrimination métropolitaine. Cependant, et c’est sa particularité, au lieu de décrire la foule, la presse qui étouffe dans les wagons de deuxième classe, elle focalise sur le vide contrasté du wagon de Ière classe et décrit la clientèle qui s’y tient, à l’aise, dans son cocon, loin de la populace et des pinces-culs prolétariens. C’est un portrait au picrate de ces dames et messieurs de la bourgeoisie.


Ah oui, je vois, dit Lucien l’âne, je vois de quel genre de gens il s’agit ; de ceux qui prennent les autres de haut, même quand ils roulent en sous-sol. Enfin, voyons ça et reprenons notre longue tâche et tissons le linceul de ce vieux monde méprisant, ambitieux, arrogant, avide et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Isolés de la populace

Par un mur en duralumin,

Les privilégiés de première classe,

Sur le cuir, posent leur popotin ;


Tout constipés, derrière la glace,

Leur beau ticket vert à la main,

Pour quelques centimes de surtaxe,

Ils emmerdent le genre humain.


Dans les wagons de première classe

Du métropo-po-politain,

Il n’y a pas de cris, il n’y a pas de crasse,

Pas de pinces-culs prolétariens !


Il n’y a là, que des douairières,

Entre deux toasts, entre deux thés,

Qui, le dimanche, s’offrent une croisière,

De Lamarck à la Trinité.


Il n’y a là, que des rombières,

Talons pointus, envisonnées,

Cils en carton et cœur de pierre,

Et les tétons amidonnés.


Dans les wagons de première classe

Du métropo-po-politain,

Il n’y a pas de cris, il n’y a pas de crasse,

Pas de pinces-culs prolétariens !


Dans ces fourgons frigorifiques,

J’allais oublier ces Dupont,

Qui, comme titre honorifique,

Pour eux tout seuls, se payent un wagon !



D’autres reçoivent la rosette,

La croix des vaches au Panthéon :

C’est à Notre-Dame de Lorette,

Que vit le mérite de la nation !


Dans les wagons de première classe

Du métropo-po-politain,

Il n’y a pas de cris, il n’y a pas de crasse,

Pas de pinces-culs prolétariens !


C’est là qu’ils se défoulent un

Brin, un petit chouïa, un tantinet,

Qu’ils se prennent pour l’agent zéro-un

En Mercedes comme au ciné.


Leur rêve, c’est d’aller dans la glaise

En corbillard de première classe,

Un pied-à-terre au Père Lachaise

Plus grand que le dôme du Val de Grâce.


Dans les wagons de première classe

Du métropo-po-politain,

Il n’y a pas de cris, il n’y a pas de crasse,

Pas de pinces-culs prolétariens !


Oui, c’est ainsi que nous vivons,

Chacun de nous numéroté,

Depuis les rois et les wagons,

Jusqu’à la Sainte-Trinité.


Alors, Bon Dieu ! Ne me parlez

Plus de l’égalité des races,

Même le métro vous rit au nez,

De Sébasto à Montparnasse !


Dans les wagons de première classe

Du métropo-po-politain,

Il n’y a pas de cris, il n’y a pas de crasse,

Pas de pinces-culs prolétariens !

samedi 27 mars 2021

Le Rockfort

Le Rockfort

Chanson française – Le Rockfort – Marco Valdo M.I.- 2021

 

 

ROCKFORT

 

 Dialogue Maïeutique

 

Comme sans doute, tu as dû en entendre parler, il y a, Lucien l’âne mon ami, une pandémie qui traverse notre monde. Apparemment et c’est rassurant pour toi, les ânes ne sont pas touchés.


Oui, dit Lucien l’âne, j’en ai entendu des échos et depuis un bout de temps déjà, mais ça ne m’affolait pas, car j’en ai connu d’autres et des pires. J’ai même remarqué que les femmes et les hommes, et même certains enfants, se promènent masqués à présent. C’est un changement. Par ailleurs, j’ai entendu dire qu’un cheval avait été contaminé par son cavalier, mais c’est une histoire américaine. Alors, dis-moi, la chanson qu’est-ce qu’elle raconte ?


Ah, répond Marco Valdo M.I., la chanson raconte l’histoire d’un gars qui veut en imposer, qui se prend pour un dur – dur comme le roc, et qui, dans sa vie, joue le rôle d’un rockeur. En fait, c’est plus que ça : il se prend pour un rockeur et il essaye de faire croire aux autres qu’il l’est.


Oh, dit Lucien l’âne, des comme ça, il y en a des tas. On les voit déambuler en roulant des mécaniques, se déhanchant comme des bourriques.


Donc, tu vois de quoi on cause, Lucien l’âne mon ami, et il n’y a pas besoin de t’en dire plus. Tu vois très bien le genre de personnage que c’est. Mais depuis la lointaine époque des Teddy Boys, les choses ont un peu évolué et à la figuration de rue, il faut maintenant ajouter la pantomime sur les écrans, car c’est là que ça se passe ; c’est là aussi qu’on s’affirme, qu’on dit, qu’on fait savoir qu’on est un dur, qu’on a des idées (bien arrêtées – surtout, arrêtées), qu’on sait des secrets et qu’on ne s’en laisse pas conter. Tu sais comme ça se passe : on choisit un nom de bataille et on y va.


Oui, dit Lucien l’âne, je vois bien ça.


Alors, reprend Marco Valdo M.I., le gars – celui de la chanson, se fait appeler Rockfort : rock – fort, fort comme un roc. C’est balaise, non ?


Ça pose son homme, dit Lucien l’âne, et même, avec un nom pareil, on doit le sentir venir de loin.


Sûr que le roquefort, ça sent, d’accord, mon ami Lucien l’âne, mais il n’y avait pas pensé quand il a choisi son nom. Comme je l’ai dit, il se répand sur les réseaux et il joue son cinéma de dur. À force de comploter, de fustiger les étrangers, il se radicalise et de fil en aiguille, il s’achète une arme. Peut-être même, allait-il passer à l’acte et s’apprêtait-il à aller abattre quelques-uns de ses contemporains. Il en était là, mais seulement voilà, le virus l’a rattrapé, l’a infecté et a gâché tous ses projets. Pour la suite, il faut lire la chanson. Au fait quand même, il faut que je te dise que cette chanson m’a été inspirée par celle de Georges Brassens, intitulée « Corne d’Aurochs », dont elle a conservé quelques traces et par celle – pour la fin, de Boby Lapointe, intitulée « Bobo Léon » :


« On l’a mené à l’hôpital
Pour le soigner où il avait mal ;
Il s’était fait mal dans la rue,
Mais on l’a soigné autre part
Et il est mort ! »


Eh bien, dit Lucien l’âne, ce me semble d’ailleurs être le même personnage que Corne d’Aurochs, simplement, il est dans une autre époque et pour les funérailles nationales, il attendra. Concluons, et tissons le linceul de ce vieux monde dur, solide, lapidaire et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Fort comme le rock,

Fier comme un phoque,

Il rêve d’être Johnny,

Ce virus hante ses nuits.

Il le presse, il le talonne,

Et menace sa santé.

Il résiste, il fredonne,

Il chante, il commence à dégoiser,

Il déclare à tour de bras sans détour,

Nuit et jour, sans désemparer :

« Il n’y a que les idiots qui restent dans leur tour,

Moi, je n’ai pas peur, je sors nuit et jour ! »


Fort comme le rock,

Fier comme un phoque,

Seul dans sa chambre, il s’agite

Il diffuse sur les réseaux,

C’est tout son mérite,

Des bruits, des rumeurs de complots,

Il voit partout des ennemis,

Il porte toujours une arme sur lui,

Sur les écrans du monde entier,

Il dénonce les étrangers.

Il se dit solide comme le roc,

En songe, il poursuit l’auroch.


Les jours de confinement,

Il mange chez sa maman.

Il refuse d’être vacciné :

Les vaccins, c’est sûr,

C’est pour les demeurés.

Lui, il résiste, c’est un dur.

Il dénonce mille et mille scandales,

Il répand des histoires de cabales.

Il s’est fait membre d’une confrérie,

Il chasse les athées, les impies.

Il prophétise de grands lendemains,

Il s’invente de grands festins.


Et puis, un soir, il se sent mal :

Il ressent un mal pas normal,

Les symptômes d’une infection,

Il vibre comme un violon,

Il tousse comme une trompette,

Il résonne comme un tambour,

Il siffle comme une clarinette,

Il se tient la tête,

Il soupire, il expire, il s’affale.

À sa tête, à son souffle court,

À son air traqué, on court,

On l’emmène à la clinique locale.


On prend sa température,

On l’oxygène, on le triture.

On se dit, c’est la fin, il va passer.

À une infirmière masquée,

Son agonie est confiée,

Il refuse de se laisser soigner,

Car cette femme vient de l’étranger.

Au terme de ce parcours final,

Évidemment, il meurt, c’est fatal.

On garde de lui un souvenir bancal.

Il était beau comme un roc,

Il voulait marquer son époque.


Dur comme le roc,

Fier comme le phoque,

Il s’appelait Rockfort,

Et maintenant, il est mort.