jeudi 31 octobre 2013

INTERROGATOIRE D'UN OBJECTEUR

INTERROGATOIRE D'UN OBJECTEUR



Version française - INTERROGATOIRE D'UN OBJECTEUR – Marco Valdo M.I. – 2013
d'après la version italienne – INTERROGATORIO DI UN OBIETTORE DI COSCIENZA – Riccardo Venturi – Marina di Campo (Isola d'Elba), 31 maggio 2005
d'une chanson allemande – Befragung eines Kriegsdienstverweigerers – Franz-Josef Degenhardt – 1966





Vous invoquez ici sans arrêt la Constitution.
Dites un peu, mon garçon,
Est-ce que vous n'êtes pas en réalité communiste ?
Assurément, nous sommes assez libéraux,
Cheveux longs, barbes, chaînes, anneaux,
Certes, nous avons déjà eu de tout.
Mais ici, on ne s'assied pas sur les dossiers
Vous avez lu Marx et Engels, dites-vous.
Donc, cela vous le comprenez.
Vous n'avez connu que l'école obligatoire,
Alors, ne prenez pas ces grands airs.
Par contre, vous ne pouvez rien y faire.
Vous pouvez lire ce que vous voulez — effectivement ;
Ici, chacun peut faire comme il l'entend
Dans le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend.

Certes, on ne veut plus être soldat à présent.
Je peux le comprendre également,
Je n'en aurais aucune envie, même moi.
Mais il faut avoir des justifications pour cela
Et ne recommencez pas encore
Avec l'impérialisme et les deux guerres.
La vieille classe est encore toujours au pouvoir
Et vous ne voulez pas pour eux
Tirer les marrons du feu.
Nous bien comprenons ça.
Ça peut même être tout à fait juste.
Mais ça ne nous intéresse pas.
Et puis, c'est nettement politique
Et ici,les motifs de conscience seuls nous intéressent.
Sans doute,
Ça paraît certes très barbare,
Mais ce qui importe finalement de savoir,
C'est si vous pouvez tuer ou non.
Ici, chacun peut faire comme il l'entend
Dans le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend.

Donc, reprenons encore
Vous ne faites pas partie d'une église,
Ni d'une secte reconnue.
Difficile de s'en passer pour les motifs de conscience.
Une fois, nous avons eu ici un artiste
Qui se disait bouddhiste,
Même que ce type était chauve ;
Ce gars s'en est tiré, c'était un futé.
Alors, faites attention !
Je vais examiner maintenant vos raisons :
Supposons que vous allez promener,
De nuit, dans un parc, avec votre amie
Tout à coup
Survient une horde de Russes
Armés et complètement soûls.
Halte... Disons plutôt des Américains, une bande
Ivres morts et armés, dans le parc, la nuit
Ils s'en prennent à votre amie
Vous avez votre fusil
Alors qu'est-ce que vous faites ?
Qu'est-ce que vous dites ?
Vous refusez cet exemple...
Pas pour moi, vous y allez un peu vite.
Ici, chacun peut faire comme il l'entend
Dans le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend.

Bon, on laisse tomber
Cette histoire de soldats,
Les Russes et les Américains et aussi les Chinois ;
Des nègres, on n'en a même pas parlé.
Laissons tout cela de côté.
Prenons simplement deux criminels ordinaires,
Armés et bourrés à la bière.
Dans le parc, la nuit,
Ils s'en prennent à votre amie ;
Vous avez toujours votre flingue avec vous.
Alors que faites-vous ?
Ne nous dites pas maintenant
Que vous priez, que vous vous mettez à genoux ;
Vous n'arriverez à rien ainsi
Avec Marx et Engels et tout le saint tremblement.
Qu'est-ce ce que vous avez dit ?
Je parle tout le temps de politique.
Mais c'est vraiment comique,
J'imagine une circonstance
Taillée pour vous très exactement,
Je vous offre encore une chance,
Car finalement
Ici, chacun peut faire comme il l'entend
Dans le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend

Bon, alors, on aimerait vraiment savoir ce que vous faites.
Donc encore une fois, on répète :
Deux mecs baraqués, de vraies armoires
Armés jusqu'aux dents et ivres, dans le parc la nuit.
Ils en veulent à votre amie
Et vous avez en main votre pétoire.
Alors qu'est-ce que vous faites ?
Qu'est-ce que vous dites ?
Vous les menacez de votre arme,
Vous êtes en autodéfense.
Pas de chance !
Vous êtes complètement à côté de la plaque,
Vous ne pouviez pas dire ça.
La bonne réponse, la voilà :
Je jette mon arme
Et ensuite, à ces messieurs, je demande
De bien vouloir cesser cet acte de violence.
Qu'est-ce que vous nous dites là ?
Comme soldat, vous ne serez jamais dans un pareil cas...
Reprenons encore une fois.
C'est quand même politique.
Ça n'a quand même rien à voir avec la morale ;
Oui, la Constitution, la Constitution, la Constitution
Vous invoquez tout le temps la Constitution.
Dites une fois,
Est-ce que vous n'êtes pas communiste ?
Ici, chacun peut faire comme il l'entend

Dans le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend.

mercredi 30 octobre 2013

ITALIA LIBERA

ITALIA LIBERA



Version française – ITALIA LIBERA – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – Italia libera - Massimo Priviero – 2006






Je me demande, dit Lucien l'âne en relevant le front, je me demande, si c'est juste une coïncidence...




Quelle coïncidence ? Dis-moi, Lucien l'âne mon ami, dit Marco Valdo M.I.


Et bien, la coïncidence entre le titre de la canzone et celui du journal « Italia Libera », dont Carlo Levi assuma la direction au sortir de la guerre ; quoditien où il succéda à Ferruccio Parri, appelé au poste de premier ministre. Un moment que Carlo Levi décrit dans L'Orologio, moment crucial dans l'histoire de l'Italie libérée, où elle faillit échapper aux forces qui dans les temps qui suivirent allaient l'étouffer... Elle aurait pu échapper au processus de désistance qui conduisit à tout ce que la chanson ici dénonce – cet effondrement moral et cette restauration, dont elle souffre encore aujourd'hui.




Ça m'intrigue, en effet, cette coïncidence. Mais il faut mettre en garde contre toute contrefaçon ou tout détournement ultérieur, qui auraient pu exister de ce titre "Italia libera".Enfin, en ce qui concerne le titre, peut-être, n'est ce qu'une coïncidence, mais il se fait qu'elle coïncide. Cela dit, la chanson est d'une virulente complexion et elle incite , comme précisément aurait pu le faire et l'a fait le mouvement antifasciste de la première heure « Giustizia e libertà », les gens d'Italie à se libérer du régime, à se libérer du système. Interprétée à la lumière de la Guerre de Cent Mille Ans, que les riches – au travers du « système », qui de toute évidence est le leur – font aux pauvres en vue de s'enrichir plus encore, d'en exprimer – comme on exprime le jus du citron – les profits et les bénéfices les plus grands, d'en tirer les richesses les plus larges, de renforcer leur domination..., cette chanson entend se placer dans le camp des pauvres.




Quoi qu'il en soit, coïncidence ou pas, reprenons notre tâche qui – mais il me semble que tu dois le savoir autant que moi – de tisser le linceul de ce vieux monde dont il convient de se libérer, c'est-à-dire de se débarrasser, de ce vieux monde dominateur, tricheur, conformiste, idiot, peuplé de parasites et cacochyme.




Heureusement !




Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Italie, libère-toi de ces mille faces vides
Libère-toi de ces temps, de ces lumières idiotes
Italie, libère-toi de ces bandits et des dieux
Libère-toi des saints, libère-toi des héros

Italia libera
Italia, Italia libera
Italia, Italia libera



Italie, libère-toi de nos camarades conformistes
Libère-toi des indifférents, des lèchebottes,
Italie, libère-toi des parasites qui ne contribuent pas
Libère du besoin celui qui a du mal à finir le mois


Italia libera
Italia, Italia libera
Italia, Italia libera



Libère ton âme de la barbarie
Libère ta route de l'insanité
Italie, libère-toi….


Italie, libère-toi, sous la pluie et sous le soleil
Libère tes gens, celui qui crie sans paroles
Italie, libère-toi de celui qui a perdu la mémoire
Libère-toi de celui qui aux marchés, a vendu ton histoire

Italia libera….
Italia, Italia libera
Italia, Italia libera




Je crie, je hurle
Italia, Italia libera
Italia, Italia libera

lundi 28 octobre 2013

Logique du Fromage.


Logique du Fromage.

Canzone française – Logique du Fromage – Marco Valdo M.I. – 2013
Histoires d'Allemagne 97
An de Grass 98

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

Petite illustration :  http://www.youtube.com/watch?v=w9rlFRpefvA
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage – 4 Barbus – 1958








Cette Histoire d'Allemagne se déroule dans la soirée du 27 septembre 1998. C'est une soirée d'élections ; il s'agit de renouveler le Deutscher Bundestag au terme d'une campagne de plus de six mois et d'années de règne sans partage de la coalition noire. Le narrateur, qui dans le récit d'origine est Günter Grass, quelques amis et la famille se retrouvent autour des champignons de l'automne pour en découvrir le résultat. Ces lycoperdons, le patriarche écrivain est allé les cueillir ou plutôt, les couper très au ras de la terre, un à un dans les bois voisins ; on verra qu'il leur assigne un rôle mantique, un don de prédicteurs, qu'il en fait des sourciers électoraux, qu'il les dote d'une vision assez fantasmagorique. L'espoir du militant du SPD (Parti Socialiste Allemand) qu'est Günter Grass est de voir la coalition rouge l'emporter sur la coalition noire des chrétiens démocrates (CDU-CSU) et c'est ce qui va se passer... Entretemps, Ute, la femme de notre écrivain, a préparé quant à elle, une soupe aux lentilles censée apaiser les passions ou l'éventuelle déception de tout ce petit monde. Une histoire assez banale et finalement, trop terre à terre, d'une actualité insipide comme il nous en tombe tous les jours de tous les médias, bref un moment terne qu'il m'a fallu amadouer. Comment raconter une pareille histoire et en faire une chanson ? Tu comprends bien qu'il n'y a aucun intérêt à énumérer ici des résultats ou à ressembler à un bulletin d'information. Il s'agit aussi d'en faire une chanson...


J'imagine assez bien le dilemme, dit Lucien l'âne en compatissant de la tête et comme bien j'imagine, tu as donc eu recours à une approche amphibologique...


En quelque sorte, oui. J'ai fait un détour par le fromage et un syllogisme digne de la plus héroïque Helvétie. Et là déjà, je laisse planer le doute sur le fromage lui-même : Gruyère ou Emmental ? Je renvoie ainsi le lecteur à la question des trous, que les affineurs et non les souris font dans le fromage. Cette parabole des trous est elle-même emplie d'amphibologie et assez nébuleuse ; elle décrit assez bien le système politique ou son discours. D’autant, comme on le voit dans la chanson, d'autant qu'elle est racontée, serinée par un chat, dénommé Gribouille, personnage folklorique à l'instar de Guignol ou d'Uylenspiegel. Dans la tradition des personnages de caractère, Gribouille est ce jeune homme embrouillé, qui se jette à l'eau pour ne pas être mouillé. Et aussi, j'aime à le souligner, cette chanson se veut un souvenir de la chanteuse Gribouille qui s'était perdue dans les brumes du temps, peu avant mai 1968. Pour en revenir à la politique et à son insoutenable penchant à la propagande et à ses plis nationalistes, j'ai retrouvé une comptine enfantine appropriée où l'on retrouve la métaphore laitière, qui fleure bon le terroir. Elle fut en son temps chantée par les Quatre Barbus et est connue sous le titre : « Ah, Mesdames, voilà du bon fromage... »




 [http://www.youtube.com/watch?v=w9rlFRpefvA]

Ah, Mesdames, voilà du bon fromage!
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage !
Qui vient du pays de celui qui l'a fait
Il est du pays de celui qui l'a fait.
Celui qui l'a fait, il est de son village,
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage !
Voilà du bon fromage au lait :
Il est du pays de celui qui l'a fait.

Cette comptine, je l'ai un peu reprise de ma mémoire, un peu reconstituée à ma façon pour en faire une élucidation du nationalisme, incarné par le chœur des crémiers et une conclusion à ma chanson.


Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, tu n'as pas à rougir de reprendre dans une chanson des bribes d'autres chansons, des couplets ou des refrains entiers au besoin. C'est selon ton goût. La chanson, c'est comme ça... Ce fut d'ailleurs comme ça de tous temps. Et de plus, c'est une manière de faire très appréciée... Notamment et précisément, car elle fait appel à la mémoire commune. Il existe d'ailleurs d'autres comptines où il est question de fromage et de souris et une sorte de sentence de ma grandmère disait : « Le crémier fait son beurre dans le fromage ». Ainsi, après cet intermède alimentaire et souricier, reprenons notre tâche et recommençons à tisser le linceul de ce vieux monde gras, mou, pâteux, puant (mais ma grandmère disait : Tant plus ça pue, tant plus c'est meilleur...), odoriférant et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Parlé :

Souvenez-vous
De la logique du fromage !
Plus il y a de fromage,
Plus il y a de trous;
Mais plus il y a de trous,
Moins il y a de fromage;
Alors, plus il y a de fromage,
Moins il y a de fromage.
Voilà pour le fromage.


Chœur des crémiers :

Ah, Mesdames, voilà du bon fromage!
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage !
Qui vient du pays de celui qui l'a fait
Celui qui l'a fait, il est de notre village,
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage !
Voilà du bon fromage au lait :
Il est du pays de celui qui l'a fait.


Gribouille chat bleu
Passablement heureux
Suit la confrontation
Des deux coalitions
La noire : loups noirs et chiens jaunes,
Oiseaux verts et poissons rouges : la rouge.
Il connaît les usages, il connaît les raisons
Il connaît son monde et ses passions.
Comme disaient les anciens
Dans les astres s'inscrit le destin
Gribouille recourt à sa lentille
Entre Ophiuchus et la Balance
Il interroge l'astéroïde
1998 QE2 Onze de magnitude

Parlé :

Souvenez-vous
De la logique du fromage !
Plus il y a de fromage,
Plus il y a de trous;
Mais plus il y a de trous,
Moins il y a de fromage;
Alors, plus il y a de fromage,
Moins il y a de fromage.
Voilà pour le fromage.


Chœur des crémiers :

Ah, Mesdames, voilà du bon fromage!
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage !
Qui vient du pays de celui qui l'a fait
Celui qui l'a fait, il est de notre village,
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage !
Voilà du bon fromage au lait :
Il est du pays de celui qui l'a fait.


Mais en ce début d'automne
Malgré un ciel monotone
La vesse de loup et le lycoperdon 
Minutieusement cueillis
Coupés ras sous le taillis
Que racontent-ils donc 
Au soir des élections ?
Quarante-sept vesses
Prophétiques champignons
Accommodés de savante façon
Firent une entrée triomphale
À la rouge et son champion
Ensuite, la soupe aux lentilles
Apaisa les émotions.


Parlé :

Souvenez-vous
De la logique du fromage !
Plus il y a de fromage,
Plus il y a de trous;
Mais plus il y a de trous,
Moins il y a de fromage;
Alors, plus il y a de fromage,
Moins il y a de fromage.
Voilà pour le fromage.


Chœur des crémiers :
(jusqu'à plus soif !)

Ah, Mesdames, voilà du bon fromage!
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage !
Qui vient du pays de celui qui l'a fait
Celui qui l'a fait, il est de notre village,
Ah, Mesdames, voilà du bon fromage !
Voilà du bon fromage au lait :
Il est du pays de celui qui l'a fait.


vendredi 25 octobre 2013

LE GAMBIT DU FOU

LE GAMBIT DU FOU

Version française – LE GAMBIT DU FOU – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – Il pazzo – La bottega di musica e parole – 2009








Condamné à 100 ans de prison
Je vois monter à l'est une aube lointaine.
J'ai trouvé dix kilos de trinitrotoluène
Je vous ai fait sauter en manière de récréation
Je souriais à la vue de vos bras cassés
De vos jambes coupées, de vos poumons troués,
De vos visages brûlés, de vos cœurs détruits
De vos cerveaux qui n'avaient jamais servi…

Incapable de vouloir et de comprendre
Enfermé à l'asile à mon âge le plus tendre
J'ai souffert de vos camisoles de force
Des masques de plomb gendarmes de surveillance
Je pleurais dans ma petite chambre
Aux murs de gomme essayant de me défendre
Puis, est venu ensuite le drame
J'ai perdu le chant de maman, la pauvre femme

And on my fool’s electric chair I say you goodbye
E dalla mia sedia elettrica vi dico arrivederci
Et de ma chaise électrique, je vous dis adieu

Messieurs du pouvoir… corrompus
Juge sans loi… vendu
Avocat sans toge… comédien
Curé sans croix… Pharisien
Homme encapuchonné… assassin

Victor

Victor


Chanson québécoise
Paroles et musique : Jean-François LESSARD – 2010
http://www.youtube.com/watch?v=UJeFpJdUHNU#t=12






Victor, elle s'intitule Victor, la chanson ?


Exactement. Et comme tu le vois à son auteur et son interprète – Jean-François Lessard, c'est une chanson québécoise. Avant d'aller plus avant en ce qui concerne la chanson elle-même, deux mots de la chanson québécoise en général et pour en dire ce que tu devines, à savoir qu'on n'en connaît pas grand chose de ce côté de la mer océane. Pour ajouter que ce n'est pas qu'on n'aimerait pas la connaître... Surtout celle d'aujourd'hui. Car pour celle d'hier ou d'avant-hier, elle a su trouver son chemin. Mais comment faire ?


Le mieux serait sans doute que l'un ou l’autre habitant du Québec fasse le relais auprès des CCG.


Bon... En attendant, je reviens à la chanson intitulée Victor et à ce qu'elle raconte. Elle raconte l'histoire de Victor Jara, Víctor Lidio Jara Martínez, assassiné comme bien d'autres par les militaires chiliens, dans le stade de Santiago suite au coup d'État du 11 septembre (9/11) ... 1973, fomenté et réussi à l'incitation et avec l'aide et l'appui des Zétazunis. Elle ira se mettre aux côtés des bien 30 chansons de Victor Jara et d'autant de chansons le concernant présentes dans les CCG [[http://www.antiwarsongs.org/do_search.php?lang=it&idartista=93&stesso=1]]. Comme dit Jean- François Lessard :


C'est pas une fable, c'est pas un conte
C'est une histoire pour mes enfants
Afin qu'ils sachent qu'un vrai héros
Ça peut n'avoir comme arme qu'un tour de chant


En effet, dit l'âne Lucien, la chanson est une arme – on le sait bien ici – et puis, nous elle nous aide à tisser le linceul de ce vieux monde rongé par l'ambition, le progrès, l'économie, les finances, le marché, tous animaux boulimiques, indécents, avides, moteurs de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d’asseoir leur domination, leur prospérité et leurs énormes fesses. Un si vieux monde tremblant, gâteux et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Depuis qu'on laisse tomber la nuit
Sur nos cauchemars d'insomniaques
On trouve toujours des liturgies
Des Superman paradisiaques

Mais on parle rarement de ceux
Qui ont su faire de leur vivant
Trembler les riches trembler les dieux
Que sanctifie l'histoire des grands

Et quand ta voix de Santiago
Me chante les fantômes du Chili
C'est dans mes veines et dans mes os
Que je sens résonner leur vie

C'est pas une fable, c'est pas un conte
C'est une histoire pour mes enfants
Afin qu'ils sachent qu'un vrai héros
Ça peut n'avoir comme arme qu'un tour de chant

Un onze septembre que l'oncle Samedi
A oublié depuis longtemps
On t 'a menotté pour un drame
Blindé contre les sentiments
Car il y a les gens les ordinaires
Et tous les rêves qu'ils ont dans le cœur
Puis viennent l'argent els militaires
Et tout ce qu'ils ont de dictateurs

C'est pas une fable, c'est pas un conte
C'est une histoire pour mes enfants
Afin qu'ils sachent qu'un vrai héros
Ça peut n'avoir comme arme qu'un tour de chant

Ils t'ont installé dans un stade
Comme si c'était pour un spectacle
Devant tes six mille camarades
Le souffle court, prêts au massacre

On n'écrit pas tous bien notre vie
Et trop rarement devant la mort
Un refrain fut si bien choisi
Comme tu as su le faire Victor


Parlé :

« On a amené Victor au milieu du stade et on lui a ordonné de mettre les mains sur une table. Dans celles de l'officier, il y avait une hache. D'un coup sec, il a coupé les doigts de la main gauche, puis d'un autre coup, ceux de la main droite .Le corps de Victor s'est écroulé. Le hurlement des 6000 prisonniers a retenti dans le stade. L'officier s’est précipité sur lui en criant : « Chante maintenant pour ta puta madre » et il a continué à le rouer de coups. Tout d'un coup, Victor s'est levé et il s'est dirigé vers les gradins. Puis, on l'a entendu dire à la foule : « On va faire plaisir au commandante ». Levant ses mains dégoulinantes de sang, d'une voix brisée, il a commencé à chanter l'hymne de l'Unité populaire, que tout le monde a repris en chœur. C'en était trop pour les militaires ; on a tiré une rafale et Victor s'est lié en avant. D'autres rafales se sont fait entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec lui. Il y eut un véritable écroulement de corps tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait plus. Il était mort. » [ Extrait du texte original de Manuel Cabezas]

C'est pas une fable, c'est pas un conte
C'est une histoire pour mes enfants
Afin qu'ils sachent qu'un vrai héros

Ça peut n'avoir comme arme qu'un tour de chant