AVEC
FANON
Chanson
française – Maurice Fanon – 1963
Paroles et musique: Maurice Fanon, 1963
Oh,
Marco Valdo M.I., mon ami, te voilà de retour avec Maurice Fanon...
Salut
à toi, Lucien l'âne mon ami. Ne t'étonne pas que je revienne,
comme tu dis, avec Maurice Fanon, car souviens-toi, je l'avais promis
l'autre jour en devisant avec toi de la chanson-manifeste des
Cantacronache – Canzone
dei fiori e del silenzio [[38817]]. J'avais promis de mettre dans les
Chansons contre la Guerre cette chanson de Fanon, curieusement
intitulée « Avec Fanon ». Car – et dès lors, son
titre bizarre s'explique de lui-même, c'est en quelque sorte la
chanson-manifeste de maurice fanon, lequel, à la manière d'un
artisan honnête faisait ses chansons « à la main », des
chansons bâties, construites, tissées sur la poésie et sur les
idées généreuses, sur la révolte face aux injustices et sur le
refus de la bêtise. Cette manière de faire est certainement la
meilleure – surtout, quand on est marqué au sceau d'un bon génie
comme l'est Maurice Fanon, mais elle ne plaît ni au pouvoir, ni aux
marchands de soupe musicale, lesquels ont intérêt à ne s'aliéner
ni le pouvoir, ni la bêtise, ni l'idiotie qui régentent le
« public ». Car, Lucien l'âne mon ami, car du point de
vue des marchands de soupe musicale, ce qui compte c'est ce qu'ils
comptent, c'est-à-dire les profits qu'ils peuvent tirer d'une
chanson, d'un chanteur... Or... et suis bien mon raisonnement,
or donc, pour atteindre et satisfaire le plus grand public possible,
ce qu'on appelle d'ailleurs le « grand public », il
s'agit de faire des textes qu'il a l'impression de comprendre et qui
ne créent aucune réaction négative... en clair, le texte le plus
consensuel possible... En fait, il s'agit d'appliquer la règle du
plus petit commun dénominateur...
Consensuel
me paraît un terme approprié, une sorte de mot-valise..., dit
Lucien l'âne en riant de toutes ses dents.
Ainsi,
pour dire deux mots de la chanson, Fanon sort sa poésie à dérision
et tire sur tout ce qu'il déteste et fait par la même occasion, une
sorte de portrait en creux de ce Fanon que nous aimons.
Oh
oui, dit Lucien l'âne, on l'aime bien nous autres ce Fanon-là ;
on est toujours content de l'écouter. Pour le reste, reprenons notre
tâche et tissons le linceul de ce vieux monde brutal, prostitué,
vantard, courtisan et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
C'est
peut-être à coups de châtaignes qu'on devient marron
C'est peut-être à coups de bombe N qu'on devient neutron
C'est peut-être à coups de canon qu'on se fait un bâton de maréchal
Une veuve joyeuse, une gueule cassée ou deux étoiles
C'est peut-être en débitant du saucisson
C'est peut-être à coups de bombe N qu'on devient neutron
C'est peut-être à coups de canon qu'on se fait un bâton de maréchal
Une veuve joyeuse, une gueule cassée ou deux étoiles
C'est peut-être en débitant du saucisson
Qu'on
fait fortune dans la chanson
Faudra que j'essaye avec Fanon...
Faudra que j'essaye avec Fanon...
C'est
peut-être à petits coups de blancs qu'on devient poivrot
C'est peut-être à petits coups de dents qu'on devient salaud
C'est peut-être à coups de métro qu'on se fait une gueule de Parigot
Qui ne pense plus qu'à sa voiture, à son frigo
C'est peut-être en montrant le fond de son pantalon
Qu'on fait son trou dans la chanson
Faudra que j'essaye avec Fanon...
C'est peut-être à petits coups de dents qu'on devient salaud
C'est peut-être à coups de métro qu'on se fait une gueule de Parigot
Qui ne pense plus qu'à sa voiture, à son frigo
C'est peut-être en montrant le fond de son pantalon
Qu'on fait son trou dans la chanson
Faudra que j'essaye avec Fanon...
C'est
peut-être par la calotte qu'on devient païen
C'est peut-être par la culotte qu'on devient putain
C'est peut-être par le calot qu'on devient crétin
Par le culot qu'on devient quelqu'un
Qui ne fait rien de ses deux mains
C'est peut-être en chantant mon cul sur la commode
Qu'on se fait une chanson à la mode
Faudra que j'essaye avec Fanon...
C'est peut-être par la culotte qu'on devient putain
C'est peut-être par le calot qu'on devient crétin
Par le culot qu'on devient quelqu'un
Qui ne fait rien de ses deux mains
C'est peut-être en chantant mon cul sur la commode
Qu'on se fait une chanson à la mode
Faudra que j'essaye avec Fanon...
C'est
peut-être au chapeau qu'on voit l'homme d'affaires
C'est peut-être aux affaires qu'on voit le gangster
C'est peut-être à coups d'oseille qu'on se fait sa place au soleil
À coups de baise-main qu'on se fait un lit à baldaquin
C'est peut-être en marchant sur les mains des copains
Qu'on se fait un nom dans la chanson
Faudra que j'essaye avec Fanon...
C'est peut-être aux affaires qu'on voit le gangster
C'est peut-être à coups d'oseille qu'on se fait sa place au soleil
À coups de baise-main qu'on se fait un lit à baldaquin
C'est peut-être en marchant sur les mains des copains
Qu'on se fait un nom dans la chanson
Faudra que j'essaye avec Fanon...
C'est
peut-être en forgeant qu'on devient forgeron
C'est peut-être en ahanant qu'on devient bûcheron
C'est peut-être en bourlinguant qu'on devient matelot
À coups de faucille qu'on devient marteau,
À coups de marteau qu'on fait le gros dos
C'est peut-être en ahanant qu'on devient bûcheron
C'est peut-être en bourlinguant qu'on devient matelot
À coups de faucille qu'on devient marteau,
À coups de marteau qu'on fait le gros dos
C'est
peut-être à coups de chansons sans concession
Qu'on fait sa petite révolution
Qu'on fait sa petite révolution
Chez
les rois Louis de la chanson
C'est peut-être à cause d'une chanson
Qu'en une nuit comme des champignons
Poussent les amis qui font la rime à mes chansons.
C'est peut-être à cause d'une chanson
Qu'en une nuit comme des champignons
Poussent les amis qui font la rime à mes chansons.