mardi 10 juillet 2018

LA PYRAMIDE DE KHÉOPS


LA PYRAMIDE DE KHÉOPS

Version française – LA PYRAMIDE DE KHÉOPS – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après la traduction italienne – LA PIRAMIDE DI CHEOPERiccardo Venturi – 2018
d’une chanson suédoise – Keops pyramidHoola Bandoola Band – 1972
Écrite et composée par Mikael Wiehe










Comment définir Keops pyramid – LA PYRAMIDE DE KHÉOPS ? Une chanson épique, biblique et brechtienne. C’est l’épopée de la construction de la pyramide de Khéops, la tombe du pharaon Khnum-Khufu (« Khnum me protège », IV Dynastie, mort en -2566), une épopée faitenaturellement par des esclaves ; c’est l’histoire originelle de la Tour de Babel ; et c’est Brecht, naturellement. Tout, dans cette chanson, exsude le Fragen eines lesenden Arbeiters . (Voir aussi La Chanson du Pharaon – La Canzone del faraone de Dario FO)
Le tout en une chanson « progg » de 1972 de ce groupe, Hoola Bandoola Band, dont faisaient partie Mikael Wiehe, qui est l’auteur « in toto » de la chanson, et Björn Afzelius. Deux monstres sacrés de la chanson d’auteur suédoise, et qui – comme on a l’habitude de le dire toujours dans ces cas auraient même été de la chanson d’auteur mondiale, si cette dernière n’avait pas l’éternel problème de n’être exclusivement qu’en anglais, et le vice d’être parfois en langues comme, disons, l’italien, le suédois, le français, le russe ou le finlandais. La Tour de Babel, justement ; ou bien ce qu’on appelle « la biodiversité linguistique ». Ainsi, tout en réalisant ce qui est la tâche principale de ce site, voilà finalement cette Pyramide de Khéops, qui est restée une chanson très célèbre là où on parle et on comprend le suédois. Très célèbre toujours, en un temps où « le vent a changé » : « La Thèbes des Sept Portes, qui la construisit… ? » Et la Pyramide de Khéops, qui l’aura construit ? Seulement qu’il y a des époques où le « lecteur ouvrier », ou l’esclave tout court, au lieu de se poser certaines questions cède à l’envie (d’autre part ancienne !) de servir le patron, lequel lui propose toute une série de palliatifs, de mensonges et, surtout, de boucs émissaires (invariablement d’autres esclaves).
Ici, par contre, il semblait encore que les esclaves se posaient certaines questions, et que même ils menaçaient les patrons, enfermés et calfeutrés dans leurs palais, de transformer en tombes leurs pyramides. Ce qui, après tout, devrait être assez évident et naturel, vu que les pyramides sont des tombes. Mikael Wiehe a « hoolato et bandoolato » il y a 46 ans et le problème est qu’il semble depuis être passé autant de temps que depuis les pharaons égyptiens. [RV]

Esclave, je travaille à la pyramide du roi Khéops,
C’est nous qui trimons aux fondations.
Et pour ne pas perdre
de temps, nous peinons et nous suons
Et
c’est pire encore pour qui ne fait pas son quota de travail.
Qui est venu ici pour vivre
Ne sera plus jamais libre,
Qui finit ici, finit dans la fosse,
Le Roi, dit-on, est fils du soleil.

Protégés par quinze doubles cadenas et quinze doubles fermoirs,
Les riches ont leur cour dans les salles du pouvoir.
Là rien n’est une menace, là rien ne les dérange,
Là les pensées sont aussi froides que les chambres.
Et si quelqu’un est condamné
Ou bien finit écrasé
Il y en a d’autres qui peuvent exécuter les décisions,
Là, on n’entend jamais de cris d’angoisse et de lamentations.
Mais quand la nuit se fait longue,
Souvent nous chantons une chanson
Que ceux qui nous contrôlent, entendent dans le vent.
Elle parle d’un peuple qui vécut un temps,
Qui voulait construire une tour
Pour atteindre le ciel.
Mais plus haute était-elle
Et plus se multipliaient les divisions
Entre ceux du haut et les autres.
Et à la fin, si haute fut la tour
Que ceux-là d’en haut et ceux d’en bas
Ne se comprirent plus les uns les autres.
Et alors, la tour croula.
On dirait qu’à chaque époque, en chaque peuple,
Il y a quelqu’un qui veut construire des pyramides,
Où ceux qui sont au sommet dominent
Pendant que ceux qui sont en bas souffrent.
Mais si ceux qui sont là-haut
Ne veulent pas comprendre nos mots,
Et méprisent ceux qui leur donnent à manger,
Alors à la fin, les pyramides seront leurs tombes.

Cuisine de Guerre

Cuisine de Guerre


Chanson française – Cuisine de Guerre – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
66
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
III, XXVII)







Dialogue Maïeutique


« Cuisine de Guerre ? », Marco Valdo M.I. mon ami, est-ce là une chanson de recettes ? Qu’est-ce donc ? Que peut être une cuisine de guerre ? Je suis vraiment intrigué.

Et il y a de quoi, Lucien l’âne mon ami, il y a de quoi être intrigué et surtout, quand tu sauras ce qu’est cette cuisine de guerre, surtout quand tu sauras que c’est un lieu et une pratique particulière aux bateliers. Bien sûr, tu aurais pu imaginer une cuisine de cantinière, montée sur un chariot tiré par un bœuf, un cheval ou un âne, mais celle-ci est sur un bateau, un endroit où est situé un petit foyer qui sert en effet de cuisine – il faut bien que les mariniers et leurs passagers mangent, vu que le bateau est en plus d’un moyen de transport, un lieu de vie et de résidence. À l’heure actuelle, c’est encore le cas pour les bateliers qui naviguent sur la Meuse et sur les fleuves et rivières. Par ailleurs, dans le cas qui nous occupe, si c’est le lieu où sont préparés les repas, où est cuit le pain où on chauffe l’eau pour les lessives, etc., c’est également une forge, un endroit où on travaille le métal et c’est cette fonction spéciale qui va lui valoir son nom de « cuisine de guerre », vu que le batelier Pierre y confectionne des armes à destination de la résistance au régime espagnol.

Ah, dit Lucien l’âne, je comprends mieux à présent ; j’avais cru qu’il s’agissait d’une sorte de diététique destinée aux combattants.

Cependant, dit Marco Valdo M.I., ce n’est pas tout, car cette cuisine de guerre, c’est aussi le résultat de ces préparations forcément clandestines : des lames d’acier, des couteaux, des balles de plomb, des tuyaux qui servent à faire des canons et des arquebuses, etc., tout un arsenal que Pierre cache sous le plancher du bateau et qui vient renforcer le lest de la quille.

Voilà qui éclaire la cuisine dans le bateau, dit Lucien l’âne. Mais, dis-moi Marco Valdo M.I., quel rapport y a-t-il entre Pierre le batelier et Till ? En somme pourquoi Till a-t-il provoqué cette rencontre aux cris de l’alouette, du coq et de l’âne avec ce batelier parmi tant d’autres ? Je me souviens qu’il l’avait reconnu à la sirène joyeuse qui ornait la proue de son bateau et j’en déduis qu’il le cherchait, mais pur qeulles raison ?

En fait, Lucien l’âne mon ami, Till devait établir le contact avec ce batelier en vue de lui transmettre des ordres et de lui faire connaître les détails de la mission quai lui était assignée – en gros, rejoindre la flotte des Gueux de mer pur lui porter du ravitaillement, des armes et se joindre à elle contre les Espagnols. Compte tenu de ce qu’ils se trouvaient dans le territoire contrôlé par les troupes d’Albe, il fallait que la rencontre avec le batelier ne dévoile pas leur appartenance commune au mouvement de liberté ; c’est ce qui explique la comédie du combat entre Lamme et Pierre. Pour les détails de la mission, je te les laisse découvrir dans la chanson.

C’est ce que je vais faire, dit Lucien l’âne et ensuite, nous reprendrons notre tâche et nous tisserons le linceul de ce vieux monde conflictuel, belliqueux, obtus, oppresseur et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



« C’est un homme de fer !
Vive Lamme, le vainqueur de Pierre !
Et en trinquant au vin pétillant
D’un verre, il fait la paix », disent les gens.

D’où vient, dit Till,
Cette fumée noire et épaisse
Qui parfume toute la ville
De ses senteurs de graisse.

Cuisine de guerre, dit le marinier Pierre.
Cuisine secrète, cuisine de mystère.
Ah, dit Till, cuisine de guerre,
Cuisine discrète, cuisine de Pierre.
Pierre le Titan se lève et descend à terre ;
Hi han ! Il prend Jef à bras, l’enlève sur son dos
Et puis Jean, Hi han !, et les mène sur le bateau.
Puis, Hi han !, s’assied et termine son verre.

« Lamme, allons à la cuisine », dit Pierre.
Lamme s’inquiète : « Cuisine de guerre ? »
Cuisine de guerre, dit Pierre
Cuisine de liberté, cuisine de Pierre.

« Hommes vaillants, dit Pierre,
Qui connaissez l’alouette rieuse, le coq chantant
Et le péan de l’âne si réjouissant,
Voici ma cuisine de guerre.

Cuisine d’enfer, forge cuisinière
Et voici mes beaux légumes sous les pierres :
Arquebuses, fers de lance, hallebardes
Balles, boulets et poudre de bombarde.

Vive le Gueux ! Ici, cuisent les fèves de fer à contrebander ;
Vive le Gueux ! Ici, le ragoût de crosses est doucement mitonné ;
Vive le Gueux ! Là, se préparent les hallebardes en salade d’acier ;
Vive le Gueux ! Là, se fondent les canons pour la soupe de liberté.

Vive le Gueux ! dit Till. Maintenant, écoute !
Va à Nimègue, puis, toujours naviguant
Par la Wahal, la Meuse ou le Rhin,
Vers la mer libre poursuis ton chemin.

À la côte, pêche et commerce en attendant
Que sonne le grand moment
De boire frais et de guerroyer salé.
Buvons au coq, à l’alouette, oiseaux de liberté.