AVEC DEUX « O »
Écrite
par Umberto Fiori et Tommaso Leddi des Stormy Six
Du spectacle “Benvenuti nel ghetto” (Bienvenue au ghetto) créé par le groupe avec Moni Ovadia, à l'occasion des 70 ans de l'insurrection du ghetto de Varsovie.
Du spectacle “Benvenuti nel ghetto” (Bienvenue au ghetto) créé par le groupe avec Moni Ovadia, à l'occasion des 70 ans de l'insurrection du ghetto de Varsovie.
ceux qui, asphyxiés par la fumée, sortaient des immeubles en flammes. Le destin des prisonniers fut la déportation et l'extermination immédiate au camp de Treblinka. |
« Pourtant
est-ce peut-être là où quelqu'un résiste sans espoir que commence
l'histoire humaine, comme nous l'appelons, et la beauté de
l'homme. » Yannis Ritsos/Γιάννης Ρίτσος, fragment
de « Ελένη », 1970.
Entre
avril et mai 1943 les Juifs du ghetto de Varsovie — hommes et
femmes, vieillards et enfants — se rebellèrent face à la violence
des SS et leur tinrent tête, armes la main, pendant presque un mois.
Il s'agit du premier épisode de résistance armée contre les nazis
; un épisode d'autant plus significatif que les protagonistes —
dans des conditions désespérées d’infériorité militaire et
presque total isolement — en furent les victimes désignées de la
persécution raciste et du génocide, les « sous-hommes sans
honneur » et que les troupes de Hitler s'attendaient seulement
à de la lâcheté et de la soumission. Les onze chansons du disque,
écrites à l'occasion de l'anniversaire, évoquent le historique
épisode sous divers angles.
À
la figure lumineuse de Mordechai Anielèwicz s'oppose celle, à la
fois terne et horrible, du bourreau de Varsovie, Jürgen Stroop (son
nom de baptême était Josef, mais il l'avait changé parce que « ça
faisait Juif »). Le refrain de la chanson qui lui est consacrée
(« MON
NOM EST STROOP, AVEC DEUX « O »), c'est
son auto-présentation, telle qu'elle est rapportée dans le livre
« Conversations avec le bourreau », où après la
libération, son voisin de cellule, Kazimierz Moczarski,un Polonais,
transcrivit les inquiétantes déclarations du tortionnaire (les
strophes de la chanson sont tirées du même livre).
Le
19 avril 1943, les Juifs affamés et mal armés affrontèrent les
troupes allemandes entrées dans le ghetto, en les accueillant à
coups de pistolets, de fusils et de mitrailleuses et en les
bombardant de cocktails Molotov, réussissant finalement à les
repousser.
Repoussé, Stroop (qui disposait de 2.000hommes) décida d'affronter la situation en
incendiant et en faisant sauter au
moyen d'explosifs chaque immeuble à
l'intérieur du ghetto, pour forcer
les révoltés à sortir à découvert. Il mit
immédiatement en œuvre ses intentions, en
commençant à raser méticuleusement chaque bâtiment
pour capturer ou tuer ceux qui, asphyxiés par la
fumée, sortaient des immeubles en flammes. Le
destin des prisonniers fut la
déportation et l'extermination immédiate au
camp de Treblinka.
Le 16 mai 1943, Stroop, après avoir étouffé la rébellion
dans le sang la rébellion fit sauter la grande synagogue de Varsovie
pour fêter la fin victorieuse de l'opération. Dans son rapport
télégraphique quotidien à son supérieur le
Ss-Obergruppenführer Friedrich Wilhelm Krüger, commandant de
la SS et de
la police du Gouvernorat Général, Stroop écrivit, exultant :
« Aujourd’hui,
ont été éliminés 180 Juifs, terroristes et sous-hommes. Ce qui
était le ghetto juif de Varsovie n'existe plus. La Grosse Aktion (
Grande Action, terme usité par les Allemands pour nommer les
opérations dans le ghetto) s'est achevée à 20 h 15 en faisant
exploser la grande synagogue de Varsovie. Le nombre total de Juifs se
monte à 56.065 incluant ceux qui ont été capturés et ceux dont on
peut prouver l'extermination. »
Dans les jours suivants,
Stroop rédigea pour Himmler un long rapport de 75 pages
intitulé « Es
gibt keinen jüdischen Wohnbezirk in Warschau mehr!
» - « Le ghetto de Varsovie n'existe plus », relatant
les opérations et accompagné d'un album photographique de 49 images
de la destruction du ghetto. Ce rapport et les photos furent utilisés
lors du procès de Nuremberg pour montrer les atrocités commises à
l'encontre des Juifs. L'album photographique fut réalisé en trois
copies (une pour Himmler, une pour Krüger et une pour Stroop
lui-même) par le photographe qui suivait les troupes allemandes et
mis en page avec des légendes explicatives. Les photographies qu'il
contient figurent parmi les plus significatives et les plus connues
de l'Holocauste.
Jürgen
Stroop fut capturé par les Américains en mai 1945. Poursuivi
pour l'assassinat de prisonniers étazuniens, il fut condamné à
mort ; ensuite, on l'extrada en Pologne. Là, il connut un
nouveau procès pour les atrocités commises à Varsovie et à
d'autres occasions. Stroop fut finalement pendu à Varsovie le 6 mars
1952. Le gibet fut dressé sur les ruines du ghetto.
Mon
nom est Stroop, avec deux « o ».
Prénom
: Jürgen. Je suis général de corps d'armée.
Enchanté,
monsieur.
Enfant,
je disais mes prières, avant chaque repas.
Avec
maman et papa
Grand,
j'aurais voulu être pompier,
Finalement,
je suis au cadastre, comme employé
(Enfant,
je disais mes prières, avant chaque repas).
Mon
nom est Stroop, avec deux « o ».
Prénom
: Jürgen. Je suis général de corps d'armée.
Enchanté,
monsieur.
J'aime
les chevaux et le yodel
Sur
mon béret, je porte un edelweiss.
Je
suis gourmand de knödels.
Je
crois aux dieux germains et au Reich
(J'aime
les chevaux et le yodel).
Mon
nom est Stroop, avec deux « o ».
Prénom
: Jürgen. Je suis général de corps d'armée.
Enchanté,
monsieur.
C'est
démontré scientifiquement :
Les
Juifs n'ont pas le sens de l'honneur.
Ils
ont deux mains, un nez, des pensées et des dents,
Mais
ce ne sont pas de vrais hommes. D'ailleurs
C'est
démontré scientifiquement.
Mon
nom est Stroop, avec deux « o ».
Prénom
: Jürgen. Je suis général de corps d'armée.
Enchanté,
monsieur.