mercredi 30 novembre 2022

BARRICADES DE TOUS PAYS

 



BARRICADES DE TOUS PAYS


Version française — BARRICADES DE TOUS PAYS — Marco Valdo M.I. — 2022

Chanson italienne — Barricate in ogni paeseFrancesco Pelosi — 2022


Paroles et musique : Francesco Pelosi
Album : Cantata per Picelli




GUIDO PICELLI ET LES BARRICADES DE PARME - 1922



Francesco Pelosi est de retour, lui qui, à vrai dire, était dernièrement un dessinateur de bandes dessinées ; mais la bande dessinée, la chanson et le théâtre se confondent, ou se fondent, dans sa remarquable initiative en cette morne année 2022 qui marque, comme vous le savez, le centenaire de la prise du pouvoir par le fascisme en Italie. Tout part d’un roman graphique que Francesco Pelosi a écrit, avec des dessins de Rise, à l’occasion d’un autre centenaire : celui de la révolte des Oltretorrente, à Parme, dans les premiers jours d’août de la même année 1922. Une révolte antifasciste avant même que le fascisme ne prenne le pouvoir, dix mille chemises noires menées par Italo Balbo repoussées par les prolétaires d’Oltretorrente, Naviglio et Saffi et chassées de la cité ducale : Balbo, t’è pasè l’Atlantic, mo miga la Pèrma ! (Balbo, tu as passé l’Atlantique, mais sûrement pas Parme !)

Le roman graphique de Francesco Pelosi et Rise est intitulé : Guido Picelli, un antifascista sulle barricate (Edizioni Round Robin, Parma 2022), et se concentre sur la figure et la vie de Guido Picelli, le combattant militant et antifasciste qui a inspiré et guidé les barricades d’Oltretorrente et qui est mort, dans des circonstances d’ailleurs très obscures (sans doute assassiné par le NKVD, service secret soviétique), pendant la guerre civile espagnole, à Algora, le 5 janvier 1937. À partir de ce roman graphique, Francesco Pelosi a réalisé un album de ses chansons, la Cantata per Guido Picelli, et une pièce de théâtre, ou lecture chantée, avec Simone Baroni, qui porte le même titre que le roman graphique.

Comme ce soir, avec quinze autres personnes, je suis allé voir le spectacle (dans lequel Francesco Pelosi, en plus de ses chansons, interprète des chansons de lutte comme L’Internazionale de Fortini, Figli dell'officina et, bien sûr, ¡A las barricadas !), qui s’est déroulé dans l’étonnant décor du XVIIIe siècle de l’usine historique Richard Ginori à Sesto Fiorentino (qui abrite la bibliothèque publique Ernesto Ragionieri — voir ici sur le site de l’Institut Ernesto De Martino), j’ai immédiatement voulu mettre cette chanson sur le site.


Une chanson pour laquelle je passe immédiatement un mot dont je n’ai pas l’habitude : bouleversant. Une chanson, d’ailleurs, qui va des barricades d’il y a un siècle à celles d’aujourd’hui, ou qu’il serait nécessaire de dresser aujourd’hui dans chaque pays. Une chanson comme un pont entre l’histoire et l’actualité et qui prolonge un passé à son retour, sous des formes seulement apparemment différentes. Une chanson qui fait transmigrer les barricades d’hier, d’Oltretorrente à l’Espagne, vers les barricades d’aujourd’hui, à ériger non seulement dans des situations de lutte et de conflit ouvert, mais aussi dans toute situation humaine d’oppression : travail, dégradation urbaine, inégalité, consommation, marginalisation, exploitation. Les barricades étendues à l’environnement, aux cris de douleur des fleurs, des arbres, des animaux. Maintenant et toujours, Résistance, oui ; résistance globale ! [RV]




Avec les pierres du ruisseau, avec les pierres de la place,

Avec des armoires et des charrettes, avec des bancs d’église,

Barricades dans les maisons, barricades dans les rues,

Barricades dans chaque village !


Avec les habits de la fête, avec les haillons du travail,

Avec le paysan, avec l’ouvrier, avec la mère, avec l’enfant,

Barricades dans chaque poing, barricades dans chaque cœur,

De l’Oltretorrente au Naviglio.


Nous sommes des gens que personne ne voit, que personne n’entend,

Nous sommes des vies à peine commencées, déjà presque finies.

Nous sommes le cri qui explose au cœur de la nuit,

Nous sommes le feu, nous sommes vos peurs de ne plus rien avoir.


Avec la faim qui nous dévore, avec la soif qui nous brûle,

Avec des mains et des visages tout noirs, tout défaits,

Barricades de Syrie, barricades d’Espagne,

À Paris, à Val di Susa, à Gênes.


Des plages des migrants aux champs du caporalat,

De chaque centre commercial, entreprise, bureau,

Prison, favela, bidonville, township, ghetto.

Barricades ! Barricades ! Barricades !


Nous sommes des gens que personne ne voit, que personne n’entend,

Nous sommes des vies à peine commencées, déjà presque finies.

Nous sommes le cri qui explose au cœur de la nuit,

Nous sommes le feu, nous sommes vos peurs de ne plus rien avoir.


Du silence des glaciers tombant dans la mer

Au cri de chaque fleur, de chaque arbre, de chaque animal,

Barricades dans chaque poing, barricades dans chaque cœur,

Barricades dans chaque maison, barricades dans chaque rue,

Barricades dans tous les pays !


Nous sommes des gens que personne ne voit, que personne n’entend,

Nous sommes le feu, nous sommes vos peurs de ne plus rien avoir.

Nous sommes le feu, nous sommes vos peurs de ne plus rien avoir.


mardi 29 novembre 2022

CERVANTÈS

 

CERVANTÈS



Version française — CERVANTÈS — Marco Valdo M.I. — 2022

D’après la traduction italienne de Riccardo Venturi — Cervantes — 2022

d’une chanson polonaise — CervantesJacek Kaczmarski — 1979











MIGUEL CERVANTÈS

Bernard Buffet — 1989



Bien que tous connaissent Don Quichotte (au point même de décider de le lire un jour), il convient de préciser que cette chanson de Jacek Kaczmarski est dédiée à son auteur, Miguel de Cervantès Saavedra. Cervantès, comme on sait, avait combattu en 1571 à Lépante (sur la galère Marquesa, qui faisait partie de la flotte de la Sainte Ligue) ; dans cette bataille, il avait été blessé par une arquebuse et, par la rupture d’un nerf, avait perdu à jamais l’usage de sa main gauche. Hospitalisé pendant des mois à l’hôpital de Messine, Cervantès a pris le nom de Saavedra (au lieu de matronyme) à partir d’un terme d’argot espagnol (dérivé de l’arabe sha'ibedraa) signifiant “manchot”. Néanmoins, Cervantès, une fois rétabli, poursuit sa carrière militaire, en Tunisie et en Grèce. En 1575, parti de Naples pour l’Espagne sur la galère Sol avec des lettres de recommandation qui auraient dû lui assurer le commandement d’une compagnie, il est fait prisonnier par les pirates du renégat albanais Arnaut Mami et retenu à Alger pendant cinq ans jusqu’à ce qu’une rançon soit versée par les missions trinitaires. Cervantès a été libéré le 24 octobre 1580.


C’est précisément à ces moments-là que se situe la chanson historique de Jacek Kaczmarski, qui pourrait être résumée par quatre mots et un point d’interrogation : « À quoi bon ? » De retour en Espagne, la vie de Cervantès n’est qu’une succession de malheurs, d’humiliations, d’épreuves et de difficultés financières ; vers 1590, il parvient même à subir non pas une, mais deux excommunications. En 1597, il est emprisonné pour banqueroute frauduleuse, et en 1602 pour des infractions administratives. Comme le lui fait dire Jacek Kaczmarski dans le dernier couplet : il est dans l’immondice (mieux dit : dans la merde) jusqu’à la taille. Et pourtant, avec ses regrets, avec sa certitude que sa carrière militaire n’a servi à rien d’autre qu’à perdre une main et à collectionner les malheurs et les emprisonnements, il part, immergé dans ces déchets, parcourir les chemins de la gloire immortelle grâce, finalement, à un gigantesque parodie de chevalerie, de gloire militaire et de vertus héroïques — même si « le monde s’en fout de rire ». Et pour finir, il se fit donc que parmi les nombreux monuments qui lui sont érigés, il y en a aussi un à Lépante. [RV]









« Ah, si les gens se divisaient seulement

Entre croyants et incroyants… »

J’ai pensé à ce moment-là,

Quand les galères allaient à leur perte

Et les Turcs criaient et nos croix

Enfumées sur la vague verte.

Mes pensées furent étouffées ;

Avec l’acier, ma main paralysée.


« Ah, si vraie était la vérité

Que le monde va s’améliorer… »

J’ai pensé à la double garde,

À l’éclat des yatagans,

À la puanteur des cendres

À la viscosité du sang,

Aux têtes coupées en prière,

J’ai demandé de combien d’humains

S’augmentera la lignée des saints.


« Ah, si la cause que je sers

Devenait digne de ses serfs… »

J’ai pensé dans la file des prisonniers,

Marchant aux coups de fouet répétés,

Aux trafiquants d’esclaves, à leur cupidité,

À l’animalité des humiliés,

J’ai imaginé une autre vie,

J’ai rêvé dans une nuit d’insomnie.


« Ah, le ridicule de vouloir donner

Du sérieux et du sens au destin ! »

Racheté de l’esclavage, j’ai pensé,

Sans amertume, sans chagrin,

À la grossièreté, la saleté et l’amour monnayé.

Ils ont accueilli l’héroïque spadassin

Où ce qui est, sera, était à venir

Dans le monde par des rires.


Dans la nostalgie de ma maison sombre,

L’épée rouillée s’irise,

Et les bastions font de l’ombre

Sur les plaines d’immondices

D’où chevalier enlisé jusqu’à la taille, je me carapate.

De la gloire, je suis les sentiers ;

Les tempêtes orageuses se battent

Dans mon corps estropié.



DRÔLES DE NOMS

 

DRÔLES DE NOMS


Version française — DRÔLES DE NOMS — Marco Valdo M.I. — 2022
D’après la traduction italienne — SOPRANNOMI BUFFI de Lorenzo Masetti — 2022

d’une chanson anglaise — Funny NamesBig Audio Dynamite — 1988


Écrite par Mick Jones e Don Letts
Album : “Tighten Up, Vol. 88”



 

HARLEM

William Johnson - 1939




Un étranger est un copain,

Juste, tu ne le sais pas.

Avec une poignée de main,

On pourrait franchir le pas.

J’ai l’air un peu fadasse,

On m’appelle gringo.

Tu as une drôle de tignasse,

On t’appelle négro.


Sous la peau, on est tous pareils, dit-on.

Pourquoi quand je tourne le dos,

Vous m’affublez de drôles de noms ?

Pourquoi quand je tourne le dos,

Vous m’affublez de drôles de noms ?

De drôles de noms ?


Comme vous, je ne suis pas ;

Vous n’êtes pas comme moi.

Ne pensez pas que ça changera,

C’est évident, on le voit.

Vous n’êtes pas comme moi ;

Comme vous, je ne suis pas.

Mais on peut s’entendre

Et s’apprécier l’un l’autre.


Sous la peau, on est tous pareils, dit-on.

Pourquoi quand je tourne le dos,

Vous m’affublez de drôles de noms ?

Pourquoi quand je tourne le dos,

Vous m’affublez de drôles de noms ?

De drôles de noms ?

Faut reconnaître la différence :

Nous ne sommes pas les mêmes, crénom.

De la vie, la variété est l’épice

Hé, mec, quel est ton nom ?

Certains vivent en ville,

Certains dans les bas-fonds

Mangent un drôle de pain,

Parlent un drôle de jargon.

Oui, un étranger est un copain.

Maintenant, tu le sais

Toujours à tes côtés

Comme l’ombre, dès le matin.


Sous la peau, on est tous pareils, dit-on.

Pourquoi quand je tourne le dos,

Vous m’affublez de drôles de noms ?

Pourquoi quand je tourne le dos,

Vous m’affublez de drôles de noms ?

De drôles de noms ?

Vous m’affublez de drôles de noms ?

De drôles de noms ?



samedi 26 novembre 2022

L’Autorisation

 


L’Autorisation



Chanson française — L’Autorisation Marco Valdo M.I.



084. L’AUTORISATION — 084. L’Autorisation




LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.




LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 6: Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ;



Épisode 84

 

 




PORTRAIT À LA BARBE


Chaim Soutine — 1916










Dialogue Maïeutique


Oui, je sais, Lucien l’âne mon ami, encore un épisode de notre voyage en Zinovie et encore une fois, un titre sibyllin « L’autorisation » à comprendre comme une règle d’application générale, comme un ukase sociétal. Pratiquée à ce nouveau, celui de la société entière l’autorisation est un instrument de domination et même de domestication d’une population.


Sans doute, dit Lucien l’âne, et de subordination, assujettissement et d’infantilisation. Comme j’ai pu m’en rendre compte depuis longtemps, les sociétés humaines se partagent de deux grandes catégories selon qu’elles considèrent la population comme un ensemble de gens doués de liberté et de la capacité à l’autogestion, chacun porteur d’une part d’elle-même — dans la chanson, l’individualiste — et de ce fait la constituant ou qu’elles voient leur population comme une troupe — dans la chanson, le collectiviste — d’éléments interchangeables qu’il convient de guider. La première a comme règle fondamentale une sorte d’axiome, de postulat, de principe de libre choix qui peut être synthétisé ainsi : « Tout ce qui n’est pas expressément interdit est autorisé » ; la deuxième dispose une règle inverse : « Tout ce qui n’est pas expressément autorisé est interdit ». Dans la pratique, jusque dans les détails de vie quotidienne, ça fait deux mondes différents. L’un où le citoyen est par principe libre et doué de raison ; l’autre où le citoyen est ramené à un élément du groupe, et soumis et tenu de se soumettre.


J’entends, Lucien l’âne mon ami, que tu as saisi le sens de « L’autorisation ». Ensuite, dans le reste de la chanson, la voix anonyme montre deux types d’être et deux modes de penser le monde : la philosophie et l’idéologie qui découlent de cette dichotomie : la première est l’individu et l’autre est le groupe, le collectif. Quoi qu’il en soit dans la chanson, il faut garder à l’esprit que chacun est chacun et qu’il se pose en définitive la question que Jean-Roger Caussimon serinait dans « Comme à Ostende » :


« On se demande si c’est utile

Et puis, surtout,

Si ça vaut le coup

De vivre sa vie. »

 

L’homme a son humanité devant lui, à portée de soi et si on lui en laisse le temps et si on n’y contraint pas son pas à marcher au pas, il pourrait y parvenir. Pour en savoir plus, de ce qu’il en est en Zinovie, il suffit de parcourir la chanson.



C’est ce que je fais, dit Lucien l’âne. Ensuite, tissons le linceul de ce vieux monde toujours plus vieux, trop vieux, massif, collectif et cacochyme.


Heureusement !




Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



C’était un beau rêve de fête.

Il se réveille avec un mal de tête.

Avez-vous l’autorisation

De porter la barbe ?

Pas le droit de porter la barbe ?

Terrible situation.

Pour faire la demande,

Illogique, le règlement commande :

Se présenter avec sa barbe.

C’était un beau rêve de fête.

Il se réveille avec un mal de tête.

Un vrai cauchemar de Zinovie :

On l’accuse, le menace encore

À tout mécontent, la peine de mort,

Peine capitale, condamnation à vie.


Les grandes tendances de l’avenir,

Vie et destin donnent à réfléchir.

Le collectiviste, lui, aime les groupes,

Il se glisse aisément au sein de la troupe,

Il adopte les avis et les sentiments

Du collectif, c’est le bon élément.

Il se laisse porter par la houle.

Son univers, c’est la foule.

Contraint dans cet entassement,

De vivre de semaine en semaine

Dans la concentration humaine,

L’individualiste évite les attroupements.


L’individualiste agit en solitaire,

En grande indépendance des autres.

Dans la masse, ce qu’il préfère

C’est une position singulière.

Il ne cherche pas l’autorité,

Son moteur, c’est sa liberté.

Les honneurs l’indiffèrent,

Il n’entend pas faire carrière,

Ça ne l’empêche pas en société,

De donner de son temps, d’aimer les gens,

De se dévouer à la collectivité.

L’individualiste est bon enfant.


L’individualiste se voit comme

Un État souverain,

Un être autonome,

Un humain parmi les humains.

Envers et contre tout, il vit,

Il se joue des interdits.

Face au nous du pouvoir,

Il joue le rôle du miroir.

Il rappelle aux gens

Qu’un jour, ils ont été l’enfant

Qui allait, qui venait,

Qui rêvait, qui imaginait.