ACCUSATION
Version française – ACCUSATION – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson allemande – Anklage – AchNee, Lieber Doch Nicht – ante 2006.
LES SINGES
à la manière d’Abraham Teniers – ca. 1660
Dialogue maïeutique
Mon ami Lucien l’âne, voici une chanson qui porte le titre redoutable d’ « ACCUSATION », comme tu peux le voir et comme tu le sais, les gens n’aiment pas d’être accusés.
Je les comprends, dit Lucien l’âne, moi non plus. Mais au fait, de quelle accusation est-il question dans la chanson ?
En fait, répond Marco Valdo M.I., ce que je peux t’en dire, c’est qu’il s’agit de l’accusation portée par un individu contre la société dans laquelle il vit. Qui est celui qui parle ? On ne le sait pas. C’est une voix anonyme, venue du cœur même de la société. Pour le reste, il faut se reporter à la chanson elle-même, car la voix exprime une série d’accusations portant sur une série d’éléments différents. Ce n’est pas une chanson simple qu’on peut résumer en deux coups de cuillère à pot. D’autant que la voix anonyme s’efforce de nuancer, de complexifier.
Bien, bien, dit Lucien l’âne, je vais faire ce que tu conseilles. Cependant, ne pourrais-tu quand même en dire un peu plus ?
Bon, répond Marco Valdo M.I., alors voici, mais il te faudra quand même approfondir ensuite. On a donc cet être humain (on ne sait s’il est homme ou femme, jeune ou vieux, que sais-je ?), d’un côté, et de l’autre, en face, la société. La voix s’interroge sur sa condition, sur l’inévitable nécessité d’accepter et soi-même et la société – cette dernière au moins partiellement. On ne saurait faire autrement et ça du simple fait qu’on est plongé dedans. La baleine ne peut nier la mer.
Jusque-là, dit Lucien l’âne, je suis. D’ailleurs, la voix – hors une société – à qui pourrait-elle s’adresser ? De quoi parlerait-elle d’ailleurs ? Et même, parlerait-elle tout simplement et dans quelle langue pour formuler son discours ? Sans société, pas de langue ; mais surtout, sans langue, pas d’accusation possible.
Je vois, Lucien l’âne mon ami, que tu commences à comprendre la chanson. Peut-être sous-entend-elle cela, peut-être pas. Mais elle pousse à la réflexion sur le rapport entre l’individu et la société et fait paraître la confrontation entre cet individu qui entend vivre selon ce qu’on appelle la « morale naturelle » (ne pas tuer, ne pas exploiter, ne pas mépriser, ne pas laisser faire non plus ce qu’on rejette ainsi) et la société elle-même où des forces antagonistes entendent s’imposer et imposer leur domination et leurs façons de faire qui mettent à mal la société, qui la difforment, qui l’enlaidissent. L’accusation est nette, même si elle est formulée par incidence, comme en miroir.
JE NE FABRIQUE PAS DE MINES, MOI,
JE NE TUE PERSONNE, MOI,
MOI, JE NE PRODUIS, MOI,
AUCUNE FAMINE, MOI.
Oh, dit Lucien l’âne, je vais laisser la chanson dire le reste. Juste une dernière remarque pour dire que la dernière strophe me rappelle Les Singes de Jacques Brel, qui disait :
« Avant
eux, il y avait paix sur terre,
Quand pour dix éléphants, il
n’y avait qu’un militaire,
Mais ils sont arrivés et c’est
à coups de bâtons
Que la raison d’État a chassé la
raison,
Car ils ont inventé le fer à empaler
Et la
chambre à gaz et la chaise électrique
Et la bombe au napalm et
la bombe atomique
Et c’est depuis lors, qu’ils sont
civilisés
Les singes, les singes, les singes de mon
quartier
Les singes, les singes, les singes de mon quartier. »
Quant à nous, tissons le linceul de ce vieux monde brutal, criminel, exploiteur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Chez moi, ça se passe comme ça.
Je dois l’accepter, pourquoi pas vous ?
Moi, je ne finis rien, je commence tout.
Après tout, je ne triche pas.
Tous
pareils, tous frustrés.
Dans cette société, on doit s’adapter ;
Moi, je manque de conviction pour ça
Et qui plus est, je ne veux pas.
Je ne vis ni pour le chaos, ni pour foutre le feu.
Je vous assure, je ne suis un danger
Pour personne, ni pour vous, ni pour eux.
Moi, je reste tel que j’ai toujours été.
Moi, je pense à la vie tout simplement,
Vous vous occupez de vos affaires.
Quand moi, je veux faire seulement
Au mieux, je me heurte à vos barrières.
Je suis juste un peu coloré – Et puis quoi ?
Cela vous fait mal, comme la goutte dans le gros doigt ?
Tout ne serait que noir et blanc – des enfants aux ancêtres ?
On ne peut pas vivre uniquement dans le paraître.
JE NE FABRIQUE PAS DE MINES, MOI,
JE NE TUE PERSONNE, MOI,
MOI, JE NE PRODUIS, MOI,
AUCUNE FAMINE, MOI.
Tout allait bien sur Terre avant vous, vos affaires
Et votre spiritualité incroyable ;
Votre apathie a tout foutu en l’air.
De ça aussi, vous serez tenus coupables.