MONDE
NOUVEAU
Version
française – Monde Nouveau – Marco Valdo M.I. – 2016
(2008)
Chanson italienne – Mondo Nuovo – Francesco Guccini – 1978
Chanson italienne – Mondo Nuovo – Francesco Guccini – 1978
Et déjà s'ouvre la route obscure
Vers une nouvelle réalité
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Je
ne sais plus trop pourquoi ni comment je suis retombé, dans mes
pérégrinations, sur cette chanson de Francesco Guccini dont j’avais
fait une version française, il y a quelques années. C’était en
2008, une éternité déjà. En (re)lisant le commentaire à une voix
(Tu n’étais pas encore là, Lucien l’âne mon ami) et la version
française, je me suis dit que j’allais la corriger et introduire
cette nouvelle version (2016) par notre habituel dialogue. Mais
d’abord, voici le commentaire que je faisais à l’époque :
« Francesco
Guccini a raison de méditer :
L’homme
nouveau fut le leitmotiv de bien des utopies, il fut chanté,
encensé, annoncé, pressenti, appelé, réclamé, cherché, adulé
par les religions, par certains philosophes, par quelques écrivains,
par d’inspirés poètes, mais aussi par les hurleurs délirants,
par les éructeurs en rut qui se groupèrent en axe peu avant le
milieu du siècle dernier. Généralement, l’homme nouveau annonce
le retour victorieux du bipède au cerveau de lémure, le retour de
la bête immonde. Tel était un des hommes nouveaux qu’on nous a
présenté à grand renfort de trompes. Blecktrommel, tambour de fer
blanc menait la danse.
Il
eut plein de cousins, tous aussi inquiétants.
Il
faut se méfier des hommes nouveaux et des ordres nouveaux et on peut
espérer que nous ne les connaîtrons jamais, nous autres de ce monde
ancien perclus de rhumatismes.
Va
be’ pour changer le monde, d’accord, pour changer la vie, partant
pour une autre façon de vivre…
Les
nouveaux mondes – j’entends Dvorák qui dirige son orchestre –
ont la fâcheuse habitude de nous retomber lourdement dessus et
d’écraser l’homme présent sous l’ambition nouvelle.
On
est toujours entre deux; c’est le sort du présent de se trouver
entre le passé qu’il vient de quitter et le futur qu’il
s’apprête à dissoudre, le transformant à l’instant où il le
touche en passé, que déjà, il a quitté.
L’avenir
a toujours été ce vide hallucinant à remplir de gré ou de force,
le plus souvent – et c’est tant mieux – par ces gestes
quotidiens dont on croit qu’ils comptent pour rien.
Nous,
les hommes, les frères humains qu’on balance, pendules dérisoires,
aux rythmes de l’histoire, n’avons en finale qu’une vie courte,
courte, courte… »
Eh
bien, Marco Valdo M.I. mon ami, c’était un excellent commentaire
et terriblement d’actualité, toujours et encore d’actualité. Et
ce sera le cas tant que durera cette fichue Guerre
de Cent Mille Ans [[7951]]
que
les riches et les puissants font aux pauvres et aux faibles afin
d’assurer leur domination, d’asseoir leur pouvoir, de multiplier
leurs richesses, de tirer profits de l’exploitation des gens et de
la nature.
À
propos, comme je ne crains pas l’anachronisme, je dirai que cette
chanson de Guccini pourrait s’intituler : « Dernières
nouvelles de la Guerre de Cent Mille Ans » et si mon
commentaire de l’époque te semble si actuel, c’est tout
simplement parce que la chanson de Francesco Guccini elle-même est
d’actualité » et le sera encore longtemps. Car, vois-tu,
Lucien l’âne mon ami, pour dire les choses de la façon triviale
dont on use ici : « Nous ne sommes pas sortis de
l’auberge ».
Je
le pense bien, dit Lucien l’âne en mâchouillant son bout de
branche. J’ai en tête l’idée que ce vieux monde ne sait plus
trop où il en est et distingue pas ce qui pourra lui succéder. Si
tant est toutefois qu’il ait une succession, ce qui reste à
démontrer. D’ailleurs, en ce qui me concerne, je suis plus que
dubitatif pour ce qui est de la conception de successions de mondes
différents. Mon sentiment est qu’il s’agit plutôt d’un
continuum, meublé sans doute de hauts et de bas, un continuum qui
avance comme des vagues sur la mer et qui sont toujours la même eau.
Ainsi,
selon toi et je m’empresse de dire que je te rejoins complètement,
il n’y aurait pas une succession de mondes, une succession de
périodes nettement différenciées, mais qu’il y aurait un seul et
même mouvement, fait des interactions des milliards et des milliards
d’événements singuliers. De fait, je pense comme toi que chaque
grain de sable d’une plage est un événement unique du monde. Mais
revenons à la chanson de Guccini. Même si le grain de sable,
l’homme ne le comprennent pas, on est toujours
« dans
une ère de transition
Entre
une civilisation quasi-finie
et
une nouvelle inconcevable vie »
Pour
en terminer avec ces réflexions sur le « Monde Nouveau »,
reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde
inconcevable, finissant, indifférent et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Il
court rapide, mais dans quel sens
Notre
temps inconnu et étrange
Et
nos yeux pleins d’épouvante
Regardent
ce qui nous entoure
Et
ne peuvent croire au sortilège technique
Indifférent
qui peu à peu nous enlève
Et
nous entraîne vers une réalité
Que
nous ne verrons jamais
Au
milieu d’ordinateurs et d’entités
Que
nous verrons jamais,
Au
milieu de villes et de tableaux chiffrés
Que
nous ne verrons jamais…
Et
l’homme confus s’en va
Vers
ce qu’il ne comprend pas,
Ce
qui a programmé sa vie, il ne sait
Ni
qui c’est, ni où ; mais
Ce
qui importe seulement est ce qui le fait
Douter
déjà de son équilibre
Vers
une nouvelle réalité
Que
nous ne verrons jamais
Au
milieu d’ordinateurs et d’entités
Que
nous verrons jamais,
Au
milieu de villes et de tableaux chiffrés
Que
nous ne verrons jamais…
Ni
le pourquoi ni le comment, nous ne saurons.
Nous
sommes dans une ère de transition
Entre
une civilisation quasi-finie
Et
une nouvelle inconcevable vie
Si
désormais presque personne ne croit plus
Quelle
pourra bien être la foi nouvelle,
Quels
pourront bien être nos nouveaux buts
Qui
éteindront notre soif éternelle
De
pouvoir être soi-même
Au
milieu d’ordinateurs et d’entités
Que
nous verrons jamais,
Au
milieu de villes et de tableaux chiffrés
Que
nous ne verrons jamais…
Même
quand l’un ou l’autre succombera
Je
ne sais lequel de nous deux sera
Cet
homme nouveau,
Qui
moi aussi me passionnera,
Dans
le monde nouveau
Que
nous ne verrons jamais,
Au
milieu d’ordinateurs et d’entités
Que
nous verrons jamais,
Au
milieu de villes et de tableaux chiffrés
Que
nous ne verrons jamais
Au
milieu d’ordinateurs et d’entités
Que
nous verrons jamais,
Que
nous ne verrons jamais…