La
Bravade héroïque
Chanson
française – La Bravade héroïque – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 40
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dialogue
Maïeutique
Il
te souviendra, Lucien l’âne
mon ami, que
Matthias un peu naïf, porté par l’espoir, et aussi, certaine
nécessité, s’était
présenté à la requête de l’Empereur au château de Litomyšl,
c’était dans La
Danse de l’Empereur et il
s’était
fait éconduire, c’était dans Le
Banquet. L’Empereur l’avait vilainement envoyé en pâture
aux convives qui ne savaient comment passer le temps. On avait essayé
toutes sortes de distractions, de la musique, des chants, des
anecdotes, des récits – le tout sans succès. La conversation se
mourait et la soirée virait à l’ennui. Le Matthias bêlant était
une bénédiction.
Oui,
j’ai bien
en tête ces épisodes, répond Lucien l’âne. J’ai même
souvenir que la situation de Matthias est des plus périlleuses et
que même, le
Comte – toujours cet exécrable Wallenstein – a commencé à en
faire sa bête de cirque et en manière d’intermède théâtral, à
le frapper.
Mais,
vois-tu Lucien l’âne mon ami, il y a des limites à tout et même,
comme chez les ânes, à la patience et à l’endurance des plus mal
lotis. Et
soudain, la témérité aidant, le courage s’activant, la colère,
que sais-je, l’humilié réagit :
« Soudain
déculotté, en une bravade héroïque,
À
la société, Matthias
présente
son postérieur. »
Mais,
me diras-tu bien, à part cette bravade héroïque, ce geste
désespéré, que peut-il y faire ? Il est le jouet du destin.
Ah,
dit Lucien l’âne, quand le destin s’en mêle, personne ne peut
interrompre son avancée. J’en suis moi-même un exemple vivant et
heureusement, bien vivant. Mais je m’inquiète de ce qui peut
arriver à Matthias à la suite de cet acte de résistance.
Et
tu as parfaitement raison
de t’inquiéter, Lucien l’âne mon ami, même si dans un premier
temps, cette bravade héroïque reçoit un accueil flatteur du
public :
« L’Impératrice
esquisse un sourire,
Toutes
ces dames tremblent de rire »,
ce
sourire de l’Impératrice est fort mal interprété par le
Wallenstein qui y voit une incitation à poursuivre ses odieuses
brutalités.
Mais
au fait, Marco Valdo M.I. mon ami, excuse-moi de t’interrompre,
mais j’aimerais savoir qui est cette Impératrice.
Il
s’agit, Lucien l’âne mon ami, de l’Impératrice d’Autriche
Marie
Louise Béatrice d’Autriche-Este (dite
également Marie-Ludovika), la
troisième femme de François Ier.
On pourrait dire que c’est une Italienne ; elle
est aussi Princesse de Modène, née
à Monza
et
elle
mourra à Vérone. Pour la petite histoire, je veux
penser
qu’elle désapprouve hautement la bêtise et les coups de pied du
Graf Wallenstein. Pour Matthias, l’urgence est de quitter cette
salle de torture ; d’ailleurs, le comte le pousse vers
l’escalier, puis le jette en bas, où, malheur !, Matthias
devient le souffre-douleur de la soldatesque, qui finit par
l’assommer et le jeter hors du château.
Tout
ce qu’on peut espérer dans ce genre de traquenard, c’est d’en
sortir vivant, répond Lucien l’âne. J’en sais quelque chose,
car, comme tu le sais, ça m’est arrivé à moi aussi d’être
battu et laissé pour mort au bord d’un fossé. Néanmoins, tissons
le linceul de ce vieux monde brutal, stupide, grossier, méchant et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le
valet apporte le fourrage,
Et
le Graf interpelle le doux agnel :
« Mouton,
tu es ! Mange, courage !
Tu
n’auras pas de bretzels ! »
L’agnelet
désespéré de cette pique
Regarde
le Comte avec candeur ;
Soudain
déculotté, en une bravade héroïque,
À
la société, Matthias présente son postérieur.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Le
pied botté va, le pied pointu vient
L’Impératrice
esquisse un sourire,
Toutes
ces dames tremblent de rire
Et
l’ovin se carapate en vain.
La
porte est franchie, voici l’escalier.
Le
Graf crie : « Ça ne t’a pas suffi ? »
La
botte de cuir martèle Matthias sans répit
Et
au bas des marches l’envoie bouler.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
En
bas, dans la cour sombre
Où
s’ennuient longuement les soldats,
La
grêle de croquenots longtemps s’abat
En
une longue kermesse d’ombres.
Arlequin
au matin s’éveille
Au
son du carillon,
Du
supplice de la veille,
Il
lui reste un bourdon.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.