jeudi 2 août 2018

LES PENSÉES SONT LIBRES

LES PENSÉES SONT LIBRES

Version française – LES PENSÉES SONT LIBRES – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après la version italienne – I PENSIERI SONO LIBERI – Riccardo Venturi – 2006
d’une chanson allemande – Die Gedanken sind freianonyme





Je la connais chantée en anglais par Pete Seeger. C’est une vieille chanson libertaire de l’aire alpine de langue allemande (Bavière, Autriche, Suisse allemande, Südtirol – Andreas Hofer l’aurait sifflotée contre Napoléon, bof ?), il y a trois cents ans ; ensuite, elle s’est répandue dans le monde entier de langue allemande comme emblème d’anticonformisme et de liberté ; ce n’est pas par hasard que les tyrans qui l’entendaient, la bannissaient, peut-être quelqu’un est-il mort pour elle, pour ce qu’elle représente. Pour Pete Seeger, il représenta la voix de ces nombreux justes qui s’opposèrent et s’opposent à la guerre du Vietnam comme à toutes les guerres…

Alex Agus, de it.fan.musica.de-andre

En réalité, le texte remonte à la période de vingt ans entre 1780 et à 1800 et fut pour la première fois diffusé sur les feuilles volantes. En 1815, il fut publié en Suisse, à Berne, dans le canzoniere intitulé Lieder der Brienzer Mädchen (« Chansons des filles de Brienz »). Mais la chanson est sûrement beaucoup plus ancienne : elle était déjà chantée, selon divers témoignages, pendant la révolte paysanne de 1524/25. Elle a traversé depuis tous les instants où l’Allemagne a résisté à l’oppression, de la révolution de 1848 à la résistance au nazisme (elle fut totalement interdite par le régime hitlérien, et ne pouvons nous en étonner vu son titre). Son origine pourrait remonter même au Moyen Âge ; le poète et le chantre courtois Walther von der Vogelweide (ca.1170-1230) chantait déjà Sind doch Gedanken frei, pendant que le Minnesänger autrichien Dietmar von Aist chantait au XIIième siècle : Die Gedanken, die sind ledig frei (« les pensées, qui sont toujours libres »). Significatif qu’une chanson aussi ancienne ait été l’hymne du mouvement « Weisse Rose » (Rose Blanche), formé d’étudiants, qui en 1942/43 s’opposèrent à Hitler et qui fut étouffé dans le sang et dans la mort ; mais dans la vie d’Allemands qui n’avaient pas cédé, et qui avaient maintenu très haut leur honneur et leur esprit libertaire. [R.V.]



Les pensées sont libres : qui peut les deviner ?
E
lles se coulent dans la nuit comme les ombres.
Nul homme ne peut les connaître, aucun chasseur ne peut les tirer,
C’est ainsi : les pensées sont libres !

Je pense ce qui me plaît, ce que je désire,
Tout en silence, mais en moi, ça résonne.
Mon souhait et mon désir ne dépendent de personne,
C’est ainsi : les pensées sont libres !

Me mettre dans une cellule nue,
Ce serait peine perdue,
Car mes pensées brisent les barrières
Et les murs ; les pensées sont libres !


Je veux chasser pour toujours les soucis,
Et ne plus jamais être troublé par les ennuis.
Dans son cœur, on peut toujours plaisanter et rire
Et penser : les pensées sont libres !

J’aime mon amie par-dessus tout, j’aime aussi le vin,
Mon amie réjouit toutes mes fibres.
Je ne suis pas seul
avec mon verre de vin :
Mon amie est près de moi, les pensées sont libres !