jeudi 15 janvier 2015

La Ballade des Assassins

La Ballade des Assassins

Chanson française – La Ballade des Assassins – Marco Valdo M.I. – 2015  
Parodie d'après Gilbert Bécaud
Paroles: Louis Amade. Musique: Gilbert Bécaud 1953





Voici encore une parodie, mon ami Lucien l'âne. Encore une fois, j'ai pris pour point de départ une chanson de Gilbert Bécaud. Une chanson de divertissement, sautillante à souhait et quand même, comme toujours chez cet artisan de la chanson, du travail bien fait, très à la mode de son temps. De la confection, mais de la bonne, disait-on chez les tailleurs. C'est comme ça dans la chanson commerciale, quand on veut en faire un « succès » et tenir commerce. À l'origine, cette chanson racontait une gentille histoire de baladins, une histoire perdue au fond des âges, qui ne risquait pas de choquer les oreilles et déjà, qui pratiquait – comme presque toujours dans la chanson médiatisée – ce qu'on nomme de nos jours le « politiquement correct ». Autrement dit, elle était lénifiante à souhait. Une jolie chanson qu'on serinait à tour de bras dans les radios grand public. Ah, combien de fois l'a-t-on entendue ? C'est incalculable. Le monde de la radio ne jurait que par Bécaud.


Encore un tube, si je comprends bien, dit Lucien l'âne.


Oui, un tube. Un peu oublié, mais il fit fureur. Donc, comme je t'ai dit, à l'origine, dans la version si bien chantée par Gilbert Bécaud – une « immense vedette en son temps », nos grands-mères s'en souviennent encore dans leurs maisons de retraite, où il est mis à contribution pour distraire les après-midis pluvieux. En ce temps-là, ces dames – alors au printemps de leur vie, en voulaient beaucoup à sa cravate à pois. Bref, j'en ai fait une parodie, qui parle de notre temps et de délirants personnages et de ceux qui les inspirent, glabres, barbus ou moustachus, peu importe. Elle raconte une histoire d'assassins comme il en court de nos jours un peu partout dans le monde. La chanson d'origine s'intitulait « La Ballade des Baladins » ; elle devient ici : « La Ballade des Assassins ». Vu que notre monde en est plein, il convenait de leur consacrer une ballade. Comme on avait déjà celle des pendus, ils trouveront à qui parler. Sauf que dans la ballade de Villon [[5843]], ce sont les pendus qui se lamentent, qui s'expriment. Dans celle-ci, ce sont les assassins qui sont racontés par un narrateur.


Oh, Marco Valdo M.I., tu ne penses pas si bien dire… On tire dans nos rues… Ici, à une encablure de chez toi. À Verviers, dans une ville où on ne s'attendait pas à de telles péripéties. Encore une fois, la chanson dévoile le réel… C'est son rôle. Que racontait d'autre l'Iliade ?


Oui, j'ai entendu ce qu'il se passe. Justement pendant qu'on écrivait notre conversation à propos de cette chanson qui décrivait des Assassins et l'ambiance dans laquelle ils se meuvent. Mais comme tu le verras, elle en tire une parabole et replace tout ce vacarme absurde à son niveau dérisoire. Car telle est sa conclusion : le destin des assassins est triste, leurs crimes ne servent à rien.


Cela étant, dit Lucien l'âne en souriant, elle tisse le linceul de ce vieux monde malade de la foi, perclus de terreur et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Les assassins qui marchent dans nos rues
Viennent de loin ou d'un autre quartier.
Les bonnes gens regardent et les évitent
Et les prêcheurs leur parlent de tuer.
Les vieux bûchers dressés au fond du Moyen Âge
Semblent guider leur pied léger comme un matin
Et entre les gibets perchés dans les nuages
Des prédicateurs leur font signe de la main.
Mais les gars convaincus qui tuent pour des dieux,
Insouciants et cyniques dans leurs rondes folles,
Passent sous les maisons sans dire une parole.
Ils ne regardent pas s'ils tuent jeunes ou vieux.

Dansez donc, gentils assassins,
C'est la ballade,
C'est la ballade…
Dansez donc, gentils assassins,
C'est la ballade des assassins.

Les assassins qui courent sur les routes,
Où vont-ils donc assassiner encore ?
D'où viennent-ils ces tueurs en déroute ?
Ils n'ont que des armes pour seul trésor.
Quand ils ont accompli leur besogne importune,
Ils s'éloignent satisfaits et rengorgés
Pendant que leurs victimes pourrissent sous la lune
Emplissant de tristesse toute l'humanité.
Ils sont accompagnés dans leur ronde maligne
Par d'autres déments aux discours enflammés,
C'est un cortège de croyances assassines
Qui sèment partout leurs atrocités.

Dansez donc, gentils assassins,
C'est la ballade,
C'est la ballade…
Dansez donc, gentils assassins,
C'est la ballade des assassins.

C'est ainsi que l'on voit les plus grands carnages
Sous le vent de la foi et de dieux souverains
Mais tout cela n'est qu'un fragile mirage,
L'homme reste tout seul face à ses lendemains.

Dansez donc, gentils assassins,
C'est la ballade,
C'est la ballade…
Dansez donc, gentils assassins,
C'est la ballade des assassins.

Ohé les assassins,
Vos crimes ne servent à rien…
Quel triste destin !
Dansez donc, gentils assassins,
C'est la ballade,
C'est la ballade…

Charlie, t'iras pas au paradis !

Charlie, t'iras pas au paradis !

Chanson française – Gilbert Bécaud1970

Paroles de Pierre Delanoé
Musique de Gilbert Bécaud
https://www.youtube.com/watch?v=5Mr4T-FsFyI
https://www.youtube.com/watch?v=-Fyx5uV3_6I
https://www.youtube.com/watch?v=7ZPMhHg-m_s
https://www.youtube.com/watch?v=oMrXgdj8BJA


Je la regarde agenouillée




Oui, je sais, ce n'est pas vraiment une Chanson contre la Guerre, mais c'est une chanson extraordinaire en ce qu'elle annonçait à Charlie qu'il n'ira pas au Paradis… C'était vers 1970. Depuis la chose se vérifie… tous les fanatiques vous le diront : Charlie n'ira pas au Paradis ! Et Lucien l'âne mon ami, pour rendre la chose plus crédible, pour rendre le Charlie de Bécaud, plus Charlie-Hebdo, je me suis offert le plaisir d'ajouter un vers de temps en temps.


Ah oui, et quoi ?, demande Lucien l'âne en levant sa queue en point d'interrogation majuscule.


Simplement, deux tout petits vers dans la litanie… Car dans la chanson d'origine, il y a une litanie qui commence par : Je pense à Marie… Peut-être même, l'auteur , les auteurs ou un des deux auteurs, le chanteur, le public, qui sait, y pensait aussi et que la chose était implicite… À lire le texte de la chanson, c'est même certain ; sinon, quelles pouvaient bien être les « mauvaises pensées » de ce Charlie-là. Un Charlie, soit dit en passant, qui dit tout dret :
« Ton paradis, je m´en fous.
Mon paradis, c´est elle et c´est tout. »
Mais quoi qu'il en soit, si ça allait sans le dire, ça va encore mieux en le disant… Un homme est un homme, pardi ! Foin du politiquement correct !


Ah oui ? Et quoi donc ?, demande Lucien l'âne en tendant sa queue à la verticale en guise de point d'exclamation.


J'ai dévoilé la pensée la plus intime de l'homme quand il convoite une femme ; parfois même, quand il convoite un homme, d'ailleurs… Tout simplement, j'ai ajouté aux parties de la dame que recense la chanson, ici celles de la dénommée Marie – tout un symbole, d'ailleurs ce prénom. J'ai donc ajouté aux parties de dame recensées, c'est-à-dire aux yeux, aux mains, au cœur de Marie, j'ai ajouté : le cul de Marie.


Saramago aurait apprécié, lui qui écrivit un Évangile selon Jésus Christ, où l'amoureux Jésus avant de mourir en croix se mit à faire des cabrioles avec Marie-Madeleine de Magdala… Peut-être, y a-t-il même au une descendance...Qui sait ?


Mais bien évidemment, on n'entendra pas parler du cul de Marie dans la version chantée par Gilbert Bécaud et pour cause, pour son public et le public, ça compte, c'était un garçon bien élevé et pas du tout dans le ton d'Hara Kiri Hebdo, interdit après le bal tragique à Colombey et re-né dans la même semaine Charlie Hebdo. Mais enfin, c'est bien de Charlie Hebdo qu'il est question, ici. Une bonne raison de relever cette chanson de ses cendres médiatiques. Et donc, par l'ajout de ces deux vers, la litanie devient :

« Je pense à Marie,
Aux yeux de Marie.
Je pense à Marie,
Aux mains de Marie,
Au corps de Marie,
Au cœur de Marie,
Au cul de Marie...
Je pense à Marie-Louise. »


En effet, Charlie n'aurait même pensé qu'à ça…, dit Lucien l'âne en agitant son cul et sa queue toujours verticale et tendue.


De plus, dit Marco Valdo M.I., je t'invite à examiner ce que dit le chœur, qui chante en un anglais, disons populaire…
« Come and get it
And get it now
If you don´t get it
You´re a paw »
Peut-être qu'un plus lettré que moi pourrait en donner une traduction , mais enfin, on en comprend le sens.


Je suis d'ailleurs persuadé, dit Lucien l'âne toujours aussi émoustillé, à voir les rimes dangereuses de certains couplets qu'il s'agit d'une chanson à double sens, si j'ose ainsi dire. Juste un ou deux exemples, tirés de la chanson :
« J´arrive une heure avant la messe
Pour la joie de voir… » quoi ?, je te le demande. Ses fesses, évidemment ! Et je t'épargne les choses auxquelles renvoient les rimes en « ouille »...


Et puis aussi… à voir la demoiselle qui dans certaines vidéos, incarne la promise, c'est une demoiselle charmante, on y penserait bien aussi. M'est avis qu'ils ont dû bien rire dans leurs barbes, les auteurs et les interprètes de cette chanson. Cependant, ça n'a pas la puissance de la chanson de Ricet Barriet, celle qui présente le plus formidable cul de la chanson française : le célèbre Cul de la patronne [[39877]]: un cul qui aurait sans doute permis d'éviter le désastre de Waterloo en 1815, il y a tout juste deux siècles. Rappelle-toi :

« Il est beau le cul le cul le cul de la patronne
Un cul pareil à Waterloo
Et les Anglais l'avaient dans le dos » 


Dans le dos…, dit l'âne Lucien en riant de toutes ses dents. Vaut mieux aller voir ton commentaire à la chanson de Pierre Dac, elle aussi intitulée « Dans le Dos » [[48745]]. Et nous, du coup, grâce à ce cul de la patronne, on serait peut-être encore Français… on aurait sans doute évité deux Guerres mondiales… Mais malheureusement, on ne refait pas l'histoire. Alors, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde cagneux, mal foutu, pudique, politiquement correct, asphyxié par les fois et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Charlie, oh Charlie, t´iras pas au paradis !
Charlie, oh Charlie, t´iras pas au paradis !
Tes pensées sont mauvaises,
Tu fais honte à ton diocèse,
T´iras pas au paradis Charlie !

Elle est là derrière un pilier,

Je la regarde agenouillée

Aux jours de Pâques et de Noël.

À la messe, je ne vois qu´elle ;

Elle est belle comme la statue

De la Vierge à l´Enfant Jésus.

Comment voulez-vous, je vous prie,

Que dans ces conditions, je prie ?


Oh Charlie, t´iras pas au paradis !
Charlie, Charlie, t´iras pas au paradis !
Ton paradis, je m´en fous.
Mon paradis, c´est elle et c´est tout.
Et même si je scandalise,
Quand je suis à l´église :
Je pense à Marie,
Aux yeux de Marie.
Je pense à Marie,
Aux mains de Marie,
Au corps de Marie,
Au cœur de Marie,
Je pense à Marie,
Au cul de Marie…
Je pense à Marie-Louise.

Chœurs :

Come and get it
And get it now
If you don´t get it
You´re a paw.

J´arrive une heure avant la messe
Pour la joie de la voir passer
Et pendant qu´elle est à confesse
Je suis jaloux de son curé.
Je me lève et je m´agenouille,
Je me sens comme crucifié,
Par tous les regards qui me fouillent,
Des grenouilles de bénitier.

Oh Charlie, t´iras pas au paradis !
Charlie, Charlie, t´iras pas au paradis !
Ton paradis, je m´en fous.
Mon paradis, c´est elle et c´est tout.
Et même si je scandalise,
Le dimanche à l´église :
Je pense à Marie,
Aux yeux de Marie.
Je pense à Marie,
Aux mains de Marie,
Au corps de Marie,
Au cœur de Marie,
Je pense à Marie,
Au cul de Marie…
Je pense à Marie-Louise.

Chœurs :

Come and get it
And get it now
If you don´t get it
You´re a paw
Tout à l´heure quand elle va sortir,
Je vais la rater encore une fois
Tout à l´heure, ces ballots vont rire
Sur le zinc du café tabac.
Rigolez les gars, rigolez !
J´y mettrai le temps qu´il faudra
Mais un dimanche, vous la verrez
Sortir de l´église à mon bras.

Oh Charlie, tu l´auras ton paradis,
Charlie, Charlie, tu l´auras ton paradis.
Elle sera belle, belle tout en blanc.
J´aurai un chapeau et des gants
Et même si ça scandalise,
Un beau jour à l´église,
Je serai le mari, je serai le mari, je serai le mari...