lundi 27 mars 2017

OÙ RÈGNE LA VIOLENCE, LA RÉSISTANCE EST UN DEVOIR

OÙ RÈGNE LA VIOLENCE, LA

RÉSISTANCE EST UN DEVOIR

Version française – OÙ RÈGNE LA VIOLENCE, LA RÉSISTANCE EST UN DEVOIR – Marco Valdo M.I. – 2017





En 1985, Lucien l’âne mon ami, l’Allemagne est toujours divisée et se trouve toujours encore au cœur du nœud noué à la fin du Reich de Mille Ans qui n’en a duré que douze. Avec d’un côté comme de l’autre, de très puissants « alliés », lesquels ont installé sur son territoire des troupes, des bases militaires pour les héberger, des aériennes et bien entendu, des rampes de fusées, potentiellement équipées d’ogives nucléaires.

Comme qui dirait, tout est prêt pour le grand feu d’artifice, dit Lucien l’âne.

Oui et depuis un certain temps déjà, Lucien l’âne mon ami. On comprend que les populations aient eu peur de cette situation et aussi qu’elles en ont aussi marre de vivre dans l’appréhension, d’autant que le fait n’est pas récent. Ça faisait quarante ans que cette tension quotidienne durait.
Auparavant, il y avait eu la terreur nazie, suivie de la guerre à l’étranger, puis les bombardements et la guerre sur le territoire allemand, l’occupation.
Ensuite, depuis une trentaine d’années, les manifestations contre cet état de terreur larvée se sont succédé sur fond de guerre froide. Ce furent souvent des manifestations de plus en plus fermes et assez énergiques et la répression fut à l’unisson.

En effet, Marco Valdo M.I., j’avais bien noté tout cela et le fait que durant ces années-là, les guerres « chaudes »s’étaient déroulées essentiellement à d’autres bouts du monde : en Corée, au Vietnam, en inde, au Proche-orient, en Algérie, etc, mais en Allemagne, c’était une guerre « froide » et même à certains égards, « glacée ». Les canons étaient pointés, chargés, mais ils ne tiraient pas et si les chars ou des forces répressives sont intervenus, c’était à l’intérieur des frontières de l’un ou l’autre camp. On se gardait bien de franchir certaines limites.
Il s’en est passé bien des choses durant ces années-là, mais qu’y a-t-il de si particulier à cette année 1985 ?

En fait, Lucien l’âne mon ami, si on se place d’un point de vue général pour examiner ces quarante ans écoulés depuis la fin de la guerre mondiale, on pourrait presque répondre : rien. On pourrait relever qu’on est encore toujours dans le même monde divisé ; en Allemagne, dite de l’Ouest, les manifestants crient encore toujours : « Lieber rot als tot ! » – « Mieux vaut rouge que mort ! », montrant par là qu’en cas de conflit ou d’affrontement avec les armées de l’URSS et leur éventuelle invasion, ils préféreraient ne pas combattre plutôt que de risquer la mort collective et nucléaire. Faut les comprendre, ils étaient aux premières loges.

Oh, Marco Valdo M.I., je me souviens très bien de cette sainte terreur qu’inspirait la « bombe » en ce temps-là. Il me semble d’ailleurs qu’à présent, on ait presque oublié son existence et l’effroi qu’on avait à l’idée de la voir surgir dans le grand conflit latent.

Il est certain, Lucien l’âne mon ami, que si l’un ou l’autre des froids belligérants de cette époque avait été pris soudain d’une bouffée de chaleur nucléaire, le jeu des réactions en chaîne serait enclenché et on n’aurait pas donné cher ce l’humanité entière et sans doute même pour un long moment, la vie sur la planète aurait été compromise. Un moment très long et même, très, très long. Et c’est face à cette perspective que la chanson et son refus des fusées prennent tout leur sens. Derrière ce refus, il y avait une peur immense, une frayeur d’épouvante et en même temps la conscience de la nécessité de mettre le holà à cette confrontation, à cette guerre des nerfs à l’échelle d’un continent et par extension, de la Terre entière.

Tout cela est fort bien, mais, dit Lucien l’âne, je me demande encore – c’était ma question – ce que cette année 1985 a de particulier par rapport à cette histoire.

J’y viens, j’y viens, Lucien l’âne mon ami, mais il me fallait placer le décor. À mon sens, 1985 est -avec le recul – une année charnière, car cette année-là, les choses commencent à bouger ; on assiste aux prémices d’un lent mouvement de détente. En URSS, le régime en place, qui porte cette politique de terreur, est en train de vaciller. La meilleure image que l’on pourrait donner est celle d’un dégel, de la progressive disparition des glaciers. C’était assez lent, mais c’était doué d’une formidable inertie.
En ce qui concerne les fusées, qui est le sujet de la chanson, il y a eu cette année-là, l’annonce d’un moratoire sur l’installation en Europe des SS20, d’un côté, disons dans l’Europe hors des frontières russes et des Pershings, de l’autre côté ; il y avait l’accord de coopération avec les Zétazunis quant à un désarmement bilatéral.
Cependant, comme on peut s’en rendre compte, trente ans plus, on y revient, même si par ailleurs, les choses ont fortement changé tout en restant les mêmes. Le Guépard qui disait : « se vogliamo che tutto rimanga com’è, bisogna che tutto cambi »« Si nous voulons que tout reste comme il est, il faut que tout change »), disait vrai.

Certes, Marco Valdo M.I., il y a des invariants dont l’inertie transcende facilement les régimes et les péripéties de l’histoire. C’est vrai par exemple pour l’Allemagne, c’est vrai pour la Russie. C’est un des effets temporels qu’on peut aisément déceler à l’intérieur de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres afin de s’assurer de la domination, d’imposer leurs volontés, de maintenir leur pouvoir, d’étendre leurs privilèges, de multiplier leurs richesses. En fait, le temps n’est pas le même si l’on considère le temps des régimes et des hommes de pouvoir, qui se mesure en années et en dizaines d’années et le temps de ces entités historiques qui se mesure avec un étalon d’une amplitude beaucoup plus grande qui couvre des périodes pouvant aller jusqu’aux milliers d’années. Quoi qu’il en soit, il nous revient de tisser le linceul de ce vieux monde belligérant, effrayant, mortifère et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l’âne




Nous avons protesté et crié à haute voix
Que dans le pays, nous ne voulions pas de fusées ;
Nous étions nombreux, mais finalement il arriva
Que nous partageons maintenant ce pays avec des fusées.

Pourquoi ne partage-t-on pas avec le Tiers-Monde
Pour que personne qui vit là, ne meure de faim ?
Pourquoi ne donnons-nous pas de nos moyens
Contre la disette, puisqu’ici l’abondance règne ?

Vous avez claqué l’argent carrément dans l’armement
Et vous avez ignoré le référendum sans un mot
En dépit même de notre Non éclatant.
Il se pourrait que votre fin soit pour bientôt

Ne pensez pas que c’était votre victoire.
Vous verrez bientôt quand viendra la facture
Pour la peur des hommes face à votre guerre.
Nous sommes tristes et furieux, mais nous ne sommes pas inertes.

Je ne peux tolérer ça, Herr Feldmarschall
Car je suis un homme et j’ai peur maintenant,
Peur de l’explosion atomique, Général !
Je voudrais simplement connaître mes petits-enfants.

Je veux un monde, où on peut vivre
Et les enfants des enfants des petits-enfants aussi ;
Où trouver à manger pour chaque femme, chaque homme ;
Un monde qui n’a pas besoin de vous et de vos amis.

Vous êtes le pouvoir et vous les avez installées,
Vous n’avez pas demandé ce qu’il fallait faire :
Notre opinion ne vous a en rien intéressé.
C’est pourquoi on vous dit à voix haute et claire :


Nous continuons, car nous ne sommes pas encore quittes.
Nous ne voulons pas
de vos fusées de merde,
Remmenez-les ou foutez-les au dépotoir.
Où règne l
a violence, la résistance est un devoir !