Matthias
est revenu
Chanson
française – Matthias est revenu – Marco Valdo M.I. – 2015
ARLEQUIN
AMOUREUX – 10 bis
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dialogue
Maïeutique
Finalement,
dit Marco Valdo M.I., après avoir quitté le couvent où il avait
hiverné à l’abri du froid, du vent et des militaires, Matthias a
recommencé sa longue errance pour parcourir la dernière étape vers
chez lui. Mais, cette fois, il n’en est plus très éloigné ;
il y parviendra en fin de journée. Ainsi, il reprend le sentier qui
serpente en remontant à travers bois le cours du petit ruisseau ;
Matthias regarde autour de lui les effets de la paix et du printemps.
C’est
donc le retour du déserteur au bercail, dit Lucien l’âne. J’ai
souvenir d’avoir entendu dire que souvent au retour, il y a des
surprises et pas toujours agréables qui attendent le soldat
prodigue.
En
effet, reprend Marco Valdo M.I., c’est souvent le cas. On connaît
de multiples versions de l’histoire de ces soldats, de ces
prisonniers, de ceux-là qui reviennent de loin et se retrouvent
devant leur
femme remariée ou morte, telle Adèle.
Célèbre est aussi l’histoire du croisé et de certaine précaution
qu’il avait prise avant son départ pur verrouiller la porte
nuptiale. Ou plus encore, l’Odyssée du brave Ulysse qui des
milliers d’années plus tard est toujours présente dans les
mémoires. Pour lui, selon Tonton
Georges, ça se passe bien :
« Heureux
qui comme Ulysse
A fait un beau voyage !
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages
Et puis a retrouvé
Après maintes traversées
Le pays des vertes années. »
A fait un beau voyage !
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages
Et puis a retrouvé
Après maintes traversées
Le pays des vertes années. »
Moi,
dit Lucien l’âne, je ne peux pas me départir de l’impression
que ce titre « Matthias est revenu » doit quelque chose à
Jacques Brel et à sa « Mathilde
est revenue ».
Certainement,
tu as de l’oreille, Lucien
l’âne mon ami.
Oui
et même, de l’oreille d’âne, Marco Valdo M.I. mon ami.
Cela
dit, Lucien l’âne mon ami, il y a des bouts de phrases, des noms,
des mots qui semblent avoir une vie propre, qui s’échappent de
leur contexte et apparaissent, reparaissent ou réapparaissent sans
qu’on sache trop d’où ils reviennent. Je n’en ai pas d’autres
en tête pour l’instant, mais c’est sans doute dû aussi à leur
féroce aptitude à l’autonomie ; ce sont des mots libres qui
flottent à la dérive comme des nuages au-dessus d’océans.
Mais,
mais, mais, dit Lucien l’âne en souriant, si on en revenait à la
chanson, si on en revenait au retour de Matthias Kuře sur ses
terres. Que se passe-t-il exactement ?
Oh,
répond Marco Valdo M.I., d’abord, Matthias revient à la maison
qui est celle de ses parents et qui avant son départ, avait été
laissée à sa sœur Katerine et à son mari et qu’il retrouve
occupée par son frère cadet Lukas et une femme, qui ne s’attendent
pas du tout au retour de Matthias. À vrai dire même, ils lui font
sentir qu’ils n’ont aucune envie de partager le bien de famille
avec lui. Bref, le frère à son retour d’exil forcé est très mal
accueilli. On lui fait comprendre qu’il est importun et on lui
signifie poliment qu’il ne devrait pas s’attarder et si possible,
même pas pour la nuit.
« On
ne t’attendait plus, Matthias mon frère !
Pour
ce soir, on te donnera très volontiers
Du
lard frit et des pommes de terre
Et
un coin de grange, si tu comptes rester. »
Eh
bien, dit Lucien l’âne, pauvre Matthias qui a effectué – à
pied – la traversée de la moitié de l’Europe en passant par les
Alpes et qui est si mal accueilli chez lui. Allons, tissons le
linceul de ce vieux monde mesquin, avide, cupide, stupide, idiot et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La
paix est tombée sur l’Europe :
C’est
une brume indécise,
Un
peu jaune, un peu rose, un peu grise,
Où
le sang palpite et le temps galope.
Sur
ses plaines, sur ses terres,
S’ébroue
une paix toute croustillante,
Courbaturée,
encore un peu dolente
Des
cicatrices de ses dernières guerres.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Les
hirondelles de retour d’Afrique
Regardent
les fumiers bourgeonner ;
Conscrits
en chômage technique,
Les
culs terreux sèment l’orge et le blé.
Matthias
coupe à travers bois,
Tout
empressé de rentrer chez soi.
Par
le secret sentier bien connu,
À
la chaumine, Matthias est revenu.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Matthias
retrouve trop tard son chaume.
L’aînée
Katerine est morte, la bonne fille
Laissant
à Lukas l’antre et l’âtre de la famille :
Avec
une fille, le couple occupe solidement le home.
On
ne t’attendait plus, Matthias mon frère !
Pour
ce soir, on te donnera très volontiers
Du
lard frit et des pommes de terre
Et
un coin de grange, si tu comptes rester.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.