Trinquons aux Gueux !
Chanson
française – Trinquons
aux Gueux !
–
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 79
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXXV)
Ulenspiegel le Gueux – 79
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXXV)
Dialogue
Maïeutique
Lors
donc, Lucien l’âne, mon ami, nous avons laissé Till et Lamme
enfermés comme des oiseaux en cage dans l’auberge de
l’Arc-en-Ciel, entourés de filles et de happe-chair, chargés de
les appréhender au corps. Tout le monde est là à faire la fête
chez Stevenine. Une fausse fête, en quelque sorte, une fête qui
sonne faux, où tous les fêtards font semblant d’y croire et
attendent le dénouement. Stevenine, Gilline et les happe-chair sont
convaincus de tenir le bon bout et savourent déjà leurs
récompenses. Cependant, Till et Lamme pensent exactement l’inverse,
car ils ont reçu un renfort qu’ils n’attendaient pas ; ce
sont les Sept, sept bouchers des plus costauds, armés de leurs
grands couteaux, envoyés par le baes des Gueux de la région, qui
n’est autre que le patron de l’auberge de l’Abeille.
Je
me souviens fort bien de tout ça, dit Lucien l’âne, mais ce qui
m’intéresse à présent, c’est évidemment la suite. Que va-t-il
se passer ? Je me doute bien qu’avec de tels renforts, la
position de Till et de Lamme s’est considérablement améliorée et
me semble-t-il, les probabilités de victoire ont changé de camp.
Tu
comprends bien la situation, dit Marco Valdo M.I., ce qui n’est
exactement le cas de Stevenine et des happe-chair qui croient encor
tenir les oiseaux en cage et qui n’ont pas encore perçu les
intentions des 7 bouchers. Soudain, l’action s’engage : Till
lance le signal « Trinquons ! » et le répète sur
une cadence et un son, qui comme dans le Boléro de Ravel, va aller
en s’amplifiant jusqu’à créer une atmosphère étouffante,
terrifiante et jusqu’à la victoire totale de Till et de ses amis.
Je
suis tout impatient de voir cette chanson, dit Lucien l’âne, qui
m’a l’air pleine d’action et de réserver certaines surprises.
Puis, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce
vieux monde querelleur, orgueilleux, autosatisfait, présomptueux et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Till
dit : « Trinquons encore !
Il
fait meilleur ici que dehors.
Que
celui qui a faim, mange !
Que
celui qui a soif, boive !
« Nul
ne sortira sans qu’il paie,
Ricane
la Stevenine.
Et
Till conclut : « À la fin du repas, je paie !
Silence,
Messieurs, car chante la Gilline ! »
« Vois,
je vends tout : mes charmes,
Mon
âme et mes yeux bleus ;
Bonheur,
rires et larmes,
Et
la Mort si tu veux. »
Je
n’en veux pas de ta Mort !
Même
si les bateaux vont au port !
Trinquons
dans des verres sonores !
Trinquons
et rions encore !
Et
Till jette tout à terre
Et
donne le rythme à la colère.
Et
Till tape son verre plus fort,
Et
Lamme par-dessus clinque encore
Toute
la salle vibre à la cadence
Et
les Sept entrent dans la danse,
Et
les bouchers sortent leurs coutelas,
Et
les happe-chair reculent d’un pas.
Et
les Sept et Till et Lamme
Rengainent
leurs longues lames,
Ils
brisent les verres et joyeux,
Ils
grondent : « Trinquons aux Gueux ! »
Ils
empoignent les chaises et furieux,
N’épargnant
que les filles, ils tapent dur,
Ils
cassent tout et le reste, en mesure.
« Trinquons
aux Gueux ! Trinquons aux Gueux ! »
Till
attrape par le col la Stevenine
Et
lui fait manger ses chandelles
Et
la belle Gilline chancelle,
Et
se terre derrière sa viole, chagrine.
Et
les filles rient de leur baesine
Déchue
et moquent l’orgueilleuse Gilline.
Et
Till et Lamme et les Sept, victorieux,
Martèlent
à qui mieux mieux « Trinquons aux Gueux ! »