NE
DITES PAS À MA MÈRE
Version
française – NE DITES PAS À MA MÈRE – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson
italienne – Non dite a mia madre – Riky Maiocchi – 1964
Une
chanson qui en son temps fut interdite d'antenne et carrément
censurée par la RAI (Radio-télévision italienne)... Inspirée et
même, désignée comme version italienne de la chanson populaire
étazunienne « The House of Rising Sun », qui servait
également de cri de ralliement à tous les jeunes du monde opposés
à la guerre du Vietnam, elle aurait pourtant dû échapper à cet
ostracisme ; au moins autant que la chanson d'origine qui
circulait partout.
Alors ?
Alors, si ce n'était pas l'opposition à la sale guerre du Vietnam
(Comme s'il existait des guerres propres, dit Lucien l'âne...), quel
était le motif de cette interdiction ?
La
Commission de censure y a vu l’histoire d'un condamné à mort...,
dit-on... Mais moi, je n'y crois pas. Je crois plutôt que c'est une
chanson de suicidé, de futur suicidé, s'entend... Et c'est la
logique-même de la chanson qui le confirme... Réfléchis un
instant... Si c'était un condamné à mort... Il aurait fait l'objet
d'un procès et dès lors, sa mère en aurait forcément été
informée... Dès lors, la chanson ne tiendrait plus debout.
Et
si c'était un soldat prisonnier qu'on va fusiller pour – par
exemple désertion ou trahison ?
Ben,
pareil... Sa mère en serait forcément informée et elle recevrait
la version officielle. Soit qu'il serait disparu au combat, soit
qu'il serait mort en héros. Souviens-toi, ce fut le cas de notre
Joseph – Giuseppe Porcu, dont je t'ai conté la saga. Et
spécialement la canzone Le Fils ressuscité [[9053]], où le
déserteur Giuseppe, dont la mère avait fait son deuil depuis qu'on
avait fait de son fils un héros mort pour l'Italie, le déserteur
devenu entretemps Joseph revient, reparaît et littéralement,
ressuscite d'entre les morts.
D'accord,
mais alors de quoi pouvait-il bien s'agir de si scandaleux au
point de censurer une chanson qui me paraît , mais je suis un âne
libertaire – assez anodine. Je veux dire qu'elle raconte un fait...
Quel est donc ce fait qu'on ne saurait voir ? Ou qu'on ne
saurait laisser voir ? On dirait une tartufferie...
Tu
as mis le doigt dessus, mon ami Lucien l'âne. C'est tout-à-fait
ça... C'est le Tartuffe et la citation de Molière s'impose :
« Couvrez
ce sein, que je ne saurais voir.
Par
de pareils objets les âmes sont blessées,
Et
cela fait venir de coupables pensées."
(Molière
– Tartuffe, III, 2 (v. 860-862)
Autrement
dit, une énorme hypocrisie, un mensonge jésuitique...
Oui,
mais alors, de quoi peut-il s'agir ? À quoi donc cette chanson
a-t-elle donc touché de si tabou, qu'on n'ose même pas donner la
raison de son interdiction ?
- À mon sens, je l'ai déjà dit, c'est qu'elle raconte les dernières heures d'un suicidé, sa détermination à mettre fin à ses jours... C'est là le vrai scandale pour les bien-pensants et ce que les dévots ne peuvent même laisser entrevoir... Car alors s'ouvrir devant leurs yeux horrifiés l'abîme terrible de la liberté absolue de l'humaine nation face à la vie et forcément, à la mort. Remarque aussi qu'il faut cacher ce fait « à ma mère... »... La mère, mais aussi, la Sainte Mère, c'est-à-dire l'Église... En effet, la « Mère » ne doit pas savoir, car elle ne peut pas savoir, car elle ne veut pas savoir...
- Et pourquoi ?
- Tout simplement, car tout son monde illusoire s'écroule... La mère n'est plus qu'un lieu de passage... Tout son pouvoir, toute sa raison d'être disparaissent... Et alors, en même temps, s'effondre le lien héréditaire, base de la transmission de la propriété... Ni la mère, ni la Société, ni Dieu ne peuvent accepter cela et en même temps, ne peuvent contrarier cet acte de liberté absolue, cette auto-euthanasie.
- Certes, le suicide est une auto-euthanasie... Des fois, souvent même, une autothanasie, car il n'est pas toujours heureux, ni facile, ni indolore.
- À voir les réactions des dévots face à l'avortement ( et le suicide est une sorte d'auto-avortement tardif, tout comme celui qui devient orphelin à cinquante ans est un orphelin, et même un orphelin conscient de l'être, un orphelin de la onzième heure, comme dit Tonton Georges – http://www.youtube.com/watch?v=jCxT2dfRC8g), leurs réactions face à l'euthanasie aussi et le comportement de certains à l'égard des « suicidés » manqués – pour un peu ils les condamneraient à mort, on voit bien la terreur de ce monde-là face à la réalité de la mort... Car ce n'est rien d'autre que leur peur de mourir que ces gens-là expriment, leur terreur face au néant qu'ils sont bien obligés au fond d'eux-mêmes de reconnaître... Car s'ils avaient en tête, ne fût-ce qu'un peu, la certitude qu'il y aurait autre chose après la vie, ils se réjouiraient de mourir et seraient les plus ardents partisans du suicide, de l'euthanasie et de tout ce qui s'ensuit...
- Mais en effet, ces gens de la Rai étaient des Tartuffes... et ont bien dû trouver une explication vaguement crédible à leur censure...
- Quant à nous, reprenons notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde menteur, hypocrite, tartuffe, sournois, jésuitique, crédule, absurde, paniqué et cacochyme.
- Heureusement !
- Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
À
l'aube, je n'y serai pas
À vous parler de moi
Je le sais que moi
Je partirai de là
Et je ne reviendrai pas
À vous parler de moi
Je le sais que moi
Je partirai de là
Et je ne reviendrai pas
Ne
dites pas à ma mère
Que je ne suis plus là
Car elle a foi en moi
Et si elle apprend cette vérité amère
De douleur, elle mourra.
Que je ne suis plus là
Car elle a foi en moi
Et si elle apprend cette vérité amère
De douleur, elle mourra.
Pour
vous tous, le soleil se lèvera
Mais ce sera toujours la nuit pour moi
L'aube fuira et pour moi, je le sais,
Tous n'auront plus que la pitié
Mais ce sera toujours la nuit pour moi
L'aube fuira et pour moi, je le sais,
Tous n'auront plus que la pitié
Ô !
Pardonnez-moi
Pardon,
pour moi, oh ! père
Et
faites que ma mère
Ne
sache jamais
Que
j'ai fini ainsi
Ainsi...