Deux
assassins dans un miroir
Chanson
de langue française – Deux assassins dans un miroir – Marco
Valdo M.I. – 2015
Voici,
Lucien l'âne mon ami, une chanson de circonstance. Tu connais les
journaux, tu connais les médias. Ils parlent de tout et de rien,
question de soutenir leur audience. Et ici, de ces jours-ci, ils font
grand bruit autour du séjour en prison d'un dénommé Dutroux,
personnage de vile réputation. Ce personnage doit sa célébrité à
ses penchants odieux et à ses actes crapuleux. Vingt ans déjà que
la société respecte l'être humain en cet assassin. Elle rêve de
le réhabiliter et il n'est pas du tout sûr qu'elle y arrive un
jour. Mais au-delà, qu'en sera-t-il ? On a déjà libéré sa
comparse et peut-être certains imaginent lui laisser un jour pareil
destin. Mais que se passera-t-il alors ? Je lisais un long
papier qui célébrait ce curieux anniversaire et j'en étais là de
ma réflexion, quand me revint à l'esprit, une tout autre histoire
où un autre assassin avait survécu – un demi-siècle – à sa
condamnation à mort et se la coulait douce, sous un nouveau nom,
dans un pays étranger.
Moi,
dit Lucien l'âne en remuant la queue, je me souviens bien de cet
abuseur et tueur de fillettes, un personnage immonde que je me
refuserai toujours à prendre sur mon dos. Il n'en est heureusement
pas question. Quant à l’autre ordure, il me paraît le reconnaître
et me souvenir de lui que l'on voyait parfois en grand uniforme
d'oberschtroumpfmachin dans certaine littérature exaltant
d'anciennes gloires habillées de noir. Mais je me demande à
présent, ce que vient faire ton grand-père dans cette affaire ?
Oh,
tu sais Lucien l'âne mon ami, que ce mien grand-père avait fait un
détestable séjour de quatre ans (1914-18) en un camp en Allemagne,
il en avait gardé un très mauvais souvenir. À la suivante, son
fils était mort des tortures… Il en gardait une colère rentrée.
Des activités de guerre clandestine, il avait conservé les
instruments et avait décidé, c'était un têtu, de faire à sa
manière justice pour son fils. Il était néanmoins patient et
savait attendre. Il attendait donc le retour auto-proclamé cent fois
de l'illustre chef de Rex à Bruxelles pour lui faire subir le sort
des collaborateurs. Mais le dénommé Degrelle, planqué en Espagne,
n'est jamais revenu. Et Grand-Père est mort sans avoir pu accomplir
ce geste qui l'aurait soulagé de sa colère. C'est en songeant à
cette idée fixe de mon Grand-Père, que je me suis posé la question
de ce qui pourrait se passer si un assassin aussi immonde était
libéré… Personnellement, je pense que s'il doit sortir un jour,
il lui faudra affronter son destin… De toute façon, ces gens-là
sont condamnés à vivre avec eux-mêmes et à se voir dans un
miroir. Ce qui n'est pas rien : « Miroir, beau miroir,
dis-moi qui je suis ? Un assassin, une brute, une crapule... »
Vu
comme ça, il vaudrait peut-être mieux qu'il ne sorte pas… C'est
aussi, ce que je pense. Mais laissons cela, ces gens méprisables et
leur destin, nous n'avons pas grand-chose à en faire. Reprenons
notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde hanté par la
douleur, malade d'egos détraqués, d'orgueils hypertrophiés et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Monsieur
Dutroux vit encore
Que
se passera-t-il s'il en sort ?
Triste
destin
Que
celui d'un tel assassin.
Oublier
n'est pas un mot populaire
Et
qui croira à la réhabilitation
D'un
tel pensionnaire
D'innombrables
prisons.
Feu
mon grand-père tenait de côté
Dans
un coffret bien fermé
Certaine
arme automatique
Certaines
balles magiques.
Il
tenait tout cela sous clé
Depuis
fort longtemps, depuis plus de vingt ans :
Une
arme, des balles, un instrument de résistant
Souvent
graissé, à un usage préservé.
Il
l'avait réservé à certain exilé
Qui
en un lieu protégé,
Loin
de Sainte Gudule,
Ressassait
mille gloires ridicules.
Mais
jamais n'est revenu à Bruxelles
De
sa retraite ibérique
L'Oberschtroumpfführer
Degrelle.
Grand
Papa a rangé son automatique.
Monsieur
Dutroux vit encore ;
On
ne sait rien de ses remords.
En
a-t-il eu d'ailleurs ?
Ira-t-il
chez les bonnes sœurs ?
Monsieur
Dutroux vit encore ;
Que
se passera-t-il s'il en sort ?
On
ne connaît jamais l'heure et le décor
Où
l'insatiable Dame vient et mord.