lundi 22 avril 2019

LE CAS CAMPANA

LE CAS CAMPANA



Version française – LE CAS CAMPANA – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienne – Caso CampanaRebi Rivale – 2011







Dédié au grand poète florentin, mort après des années de réclusion dans un asile.

Dialogue Maïeutique


Oh, dit Lucien l’âne, c’est une belle dédicace, mais quand même, j’aimerais savoir qui était ce grand poète florentin, car il doit y avoir plus d’un poète florentin ; la chose est certaine. Quant à la taille ou la grandeur, sans doute la grandeur, elle est relative. Bref, cette expression est équivoque et d’autant plus, si – comme toi et moi, on est des ignares en matière de poètes florentins. Raison de plus pour nous informer.

Tu as parfaitement raison, répond Marco Valdo M.I. et n’eut été la notice de Riccardo Venturi, je n’aurais même jamais pu deviner de qui il pouvait bien s’agir. Il n’y aurait rien eu là de mal, mais je peux répondre à ton interrogation. C’est le miracle contemporain que de pouvoir à toute vitesse retrouver la trace d’un inconnu. Lors donc, il me faut combler cette lacune et te parler un peu de ce poète mystérieux. Mais avant pour bien faire sentir la difficulté, je te dirai de façon aussi lapidaire que je dédie ce dialogue au grand poète bruxellois, qui tel la rose de Ronsard mourut à peine éclos.

J’admets, dit Lucien l’âne, que pour la plupart des gens, ce serait une fameuse colle. N’était-ce pas celui à qui on fit un joli monument pas loin du bois et où on grava de ses vers :
Sur le banc, on peut lire :

« Qui m’écoute chanter me garde de mourir »

et sur la fontaine :

« Je t’offre un verre d’eau glacée
N’y touche pas distraitement,
Il est le prix d’une pensée
Sans ornement ».

Et si je ne me suis pas trompé, c’est Odilon Jean Périer (1901-1928), mais j’ignore toujours de qui il est question dans cette chanson.

C’est bien lui, rétorque Marco Valdo M.I. ; quant à celui de la chanson, il s’agit de Dino Carlo Giuseppe Campana (1885-1932), dont l’existence fut assez tumultueuse. Il passa notamment, dit-on, par l’Argentine et Bruxelles où on dut l’interner avant de le remettre à sa famille en Italie, où il finit sa vie à l’asile des années plus tard, comme il est dit plus haut. Je n’en dirai pas plus si ce n’est deux trois mots pour insister sur le fait que ceci est une version ; ce qui veut dire en clair, qu’il pourrait en exister tant d’autres que j’en ai le tournis.

Ah, dit Lucien l’âne, voilà quand même un double mystère levé ; c’est déjà pas mal. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde mystérieux, glauque, incompréhensible et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






J’écris je ne sais quoi, pourtant
Je suis un pauvre diable qui écrit comme il entend,
Les mains d’un pauvre diable écrivent avec le sang.


Seul,
J’étais libre et seul.
J’ai vécu parmi les faucons et les putes.
Je partage corps et âme
En écrivant des paroles
De vent, de nuages, de terre,
De soleil et d’ombres.


Ah ! Je vous en conjure, Docteur,
Toutes ces questions dévorent mon cœur
Je ne sais pas si c’est réel ou seulement une idée.
Un parfum de roses volutées,
Inattendues, cherchées, trouvées,
Balafrées de larmes,
De sang et d’épines.
Si seulement je savais comment oublier
Le bruit des pétales tombés
Sur ce voyage trop court
Que nous, nous avions appelé
Amour.
Ils ont tué mon amour
Et moi, je ne sais aucun autre rêve ou une consolation,
Si je suis en vie depuis un siècle ou une seule saison.


Je pars
Pour aller loin des voix,
Qui criaient « le fou » ;
Des yeux qui m’ont rendu fou,
Vous savez, docteur, comme il est dur de rester là,
Quel grand courage, il nous faut à nous.


Ah ! Ma tête qui explose.
N’entendez-vous pas ce bruit lointain qui gronde ;
Je ne sais plus si c’est mon monde
Ou la pluie qui tombe.


Un parfum de roses volutées,
Inattendues, cherchées, trouvées,
Balafrées de larmes,
De sang et d’épines.
Si seulement je savais comment oublier
Et défleuries les roses, qu’est-il resté ?
Un amour arraché des mains et ensuite, égaré.
Elles étaient miennes, ses roses des jours jamais été ;
Ses roses étaient mes roses, ensuite oubliées pour toujours
Dans ce voyage que nous, nous avions appelé
Amour.
Ils nous ont tué l’amour
Et moi, je n’ai plus de réponses, je ne veux pas parler.
Et j’oublie un nom,
Son nom,
Mon nom.