jeudi 12 avril 2018

GÜLDÜNYA


GÜLDÜNYA


Version française – GÜLDÜNYA – Marco valdo M.I. – 2018
tirée de la traduction italienne – GÜLDÜNYAFlavio Poltronieri – 2018
d’une chanson turque – GüldünyaZülfü Livaneli2005
Paroles et musique : Zülfü Livaneli




Livaneli écrivit et dédia la chanson à une fille victime d’un crime d’honneur.
Son nom Güldünya est composé de deux différents mots
 : la première partie « Gul » est aussi bien le nom « Rosa » que le verbe « rire », la seconde partie « dünya » signifie par contre « monde ».

Dialogue maïeutique


Vois-tu, Lucien l’âne mon ami, la chanson raconte la très triste histoire de Güldünya, une jeune fille turque qui vivait dans Istamboul, la ville la plus moderne et la plus européanisée de Turquie. Elle s’était bercée de l’illusion qu’un tel monde serait civilisé et serait capable d’atteindre la hauteur nécessaire pour donner vie à la dignité humaine, à la dignité d’être et de société humaines. C’était une illusion et Güldünya a payé très cher cette erreur de jugement : elle a voulu vivre selon ses amours, elle en est morte ; pour raison d’amour, ils l’ont assassinée.

Que racontes-tu, Marco Valdo M.I. mon ami, qu’est-il arrivé à cette jeune femme, je pressens une tragédie ?

Une tragédie, Lucien l’âne mon ami, c’en est une, assurément ; mais c’est aussi une ignominie et en langage plus cru comme le dirait le populaire, une franche saloperie. Et le pire, le pire de tout, c’est qu’ils appellent ça un « crime d’honneur ». À mon sens, il s’agit plutôt d’un « crime d’horreur ».

Un « crime d’honneur », un « crime d’horreur » ?, dit Lucien l’âne en dressant ses oreilles à la verticale, de quoi s’agit-il ?.


En clair, Lucien l’âne mon ami, Güldünya a été purement et simplement assassinée parce qu’elle avait voulu connaître et accomplir sa liberté d’être humain et sa liberté d’être humain féminin ; car elle avait décidé de suivre le penchant de son cœur et refusé de se soumettre au diktat de la religion, qui n’est rien d’autre qu’un résidu d’antiques coutumes paysannes arriérées.

Oh, dit Lucien l’âne qui en a vu d’autres, prudence, prudence, il faut être prudent avec les religions. Car les religions sont des engeances rancunières et assassines.

Oh, Lucien l’âne mon ami, je le sais et ô combien, je le sais. J’ai écrit tant de choses à propos des persécutions et assassinats de la religion catholiquedu sac de Jérusalem aux massacres d’Albi, de Béziers et de Montségur, à la torture de Claes le père de Till, à sa mort sur le bûcher, à celle de Viviani et de Bruno, à celui de Dolcino et de tant d’autres, etc., on n’en finirait pas. Mais dans ce cas-ci, il s’agit de la religion musulmane, des prescriptions du Coran et des délires machistes du prophète, relayant les ukases divins. Ah, si cette religion se contentait de mener des guerres saintes contre les religions concurrentes, je n’y trouverais pas trop à y redire ; en quelque sorte, ils laveraient leur linge sale en famille. Mais elle est plus pernicieuse, plus perverse encore, au moins autant que ne le furent les religions chrétiennes. Elle intervient dans la vie privée, quotidienne et intime de millions et de millions d’enfants (par le baptême, la circoncision ou l’excision), de femmes et d’hommes. Les religions, foi de Marco Valdo M.I., sont toutes indistinctement des machines autoritaires et indiscrètes ; toutes sont les ennemies de la liberté.

Pour ce que j’en ai vu au cours des âges, dit Lucien l’âne, tu as raison. J’ai vu les juifs se massacrer entre eux, les chrétiens massacrer les juifs, les musulmans massacrer les chrétiens et les juifs, les hindous massacrer les musulmans et inversement.

La religion est un sport dangereux, j’en conviens, dit Marco Valdo M.I.; cependant, il faut en sortir un jour ou l’autre de ce cercle infernal et à mon sens, la seule et unique manière s’est de se reconnaître tous comme des êtres vivants et de s’accorder sur cette seule base, sans l’intervention d’un être supraterrestre, sans l’intercession d’un dieu, qui en dehors de l’imaginaire de certains, n’existe tout simplement pas.


Sur ce point, Marco Valdo M.I. mon ami, je te rejoins totalement. D’ailleurs, il suffit de lire La Déclaration Universelle des Droits de l’Âne pour se convaincre que l’âne est athée. À ce sujet, il faut en toute objectivité constater qu’à la naissance, l’homme – dans toutes ses déclinaisons – est athée comme l’âne ou n’importe quel être – animal, végétal, minéral, gazeux, vide… et que tous les vivants redeviennent athées à leur mort, pour autant qu’ils se soient égarés durant leur existence dans les arcanes d’une religion ou d’une autre.

En effet, Lucien l’âne mon ami, tu fais bien de le rappeler : à la naissance, tout le monde – absolument tout le monde – est athée. Ce n’est qu’ensuite, qu’on pousse l’être humain dans les bras des religieux, qu’on fait gober l’existence d’un Dieu ou de plusieurs, qu’on le rend croyant et crédule. Tu fais tout aussi bien de rappeler que l’être humain abandonne avec sa vie toute coloration religieuse et redevient athée, quand il meurt.

Maintenant, Marco Valdo M.I., pour cette fois, il est temps de conclure et de reprendre notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde absurde, assassin, ignoble, infect, religieux, croyant, crédule, idiot et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi parlaient Marco Valdo M..I. et Lucien Lane


Güldünya Güldünya !
Le monde crie, le monde rit.
Ils abattent Güldünya,
Écoute ce que je dis !

Istamboul est pleine de quartiers
Aux maisons peintes en blanc.
Ils abattent Güldünya :
L’arbre de la jeunesse est bri

Güldünya Güldünya…

Istamboul est pleine de bazars
Et d’hommes aux cœurs barbares.
Si on ne respecte pas leurs traditions,
Une tombe noire est la punition.

Güldünya Güldünya...