mercredi 3 juillet 2019

Juste l’Exécuteur



Juste l’Exécuteur


Chanson française – Juste l’Exécuteur – Marco Valdo M.I. – 2019






Dialogue Maïeutique

Il te souviendra, Lucien l’âne mon ami, des chansons l’une était une chanson allemande intitulée Der Henker, dont logiquement la version française s’intitulait, LE BOURREAU et l’autre, une chanson française de Boby Lapointe qui portait le titre de « Sentimental Bourreau ».

Oui, très bien Marco Valdo M.I. mon ami et je me souviens même d’une autre chanson de « bourreau », sortie de ta plume, il y a plus longtemps et qui s’intitulait : « La Faim du Bourreau ». En aurais-tu une nouvelle à proposer ?

En effet, Lucien l’âne mon ami. Cependant, je ne vais pas lui donner le titre de Bourreau, mais celui d’un nom synonyme ou presque : celui d’Exécuteur, comme il est d’ailleurs rappelé dans la chanson de Boby Lapointe à propos du petit bourreau beau, qui :

« Des hautes et basses œuvres
Était exécuteur »

Mais, dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, cette chanson me rappelle quelque chose, à la regarder, on dirait une parodie.

Oh, Lucien l’âne mon ami, non seulement tu as des oreilles, mais tu as aussi des yeux. En effet, elle doit rappeler quelque chose à ton œil vigilant, quelqu’autre chanson. En fait, c’est une parodie et même, une double parodie. En premier, je l’ai imaginée en travaillant la version française de « Der Henker », quand il disait :

« J’étais juste un petit écrou
De la machinerie géante de l’État
 !
C’était mon travail après tout.
Je ne décidais jamais, moi
 ! »

Cette lamentation m’a rappelé celle du fossoyeur de Georges Brassens (Le Fossoyeur – 1953), qui chantait – je la mets en entier pour ceux qui ne la connaissent pas  :

« Dieu sait que je n’ai pas le fond méchant,
Je ne souhaite jamais la mort des gens  ;
Mais si l’on ne mourait plus,
Je crèverais de faim sur mon talus.
Je suis un pauvre fossoyeur.

Les vivants croient que je n’ai pas de remords
À gagner mon pain sur le dos des morts ;
Mais ça me tracasse et d’ailleurs,
Je les enterre à contrecœur.
Je suis un pauvre fossoyeur.

Et plus je lâche la bride à mon émoi
Et plus les copains s’amusent de moi ;
Ils me disent : « Mon vieux par moment,
Tu as une figure d’enterrement. »
Je suis un pauvre fossoyeur.

J’ai beau me dire que rien n’est éternel,
Je ne peux pas trouver ça tout naturel ;
Et jamais je ne parviens
À prendre la mort comme elle vient.
Je suis un pauvre fossoyeur.

Ni vu ni connu, brave mort adieu !
Si du fond de la terre, on voit le Bon Dieu,
Dis–lui le mal que m’a coûté
La dernière pelletée.
Je suis un pauvre fossoyeur. »

Mais pas seulement, car la fin de la chanson est une parodie de Serge Gainsbourg, ou un rappel ou un clin d’œil à son poinçonneur des Lilas, qui disait :

« Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous ;
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous. »
Comme tu le verras, c’est un bourreau qui plaide pour lui-même et qui explique sa situation un peu délicate, mais aussi, à juste raison, renvoie la responsabilité de ses actes à la société. Évidemment, depuis la récente disparition – dans nos pays – de la peine de mort, il n’y a plus d’exécutions. Cela dit, le bourreau est-il plus responsable que le militaire qui bombarde ou l’ouvrier qui usine des fusils, des balles, des canons ?

Et puis, dit Lucien l’âne, je me demande parfois à voir certains assassins ou autres violeurs en série, s’il est mieux pour eux de séjourner jusqu’à ce que mort s’ensuive dans une cellule. N’est-ce pas une autre forme d’exécution plus perverse encore ? Et puis, c’est pire encore quand on les relâche et qu’ils récidivent. En somme, ça revient aussi à imaginer qu’il y a assassin et assassin, qu’il faudrait distinguer entre l’assassinat et l’assassinat ; qu’il faudrait admettre que la prison n’est pas la panacée et moins encore, l’asile psychiatrique. Laissons de côté l’idée de punition, qui est une véritable absurdité, mais il faut quand même considérer que pour d’aucuns, il faut les mettre hors jeu définitivement. Ce sont d’angoissantes pensées et très dérangeantes. En tout cas, moi, je ne tranche pas. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde complexe, contradictoire, angoissant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Je ne m’appelle pas Don Juan,
Je ne suis pas bourreau des cœurs,
Mademoiselle, pour un amant,
Il faudrait vous adresser ailleurs.
Je suis Juste l’exécuteur.

Pour trancher de braves mortels,
Je mets ma tenue la plus belle
Et avec mes gants tout doux,
Je leur arrange le cou.
Je suis Juste l’exécuteur.

À celle ou celui que j’étête,
Je dis : « Ne sois pas si bête,
Et surtout, ne tire pas la tête,
Car c’est du travail d’esthète ! »
Je suis Juste l’exécuteur.

Ils trouvent tous que je suis effrayant,
Car je coupe tout net le cou des gens
Mais moi, je ne fais qu’exécuter
L’ordre qu’on m’a donné.
Je suis Juste l’exécuteur.

Ils disent que ce n’est pas bien
De prendre la vie de l’assassin,
Mais moi, ça me fait mal au cœur
De gagner ma vie comme tueur,
Je suis Juste l’exécuteur.

Ma main tue le tueur sans émoi
Et de moi, les gens ont une sainte horreur,
Ils trouvent que je n’ai pas de cœur,
Mais moi, je ne tue qu’un homme à la fois,
Je suis Juste l’exécuteur.

Je garde toujours tout mon sang-froid
Quand le sang chaud coule sur mes doigts.
Ça n’a rien de rigolo,
C’est la règle dans ce boulot.
Je suis Juste l’exécuteur.

Moi, je tranche les cous sans trembler
Et les têtes tombent dans mon panier.
Je coupe les cous, les petits cous, les grands cous  ;
Les gros cous, les fins cous, toutes les sortes de cous :
Des cous de première classe,
Des cous de seconde classe.

Mais faut pas m’en vouloir, j’ai bon cœur.
Je suis Juste l’exécuteur.
Je suis Juste l’exécuteur.

mardi 2 juillet 2019

ÈVE ÉTAIT NOIRE



ÈVE ÉTAIT NOIRE


Version française – ÈVE ÉTAIT NOIRE – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienne – Eva era neraCrifiu – 2019






Dialogue Maïeutique


Tu vois, Lucien l’âne mon ami, non seulement Dieu est une femme, mais en plus Ève était noire. On l’appelle l’Ève mitochondriale et elle est considérée comme la plus récente ancêtre commune par lignée maternelle de l’Humanité. De sa génération, seule l’Ève Mitochondriale a produit une chaîne ininterrompue de filles jusqu’à aujourd’hui et elle est la seule de laquelle tous les humains descendent en ligne maternelle. Elle vint au monde dans l’actuel Soudan et elle était, comme il est dit, noire. C’était au temps de la préhistoire, voici deux ou trois cent mille ans

Il y a de quoi perturber les esprits chagrins, dit Lucien l’âne, mais moi qui ai une longue pratique des Dieux, des Déesses et des apparences colorées des humains, je trouve la chose plaisante. D’autant plus plaisante qu’elle bouscule les certitudes des imbéciles. L’autre jour d’ailleurs, en présentant ta chanson Le Petit Navire, la Capitaine et les Réfugiés, on se demandait ici d’où venaient les Lombards, en disant :

« Mais au fait, d’où sont venus les Lombards ? D’Afrique, forcément, comme nous tous, sauf peut-être les Néandertaliens, mais on les a éliminés. »

Ah, dit Marco Valdo M.I., ce fut d’ailleurs une idiotie d’éliminer les Néandertaliens, mais on ne peut revenir sur les erreurs passées. Par contre, on peut éviter d’en commettre dans le futur, et même avec intelligence, d’en commettre dans le présent. Ce qui me désole, c’est de voir sans cesse ressurgir les vieilles haines et d’entendre sempiternellement les lieux communs, ces authentiques bêtises colportées depuis tant de temps.

Mais que veux-tu, Marco Valdo M.I. mon ami, les gens en place trouvent tous les moyens pour conserver leurs privilèges ; ils ont tellement peur de les perdre, qu’ils diffusent la haine, la peur par mille slogans tous plus idiots les uns que les autres. Ainsi les moutons et les brebis font tout un raffut de leurs bêlements.

Enfin, reprend Marco Valdo M.I., ce qui me paraît réjouissant, c’est de voir cette chanson tout frais conçue – elle est de cette année, car elle prouve que malgré les selfies, les touites et les linques, il y a des voix qui vont en sens contraire et obstiné de la détestable « vox populi », vieille matrice de tous les avilissements. Ainsi, face à elle, on ne désarme pas – Ora e sempre : Resistenza ! dans cette Guerre de Cent Mille Ans.

C’est en effet à cet avilissement de la société que nous devons résister, nous ne voulons pas d’un monde aveuli. Alors tissons le linceul de ce vieux monde veule, vilain, glauque et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Vous dites « l’Italie aux Italiens », c’est bien beau.
Mais ce sont des Italiens qui ont leurs capitaux
Cachés dans une mallette, attentifs lors des escales,
À la destination choisie : un paradis fiscal.


Si vous étiez un homme, vous seriez une sale bête.
Qui laisse les navires chargés couler au large des côtes.
Mêlé de gènes de l’Est et de l’Ouest est votre sang,
Mais dans votre tête, vous n’avez pas le bon sang.


Dans ma tête, il y a des chansons anglaises et espagnoles
Dans mes veines, le savoir de Platon et de Virgile.
Sur ma table des plats de couscous, des kebabs
Et l’islam et je compte en chiffres arabes.


Mais vous oubliez
Que nous sommes tous enfants d’émigrés
Je ne dis pas de Suisse ou d’Amérique,
Mais directement d’Afrique.


Ève était noire
Ève était noire
Ève était noire
Ève était noire


Désolé de vous perturber,
Mais je dois vous révéler
Que vous avez de proches parents
Qui proviennent directement
D’Afrique noire.
Ève était noire,
Ève était noire.


Excusez quand vous dites : « Aidons-les dans leurs pays »,
Ce sont nos pays que vous avez ravagés à la recherche du profit.
La tête penchée sur le globe, assis à votre table,
Vous avez tracé des frontières à la règle.


Dans ma langue : des mots français et portugais ;
Dans ma maison : des tapis persans et libanais ;
Dans mes rues : la pluie de sable du Sahara
Et j’ai appris à chanter lala, lala.


Et puis on a oublié à présent
Que nous sommes tous enfants d’émigrants,
Je ne dis pas de Suisse ou d’Amérique.
Mais directement d’Afrique.


A-A-Afrique, A-A-Afrique, A-A-Afrique


Ève était noire
Ève était noire
Ève était noire
Ève était noire


A-A-Afrique, A-A-Afrique, A-A-Afrique


Désolé de vous perturber,
Mais je dois vous révéler
Que vous avez de proches parents
Qui proviennent directement
D’Afrique noire.
Ève était noire,
Ève était noire.


samedi 29 juin 2019

Le Petit Navire, la Capitaine et les Réfugiés

Le Petit Navire, la Capitaine

et les Réfugiés


Chanson française – Le Petit Navire, la Capitaine et les Réfugiés – Marco Valdo M.I. – 2019


Capitaine Courage – Carola Rackete, capitaine du Sea Watch 3


Cette canzone a été écrite pour saluer la capitaine Courage – Carola Rackete, capitaine du Sea Watch 3, qui avait forcé (force majeure que ça s’appelle) le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l’Intérieur d’extrême droite – catho-fasciste, dont on ne veut pas prononcer le nom qui donne la nausée – Que la honte et la peste emportent cet idiot (ce qualificatif est juste la constatation d’un fait) ! Comme chantait Georges Brassens : « Quand on est con, on est con ! »
Carola Rackete a été arrêtée dans la nuit de vendredi à samedi, avant que ne débarquent 40 migrants bloqués à bord depuis 17 jours.





Dialogue Maïeutique

J’avais déjà abordé, commence Marco Valdo M.I.

C’est le cas de le dire, dit Lucien l’âne.

Ne m’interromps pas, Lucien l’âne mon ami. Donc, j’avais déjà abordé cette question des « boat people » dans une chanson intitulée « Le Radeau de Lampéduse », où il était dit :

« Et pendant ce temps-là, en Méditerranée,
Des barques à ras bord remplies,
De toutes parts submergées,
Sans timon ni voile ni quille,
Avec des pleurs et des hurlements
Rejouent sempiternellement
Le Radeau de la Méduse
Sur un canot au large de Lampéduse. »

Et tu anticipais fortement les événements, dit Lucien l’âne, dans cette autre chanson « Les grands Sentiments », où il était dit :

« Monsieur le Ministre, il faut que je vous explique
Ces personnes ont de grands principes,
Ils ne pensent qu’à sauver les gens
En vertu de grands sentiments.

Monsieur le Ministre, ce sont de braves types
Qui
s’en tiennent à leurs grands principes,
Et qui se fichent des ordres du gouvernement
En vertu des grands sentiments.

Monsieur le Ministre, c’est une petite équipe,
Mais elle a de grands principes,
Et pour l’aider, les gens lui donnent de l’argent,
En vertu des grands sentiments.

Monsieur le Ministre, ce sont des gens très pacifiques
En vertu de leurs grands principes
Mais ils ont armé un bâtiment
En vertu des grands sentiments. »

D’ailleurs, je pense qu’il faudrait offrir à ce sinistre ministre un canard en plastique pour qu’il puisse jouer dans sa piscine et foutre la paix aux gens de bonne volonté.

Oh, Lucien l’âne, ce n’est pas si simple, car ce genre de ministre, très sinistre, sait jouer des pires sentiments de certaines gens. Et ça marche assurément. D’ailleurs, ce sont les mêmes qui ont mené l’Italie pendant le Ventennio et d’ailleurs, ils l’y ramènent à présent. La fois d’avant, l’addition de leurs bêtises et celles de leurs amis fit quarante millions de morts. Ce sont des gens qui ne font pas dans le détail. Mais c’est une des conséquences de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches, les puissants, les installés, les « premiers occupants » mènent systématiquement contre les pauvres, les faibles, les nouveaux arrivants afin d’assurer leur domination et protéger leurs privilèges. Mais au fait, d’où sont venus les Lombards ? D’Afrique, forcément, comme nous tous, sauf peut-être les Néandertaliens, mais on les a éliminés.

Je sais tout cela, Marco Valdo M.I., mais je sais aussi que le « vent tourne » et que malgré les naufrages, les tempêtes, les tirs de barrage, les « limes », les frontières tant gardées finissent par s’effondrer, l’empire (Impero) finit toujours pas céder. Mais dis-moi, la chanson, on dirait une comptine.

Mais évidemment, Lucien l’âne, comme si tu ne le savais pas. Tous les enfants de France, de Navarre, du Québec, de Suisse, de Wallonie et même, de très nombreux enfants d’Afrique la connaissent très bien. Ils l’apprennent dès la petite enfance. C’est « Le petit Navire », dont j’ai fait une parodie en gardant la forme et la musique. Tout le monde pourra la chanter ; c’est très facile. Si on la traduit en italien, des chœurs d’enfants pourraient la seriner au ministre sinistre.

Et chaque fois, lui offrir un canard jaune en plastique, pour sa piscine, conclut Lucien l’âne. Et puis, lui rappeler à ce sinistre ministre que nous – tous tant que nous sommes – nous sommes tous des migrants ou des descendants de migrants, tous des réfugiés. Imagine simplement que comme veut le faire le ministre sinistre, on renvoie en Italie, tous les migrants et descendants de migrants italiens, qui sont des dizaines de millions à travers le monde et disant : « Bien le bonjour chez vous ! ». Ce serait ignoble, absurde, imbécile, évidemment. Mais c’est ce que le ministre sinistre et ses amis veulent faire avec les enfants d’Afrique. Alors, tissons avec plus d’ardeur encore le linceul de ce vieux monde ignoble, abject, ipséiste et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Il était un petit navire (bis)
Qui s’en allait sauver (bis)
Des réfugiés.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Il entreprit un long voyage (bis)
Sur la mer Mé- Mé- Méditerranée (bis)
Ohé ! Ohé !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Au bout de cinq à six semaines, (bis)
Il repêcha cinquante réfugiés. (bis)
Ohé ! Ohé !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Il les sortit de la mélasse, (bis)
Pour en un lieu sûr les ramener. (bis)
Ohé ! Ohé !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Le soir tomba sur les réfugiés, (bis)
Qui, qui, qui se mirent à pleurer. (bis)
Les morts noyés !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Il met le cap vers le port à proximité, (bis)
Pour déposer les survivants des réfugiés. (bis)
Et demande l’hospitalité
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

En Italie, il y a un ministre, (bis)
Un personnage vraiment sinistre, (bis)
Qui lui interdit d’accoster.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Pendant qu’ainsi on délibère, (bis)
La capitaine monte sur son grand hunier (bis)
Sans se démonter.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Elle lance au monde un message : (bis)
Il faut sauver ces réfugiés, (bis)
On ne peut en enfer les rejeter.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Mais regardant la Terre entière, (bis)
Elle voit des flots !, flots !, flots ! de tous côtés, (bis)
Elle se demande où accoster.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

La réponse est vite arrivée ; (bis)
En Europe, on veut les accepter (bis)
Tous ces réfugiés.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Alors, alors, la capitaine, (bis)
Fille hardie au port de reine, (bis)
Vers un port d’Italie les emmène.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Tout le monde pense le problème réglé (bis)
Et que le bateau va pouvoir accoster, (bis)
Et les sauver.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

C’était compter sans le ministre, (bis)
Qui dans son mental sinistre, (bis)
À la mer veut les rejeter.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

La capitaine dit : « Par devoir humanitaire, (bis)
Mes obligations sur la mer, (bis)
C’est de les conduire à terre.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Alors, la capitaine dit malgré l’interdiction, (bis)
Nous allons accoster au quai sans façon, (bis)
Et l’Europe la salue à l’unisson.
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Pour saluer cette capitaine Courage, (bis)
Cette chanson j’ai composé. (bis)
Nous allons la, la, la recommencer,
Ohé ! Ohé !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots ! !
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots !

Envoi :

Quant au sinistre ministre, (bis)
Il n’a plus qu’à, qu’à, qu’à aller jouer (bis)
Avec son canard en plastique !
Ohé ! Ohé ! Matteo, Matteo navigue sur les flots !
Ohé ! Ohé ! Matteo, Matteo navigue sur les flots !


jeudi 27 juin 2019

LA VALLÉE DE LA JARAMA


LA VALLÉE DE LA JARAMA


Version française – LA VALLÉE DE LA JARAMA – Marco Valdo M.I. - 2019
d’après la version italienne – LA VALLE DEL JARAMA – Riccardo Venturi – 2019
d’une chanson anglaiseJarama ValleyAlex McDade – 1937 et de la version « Bataillon Lincoln » – 1937
Pour les détails historiques, voir Brigade Abraham Lincoln et Bataille du Jarama


















LA VALLÉE DE LA JARAMA – Version originale – Alex MacDade



Il y a une vallée en Espagne appelée Jarama,
C’est un endroit que nous connaissons tous si bien,
C’est là que nous avons perdu notre jeunesse,
Et la plupart de nos vieux jours aussi.



De cette vallée, ils nous disent que nous partons.
Mais ne vous hâtez pas de nous dire adieu.
Car même si, nous devions partir
Nous serions de retour en une heure ou deux.



Oh, nous sommes fiers de notre bataillon britannique,
Et le record du marathon qu’il a fait,
S’il vous plaît, faites-nous cette petite faveur.
Et retenez ce dernier mot de la Brigade :



« Vous ne serez jamais heureux avec des étrangers,
Ils ne vous comprendraient pas comme nous,
Alors souvenez-vous de la vallée de la Jarama
Et les vieillards qui attendent patiemment ».



LA VALLÉE DE LA JARAMA – Version « Bataillon Lincoln »






Il y a une vallée en Espagne appelée Jarama.
C’est un endroit que nous connaissons tous bien.
Car c’est là que nous avons révélé notre humanité
Et où nombre de nos courageux camarades sont tombés.



Nous sommes les hommes de la brigade Lincoln
Et nous sommes fiers de la résistance que nous avons menée
Car nous savons que les gens de la vallée
Se souviendront de la brigade américaine.



De cette vallée, ils disent que nous allons partir
Ne vous pressez pas de nous dire adieu
Même si nous avons perdu la bataille pour Jarama
Nous libérerons cette vallée.



Vous ne trouverez jamais la paix avec les fascistes,
Vous ne connaîtrez jamais des amis comme nous,
Alors, souvenez-vous de la bataille pour Jarama.
Et de ceux qui veulent libérer cette vallée.



Il y a une vallée en Espagne appelée Jarama.
C’est un endroit que nous connaissons tous bien.
Car c’est là que nous nous sommes battus avec les fascistes.
Et nous avons vu cette agréable vallée se muer en Enfer.

mercredi 26 juin 2019

Sentimental Bourreau



Sentimental Bourreau

 
Chanson française – Sentimental BourreauBoby Lapointe – 1970









Dialogue Maïeutique

Encore une chanson de bourreau, qu’est-ce qui te prend ?, Marco Valdo M.I. mon ami.

Oh, Lucien l’âne mon ami, c’est tout simplement un effet de ce qu’on appelle l’esprit de suite. Une chanson en appelle une autre à l’oreille ou à la mémoire. Tout le monde connaît ce phénomène ; c’est d’ailleurs une des caractéristiques de la chanson que cette manie du refrain qui colle et elle est souvent détestable.

Oh combien, dit Lucien l’âne, et tu peux imaginer ce que c’est pour moi qui ai de si grandes oreilles ! Enfin, je connais ce ressac usant que font les refrains, surtout la nuit. Il est même possible, Marco Valdo M.I. mon ami, que tu découvres un autre chanson sur ce sujet.

Peut-être, Lucien l’âne mon ami. En attendant, ce bourreau-ci est l’œuvre de l’ami Boby Lapointe et regarde quand il a présenté cette chanson : c’était en 1970.

Oui, et alors ?, demande Lucien l’âne.

Et alors ?, reprend Marco Valdo M.I. En 1970, la peine de mort était encore inscrite dans le Code Pénal en France ; la base était constituée par les célébrissimes articles de 1791 qui disent :

« Article 2
La peine de mort consistera dans la simple privation de la vie, sans qu’il puisse jamais être exercé aucune torture envers les condamnés.
Article 3
Tout condamné aura la tête tranchée.
Article 4
Quiconque aura été condamné à mort pour crime d’assassinat, d’incendie ou de poison, sera conduit au lieu de l’exécution revêtu d’une chemise rouge.
Le parricide aura la tête et le visage voilés d’une étoffe noire ; il ne sera découvert qu’au moment de l’exécution.
Article 5
L’exécution des condamnés à mort se fera dans la place publique de la ville où le jury d’accusation aura été convoqué. »

Oh, dit Lucien l’âne, ça rigolait pas en ces temps-là. Mais pourquoi donc la « tête tranchée » ?

La tête tranchée et pas la pendaison ou d’autres manières, répond Marco Valdo, par souci d’égalité, c’est une application de la démocratie. Tout le monde n’avait pas droit au vote, mais « Tout condamné à mort avait la tête tranchée ». C’est un article qui instaurait une réelle égalité révolutionnaire.

Et, elle était encore existante du temps de la chanson ?, s’étonne Lucien l’âne.

En effet, la peine de mort ne disparaîtra de la loi française qu’en 1981. De plus, au temps de la chanson, elle était encore appliquée. La dernière exécution (en France) date de 1977. Donc, la chanson avait un sens très particulier pour qui voulait l’entendre. Connaissant Boby Lapointe, ami de Georges Brassens avec qui il allait en tournée ces années-là, tu peux comprendre tout ce qu’il y a derrière ce « petit bourreau beau » – « petit bout robot ». C’est là un sujet tabou et une profession dont on ne parle pas et à laquelle on n’applique une telle dose d’acide ironique. Bref, on ne rit pas du bourreau, pas plus que ne rit de la mort ou de Dieu.

Oui, dit Lucien l’âne, je vois ça, mais le bourreau devait encore exister en France en 1970.

Effectivement, dit Marco Valdo M.I.. Il sera actif jusqu’en 1977, année où il procéda à la dernière exécution avec comme aidant son fils, qu’il préparait à prendre sa succession. Cependant, question d’humour noir et d’ironie appliqués au bourreau, je te lègue cette citation : « Tous les journaux s’accordèrent à rendre justice au jeune monsieur Deibler qui montra pour ses débuts à Paris un tournemain et une aisance de vieux praticien. Jeune, élégant, vêtu d’une redingote de couleur sombre, comme un témoin de duel sélect, il réalise dans la perfection le type du bourreau moderne. On peut, après cet heureux essai, lui prédire une belle carrière et un nombre respectable de représentations. » (Annales politiques et littéraires du 12 février 1899)

Bon, reprend Lucien l’âne, humour toujours, ainsi finit l’ère des bourreaux de France. Mais une dernière question, si tu permets. Pourquoi « Sentimental » ?, ça m’intrigue.

Eh bien, Lucien l’âne, c’était une manière de rappeler que le bourreau est aussi un être humain. Il n’était d’ailleurs « bourreau » que les jours d’exécution – c’était un emploi à temps partiel, un métier intermittent, qui ne nourrissait pas son homme ; il lui fallait un autre emploi pour le reste du temps. Ce monsieur tout le monde, ce travailleur, comme tous les autres, pouvait éprouver des sentiments – en laissant le travail de côté.

En somme, dit Lucien l’âne, c’est un citoyen comme un autre avec femme(s), enfant(s), travail, famille, patrie, etc., mais aussi, tant qu’il y a une peine de mort, c’est un rouage indispensable de la société. C’était quand même un sale boulot ; mais à considérer la chose, il n’en tue qu’un à la fois ; à côté d’autres, c’est de l’artisanat. Quant à nous qu’une telle profession hérisse et rebiffe, tissons le linceul de ce vieux monde mortel, mortifère, morticole et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Il était une fois,
Un beau petit bourreau,
Pas plus grand que trois noix
Et pas beaucoup plus gros ;
Des hautes et basses œuvres
Était exécuteur
Et pour les basses œuvres,
Était à la hauteur ;
N’avait jamais de trêve
Et jamais de repos,
Car en place de Grève,
Il faisait son boulot.


Pourtant couper des têtes,
Disait-il, ça m’embête :
C’est un truc idiot,
Ça salit mon billot.
Pour nourrir ma vieille mère,
Je saigne Paul ou Pierre
D’un geste un peu brutal,
Mais sans penser à mal.
Sentimental bourreau,
Aïe, aïe, aïe ! Aïe, aïe, aïe !


Un soir de sa fenêtre,
La femme du fossoyeur
Héla l’homme de têtes
Et lui ouvrit son cœur.
Depuis longtemps sevrée
De transports amoureux,
À vous, veux me livrer,
Ô bourreau vigoureux !
Je vous lance une corde
Du haut de mon balcon,
Grimpez-y, c’est un ordre ;
Allons exécution !


Pourtant couper des têtes,
Disait-il, ça m’embête :
C’est un truc idiot,
Ça salit mon billot.
Pour nourrir ma vieille mère,
Je saigne Paul ou Pierre
D’un geste un peu brutal,
Mais sans penser à mal.
Sentimental bourreau,
Aïe, aïe, aïe ! Aïe, aïe, aïe !


À partager sa couche,
La belle l’invita ;
En quelques coups de hache,
Il la lui débita.
L’époux au bruit du bris
Survint un peu inquiet,
Il partagea le mari
Pour garder sa moitié.
Comme la dame inquiète
Suggérait : « Taillons-nous ! »,
Il lui coupa la tête
Et se trancha le cou.


Pourtant couper des têtes,
Disait-il, ça m’embête :
C’est un truc idiot,
Ça salit mon billot.
Pour nourrir ma vieille mère,
Je saigne Paul ou Pierre
D’un geste un peu brutal,
Mais sans penser à mal.
Sentimental bourreau,
Aïe, aïe, aïe ! Aïe, aïe, aïe !


Envoi :


Prince, prenez grand soin,
De la douce Isabeau,
Qu’elle n’ait oncques besoin
D’un petit bourreau beau.