mercredi 3 juillet 2019

Juste l’Exécuteur



Juste l’Exécuteur


Chanson française – Juste l’Exécuteur – Marco Valdo M.I. – 2019






Dialogue Maïeutique

Il te souviendra, Lucien l’âne mon ami, des chansons l’une était une chanson allemande intitulée Der Henker, dont logiquement la version française s’intitulait, LE BOURREAU et l’autre, une chanson française de Boby Lapointe qui portait le titre de « Sentimental Bourreau ».

Oui, très bien Marco Valdo M.I. mon ami et je me souviens même d’une autre chanson de « bourreau », sortie de ta plume, il y a plus longtemps et qui s’intitulait : « La Faim du Bourreau ». En aurais-tu une nouvelle à proposer ?

En effet, Lucien l’âne mon ami. Cependant, je ne vais pas lui donner le titre de Bourreau, mais celui d’un nom synonyme ou presque : celui d’Exécuteur, comme il est d’ailleurs rappelé dans la chanson de Boby Lapointe à propos du petit bourreau beau, qui :

« Des hautes et basses œuvres
Était exécuteur »

Mais, dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, cette chanson me rappelle quelque chose, à la regarder, on dirait une parodie.

Oh, Lucien l’âne mon ami, non seulement tu as des oreilles, mais tu as aussi des yeux. En effet, elle doit rappeler quelque chose à ton œil vigilant, quelqu’autre chanson. En fait, c’est une parodie et même, une double parodie. En premier, je l’ai imaginée en travaillant la version française de « Der Henker », quand il disait :

« J’étais juste un petit écrou
De la machinerie géante de l’État
 !
C’était mon travail après tout.
Je ne décidais jamais, moi
 ! »

Cette lamentation m’a rappelé celle du fossoyeur de Georges Brassens (Le Fossoyeur – 1953), qui chantait – je la mets en entier pour ceux qui ne la connaissent pas  :

« Dieu sait que je n’ai pas le fond méchant,
Je ne souhaite jamais la mort des gens  ;
Mais si l’on ne mourait plus,
Je crèverais de faim sur mon talus.
Je suis un pauvre fossoyeur.

Les vivants croient que je n’ai pas de remords
À gagner mon pain sur le dos des morts ;
Mais ça me tracasse et d’ailleurs,
Je les enterre à contrecœur.
Je suis un pauvre fossoyeur.

Et plus je lâche la bride à mon émoi
Et plus les copains s’amusent de moi ;
Ils me disent : « Mon vieux par moment,
Tu as une figure d’enterrement. »
Je suis un pauvre fossoyeur.

J’ai beau me dire que rien n’est éternel,
Je ne peux pas trouver ça tout naturel ;
Et jamais je ne parviens
À prendre la mort comme elle vient.
Je suis un pauvre fossoyeur.

Ni vu ni connu, brave mort adieu !
Si du fond de la terre, on voit le Bon Dieu,
Dis–lui le mal que m’a coûté
La dernière pelletée.
Je suis un pauvre fossoyeur. »

Mais pas seulement, car la fin de la chanson est une parodie de Serge Gainsbourg, ou un rappel ou un clin d’œil à son poinçonneur des Lilas, qui disait :

« Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous ;
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous. »
Comme tu le verras, c’est un bourreau qui plaide pour lui-même et qui explique sa situation un peu délicate, mais aussi, à juste raison, renvoie la responsabilité de ses actes à la société. Évidemment, depuis la récente disparition – dans nos pays – de la peine de mort, il n’y a plus d’exécutions. Cela dit, le bourreau est-il plus responsable que le militaire qui bombarde ou l’ouvrier qui usine des fusils, des balles, des canons ?

Et puis, dit Lucien l’âne, je me demande parfois à voir certains assassins ou autres violeurs en série, s’il est mieux pour eux de séjourner jusqu’à ce que mort s’ensuive dans une cellule. N’est-ce pas une autre forme d’exécution plus perverse encore ? Et puis, c’est pire encore quand on les relâche et qu’ils récidivent. En somme, ça revient aussi à imaginer qu’il y a assassin et assassin, qu’il faudrait distinguer entre l’assassinat et l’assassinat ; qu’il faudrait admettre que la prison n’est pas la panacée et moins encore, l’asile psychiatrique. Laissons de côté l’idée de punition, qui est une véritable absurdité, mais il faut quand même considérer que pour d’aucuns, il faut les mettre hors jeu définitivement. Ce sont d’angoissantes pensées et très dérangeantes. En tout cas, moi, je ne tranche pas. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde complexe, contradictoire, angoissant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Je ne m’appelle pas Don Juan,
Je ne suis pas bourreau des cœurs,
Mademoiselle, pour un amant,
Il faudrait vous adresser ailleurs.
Je suis Juste l’exécuteur.

Pour trancher de braves mortels,
Je mets ma tenue la plus belle
Et avec mes gants tout doux,
Je leur arrange le cou.
Je suis Juste l’exécuteur.

À celle ou celui que j’étête,
Je dis : « Ne sois pas si bête,
Et surtout, ne tire pas la tête,
Car c’est du travail d’esthète ! »
Je suis Juste l’exécuteur.

Ils trouvent tous que je suis effrayant,
Car je coupe tout net le cou des gens
Mais moi, je ne fais qu’exécuter
L’ordre qu’on m’a donné.
Je suis Juste l’exécuteur.

Ils disent que ce n’est pas bien
De prendre la vie de l’assassin,
Mais moi, ça me fait mal au cœur
De gagner ma vie comme tueur,
Je suis Juste l’exécuteur.

Ma main tue le tueur sans émoi
Et de moi, les gens ont une sainte horreur,
Ils trouvent que je n’ai pas de cœur,
Mais moi, je ne tue qu’un homme à la fois,
Je suis Juste l’exécuteur.

Je garde toujours tout mon sang-froid
Quand le sang chaud coule sur mes doigts.
Ça n’a rien de rigolo,
C’est la règle dans ce boulot.
Je suis Juste l’exécuteur.

Moi, je tranche les cous sans trembler
Et les têtes tombent dans mon panier.
Je coupe les cous, les petits cous, les grands cous  ;
Les gros cous, les fins cous, toutes les sortes de cous :
Des cous de première classe,
Des cous de seconde classe.

Mais faut pas m’en vouloir, j’ai bon cœur.
Je suis Juste l’exécuteur.
Je suis Juste l’exécuteur.

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