Juste
l’Exécuteur
Chanson
française – Juste l’Exécuteur – Marco Valdo M.I. – 2019
Dialogue
Maïeutique
Il te
souviendra, Lucien l’âne mon ami, des chansons l’une était une
chanson allemande intitulée Der
Henker,
dont logiquement la version française s’intitulait, LE
BOURREAU
et l’autre, une chanson française
de Boby Lapointe qui portait le titre de « Sentimental
Bourreau ».
Oui,
très bien Marco Valdo M.I. mon ami et je me souviens même d’une
autre chanson de « bourreau », sortie de ta plume, il y a
plus longtemps et qui s’intitulait : « La
Faim
du Bourreau ».
En
aurais-tu une nouvelle à proposer ?
En
effet, Lucien l’âne mon ami. Cependant, je ne vais pas lui donner
le titre de Bourreau, mais celui d’un nom synonyme ou presque :
celui d’Exécuteur, comme il est d’ailleurs rappelé dans la
chanson de Boby Lapointe à propos du petit bourreau beau, qui :
« Des
hautes et basses œuvres
Était exécuteur »
Était exécuteur »
Mais,
dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, cette chanson me rappelle quelque
chose, à la regarder, on dirait une parodie.
Oh,
Lucien l’âne mon ami, non seulement tu as des oreilles, mais tu as
aussi des yeux. En effet, elle doit rappeler quelque chose à ton œil
vigilant, quelqu’autre chanson. En fait, c’est une parodie et
même, une double parodie. En premier, je l’ai imaginée en
travaillant la version française de « Der Henker »,
quand il disait :
« J’étais
juste un petit écrou
De la machinerie géante de l’État !
C’était mon travail après tout.
Je ne décidais jamais, moi ! »
De la machinerie géante de l’État !
C’était mon travail après tout.
Je ne décidais jamais, moi ! »
Cette
lamentation m’a rappelé celle du fossoyeur de Georges Brassens (Le
Fossoyeur –
1953),
qui chantait – je la mets en entier pour ceux qui ne la connaissent
pas :
« Dieu
sait que je n’ai pas le fond méchant,
Je ne souhaite jamais la mort des gens ;
Mais si l’on ne mourait plus,
Je crèverais de faim sur mon talus.
Je suis un pauvre fossoyeur.
Je ne souhaite jamais la mort des gens ;
Mais si l’on ne mourait plus,
Je crèverais de faim sur mon talus.
Je suis un pauvre fossoyeur.
Les
vivants croient que je n’ai pas de remords
À gagner mon pain sur le dos des morts ;
Mais ça me tracasse et d’ailleurs,
Je les enterre à contrecœur.
Je suis un pauvre fossoyeur.
À gagner mon pain sur le dos des morts ;
Mais ça me tracasse et d’ailleurs,
Je les enterre à contrecœur.
Je suis un pauvre fossoyeur.
Et
plus je lâche la bride à mon émoi
Et plus les copains s’amusent de moi ;
Ils me disent : « Mon vieux par moment,
Tu as une figure d’enterrement. »
Je suis un pauvre fossoyeur.
Et plus les copains s’amusent de moi ;
Ils me disent : « Mon vieux par moment,
Tu as une figure d’enterrement. »
Je suis un pauvre fossoyeur.
J’ai
beau me dire que rien n’est éternel,
Je ne peux pas trouver ça tout naturel ;
Et jamais je ne parviens
À prendre la mort comme elle vient.
Je suis un pauvre fossoyeur.
Je ne peux pas trouver ça tout naturel ;
Et jamais je ne parviens
À prendre la mort comme elle vient.
Je suis un pauvre fossoyeur.
Ni vu
ni connu, brave mort adieu !
Si du fond de la terre, on voit le Bon Dieu,
Dis–lui le mal que m’a coûté
La dernière pelletée.
Je suis un pauvre fossoyeur. »
Si du fond de la terre, on voit le Bon Dieu,
Dis–lui le mal que m’a coûté
La dernière pelletée.
Je suis un pauvre fossoyeur. »
Mais
pas seulement, car la fin de la chanson est une parodie de Serge
Gainsbourg, ou un rappel ou un clin d’œil à son poinçonneur
des Lilas,
qui disait :
« Je
fais des trous, des petits trous, encore des petits trous ;
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous. »
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous. »
Comme
tu le verras, c’est un bourreau qui plaide pour lui-même et qui
explique sa situation un peu délicate, mais aussi, à juste raison,
renvoie la responsabilité de ses actes à la société. Évidemment,
depuis la récente disparition – dans nos pays – de la peine de
mort, il n’y a plus d’exécutions. Cela dit, le bourreau est-il
plus responsable que le militaire qui bombarde ou l’ouvrier qui
usine des fusils, des balles, des canons ?
Et
puis, dit Lucien l’âne, je me demande parfois à voir certains
assassins ou autres violeurs en série, s’il est mieux pour eux de
séjourner jusqu’à ce que mort s’ensuive dans une cellule.
N’est-ce pas une autre forme d’exécution plus perverse encore ?
Et puis, c’est pire encore quand on les relâche et qu’ils
récidivent. En somme, ça revient aussi à imaginer qu’il y a
assassin et assassin, qu’il faudrait distinguer entre l’assassinat
et l’assassinat ; qu’il faudrait admettre que la prison
n’est pas la panacée et moins encore, l’asile psychiatrique.
Laissons de côté l’idée de punition, qui est une véritable
absurdité, mais il faut quand même considérer que pour d’aucuns,
il faut les mettre hors jeu définitivement. Ce sont d’angoissantes
pensées et très dérangeantes. En tout cas, moi, je ne tranche pas.
Alors, tissons le linceul de ce vieux monde complexe, contradictoire,
angoissant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je
ne m’appelle pas Don Juan,
Je
ne suis pas bourreau des cœurs,
Mademoiselle,
pour un amant,
Il
faudrait vous adresser ailleurs.
Je
suis Juste l’exécuteur.
Pour
trancher de braves mortels,
Je
mets ma tenue la plus belle
Et
avec mes gants tout doux,
Je
leur arrange le cou.
Je
suis Juste l’exécuteur.
À
celle ou celui que j’étête,
Je
dis : « Ne sois pas si bête,
Et
surtout, ne tire pas la tête,
Car
c’est du travail d’esthète ! »
Je
suis Juste l’exécuteur.
Ils
trouvent tous que je suis effrayant,
Car
je coupe tout net le cou des gens
Mais
moi, je ne fais qu’exécuter
L’ordre
qu’on m’a donné.
Je
suis Juste l’exécuteur.
Ils
disent que ce n’est pas bien
De
prendre la vie de l’assassin,
Mais
moi, ça me fait mal au cœur
De
gagner ma vie comme tueur,
Je
suis Juste l’exécuteur.
Ma
main tue le tueur sans émoi
Et
de moi, les gens ont une sainte horreur,
Ils
trouvent que je n’ai pas de cœur,
Mais
moi, je ne tue qu’un homme à la fois,
Je
suis Juste l’exécuteur.
Je
garde toujours tout mon sang-froid
Quand
le sang chaud coule sur mes doigts.
Ça
n’a rien de rigolo,
C’est
la règle dans ce boulot.
Je
suis Juste l’exécuteur.
Moi,
je tranche les cous sans trembler
Et
les têtes tombent dans mon panier.
Je
coupe les cous, les petits cous, les grands cous ;
Les
gros cous, les fins cous, toutes les sortes de cous :
Des
cous de première classe,
Des
cous de seconde classe.
Mais
faut pas m’en vouloir, j’ai bon cœur.
Je
suis Juste l’exécuteur.
Je
suis Juste l’exécuteur.
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