dimanche 11 décembre 2016

LE CANARI

LE CANARI
Version française – LE CANARI – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne (piémontais) – Ël canarinPiero Novelli – 1965
Interprétée par Roberto Balocco – disque « Le canssôn dla piòla » (1965)
d’après « Il Canarino », la « tentative de traduction (en italien « standard ») » de Bernart Bartleby.
Avec l’aide tant du Grande dizionario piemontese su Piemuntèis que du mythique Gran dizionario piemontese-italiano di Vittorio Sant’Albino, 1859



Ici, Lucien l’âne mon ami, pour ces Chansons contre la Guerre, tôt ou tard, il te faut traduire ou écrire des chansons. C’est un site très volontaire et qui pousse à la création. On ne peut y échapper et parfois, on est même contraint à se surpasser, à faire des choses qu’on croyait ne pas pouvoir faire. Ainsi en va-t-il de Bernart Bartleby, poussé à traduire du piémontais en italien. Soit, il connaît le piémontais « à l’oreille », car c’est quand même la langue vernaculaire de sa région. Qu’il s’en réjouisse d’avoir dû faire cette traduction ; il a approfondi ses connaissances. Et nous aussi, par voie de conséquence.

Tout cela est fort bien, dit Lucien l’âne, mais que raconte cette chanson ornithologique ? Car il me semble qu’un canari est un petit oiseau jaune, connu et capturé et encagé pour ses trilles et son chant.

C’est effectivement ce petit oiseau, répond Marco Valdo M.I., mais dans la chanson, c’est un drôle d’oiseau qu’on a affublé de ce joli nom et c’est lui qui chante ; je dirais même qu’il en a fait sa profession.

Une profession de voix, en quelque sorte, dit Lucien l’âne.

En fait, El Canarin est un homme et cet homme, Lucien l’âne mon ami, a la manie de chanter ; d’où son surnom. Mais tout comme le canari n’est pas un oiseau, mais un homme et en l’espèce, un petit malfrat, le verbe chanter est utilisé dans le sens inhabituel et plus exactement argotique qui signifie « cafarder, rapporter, dénoncer, parler, dire des choses confidentielles ou secrètes », ici, à la police politique fasciste ( dans la chanson : « Ceux d’ici »). Ce que le « canari » se refusera à faire, alors qu’il le faisait dans son rôle d’indicateur (indic) pour les affaires de truanderie. Il raconte tout cela dans une lettre à sa mère et annonce son intention de se laisser fusiller plutôt que de jouer le « canari »en français des prisons, un mouton – et d’espionner et de dénoncer le « chef des subversifs » (le responsable des partisans) avec qui on l’a enfermé. En ce sens, cette chanson est un hommage rendu au « canari », un homme, petit malfrat, indic qui vit de vols et de dénonciations des malversations et qui est rétribué par la police, mais qui sollicité par les fascistes pour tirer les informations d’un résistant emprisonné, incité à jouer le mouton va se rebiffer et sera de ce fait condamné à la mort. Lors de sa dernière nuit, il écrit une lettre à sa mère.

Ainsi donc, dit Lucien l’âne, même pour un voleur, un menteur, un traître de profession, il y des limites morales, il y a des choses qui ne se font pas, il y a des gens avec qui on ne pactise pas. Je ne l’imaginais pas, mais cela me réchauffe le cœur et me rassure un peu quant à la nature humaine. Comme ni toi, ni moi, ne sommes des canaris chanteurs, nous ne chanterons pas, nous ne ferons pas de trilles, mais rien ne nous empêche de reprendre notre tâche et de tisser à notre tour le linceul de ce vieux monde plein de prisons, de malfrats, d’escrocs et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Chère maman cette lettre
Pour te dire que demain
les fascistes
vont me prendre
Et me fusiller comme un chien.
Oui, je le sais, c’est moche
Qu’un pauvre diable comme moi
Un truand doive mourir (1)
Sans raison (2)
A
ux Nuove, ils m’ont mis
en cellule (3) avec le chef des subversifs :
« F
ais le chanter – m’ont-ils dit -
Dis-nous tout et tu sortiras vivant ».
Chère maman, oh, maman
Mon métier est
D’être un mouchard
Et à la questure, de faire le cafard.
Tous le savent à Turin
Que je fais le « canari »,
Que je suis le meilleur espion
Qu’il y ait à Vanchiglia.(4)
À tendre les oreilles partout
Pour ensuite rapporter à Grattoni (5)
Les coups que fait le milieu
De Lucento et de Porta Palazzo

Mais
ceux d’ici, c’est différent.
Dès que je les vois, je me sens mal
Et il me vient l’envie de vomir.
Pour ceux d’ici, je ne sais rien,
Je ne parle pas, je ne souffle pas.
À ceux d’ici, dis-moi si tu veux que je suis fou,
si j’ouvre l
a bouche, ce sera pour leur cracher dessus.

Chère maman, à
ce bon à rien
Qui t’a donné tant de tracas
D’ici à peu, ils briseront les reins.
Mais surtout, ne pleure pas.

J’ai toujours été droit
Dans et hors de prison
De toute ma vie, pas même une semaine
Je n’ai été bon à la besogne.
Même les voleurs me disaient :
« Luigi,
casse-toi ! » (6)
Car ils le savaient
Que j’étais un grand lâche.

Mais maintenant je le jure, bourreau infâme, (7)
Je ne me ferai pas dessus.
Je vais mourir au Martinetto (8)
Oui, mais je mourrai pour quelque chose.

Car ceux d’ici, c’est différent
Dès que je les vois, j’entre en colère
Et il me vient l’envie de vomir
Pour ceux d’ici, je ne sais rien,
Je ne parle pas, je ne souffle pas.
Pour ceux d’ici, le canari
Se laissera déplumer, mais il ne parlera pas !



(1) ligera : le terme ligéra ou lingéra indiquait la petite criminalité milanaise. Le mot est identique en piémontais, mais il signifie plus vagabond, bon à rien, fugueur.
(2) Littéralement, « pour le visage d’on ne sait qui »
(3) les Nuove : prison turinoise (l’entrée principale est sur le cours Vittorio Emanuele II, aujourd’hui devant le nouveau Palais de Justice et au nouveau gratte-ciel San Paolo). Les Nuove beaucoup furent utilisées par les fascistes et par les nazis pour emprisonner, torturer et tuer des opposants politiques et des partisans.
(4) Borgo Vanchiglia, un des quartiers historiques de Turin, au confluent du Po et de la Dora Riparia. C’est le quartier où depuis de nombreuses années est actif le Centro Sociale Askatasuna, un de « repaire » du mouvement d’opposition turinois.
Borgo Vanchiglia. Peinture murale dédiée à Dante Di Nanni et Vittorio Arrigoni. L’oeuvre se trouve sur le mur de l’ancien siège du Balilla (mouvement de jeunesse fasciste).
(5) Via Grattoni, entre le cours Vinzaglio et le cours Bolzano, c’est encore aujourd’hui l’entrée latérale de la Questure, celle par où accèdent les patrouilles.
(6) Littéralement : « bouge tes fesses »
(7) Brichèt a beaucoup de significations, les plus communes sont allumette, briquet. En piémontais, les imprécations, même insensées, avec « bòja » suivi d’un substantif sont très diverses, mais la plus commune de toutes est sûrement « bòja fàuss ».
(8) Le Martinetto du cours Suisse était une aire destinée à polygone de tir. Entre 1943 et 1945, les nazifascistes y fusillèrent plus de 60 opposants et partisans, parmi lesquels 8 représentants du CLN (Comité de Libération Nationale) piémontais.





mercredi 7 décembre 2016

BUNDESWEHR


BUNDESWEHR


Version française – BUNDESWEHR – Marco Valdo M.I. – 2016

Chanson allemande – Bundeswehr – Slime – 1982







Bundeswehr, Bundeswehr, ça me dit quelque chose, dit Lucien l’âne en s’ébrouant par saccades. Ne serait-ce pas l’armée allemande ?

En effet, Lucien l’âne mon ami, la Bundeswehr est l’armée allemande actuelle.

Ce qui m’inquiète, moi, dit Lucien l’âne d’un ton inhabituellement grave, c’est qu’elle est forcément l’héritière de celle qui l’a précédée et que de ce fait, elle pourrait se comporter comme celle-là et rejouer certain scénario dont nul être sensé ne voudrait voir la répétition.

Tu as directement mis le doigt sur le nœud du problème que pose l’existence d’une armée allemande, enchaîne Marco Valdo M.I. Laissons de côté la réflexion sur l’utilité ou non d’une armée régulière, ce n’est pas le sujet ici. Ici, l’objet de la chanson est de critiquer la Bundeswehr et au travers de cette critique particulière, en effet, laisser entendre le rôle néfaste de l’armée, telle qu’elle est et telle qu’elle fonctionne.
Pour ce qui est de la Bundeswehr, elle a comme qui dirait une tare congénitale, car on la considère – à mon sens à juste titre – comme l’héritière de ses grandes aïeules, même si elle a évolué par rapport à ce passé. Ainsi, après tous ses exploits, ses erreurs, ses désastres qui se sont étalés sur plus d’un siècle, l’armée allemande est devenue la Bundeswehr et depuis presque trois quarts de siècle, elle s’est assagie. C’est en tout cas ce que pensent les voisins ; ça fait plus de septante ans qu’elle ne les a plus envahis. Néanmoins, il y a des choses qui ne s’oublient pas.

Mais dis-moi, Marco Valdo M.I., pourrais-tu rafraîchir la mémoire à propos de cette histoire d’armées allemandes en cascade.

Tout commence avec la Prusse, un royaume combattant, dont certain commentateur de l’époque disait : « La Prusse n’est pas un État qui possède une armée, mais c’est une armée qui possède un État » ou quelque chose d’approchant. C’est tout dire. C’était il y a deux cents ans.
Ensuite, dans un passé plus récent, disons un bon gros siècle d’ici, elle avait été transformée en armée allemande par – tiens qui voilà ! – Otto von Bismarck, dont – je te le rappelle – l’ensemble de nos Histoires d’Allemagne constitue le Rêve, c’est-à-dire cette Grande Allemagne encore en gestation et qui devra bien, un jour, se muer en grande Europe en se diluant parmi les autres gens du continent. C’était la Deutsches Heer (1871-1919), qui fut remplacée par la Reichswehr (1919-1935), née sur ses cendres.
Ensuite, nouveau pouvoir oblige, on créa la Wehrmacht (1935-1945), mais comme les nazis se méfiaient des militaires – qui n’étaient pas nécessairement des enthousiastes du régime, ils la flanquèrent d’une armée nazie, la Waffen SS.
Ensuite, suite à l’immense déroute de l’armée du Reich de Mille Ans qui n’en dura que douze (et c’était douze de trop), elle fut mise en quarantaine – de 1946 à 1955. En 1955, elle renaît en puisant largement dans ses cadres anciens – ce qui explique la présence de nombreux (ex-) nazis parmi les officiers de la nouvelle armée reconstituée sous le nom de Bundeswehr en République fédérale et pendant un temps, en République démocratique, sous le nom de Nationale Volksarmee (1955-1990), laquelle « armée du peuple » sera en quelque sorte absorbée par la Bundeswehr lors de la réunification allemande.

Soit, Marco Valdo M.I., voici connue la généalogie de la Bundeswehr, mais cet historique n’est pas, je le suppose, l’histoire que raconte la chanson.

Pour bien la comprendre, Lucien l’âne mon ami, il faut que j’ajoute un élément d’explication complémentaire. En 1982, la situation était quand même fort différente d’aujourd’hui : l’Allemagne était encore divisée et il y avait encore un service militaire obligatoire des deux côtés. Ce service militaire était imposé aux hommes et impliquait donc le passage par la Bundeswehr et par la NVA (Nationale VolksArmee) ; un séjour généralement non choisi et peu apprécié par la plupart et pas nécessairement en raison d’un engagement pacifiste ou par objection de conscience, mais principalement en raison de l’absurdité du système militaire.
De plus, la population allemande jeune, celle qui devait être incorporée dans cette armée n’était pas vraiment convaincue des mérites et de l’utilité de cette héroïque institution. Sans doute devait-il en aller de même façon avec l’incorporation dans la Nationale Volksarmee, mais dans la canzone, il n’est question que de la Bundeswehr.

Oui, oui, Marco Valdo M.I. mon ami. Ce régime de la conscription n’est pas une nouveauté pour moi ; je l’avais vu naître en France lors de la Révolution où les hommes s’en allaient chantant la Marseillaise affronter les troupes des envahisseurs – « Aux armes ! Etc », où ce régiment de Sambre et Meuse marchait toujours au cri de Liberté.

Quant à la canzone, Lucien l’âne mon ami, cette chanson est une sorte d’adresse à un gars qui a accepté de faire le service militaire – bon gré, mal gré, on ne sait pas trop – dans cette Bundeswehr qui, comme je te l’ai dit, sans doute sous la pression d’une grande partie de la population allemande, elle-même mise sous pression par les voisins et les autres pays du monde, s’est assagie et ne paraît plus partager les mêmes ambitions que ses aïeules, ni se préparer aux mêmes débordements.
Quant à la chanson, elle essaye de convaincre ce jeune conscrit de l’inanité de la chose militaire. Comme bien tu le penses, c’est une chanson nettement antimilitaire et même aujourd’hui où le service militaire a été aboli et où donc, on n’entre dans la Bundeswehr que comme volontaire, elle garde tout son sens.

Eh bien, Marco Valdo M.I., voyons-la et reprenons notre tâche volontaire et tissons le linceul de ce vieux monde armé, trop armé, encombré de militaires, casqué et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Tu as un joli uniforme vert,
Tu ne fais rien en dehors de la norme,
Tu t’es parfaitement adapté ,
Pourtant tu iras quand même tout de suite taule.

Il faut apprendre à tuer pour le pays,
Mais le pays aura cramé.
Avant même que tu aies tiré,
L’ennemi l’aura déjà détruit.

Tu te laisses commander ainsi
Par un ancien officier nazi,
Mais qu’importe la morale,
Fais ton devoir, peu importe le reste.

Il faut apprendre à tuer pour le pays,
Mais le pays aura cramé.
Avant même que tu aies tiré,
L’ennemi l’aura déjà détruit.

Gauche 2, 3 ! Gauche 2, 3 !
Marche ! Soldats ! Marche !
Gauche 2, 3 ! Gauche 2, 3 !
Jusqu’à crever dans la boue
Gauche 2, 3 ! Gauche 2, 3 !

Que vous soyez là ou non,
Comme avant, votre pays de merde
L’aura dans le cul, si la guerre éclate.
N’aie pas d’opinion propre !
Fais d’abord ton devoir !

Le cerveau plein de merde, à la main le fusil.
Oui, c’est la Bundeswehr, la grande armée.
Il faut apprendre à tuer pour le pays
Mais le pays aura cramé
Avant que tu n’aies tiré,
L’ennemi l’aura déjà détruit.

L’ennemi l’a déjà détruit
Gauche 2, 3 ! Gauche 2, 3 !
Marche ! Soldats ! Marche !
Gauche 2, 3 ! Gauche 2, 3 !
Jusqu’à crever dans la boue
Gauche 2, 3 ! Gauche 2, 3 !
Que vous soyez là ou non,
Comme avant, votre pays de merde
L’aura dans le cul, si la guerre éclate.
 




mardi 6 décembre 2016

HAINE


HAINE


Version française – HAINE – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – OdioStinky Rats – 1984 – 1986





Des lacs de sang m’ont entouré,
Des enfants ravagés aux yeux cernés.

Hommes, hommes, je vous hais tous !
Hommes, hommes, je vous hais tous !

Des morts dans la rue,
Des lambeaux de chair m’entourent.
Mort dans le ciel, mort sur la terre !

Hommes, hommes, je vous hais tous !
Hommes, hommes, je vous hais tous !
Hommes, hommes, je vous hais tous !
Hommes, hommes, je vous hais tous !


vendredi 2 décembre 2016

REFUS

REFUS


Version française – REFUS – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienneRifiutoStinky Rats1985







Mon ami Lucien l’âne, j’espère que tu t’entends bien avec ces autres mammifères que sont les muridés, autrement dit, des rats et spécifiquement, des rats d’égout, les mêmes que l’on trouve dans la « filastroca », la « litanie », la « ritournelle », la « turlutaine », qu’on désigne souvent sous ses premiers mots : « J’en ai marre, marabout ».

Oh, Marco Valdo M.I. depuis le temps que je la connais celle-là. Allez, je te la récite :

« J’en ai marre,
Marabout,
Bout de ficelle,
Selle de cheval,
Cheval de course,
Course à pied,
Pied de cochon,
Cochon de ferme,
Ferme ta gueule,
Gueule de rat,
Rat d’égout,
Dégoûtant ! »

Fort bien, cela dit, avant daller plus avant dans cette introduction à la chanson, il me serait utile que tu me dises où en sont tes rapports avec les muridés.

Bof, dit Lucien l’âne, il m’arrive d’en croiser sur les bords des rivières, des canaux, dans les campagnes, en ville, près des décharges, dans les étables, sur les marchés… Bref, un peu partout. Et pour ce qui me concerne, les relations avec ces charmants rongeurs se passent plutôt bien.
Mais comme dans toutes les espèces, il y a chez les rats également des mauvais coucheurs et des spécimens agressifs. Ceux-là font rapidement connaissance avec le célèbre coup de pied de l’âne, coup rapide et terriblement efficace et pas lâche pour un sou. C’est un coup noble qu’on ne donne qu’en dernier ressort, en légitime défense. Un peu comme si assailli par un malotru, tu lui donnais un coup de poing ; simplement, l’âne n’a pas de poing, mais il a des pieds. Et il est rare qu’ils y reviennent.

Et je les comprends, car un coup de pied d’âne est souvent très douloureux et dans le cas qui nous occupe, celui d’un animal aussi petit qu’un rat, il peut être carrément mortel.

C’est sûr, mais nous les ânes, on fait attention, on dose nos coups. Enfin, la chose est sûre, je n’en ai jamais tué. Cependant, ajoute Lucien l’âne, on ne confondra pas mon coup de pied avec le coup de pied de Vénus, nettement moins hygiénique, mais aussi plus redoutable et qui laisse d’autres traces qu’une simple bourrade.

Oui, oui, je t’approuve totalement, répond Marco Valdo M.I. en riant dans sa barbe, l’imberbe. Cela dit, les rats sont des animaux fort intelligents et avec les ânes, parmi les plus intelligents. Il y aurait beaucoup de choses à en dire, mais ici, on ne refait pas l’Encyclopédie.

Tu as raison, Marco Valdo M.I. mon ami, nous n’avons pas le temps de refaire l’Encyclopédie et pour en revenir à notre propos, je me demande pourquoi tu as commencé cette histoire de rats.

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, si je t’ai demandé si tu t’entendais bien avec les muridés, c’est tout simplement parce que le groupe punk qui est l’auteur de la chanson s’est lui-même présenté sous le nom de Stinky Rats – Rats puants – en italien : Topi Puzzolenti. Ils avaient écumé les salles et les oreilles dans les années 80 du siècle dernier et on avait sauvé leur production dans une compilation publiée en 2009.
Un commentateur italien dit à leur égard – je résume : « Malheureusement, on ne dispose pas d’autres informations à propos du groupe ; leur musique se laisse écouter et on apprécie particulièrement le fait que les paroles sont claires et les textes appréciables.
Il s’agit de morceaux qui peuvent être goûtés par les amateurs du hardcore le plus pur comme de ceux du punk, ou de n’importe quel autre genre, du fait qu’ils sont bien joués, furieux mais en même temps, mélodieux et dénués de ce tapage qui peut être sans doute prenant, mais qui distrait sans équivoque l’auditeur du message : le message est la chose plus importante dans les genres musicaux comme le punk, le hc (hard core), et cetera) »


Voilà de bien belles considérations à propos de ces jeunes gens, mais, Marco Valdo M.I. mon ami, qu’en est-il de cette canzone, finalement ?

J’y viens, Lucien l’âne mon ami, j’y viens. C’est l’histoire d’un refus, d’un refus radical de cette société et des obligations, des servitudes qu’elle inflige à ses membres. C’est un chant de révolte.

Un de plus (mais on n’en fera jamais assez !) dans cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres afin de les assujettir, de les dominer, de leur imposer leur pouvoir, de les exploiter. Il nous revient de reprendre notre tâche et de tisser – nous aussi – le linceul de ce vieux monde dominateur, oppresseur, dictateur, démocratique et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Ils t’ont dressé à dire toujours oui !
Comme un tigre dans une cage,
Ils t’ont privé de ta vie
Et ils t’en ont refilé une autre,
Engluée dans leur morale répressive.
Tu te caches dans ta monstrueuse ignorance,
Sans pouvoir reprendre ta propre vie
Et tu ne peux plus rien faire,
Car maintenant, tu es devenu l’un d’eux.

Ils m’ont enfermé dans cette ville,
Sans issue sans pitié.
Ils me retiennent en cellule,
Ils me battent à sang sans pitié.

Je refuse votre autorité,
Je refuse vos ordres,
Je refuse vos systèmes,
Je refuse vos fausses libertés !

Ils te font militaire,
Ils t’envoient à la guerre
Tuer des femmes, tuer des enfants,
Tuer des femmes, tuer des enfants !
Ils
m’ont enfermé dans cette ville,
Sans issue sans pitié.

Je refuse votre autorité,
Je refuse vos ordres,
Je refuse vos systèmes,
Je refuse vos fausses libertés !



mardi 22 novembre 2016

LE FOU QUI RIT

LE FOU QUI RIT


Version française – LE FOU QUI RIT – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – Il pazzo che rideLitfiba – 2000






Vois-tu, Lucien l’âne mon ami, en faisant la version française de ce « fou qui rit », il m’est venu à l’esprit que Victor Hugo avait écrit – il y a de cela bien longtemps sans doute, un roman gigantesque intitulé : « L’Homme qui rit », dont je n’ai certes pas l’intention de te raconter l’histoire, si la chose t’en dit, il te suffit de trouver le livre et de lire. Lire Hugo n’est certes pas une perte de temps.

Alors, Marco Valdo M.I. mon ami, pourquoi me parles-tu de Hugo et son « Homme qui rit » ?

D’abord, comme je te l’ai signalé, par l’étrange similitude, la curieuse proximité des deux titres. Ensuite, comme tu me connais, simplement pour dire quelque chose, car, comme toi, je cause, je cause, c’est tout ce que sais faire. Cependant, j’ai des raisons plus précises de le faire. Les deux personnages se ressemblent ; tous les deux sont des mutilés de la société, marqués par un destin terrible. Et tous les deux affrontent le malheur avec l’irrésistible envie de vivre.

C’est, en effet, le meilleur et le seul moyen d’y faire face. Il me semble toutefois que tu avais toi aussi, il y a déjà un certain temps, conté l’histoire d’une personne atteinte de ce haut mal. Tu sais bien cette femme qui criait « Hou ! Hou ! » ; moi, j’ai toujours sa détresse au cœur.

Oh, Lucien l’âne mon ami, tu as de la mémoire, une mémoire d’âne antique, une mémoire immémoriale. J’avais bien écrit une chanson à propos de Clara la folle et en effet, elle s’intitulait Hou hou ! » et j’ai fait quelques versions françaises de chansons italiennes parlant de fou, d’enfermement, de folie… Et des chansons sur ce thème, les CCG en recensent plus d’une centaine… On a dû créer un parcours à part, spécialement dédié à ce sujet : Les camps des fous : la guerre des asiles.

J’irai en faire le tour un de ces jours. Maintenant, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde fol, affolant, affolé, foutu et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


J’entends les voix
Je vois les couleurs, mais,
Mais tu ne me crois pas
Je voudrais m’expliquer,
je voudrais...
Et te faire comprendre… Mais
Quelqu’un me liera.

Nous faisons la fête,
Arrive un nouveau malheur.
En plaisantant tu le nieras
Et l’antéchrist
Vêtu en docteur
Certainement le soignera.

Je suis le fou qui rit
Qui dit seulement des menteries.
Le navire appareille,
Il transporte la terreur… Pourtant,
Personne ne l’arrête.
Je rirai… Il est tard maintenant.

J’ai l’air d’un prophète,
Prophète de malchances
Certainement tu m’éviteras
Mais peu importe,
Il faut qu’on les arrête,
Peut-être, quelqu’un m’écoutera.

Je suis le fou qui rit
Qui dit seulement des menteries.
L’indifférence
Cache la terreur… Pourtant,
Personne ne l’arrête.
Je rirai… Il est tard maintenant.

Je suis le fou qui rit
Qui dit seulement des menteries.
L’inconscience,
Cache la terreur…Pourtant,
Personne ne l’arrête.
Je rirai… Il est tard maintenant.


Je suis le fou qui rit
Qui dit seulement des menteries.
Les fleurs du mal s’en vont
Prospères dans ce désert de non.

samedi 19 novembre 2016

Le Jour où la Paix viendra

Le Jour où la Paix viendra
Chanson française – Le Jour où la Paix viendra – Marco Valdo M.I. – 2016












Mon ami Lucien l’âne, écoute-moi, je t’en prie et avec beaucoup d’attention.


Mais enfin, Marco Valdo M.I. mon ami, tu sais bien que je ne fais que ça…


Alors, tu te souviens certainement, Lucien l’âne mon ami, que l’autre jour, j’avais été rechercher il y a presque un demi-siècle une chanson de Gilbert Bécaud, intitulée « Le Jour où la Pluie viendra ». J’y avais noté des accents prophétiques et écologiques qui évoquaient le réchauffement climatique et la désertification de zones entières dans presque tous les continents. En fait, dans tous les continents, car même les déserts glacés et les sommets arides se désertifient. Ce n’était pourtant pas là le premier moteur de cette chanson qui se voulait chanson d’amour, propre à frapper au cœur les midinettes, qui étaient la clientèle principale de ce joli chanteur.


Il me semble bien m’en souvenir. Je n’ai quand même pas la mémoire qui flanche, Marco Valdo M.I. mon ami. Au fait, cette mémoire qui flanche n’était-ce pas une chanson de Cyrus Bassiak ? En somme, cette chanson de Bécaud avait mis le doigt sur ce qu’on appelle aujourd’hui la crise de l’eau. Et si j’ai bien fait attention à ce qui commence à se dire avec force dans le monde des humains, l’eau est en passe de devenir un problème majeur et sa pénurie pourrait bien être la cause de migrations énormes à côté desquelles celles qu’on a connues jusqu’à ce jour ressembleront à d’innocentes promenades.


En effet, Lucien l’âne mon ami, tu as résumé ce qui pourrit se passer de pire. Le pire, c’est que si on applique la loi de Murphy, on peut être assuré que ce pire-là va se produire. À ton œil incrédule, je vais rappeler ce qu’est la loi de Murphy : si parmi toutes les évolutions possibles, il en existe une plus catastrophique que les autres, elle va se produire. Certes, je te le concède, Murphy ne se baignait pas tous les matins dans la mer de l’optimisme, mais il se fait qu’empiriquement, sa fameuse « loi » s’est trouvée vérifiée à de multiples occurrences. Par exemple, ce fut vrai dans l’Histoire où on remarque que lorsqu’il y a une probabilité qu’un personnage dangereux accède au pouvoir, il y accède : Mussolini, Hitler, Staline, Franco, Mao, Pinochet… et c’est vrai dans l’actualité : Poutine, Erdogan, Assad, Trump, Orban… Je ne peux pas recenser tous les dirigeants du monde. De toue façon, cette loi s’applique à tous les niveaux de pouvoir et dans quelque domaine que ce soit.

Parenthèse, dit Lucien l’âne en souriant, je propose dans ce cas de parler de loi d’Ubu.

Formidable, Lucien l’âne, c’est une vraie trouvaille. La loi d’Ubu me paraît une constante universelle. Une loi qui permet de comprendre que la sentence : « Le pouvoir rend fou » est inexacte ; elle est à l’opposé de la réalité du pouvoir ; le pouvoir ne rend pas fou ; c’est la folie qui est la condition première pour vouloir accéder au pouvoir. Et donc, je reviens à la chanson…

Et donc quoi demande, demande Lucien l’âne en dressant soudain ses oreilles à la verticale au-dessus de son crâne.

Et donc, Lucien l’âne mon ami, le pire est que suite à ces exodes massifs – soit pour les enrayer, soit pour s’assurer les réserves en eau disponibles, on assistera à l’émergence de conflits qui pourraient bien dégénérer en une conflagration très large, d’abord et ensuite, en un conflit généralisé ; bref, une guerre mondiale.

Une troisième guerre mondiale, s’exclame Lucien l’âne en frissonnant de tous les poils de son échine. C’est épouvantable. Un tel conflit va entraîner des destructions effroyables, gigantesques, laissant loin derrière elle en quantité de destructions, toutes les guerres précédentes. On pourrait en arriver à de vraies extrémités et à la liquidation prématurée de toute l’espèce humaine et en conséquence – dégât collatéral – de bien d’autres espèces qui n’y sont strictement pour rien, à commencer par nous, les ânes. Car, nous les ânes, en tous cas, on n’y coupera pas. Il restera peut-être les bactéries dans l’océan ou dans le fond des quelques grottes. Il est plus que temps de sonner l’alarme.

Oh, reprend Marco Valdo M.I., ils sont nombreux à tirer la sonnette d’alarme et à donner des coups de trompe, à sonner le tocsin et à annoncer le désastre. Cependant, en ce qui me concerne, même si je me tue à dénoncer la guerre, à faire comprendre la Guerre de Cent Mille Ans et à en désigner les responsables (les riches et les puissants et leurs prétendants), je préfère de loin poser le dilemme autrement et tracer une ligne nette vers ce qui pourrait être au-delà de la fin de la guerre – de toute guerre généralement quelconque et in fine, de la Guerre de Cent Mille Ans.
Cette fin, cet au-delà de la richesse, du pouvoir, de l’ambition et de l’avidité est la seule voie de survie et de vie de l’humaine nation.
C’est donc dans cet esprit que j’ai fait cette chanson que j’ai intitulée : « Le Jour ou la Paix viendra » pour indiquer que la « pluie » ne suffira pas et que tout autant, il est périlleux au plus haut point de rêver d’être « les plus riches du monde », d’avoir « les plus beaux fruits du monde » et des « colliers jolis, jolis ». Il y en a tellement qui veulent tout cela et ceux qui le font, sont précisément ceux qui sont cause des malheurs humains de l’humaine nation. Je précise « malheurs humains » pour ne pas mettre sur les dos de ces gens les « malheurs naturels ». Quoique.

Alors, dit Lucien l’âne en souriant, c’est une chanson qui a certainement son utilité. Mais, dis-moi, décris-la-moi.
C’est tout simplement une chanson qui parodie celle de Gilbert Bécaud, mais une parodie volontaire, une réponse point par point. Ainsi, à la place de la richesse, on trouve la chance, le bonheur ; aux perles et aux colliers se substituent les bonheurs, les amours, les rêves et la vie retrouvée. Et dans le dernier couplet, je me suis amusé à rappeler une autre chanson de paix en le faisant à la manière de Paul Fort et de sa Ronde autour du Monde. Et puis aussi, pur ce qu’il restera après, j’ai en tête ce passage de la Valse Jaune de Boris Vian :

« Et le soleil
De
l’autre côté du monde
Danse une valse blonde
Avec la terre ronde, ronde, ronde, ronde
Le soleil
Rayonnant comme un faune
Danse une valse jaune
Pour ceux de
l’autre ciel »
Voilà.

Eh bien voilà, Marco Valdo M.I. mon ami, découvrons-la ta nouvelle chanson et puis, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde riche, atrabilaire, avide, ambitieux et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le jour où la paix viendra,
Nous serons, vous et moi,
Les plus chanceux du monde,
Les plus chanceux du monde !
Et riant tous de bon cœur,
Nous chanterons tous en chœur
Tous les bonheurs du monde,
Tous les bonheurs du monde !
Ce jour-là !
La triste, triste, triste terre
Qui meurt et meurt sans arrêt
Écrasée par cette longue, longue guerre
Se gorgera de paix, de paix
Et la joie déferlera sans trêve
Sur nos amours réveillées
Et nous chanterons nos rêves
Et notre vie enfin retrouvée.
Ce jour-là !

Le jour où la paix viendra
Nous serons, vous et moi
Et les enfants du monde,
Les plus heureux du monde.
Tous nous tenant par le bras,
Sur la terre ronde, ronde, ronde,
Nous danserons la ronde ronde
Des plus beaux jours du monde,
Ce jour-là !


vendredi 18 novembre 2016

Le Jour où la Pluie viendra

Le Jour où la Pluie viendra
Chanson française – Le Jour où la Pluie viendra - Gilbert Bécaud – 1957
Paroles : Pierre Delanoë.
Musique : Gilbert Bécaud





À la fin des années cinquante du siècle dernier, dit Marco Valdo M.I.

Oui, à la fin des années cinquante du siècle dernier ? Mais encore ? Qu’y avait-il de si particulier dont tu veux me parler ?, Marco Valdo M.I. mon ami.

Tout simplement, Lucien l’âne mon ami, tout simplement d’une chanson. D’une chanson française qui fit des ravages en France et dans les pays voisins de langue française et puis, ensuite, elle se répandit – une fois traduite -, dans le monde entier. Elle y emmena aussi son interprète.

Bien, bien, Marco Valdo M.I. mon ami, dit Lucien l’âne. Mais tout cela ne me dit pas de qui et de quoi il s’agit. Aurais-tu l’obligeance d’éclairer ma lanterne ?

Pour ce qui est de la chanson, répond Marco Valdo M.I., elle s’intitule « Le Jour où la pluie viendra » qui avait été écrite par l’excellent parolier Pierre Delanoë et son interprète mondialement connu (par la suite), Gilbert Bécaud. Cependant, cette chanson a eu d’autant plus de succès (et pourrait en avoir plus encore dans le futur) qu’elle remuait une situation archétypale, celle de la sécheresse et de la pluie bienfaisante ; elle satisfait aux plus profondes aspirations des gens du Sud. On comprend moins vu d’ici où on penserait volontiers le contraire ; ce n’est pas l’eau du ciel qui nous manque.

C’est vrai, confirme Lucien l’âne, je peux l’attester moi qui ai parcouru tant et tant de fois les paysages brûlés par le soleil, la sécheresse dans les pays du Sud (dans l’hémisphère Nord) sont une vraie calamité et déclenche de terribles désastres.

Mais ici, Lucien l’âne mon ami, comme tu t’en doutes, c’est tout le contraire qui est imaginé et apprécié.

En somme, suggère Lucien l’âne, il faudrait chanter quelque chose comme : « Le jour où la pluie cessera… ». Ç’aurait pu être également le refrain préféré de Noé et des animaux au temps du déluge.

Mais, Lucien l’âne mon ami, trêve de plaisanterie et revenons à cette chanson. Elle porte le rêve d’un futur meilleur et cela d’autant plus qu’elle s’adresse à un public de plus en plus nombreux en raison même du réchauffement climatique.

Évidemment, dit Lucien l’âne, tout est une question d’interprétation. Arrêtons là et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde asséché, malmené, exploité et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.


Le jour où la pluie viendra,
Nous serons, toi et moi,
Les plus riches du monde,
Les plus riches du monde.
Les arbres, pleurant de joie,
Offriront dans leurs bras
Les plus beaux fruits du monde,
Les plus beaux fruits du monde,
Ce jour-là.

La triste, triste terre rouge
Qui craque, craque à l’infini ;
Les branches nues que rien ne bouge
Se gorgeront de pluie, de pluie
Et le blé roulera par vagues
Au fond de greniers endormis
Et je t’enroulerai de bagues
Et de colliers jolis, jolis.

Le jour où la pluie viendra,
Nous serons, toi et moi,
Les fiancés du monde
Les plus riches du monde.
Les arbres, pleurant de joie,
Offriront dans leurs bras
Les plus beaux fruits du monde,
Les plus beaux fruits du monde,
Ce jour-là…