dimanche 27 septembre 2020

Trumpland is Wonderland

 

Trumpland is Wonderland


Chanson française – Trumpland is Wonderland – Marco Valdo M.I. – 2020




 

Wondertrumpland




Dialogue Maïeutique

 


L’autre jour, Lucien l’âne mon ami, un chœur d’émigrants venu du passé interpellait les gens des Zétazunis d’Amérique et les mettait en garde face à la dégradation des conditions de vie dans leur pays.


En effet, dit Lucien l’âne, deux cent mille morts jusqu’à présent et des millions de chômeurs, ce n’est pas rien.


Cependant, reprend Marco Valdo M.I., il m’a paru que cette discrète alarme n’était pas assez directe d’autant qu’elle était apparue dans le cours de notre dialogue. C’eût été parfait, s’il n’était question de l’avenir de millions de gens et puis, on en était encore au fleuret moucheté.


Oh, dit Lucien l’âne, tu pratiques l’escrime à présent ?


Pas vraiment, répond Marco Valdo M.I., c’est de l’escrime verbale. Mais comme tu le sais, comme cela s’est révélé au fil des temps, les mots sont plus puissants que les armes, car, tout comme le projectile continue sa route vers sa cible et finit par la toucher – même si le tireur ou l’artilleur a été abattu, les mots une fois lancés continuent leur trajectoire et se font entendre sans perdre rien de leur vitalité et au besoin, de leur alacrité ; j’ai même tendance à penser qu’elles augmentent avec la distance parcourue.


Soit, dit Lucien l’âne, mais de quoi parle la chanson et qui l’a écrite, et pourquoi et comment et toutes ces questions qu’il est d’usage de poser ?


Oh, Lucien l’âne mon ami, je ne sais par où commencer. Disons d’abord que c’est une chanson de ma composition ; disons encore qu’elle a été inspirée, outre le chœur des émigrants de Walter Mehring, par une chanson qu’Erika Mann fit à Munich la même année de 1934, dans laquelle elle houspillait le Moustachu antipathique, intitulée Der Prinz von Lügenland. On en trouve la trace dans le titre de celle-ci qui s’intitule « Trumpland is Wonderland », soit en français : « Le Pays de Trump est le Pays des Merveilles », par antiphrase évidemment.


J’avais saisi, dit Lucien l’âne.


Je précise néanmoins, Lucien l’âne mon ami, que c’est un titre bâti sur l’expression « Deutschland ist Lügenland » (L’Allemagne est le pays du mensonge) qu’on pouvait inférer de la chanson d’Erika Mann qui visait le pays d’Hitler et dès lors, le titre « Trumpland is Wonderland » indique le pays de Trump, le pays sous la domination de Trump, le pays tel que le décrit Trump lui-même et Wonderland renvoie au pays totalement imaginaire et inventé, aussi vraisemblable que celui d’Alice au pays des Merveilles de Tim Burton, production Disney, une version très contemporaine.


Tiens, dit Lucien l’âne, je pensais qu’Alice était un personnage d’un roman anglais écrit par un pasteur pour une jeune fillette au XIXe siècle.


Évidemment, dit Marco Valdo M.I., mais la jeune enfant a grandi et est devenue une jeune fille et puis, comme on sait, on n’arrête pas le progrès. Donc, cette chanson entend portraiturer dans sa posture de menteur, de hâbleur, de tricheur invétéré ce Prince de Menterie qu’est le maître de Trumpland et elle se place dans le rôle de Cassandre quand elle dénonce la tentation de coup d’État qui ronge ce proto-dictateur.


Proto-dictateur ?, dit Lucien l’âne, qu’est-ce à dire ? Serait-il en passe de se transformer en dictateur à part entière ?


En quelque sorte oui, Lucien l’âne mon ami, et s’il ne tenait qu’à lui, il le serait déjà pleinement. Mon chant, car c’est un chant de sirène, un chant d’alarme, dépouille l’épouvantail de ses oripeaux. Il sort les plumes et le goudron pour enduire le tricheur, il met à nu les intentions et les mobiles de cet avatar du dictateur, du caudillo, du conducator, du duce, du führer, du petit père du peuple, etc. Il en a tous les tics, tous les tocs, tous les trucs et toutes les ambitions.


Quand même la sirène, dit Lucien l’âne, c’est toujours mieux que le glas ; il y a encore la possibilité d’échapper au désastre. En attendant, on pourrait toujours lui dédier ton autre chanson qu’était : « Fous le camp » à ce Prince de Menterie.


C’est bien le sens de ce que j’entendais, dit Marco Valdo M.I., et il n’empêche que le malheur se pointe à l’horizon et un horizon proche pour les habitants de ce Wonderland qu’il leur promet et qu’il ne réalisera jamais. On sait où tous ces mirages ont conduit les gens : à la ruine. Ceci dit, j’ai l’impression que le destin de ce Wonderland est suspendu à l’attitude que prendront les militaires étazuniens au moment venu.


Si c’est ainsi, dit Lucien l’âne, c’est plus qu’inquiétant et tu fais bien de sonner du cor. Pour le reste, tissons le linceul de ce vieux monde malade d’une étrange peste, atteint de dictaturomanie, berné, trompé, souillé et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane









C’est le nouveau Wonderland

Wo der Prinz von Lügenland regiert,

Où règne Le Prince de Menterie.

C’est un grand pays Trumpland,


Je suis le Prince de Menterie,

Je mens à toutes les filles,

Je ne sais que mentir,

Personne ne peut tant vomir.


Qui ment une fois, on ne le croit pas ;

Qui ment toujours, toujours on le croit.

Tromperie est menterie,

Trumperie est tromperie.


Je répands tant de faux songes

Que le ciel en tombe sur la nation,

Le pays fourmille de cadavres et de mensonges,

Du peuple monte un vent de putréfaction.


Les deux cent mille morts sont vivants,

Je dis vrai quand je mens.

Tout le monde me croit, c’est sûr,

Je peux le lire sur les figures.


Mentir est un art,

Mentir donne du pouvoir.

Il fait beau mentir,

Il est bon de mentir.


Mentir, c’est de la triche,

Mentir, c’est faire voir la vie en rose.

Mentir, c’est embellir les choses,

Mentir rend riche.


La naïve vérité va en chemise.

Mentir est chatoyant et grise.

La Menterie est mon foyer,

Personne ne peut y dire la vérité.



Chaque jour, je joue ma survie.

Face à la vérité, je tempête et je crie ;

Je prépare le poison, j’allume l’incendie ;

Moi, moi, le prince de Menterie !


Je mène mon pays à la guerre civile.

Qui ne me croit pas est un imbécile,

Qui m’aime a confiance en moi

Et jusqu’au bout me soutiendra.


Soyez calmes ! Soyez paisibles !

Aimez-vous les uns, les autres !

Priez, dites des patenôtres !

Frappez, tuez, soyez terribles !


J’écraserai mes ennemis sous les bombes

Et je cracherai sur leurs tombes.

Je croasserai sur les décombres

Que tout est la faute des ombres !


En vérité, je vous le dis,

Mon combat est béni.

Vous êtes mes apôtres,

Les méchants, ce sont les autres.


Grâce à moi, demain tout sera magnifique ;

Grâce à moi, ici, ce sera le Paradis ;

Grâce à moi, Dieu bénit le pays ;

Grâce à moi, Dieu protège l’Amérique.


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