MARIO LE PRÉCAIRE
Version
française – MARIO LE PRÉCAIRE – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson
italienne – Mario
il precario – Franco
Trincale – 2005 (?)
La
vie est un droit et
pouvoir vivre est
juste
Tableau de George Grosz - 1920
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Dialogue
Maïeutique
Mario
le précaire est un personnage emblématique, une image, une figure
de la tragi-comédie humaine et son destin – il a raison de la dire
Mario est celui de millions de gens et encore, il a de la chance
d’être né dans cette partie du monde en cette époque où depuis
un certain temps – très court au regard de l’histoire, il existe
des mécanismes qui amortissent – sans rien résoudre – les
effets les plus calamiteux de la misère.
En
somme, dit Lucien l’âne, on ne soigne pas le malade, on lui donne
juste assez pour assurer sa survie et un peu de drogue pour calmer
son angoisse et par la même occasion, l’anesthésier assez pour
lui ôter toute envie et toute capacité d’agir.
C’est
en effet, Lucien l’âne mon ami, la situation de Mario le précaire
et on le tient ainsi à la laisse courte.
Cependant,
reprend Marco Valdo M.I., il faut noter que Mario réagit encore ;
d’une part, il se conforme aux règles du système et que faire
d’autre dans son cas ? ; d’autre part, il tente d’en
sortir en exposant son malheur. Ainsi, il vit encore, il fait
connaître son existence. Sinon, qui penserait à lui ? Il
espère et revendique un travail, n’importe quel travail, sinon
menace-t-il, ceux comme lui, ils se rebelleront. On ne sait même pas
si lui-même en sera. C’est une chanson de désespoir ; c’est
la
Guerre de Cent Mille Ans, que les riches font pour écraser les
pauvres, pour les tenir en laisse, pour les contraindre à la juste
misère, c’est la Guerre de Cent Mille Ans, vue par un de ceux
qu’elle écrase.
Au
fait, dit Lucien l’âne, comment en sortir puisque l’ambition
générale des dominés est d’accéder au mode de vie des
dominateurs, celle des pauvres de devenir riches, et ainsi de suite
dans tous les domaines de la vie ? Que faire si on vit dans un
monde affolé par l’avidité, l’ambition, l’apparence et
l’arrogance ? Que faire d’un pareil monde qui instille son
poison dans le cœur et l’âme des gens ? Comment extirper ce
virus social, cette pandémie qui se passe de génération en
génération ? Certains y arrivent pourtant. Mario le précaire,
peut-être un jour, s’il continue à penser, découvrira une
manière de vivre sa vie. Dans le fond, c’est tout ce qu’il
demande et en cela, il a raison. Il y a d’abord pour lui
l’impératif du ici et maintenant.
On
ne saurait lui donner tort, reprend Marco Valdo M.I. ; surtout,
en attendant que les désespérés finissent par se révolter. Et
même en ce cas, il y a de quoi réfléchir avec
tous les exemples qu’on peut examiner depuis Spartacus ou même
encore avant jusqu’aux derniers grands mouvements. L’avenir de
l’humanité est devant elle, mais on ne sait où. D’ailleurs,
elle doit se
construire, elle est
encore à faire et ne pourra se faire tant qu’il y aura des hommes
(ou des femmes) qui ambitionneront la richesse (car pour qu’il y
ait un riche, il faut qu’il y ait des pauvres et le plus possible,
pour
que le riche soit plus riche, puisqu’il s’agit d’un phénomène
relatif) ou le pouvoir (car pour être puissant, il faut
obligatoirement des autres à dominer et plus y
en a et plus la domination est forte, plus la puissance est plaisante
aux yeux du puissant).
Certes,
dit Lucien l’âne, il y a de quoi réfléchir. On
voit assez bien l’objectif, mais comment y parvenir, la chose est
beaucoup moins claire. On n’en sortira pas tant qu’il y aura des
êtres pétris d’arrogance ou pénétrés de leur importance ou
encore, imbus de leur apparence.
Alors,
tissons le linceul de ce vieux monde arrogant, ambitieux, avide,
autosatisfait et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Voici
l’histoire de Mario le précaire
Avec
ses jambes en
l’air et son
cul par terre.
Il
n’a pas eu de salaire depuis trois mois
Et
à nouveau, il recommence son calvaire.
Il
feuillette et
refeuillette les
journaux
Il
hante les agences, les offices, les bureaux,
Le
WWW, obstiné,
rien ne l’arrête,
Il
cherche un emploi sur Internet
Ses
derniers euros, putain !
Pour
le téléphone, le bus
et le train.
Mais
de travail, pas une trace ;
Il
serre la ceinture et
les jours passent.
Il
triture son
esprit et se force
à penser :
Que
pourrais-je inventer ?
Je
ne suis pas
capable de voler.
Je
veux la paix, mais il me faut manger.
Je
joue de la guitare, déjà ;
Et
puis, j’ai une
jolie voix.
Et
je ferais
n’importe quoi
Pour
ne pas finir en
croix.
Alors,
il chante son histoire,
Son
histoire et celle de millions d’autres
Sans
travail, sans diplôme,
sans salaire,
L’histoire
de millions de travailleurs précaires.
Je
suis au chômage, accroché à un rocher
Et
ne me dites pas que je ne veux pas travailler.
J’accepte
toute offre pour
rester en vie,
J’attends
sur le banc pour rentrer dans la partie.
Le
diplôme, la
réussite, papiers
juste bons à jeter.
Je
ne sais que faire
et je ne veux pas voler.
Mon
père et ma mère ne voulurent
pas avorter.
Je
suis donc venu au monde pour ne pas pécher
Et
il y en a beaucoup, pleins de
colère, de larmes et
d’anxiété,
Qui
se tiennent encore tranquilles,
mais sont angoissés.
Payer
son loyer comme
travailler est juste ;
La
vie est un droit et
pouvoir vivre est
juste.
Messieurs
du gouvernement, entrepreneurs et patrons,
Donnez
un travail à ces bons garçons.
Car
si on continue encore de ce pas
Notre
Italie au désastre va tout droit,
Et
les chômeurs, maintenant
encore posés,
Seront
un jour tout à fait désespérés.
Ils
demandent du travail, s’ils n’en trouvent pas,
Sachez
avec certitude qu’ils vont se rebeller !
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