lundi 22 juin 2020

La grande Chanson



 
 

La grande Chanson


Chanson française – La grande Chanson – Marco Valdo M.I. – 2020

LA NOBLE CABALE 1

La noble Cabale ou « La grande chanson de Maître François contant les aventures horrifiques du géant Gargantua et de Pantagruel, le roi des Dispodes. » Chanson en multiples épisodes, en français de ce XXIe siècle, tirée de l’œuvre complet de François Rabelais, selon l’édition « Rabelais. Œuvres complètes », éditée et translatée par Guy Demerson, publiée au Seuil à Paris en 1973, 1020 p. Interprétée de bout en bout par Lucien l’âne en duo avec Marco Valdo M.I.








Dialogue Maïeutique

La grande chanson, marmonne Lucien l’âne, je me demande ce qu’un pareil titre peut signifier. C’est assez flou comme dénomination. Par exemple, en quoi une chanson peut-elle être grande ? Ou petite d’ailleurs ?

En effet, répond Marco Valdo. Une chanson peut être grande ou petite (ce qui est la même chose, finalement) de toutes sortes de façons : par la longueur ou par sa réputation. Ici, dans un premier temps, ce sont les deux sens qui s’imposent et expliquer ça. Comme tu le sais, j’ai toujours considéré la chanson comme un genre poétique, littéraire et bien sûr, musical – même si, la plupart du temps, les musiciens sont en retard ou carrément, absents.

Sur ce point, je pense, dit Lucien l’âne, que tu as raison et de façon générale, la chanson est un art et sans doute constitue-t-elle l’art lyrique, entendu – c’est le cas de le dire – comme l’art de ce qui se raconte par la voix soutenue par une cadence, éventuellement par un bâton frappé au sol, par la lyre ou n’importe quel instrument ou groupe d’instruments. On peut affiner cette définition, mais elle est fondamentale. Il est temps de rendre à la chanson toutes ses dimensions et de la libérer de l’ostracisme qui frappe une grande partie d’entre elle et qui réserve la dimension d’art au seul lyrisme élitiste parqué dans ses genres et ses institutions, c’est-à-dire la musique classique, l’opéra, le chant, etc.

En somme, dit Marco Valdo M.I., c’est comme si on réduisait la marche à la marche olympique, au défilé militaire ou aux processions. C’est absurde, mais c’est pourtant ce qui en est pour la chanson.

Ensuite, dit Lucien l’âne, elle peut – être grande ou petite par sa dimension : quelques syllabes ou des milliers de vers. L’Iliade et l’Odyssée en sont de fameuses illustrations et comme on le sait aussi, sont divisées en une série de chants. Et puis, comme on l’a déjà dit, on pourrait fondre l’entièreté des chansons des Chansons contre la Guerre (CCG) en une seule énorme œuvre polyphonique.

Soit, dit Marco Valdo M.I., arrêtons ici cette discussion théorique pour en revenir à cette chanson-ci – « La grande Chanson », car comme pour Dachau Express, les Histoires d’Allemagne, Les Histoires lévianes, la Geste de Till, les Lettres de Prison, l’Arlequin amoureux et tout récemment, quelques histoires albanaises, elle sera composée d’une série de chansons qui toutes ensemble la constitueront. Combien il y en aura, je ne le sais pas.

Avec toutes ces digressions, dit Lucien l’âne, je ne sais toujours pas de quoi elle parle, ni ce qu’elle va raconter.

Évidemment, Lucien l’âne mon ami, et c’est normal, car je ne le sais pas moi-même. Je ne sais ni le nombre, ni le contenu de ce qui sera. Les seules choses que je peux assurément en dire, c’est que ce grand récit sera la transposition de l’œuvre de François Rabelais, du grand œuvre de Maître François, qui vécut à la même époque que Till (1500-1550) :
— Pantagruel Roy des Dipsodes, restitué à son naturel, avec ses faictz et prouesses espouventables, composez par feu M. Alcofrybas abstracteur de quinte essence ;
— La vie treshorrificque du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composee par M. Alcofribas abstracteur de quinte essence. Livre plein de Pantagruelisme ;
— Tiers Livre des faitz et dictz Heroïques du noble Pantagruel, composez par M. Franç. Rabelais docteur en Medicine ;
— Le Quart Livre des faicts et dits Heroïques du bon Pantagruel. Composé par M. François Rabelais ;
— Le cinsquiesme et dernier livre des faicts et dicts Heroïques du bon Pantagruel, composé par M. François Rabelais, docteur en Medecine.
Un grand œuvre forcément réduit, forcément décomposé, forcément recomposé pour se mettre à vivre sous la forme de ma chanson nouvelle. Mais ce que je sais également surtout pas, c’est si j’arriverai à le faire. Je suis l’ancien navigateur partant pour un supposé tour du monde, je suis le voyageur à pied, simple piéton itinérant, vagabond vaguant sur la vague des plaines au piémont d’une formidable chaîne de montagnes qu’il ne connaît que par sa réputation, par les on-dits d’autres trimardeurs, d’autres explorateurs. C’est ma manière de lire une œuvre que sans cela – à l’exception notable de Laurence Sterne, d’Alexandre Vialatte et d’autres encore, je me serais contenté de survoler.

En somme, dit Lucien l’âne, il s’agit de la lire la plume à la main en tentant d’en donner une image de ta composition. En cela, rassure-toi, c’est ce que font les artistes, nombre de créateurs et dans tous les arts. C’est d’ailleurs cet usage de l’extelligence, de la culture accumulée, de l’accumulation culturelle, du savoir partageable qui fait l’humaine nation. Aucun artiste ne travaille « ex nihilo » et même les premiers mots, les premiers pas d’enfant sont inspirés des mots et des pas de l’entourage. On puise tous dans la manne commune.

Comme il s’agit de la première chanson de la série, Lucien l’âne mon ami, je réserve d’autres commentaires auxquels je pense ou que j’aurais oubliés pour d’autres dialogues. Ainsi, je te parlerai de Rabelais au fur et à mesure du périple. Cependant, un dernier mot avant de te laisser conclure, je veux attirer ton attention sur deux vers d’où vient le titre générique : « La noble Cabale », car il énonce en quelque sorte le sens de ce détour rabelaisien :

« Œuvrant ainsi pour la noble cabale
Des frères humains fuyant en cavale »

Oh, dit Lucien l’âne, c’est fort bien ce titre générique et je suis tout prêt à y contribuer moi aussi à cette noble cabale. Pour le reste, j’attendrai ce qu’il faudra pour saisir l’ensemble dans son ensemble. Alors, à présent, tissons le linceul de ce vieux monde raisonneur, rigolard, philosophe, épouvantable et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Si pour mêler profit avec douceur,
On met à haut prix la chanson, son auteur
Prisé sera, de cela soyez sûrs.
Je le sais, car selon ma comprenure,
Cette chanson, de si plaisante figure,
Est d’une utilité si certaine,
M’est avis que me voilà nouveau Démocrite,
Riant les faits de notre vie humaine.
Persévérant, et, si on n’en reconnaît le mérite
L’aura viendra une prochaine semaine.

Illustres et valeurs champions,
Recevez mes gentilles salutations.
Vous avez vu, lu et su naguère
Entrecroisant racontars et ritournelles,
Mille et mille chansons contre la guerre,
Susurrées à d’aimables demoiselles,
À chaque soir une nouvelle,
Vous les avez connues si belles,
Laissant pour ce faire de côté,
En grand oubli, les soucis du métier.

Sans laisser divaguer l’esprit
Jusqu’en fin tenir en tête ce récit,
Même si devaient disparaître les sites
Ou les livres, la voix reporterait ce chant
Aux enfants aux guerres survivants,
Gagnant les plus grands des mérites,
Œuvrant ainsi pour la noble cabale
Des frères humains fuyant en cavale
Cataclysmes, éruptions, pandémies,
Disette, sécheresse, massacres et tueries.

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