La
grande Chanson
Chanson
française – La grande Chanson – Marco Valdo M.I. – 2020
LA
NOBLE CABALE 1
La
noble Cabale ou « La grande chanson de Maître François
contant les aventures horrifiques du géant Gargantua et de
Pantagruel, le roi des Dispodes. » Chanson en multiples
épisodes, en français de ce XXIe siècle, tirée de
l’œuvre complet de François Rabelais, selon l’édition
« Rabelais. Œuvres complètes », éditée et translatée
par Guy Demerson, publiée au Seuil à Paris en 1973, 1020 p.
Interprétée de bout en bout par Lucien l’âne en duo avec Marco
Valdo M.I.
Dialogue
Maïeutique
La
grande chanson, marmonne Lucien l’âne, je me demande ce qu’un
pareil titre peut signifier. C’est assez flou comme dénomination.
Par exemple, en quoi une chanson peut-elle être grande ? Ou
petite d’ailleurs ?
En
effet, répond Marco Valdo. Une chanson peut être grande ou petite
(ce qui est la même chose, finalement) de toutes sortes de façons :
par la longueur ou par sa réputation. Ici, dans un premier temps, ce
sont les deux sens qui s’imposent et expliquer ça. Comme tu le
sais, j’ai toujours considéré la chanson comme un genre poétique,
littéraire et bien sûr, musical – même si, la plupart du temps,
les musiciens sont en retard ou carrément, absents.
Sur
ce point, je pense, dit Lucien l’âne, que tu as raison et de façon
générale, la chanson est un art et sans doute constitue-t-elle
l’art lyrique, entendu – c’est le cas de le dire – comme
l’art de ce qui se raconte par la voix soutenue par une cadence,
éventuellement par un bâton frappé au sol, par la lyre ou
n’importe quel instrument ou groupe d’instruments. On peut
affiner cette définition, mais elle est fondamentale. Il est temps
de rendre à la chanson toutes ses dimensions et de la libérer de
l’ostracisme qui frappe une grande partie d’entre elle et qui
réserve la dimension d’art au seul lyrisme élitiste parqué dans
ses genres et ses institutions, c’est-à-dire la musique classique,
l’opéra, le chant, etc.
En
somme, dit Marco Valdo M.I., c’est comme si on réduisait la marche
à la marche olympique, au défilé militaire ou aux processions.
C’est absurde, mais c’est pourtant ce qui en est pour la chanson.
Ensuite,
dit Lucien l’âne, elle peut – être grande ou petite par sa
dimension : quelques syllabes ou des milliers de vers. L’Iliade
et l’Odyssée en sont de fameuses illustrations et comme on le sait
aussi, sont divisées en une série de chants. Et puis, comme on l’a
déjà dit, on pourrait fondre l’entièreté des chansons des
Chansons contre la Guerre (CCG) en une seule énorme œuvre
polyphonique.
Soit,
dit Marco Valdo M.I., arrêtons ici cette discussion théorique pour
en revenir à cette chanson-ci – « La grande Chanson »,
car comme pour Dachau Express, les Histoires d’Allemagne, Les
Histoires lévianes, la Geste de Till, les Lettres de Prison,
l’Arlequin amoureux et tout récemment, quelques histoires
albanaises, elle sera composée d’une série de chansons qui toutes
ensemble la constitueront. Combien il y en aura, je ne le sais pas.
Avec
toutes ces digressions, dit Lucien l’âne, je ne sais toujours pas
de quoi elle parle, ni ce qu’elle va raconter.
Évidemment,
Lucien l’âne mon ami, et c’est normal, car je ne le sais pas
moi-même. Je ne sais ni le nombre, ni le contenu de ce qui sera. Les
seules choses que je peux assurément en dire, c’est que ce grand
récit sera la transposition de l’œuvre de François Rabelais, du
grand œuvre de Maître François, qui
vécut à la même époque que Till (1500-1550) :
— Pantagruel
Roy des Dipsodes, restitué à son naturel, avec ses faictz et
prouesses espouventables, composez par feu M. Alcofrybas abstracteur
de quinte essence ;
— La
vie treshorrificque du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis
composee par M. Alcofribas abstracteur de quinte essence. Livre plein
de Pantagruelisme ;
— Tiers
Livre des faitz et dictz Heroïques du noble Pantagruel, composez par
M. Franç. Rabelais docteur en Medicine ;
— Le
Quart Livre des faicts et dits Heroïques du bon Pantagruel. Composé
par M. François Rabelais ;
— Le
cinsquiesme et dernier livre des faicts et dicts Heroïques du bon
Pantagruel, composé par M. François Rabelais, docteur en Medecine.
Un
grand œuvre forcément réduit, forcément décomposé, forcément
recomposé pour se mettre à vivre sous la forme de ma chanson
nouvelle. Mais ce que je sais également surtout pas, c’est si
j’arriverai à le faire. Je suis l’ancien navigateur partant pour
un supposé tour du monde, je suis le voyageur à pied, simple piéton
itinérant, vagabond vaguant sur la vague des plaines au piémont
d’une formidable chaîne de montagnes qu’il ne connaît que par
sa réputation, par les on-dits d’autres trimardeurs,
d’autres explorateurs. C’est ma manière de lire une œuvre que
sans cela – à l’exception notable de Laurence Sterne,
d’Alexandre Vialatte et d’autres encore, je me serais contenté
de survoler.
En
somme, dit Lucien l’âne, il s’agit de la lire la plume à la
main en tentant d’en donner une image de ta composition. En cela,
rassure-toi, c’est ce que font les artistes, nombre de créateurs
et dans tous les arts. C’est d’ailleurs cet usage de
l’extelligence, de la culture accumulée, de l’accumulation
culturelle, du savoir partageable qui fait l’humaine nation. Aucun
artiste ne travaille « ex nihilo » et même les premiers
mots, les premiers pas d’enfant sont inspirés des mots et des pas
de l’entourage. On puise tous dans la manne commune.
Comme
il s’agit de la première chanson de la série, Lucien l’âne mon
ami, je réserve d’autres commentaires auxquels je pense ou que
j’aurais oubliés pour d’autres dialogues. Ainsi, je te parlerai
de Rabelais au fur et à mesure du périple. Cependant, un dernier
mot avant de te laisser conclure, je veux attirer ton attention sur
deux vers d’où vient le titre générique : « La noble
Cabale », car il énonce en quelque sorte le sens de ce détour
rabelaisien :
« Œuvrant
ainsi pour la noble cabale
Des
frères humains fuyant en cavale »
Oh,
dit Lucien l’âne, c’est fort bien ce titre générique et je
suis tout prêt à y contribuer moi aussi à cette noble cabale. Pour
le reste, j’attendrai ce qu’il faudra pour saisir l’ensemble
dans son ensemble. Alors, à présent, tissons le linceul de ce vieux
monde raisonneur, rigolard, philosophe, épouvantable et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Si
pour mêler profit avec douceur,
On
met à haut prix la chanson, son auteur
Prisé
sera, de cela soyez sûrs.
Je
le sais, car selon ma comprenure,
Cette
chanson, de si plaisante figure,
Est
d’une utilité si certaine,
M’est
avis que me voilà nouveau Démocrite,
Riant
les faits de notre vie humaine.
Persévérant,
et, si on n’en reconnaît le mérite
L’aura
viendra une prochaine semaine.
Illustres
et valeurs champions,
Recevez
mes gentilles salutations.
Vous
avez vu, lu et su naguère
Entrecroisant
racontars et ritournelles,
Mille
et mille chansons contre la guerre,
Susurrées
à d’aimables demoiselles,
À
chaque soir une nouvelle,
Vous
les avez connues si belles,
Laissant
pour ce faire de côté,
En
grand oubli, les soucis du métier.
Sans
laisser divaguer l’esprit
Jusqu’en
fin tenir en tête ce récit,
Même
si devaient disparaître les sites
Ou
les livres, la voix reporterait ce chant
Aux
enfants aux guerres survivants,
Gagnant
les plus grands des mérites,
Œuvrant
ainsi pour la noble cabale
Des
frères humains fuyant en cavale
Cataclysmes,
éruptions, pandémies,
Disette,
sécheresse, massacres et tueries.
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