vendredi 22 mai 2020

Vive les vacances ! (1)


Vive les vacances ! (1)

Chanson française – Vive les vacances ! (1) – Marco Valdo M.I. – (19 mars) 2020











Dialogue Maïeutique

Il m’est arrivé une curieuse aventure, Lucien l’âne mon ami et je m’en vais te conter ça ; comme tu vas le voir, il y a deux versions de cette nouvelle chanson.

Deux versions d’une chanson, demande Lucien l’âne un peu ahuri, et pourquoi donc ? Une seule n’aurait pas suffi ?

Bien sûr que si, répond Marco Valdo M.I., mais voilà, il y a le temps ; le temps qui passe, le temps qui glisse et fuit comme l’eau du ruau ou du ru, c’est-à-dire du petit ruisseau. Mais voyons voir plus en détail la cause de ce doublon ; les deux chansons s’intitulent : « Vive les Vacances ! » et elles ont été conçues à deux moments différents et les dates ont de l’importance. La première version date du 19 mars 2020 – c’est-à-dire au début du confinement et la seconde, d’aujourd’hui, le 22 mai 2020 où lentement, on déconfine. Entre les deux, deux mois ont passé. La première version fut écrite au temps des jonquilles ; la seconde quand les oiseaux s’en donnent à cœur joie dans les bois et les jardins ; les alouettes tout en haut trillent.

Ça, je le comprends, dit Lucien l’âne, mais c’est pourquoi tu as attendu pour publier la version première que je ne comprends pas.

La vérité, Lucien l’âne mon ami, la vérité toute nue, c’est que j’avais oublié que j’avais écrit cette chanson et qu’elle a ainsi – elle aussi – été confinée dans un coin perdu du labyrinthe des fichiers. Je l’ai retrouvée un eu par hasard tout à l’heure au moment où j’écrivais la suite de la chanson albanaise « Le grand Avion ». À ce moment, je me suis rendu compte qu’elle était déjà datée ; en quelque sorte, elle parlait déjà du passé ; elle n’avait plus de sens que replacé dans son historicité. J’ai donc fait les adaptations nécessaires pour la mettre au goût du jour et c’est à ce moment que j’ai eu l’idée, la conviction même qu’il fallait garder les deux versions, sous le même titre, mais en les numérotant pour les distinguer.

Oui, dit Lucien l’âne en souriant, les numéroter. C’est dangereux, car quand on commence avec des numérotations, ça peut mener loin, très loin.

On ne sait jamais, en effet, Lucien l’âne mon ami. Par exemple, je suis venu aux chansons contre la guerre avec une première traduction et je n’avais pas l’idée d’en faire une deuxième. C’est tout dire que c’était il y a plus de dix ans, il y a environ 4000 jours. Du reste, voici la première version, celle du commencement du grand enfermement et déjà, je saluais les gens dans la rue en leur disant : « Vive les vacances ! »

Et tu faisais bien, dit Lucien l’âne, car les seuls que tu pouvais rencontrer étaient effectivement dispensés d’aller au turbin. Ils étaient au sens strict : « en vacances ».
Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde décontenancé, désaxé, déboussolé et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Hier, l’hiver s’est enfui
De tout le pays.
Ce matin, le matin est gris :
C’est le printemps des souris.
Ce matin, il n’y a pas de vent.
L’air est vacant.
Le monde est en pénitence.
Vive les vacances.

Tout comme les fleurs,
Les feuilles hésitent fort
À sortir leurs corps :
C’est le printemps en pleurs.
Seul le clocher bourdonne,
Un bourdon solitaire dépaysé
Papillonne,
Tout est confiné.

Certains ont de la chance,
Les croyants en confiance
Partent en avance
Pour de grandes vacances
Au Paradis,
Au grand pays
Du soleil et des houris.
Vive les vacances !


C’est le temps des jonquilles !
Rats terrés dans la réserve,
On coule des jours tranquilles :
La vie en jaune conserve.
Et puis, le Paradis, on s’en fout
Notre Paradis, c’est notre trou.
Notre avenir est tout en patience,
Vive les vacances !


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