La
Lettre d’Austerlitz
Chanson
française – La Lettre d’Austerlitz – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 51
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Röslein !
Röslein ! Toujours,
Pensez
sur votre ottomane
À
votre Franz B., Hauptmann |
Dialogue
Maïeutique
Hier,
dit rêveusement Marco Valdo M.I., la chanson commençait par
« Ma
toute chérie !
Le
village s’appelle Marengo. »
J’espère
vivement que tu t’en rappelles de cette lettre d’amour que le
lieutenant Franz envoyait à une jeune dame de Vienne (Autriche) au
soir de la bataille non loin du champ couvert de morts sur qui
tombait la nuit.
Ho,
Marco Valdo M.I. mon ami, ne joue pas ton Victor Hugo inspiré
racontant l’histoire d’une bataille espagnole, une de celles
peintes par Goya, peintre des horreurs de la guerre et dis-moi la
suite.
C’était,
Lucien l’âne mon ami, à Marengo, c’était en 1800. La chanson
s’intitulait d’ailleurs très logiquement : « La
Lettre de Marengo ». Celle-ci, comme tu vas le voir, en est
le pendant tout comme chez le même Francisco Goya, la Maja vestida
est celui de la Maja desnuda.
Oui,
dit Lucien l’âne, mais encore ? Pourquoi me dis-tu tout ça,
pour me faire languir ?
Pas
du tout, Lucien l’âne mon ami, tu vas comprendre tout de suite
quand je t’aurai dit que celle-ci s’intitule « La Lettre
d’Austerlitz » et que je t’aurai précisé qu’elle
commence par :
« Ma
Bien Aimée !
D’une
sinistre auberge derrière la Morava, »
et
que comme celle de Marengo, elle est envoyée à la même dame de
Vienne (Autriche) par le même Franz, entretemps devenu Hauptmann,
c’est-à-dire quelque chose comme capitaine. Et comme celle de
Marengo, elle est envoyée aau soir de la bataille non loin du champ
couvert de morts sur qui tombait la nuit., le 2 décembre 1805.
Eh
bien, dit Lucien l’âne, quelle fidélité épistolaire ! Mais
qu’y a-t-il d’autre à dire de cette lettre ?
D’abord,
répond Marco Valdo M.I., il y a les coïncidences : si le
lieutenant (1800) et le capitaine (1805) sont une seule et même
personne, il en va de même parmi les hommes de troupe avec un
certain Matthias, Matěj
Kuře.
Même
officier, même soldat, même déserteur et même dame, conclut
Lucien l’âne en riant aux éclats.
Cependant,
reprend Marco Valdo M.I., cette fois-ci, la lettre a tous les parfums
d’un adieu et d’un adieu définitif. Écoute ceci :
« Mon
âme fatiguée
Vous
écrit une dernière fois…
Contre
la tempe ou dans la bouche,
Une
seule décharge, un seul coup, »
Ça
sent l’envie suicidaire, dit Lucien l’âne. Mais si je me
souviens bien, la bataille d’Austerlitz
le jour même avait fait
plus de quinze
mille morts.
D’autant,
Lucien l’âne mon ami, que ce n’est peut-être que
la pose romantique d’un
officier lors d’un
instant de dépression vespérale. Et puis, l’amour et l’image
de Röslein sur son ottomane vont peut-être empêcher cet
hypothétique suicide et raviver la flamme du capitaine.
Oui,
Marco Valdo
M.I. mon ami, surtout si le capitaine garde précisément de Röslein
le souvenir d’une « maja desnuda », couchée sur son
ottomane, telle que venait de la peindre à l’autre bout de
l’Europe, Francisco Goya.
Ça
n’aurait rien d’étonnant, répond Marco Valdo M.I., à chaque
époque son imaginaire et le romantique n’ignorait rien de la
chair. Dès lors, que l’hauptmann Franz frétille à l’idée de
Röslein sur son ottomane n’a rien d’inimaginable. D’ailleurs,
les lettres témoignent d’une certaine intimité entre
eux deux avec leurs
« baisers tant et tant, partout » – c’était du temps
de Marengo ; avec le
soir d’Austerlitz, le
refrain tout aussi
érotique :
« j’ai
baisé votre main nue…
Röslein !
Röslein ! Toujours,
Pensez
sur votre ottomane
À
votre Franz B., Hauptmann. »
C’est
assez capiteux et quel contraste avec le crâne ouvert et les
mouches.
« Le
crâne s’ouvre et se répand partout.
Ensuite,
viennent les mouches. »
Oh,
dit Lucien l’âne, je n’ose interpréter ce suicide, tant la mort
et l’amour sont proches. C’est très troublant, mais il nous faut
continuer notre tâche dans la vie ; alors, tissons le linceul
de ce vieux monde rêvasseur, amoureux, lubrique, mortel, suicidaire
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ma
Bien Aimée !
D’une
sinistre auberge derrière la Morava,
Mon
âme fatiguée
Vous
écrit une dernière fois.
C’en
est fini de cette guerre.
Nous
sommes encore vaincus,
Quel
déshonneur militaire !
Madame !
On est perdus.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
On
a battu la retraite sans façon,
On
a fui, quelle humiliation !
Verfluchten
God im Himmel !
Putain
de Dieu au ciel !
Contre
la tempe ou dans la bouche,
Une
seule décharge, un seul coup,
Le
crâne s’ouvre et se répand partout.
Ensuite,
viennent les mouches.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Trois
ans que je vous ai vue,
Que
j’ai baisé votre main nue.
Je
ne vous reverrai plus,
Oh !
Jeunesse, où es-tu ?
Le
temps est le bourreau de l’amour.
Röslein !
Röslein ! Toujours,
Pensez
sur votre ottomane
À
votre Franz B., Hauptmann.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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