La
Lettre de Marengo
Chanson
française – La Lettre de Marengo – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 50
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Devant
les chevaux, devant les baïonnettes,
Sous
les boulets, sous les obus, c’est l’escampette.
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Dialogue
Maïeutique
Mon
ami
Lucien
l’âne, te
souviens-tu des coquets lieutenants ?
Oui,
certainement, Marco Valdo M.I mon ami, si je peux dire ce sont ceux
qui animent la fin de la chanson « Les
Coquets Lieutenants » :
« Un
chariot passe où s’entassent les beaux militaires,
Le
conducteur injurie ses chevaux,
Les
corps sans voix tressautent les pieds à l’air,
Les
coquets lieutenants vont dormir sous les choux de Marengo. »
C’est
bien à ceux-là que je fais allusion, reprend Marco Valdo M.I. ;
beaucoup sont morts, en effet, mais malgré tout, un certain nombre a
survécu à cette déroute et parmi eux, le lieutenant Franz B., qui
commandait à Marengo, la cinquième compagnie du régiment de
Colloredo dans lequel avait été incorporé de force en Bohême,
Matěj Kuře, quarante ans, vagabond, sans passeport, individu
errant. Le lieutenant Franz B. commandait en l’absence
du capitaine, porté pâle avant la bataille.
C’est
curieux, dit Lucien l’âne, pour un officier commandant une unité
de cette importance de se faire porter pâle juste avant la bataille.
Certes,
répond Marco Valdo M.I., mais ça arrive parfois et puis, ce n’est
pas la question. Il s’agit donc du lieutenant
Franz (appelons-le ainsi), qui entretient une correspondance avec une
dame qu’il connaît
et qu’il a sans doute bibliquement connue à Vienne. Bref, le
lieutenant écrit une lettre à la
dame de ses pensées, à
sa maîtresse, par ailleurs bourgeoisement mariée à un percepteur.
Bien
entendu, il lui raconte le fait du jour et le rôle plus ou moins
glorieux qu’il y joue : la bataille de Marengo,
datée donc du 14 juin 1800. On dispose ainsi du témoignage direct
d’un officier et c’est une version assez différente de celle de
Matthias.
Si
ma mémoire n’est pas défaillante, dit Lucien l’âne, il me
semble avoir déjà vu une lettre de ce lieutenant, si c’est bien
le même lieutenant, que tu as publiée sous la forme d’une chanson
sous le titre « La
Marengo du Lieutenant ».
Tout
à fait exact, Lucien l’âne mon ami, et il s’agit du même
lieutenant, de la même dame et pour tout dire même, de la même
lettre, mais cette fois, dans sa version plus personnelle. Elle
dévoile l’intimité du lieutenant.
Oh,
dit Lucien l’âne, ce n’est pas parce qu’on fait la guerre
qu’on n’a pas de sentiments. Alors, tissons le linceul de ce
vieux monde sentimental, badin, flirteur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ma
toute chérie !
Le
village s’appelle Marengo.
Sieg
oder Tod ! On saura bientôt !
Ainsi
va la vie.
À
reculons, on a passé huit rivières ;
Nous
sommes vaincus.
Mon
cœur vous espère,
Gnädige
Frau. On a perdu.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Ce
matin encore, on était fiers,
À
sept heures, tous en ligne,
Aigrette
au vent, arme au clair,
Splendide
armée, force digne.
Sieg
oder Tod ! On était d’attaque.
Le
clairon sonne, le drapeau claque.
On
s’ébranle avec violence
À
trente mille, on avance.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Devant
les chevaux, devant les baïonnettes,
Sous
les boulets, sous les obus, c’est l’escampette.
On
abandonne les tués, les blessés,
Les
prisonniers, sans compter les désertés.
Bien
peu d’hommes nous sont restés.
Röslein,
ma consolation ! Les baisers !
Je
vous en donnerai tant et tant,
Partout.
Franz B., Oberleutnant.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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