LA CHANSON DE BRESCI
Version
française – LA
CHANSON DE BRESCI – Marco
Valdo M.I. – 2020
Chanson italienne – La canzone di Bresci – Giuseppe Ciancabilla – 1901
Paroles :
Giuseppe CiancabillaChanson italienne – La canzone di Bresci – Giuseppe Ciancabilla – 1901
"L’Aurora », n° unico 29 luglio, anno III, 27.7.1901 Spring Valley
Musique : Va pensiero (Giuseppe Verdi)
Cette
chanson, considérée jusqu’à présent comme anonyme et déjà
publiée à plusieurs reprises avec la mention « extrait d’un
recueil de chansons bilingue italien-espagnol sans couverture et avec
l’indication manuscrite La Questione Sociale, Buenos Aires »,
a en fait été écrite par Giuseppe Ciancabilla, un anarchiste
individualiste exilé aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, et
publiée dans « L’Aurora », imprimé à Spring Valley,
« numero unico 29 luglio » le 27 juillet 1901, où
l’auteur suggère : Celui qui souhaite habiller ces vers en
harmonie, peut l’adapter sur l’air du Premier Mai », la
célèbre chanson de Pietro Gori elle-même chantée sur l’air de
« Va Pensiero » du Nabucco de Verdi. Le texte publié
jusqu’à présent répète une série de fautes d’impression
flagrantes, dues à la première composition typographique hâtive et
incertaine, qui rendent incompréhensible la signification de
certaines strophes ».
Santo
Catanuto/Giuseppe Schirone, « Il canto anarchico in Italia
nell’Ottocento e nel Novecento », 2a ed. Zero in Condotta,
2009, p. 157
Juste
un mot, dit Lucien l’âne, pour rappeler que Marco Valdo M.I. avait
écrit une chanson
à la mémoire de Gaetano Bresci ; elle s’intitulait :
« GAETANO,
GRACIÉ ET PENDU », où
il rappelait ceci – le curieux suicide de Gaetano Bresci, c’est
ce qu’on appelle sans doute dans les prisons et les préfectures
d’Italie et d’ailleurs, le suicide d’État,
une forme de suicide involontaire contre le gré du suicidé
:
« Gaetano...
Gaetano Bresci,
Qui tua un roi d'Italie
Cent ans après, plus de cent ans après,
Pas d'enquête, plus de dossier, pas d'explication
Dans sa cellule Gaetano gracié pendait.
C'est fou ce qu'on meurt en prison
Gracié, pour la forme
Gracié, battu à mort et pendu
Pour la bonne forme
aux barreaux de la cellule suspendu.
Suicidé,
contre son gré.
C'est fou ce qu'on meurt en prison.
Celui qui au grand jamais
ni pour rien au monde ne se suiciderait,
subitement, se suicide en prison. »
Qui tua un roi d'Italie
Cent ans après, plus de cent ans après,
Pas d'enquête, plus de dossier, pas d'explication
Dans sa cellule Gaetano gracié pendait.
C'est fou ce qu'on meurt en prison
Gracié, pour la forme
Gracié, battu à mort et pendu
Pour la bonne forme
aux barreaux de la cellule suspendu.
Suicidé,
contre son gré.
C'est fou ce qu'on meurt en prison.
Celui qui au grand jamais
ni pour rien au monde ne se suiciderait,
subitement, se suicide en prison. »
Ô
chant de Bresci qui t’élève
Dans
le plus pur ciel de l’idéal,
Ô
chanson de Bresci, augurale
Qui
nous parle
la langue d’homme.
Ô
chant de Bresci
éclatant,
Parle,
dit les mots
forts,
Distille
l’hymne volontaire et vibrant,
Musèle
les honteux
accents retors.
Et
de la mer qui
rugit puissante
Contre
les rives de la
triste petite île
Se
libèrent les strophes de
la lamentation,
Et
se déployant, en
l’air, elles s’en
vont.
Les
vents les portent sur
leurs ailes
Avec
une grande voix
qui rugit :
Par
les monts, par les plaines,
par les grèves,
Monte
au grand soleil le
chant de Bresci.
J’étais
calme et serein, j’étais dur ;
Dans
mon esprit, le
beau rêve rutile
D’une
grande idée
très pure :
Donner
l’amour aux dolents, aux tristes.
En
exil – oh, la
pénible remembrance
Des
frères, une voix déchirante
Par
l’air parvenue, implorante
Comme
un cri d’angoisse et de souffrance.
C’étaient
des visions pâles
et tristes
D’enfants,
de mères, de gens mourants ;
Vieux,
jeunes, ardents,
Fleurs
de beauté et de
force.
Et
ils furent vaincus, écrasés, fauchés
Par
le plomb d’un
infâme tyran :
Angoisse,
tourment, ahanement,
Il
leur faut subir tout et les
atroces
lâchetés.
J’ai
recueilli, joyaux
de pure douleur,
Les
larmes et le sang de
nos frères
Et
au fond de mon cœur,
La
résolution fleurit
sévère.
Un
jour, je suis revenu
déterminé,
Alors
que ce
triste roi exultait
aux réjouissances,
Sur
ce loup
par le sang alléché,
Mon
bras accomplit la vengeance.
Quand
j’eus accompli le devoir sacré,
Entre
des murs glacés, j’ai
été enterré.
Sur
moi en des
tortures
atroces, avec rage
Se
sont acharnées les bêtes sauvages.
Ni
affaibli, ni
vaincu, ni
dompté,
Car
fier, mon esprit est resté
Et
les bourreaux
assassins du petit roi
De
ma jeune vie ont désaccordé le pas.
Maintenant
j’attends, maintenant j’attends
Impatient
d’atteindre ma grande vengeance :
Ce
n’est pas seulement mon esprit qui attend,
Ce
n’est pas seulement mon cœur qui lance.
On
est mille et mille aspirants
Au
lavage suprême des déshonneurs ;
Ô
frères, relevez le front maintenant,
Voici
l’aube d’un
jour meilleur !
O
frères, frères, serrez
En
un faisceau les hommes dispersés,
O
frères, dont le pleur déjà étale
Le
sourire d’un doux idéal.
C’est
l’heure solennelle qui accélère
L’extermination
des tristes pleutres,
Bras
sûr, sûrs regards :
À
chaque poitrine ennemie,
un poignard !
Quand
le jour de l’accomplissement exubérant
De
la vengeance humaine viendra,
De
sa tombe, Gaetano
Bresci adressera,
Un
solennel salut à tous les puissants.
Accourez
tous, ô, mes frères
Au
rocher où repose Bresci,
En
ce jour de radieuse gloire
Où
exulteront nos esprits ».
Voilà
le chant de Bresci qui s’élève
La
voix puissante du pleur
Qui
s’épand de la triste petite île ;
Porté
par le vent, il s’en va baigner les coeurs.
Ô
vibrante chanson de Bresci,
Ta
voix ne se répand pas en vain ;
Le
jour que tu invoques n’est pas loin,
Ce
grand jour des comptes, le voici !
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