La
dernière Scène
Chanson
française – La dernière Scène – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 53
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
La
dernière Scène
Joseph
Steib – peintre résistant
Mulhouse
– 1943
|
Dialogue
Maïeutique
Tu
te souviens certainement, Lucien l’âne mon ami, que l’autre
jour, on avait perdu de vue les pantins du sieur Andrea Sereno que
Matej avait dû abandonner du fait que lui-même avait été arrêté
et ensuite, repris par l’obligation militaire. Cependant, comme tu
le verras dans cette chanson, les petits bonshommes de bois ont
continué leur aventure. Pas pour longtemps toutefois, car ils jouent
ici leur dernière scène.
Oh,
dit Lucien l’âne, c’est ça, le titre étrange de cette chanson.
J’aurais juré que c’était une autre scène qui se jouait,
celle où un type au milieu d’une grande table, entouré d’autres
gars : six à gauche, six à droite – tous un peu ahuris. Et si
tu comptes bien, ils étaient treize à table et ça ne leur a pas
porté chance, paraît-il. Ils auraient dû écouter le dicton et se
fier à la sagesse antique, mais il y en a qui en savent toujours
plus que les autres.
En
effet, répond Marco Valdo M.I., c’est à peu près ça qu’on
voit dans une célèbre peinture à la fresque. Cependant, c’est
juste une homophonie qui te fait faire cette confusion, car la
peinture de Léonard a pour titre « La dernière Cène »,
c’est-à-dire le dernier repas du soir. Ici, on aurait plutôt
dit : « Le dernier Souper ». Je t’accorde
toutefois que c’est évidemment aussi la dernière scène de cette
comédie-là. Ensuite, m’a-t-on raconté, elle s’achève
tragiquement.
Alors,
dit Lucien l’âne, on dira que c’est une tragi-comédie qui finit
mal.
Si
on veut, dit Marco Valdo M.I., car il y a un tour de passe-passe
final qui la conclut en « happy end », car le mort qui
était mort, n’est plus mort, mais on ne le retrouve plus. Un vrai
péplum hollywoodien.
D’accord,
dit Lucien l’âne, tout ça me paraît bien embrouillé et pas
clair du tout, mais dis-moi plutôt ce qu’il en est de la petite
troupe et de sa dernière scène. Par parenthèse, je croyais qu’elle
l’avait jouée, dans l’épisode « La
Guerre frappe à la Porte », sur la scène de ce théâtre
vide où Matthias faisait ses adieux avant d’aller – contraint et
forcé – déserter à Austerlitz.
Et
donc, reprend Marco Valdo M.I., les marionnettes abandonnées ont
décidé de retrouver leur directeur disparu. Sans lui, elles se
sentent orphelines. Finalement, elles se mettent en route et
aboutissent dans une auberge en ruines pour y passer la nuit. Tout va
bien jusqu’à l’arrivée d’une bande de soldats qui va leur
faire subir toutes les violences, les massacrer et incendier
l’auberge. Bien sûr, les pantins vont se défendre et opposer une
héroïque et civile résistance – Labyrinthe s’emparant d’un
pistolet, tuera l’adjudant qui commande les soldats, mais que
peuvent les petites gens contre la soldatesque ivre.
Dans
la
Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour
conserver leurs richesses, accroître leur domination, etc., il en va
toujours ainsi : les civils sont la proie des armées. Alors,
tissons le linceul de ce vieux monde armé, militaire, brutal, idiot
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Des
brutes embarquent dans les fourgons
Les
conscrits désignés volontaires.
Les
marionnettes sont sans réaction
Face
à la barbarie militaire.
Sous
les yeux pétrifiés de la compagnie,
Ignorante
de sa propre tragédie,
Le
directeur-déserteur est enlevé
Au
petit théâtre ainsi décapité.
Oui,
Monsieur
Po,
oui, Monsieur
Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Face
aux petits comédiens hésitants,
Siegfried,
comte palatin, conte la guerre,
L’affrontement
décisif en Bavière.
Geneviève,
la comtesse, propose
d’aller en Brabant.
Il
s’agit de survivre avant tout.
Basile
plaide le chemin contraire :
La
Moravie, la Silésie, n’importe où
Où
on ne trouve pas la guerre.
Oui,
Monsieur
Po,
oui, Monsieur
Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Une
nuit, à l’auberge en ruines, les soldats
Violent
Geneviève, écrasent le Palatin.
La
belle Hélène se défend des deux bras.
L’un
après l’autre meurent les comédiens.
Méphisto
appelle les puissances infernales,
Basile
propose de négocier, de payer.
Labyrinthe
les venge d’une balle :
L’adjudant
violeur tombe foudroyé.
Oui,
Monsieur
Po,
oui, Monsieur
Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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