samedi 11 avril 2020

HORS LA PEUR

HORS LA PEUR



Version française – HORS LA PEUR – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson italienne – Fuori la pauraNomadi – 2020
2020: Chansonnier du Coronavirus



Fou de peur

Gustave Courbet - 1844



Le groupe émilien Nomadi a sorti une nouvelle chanson avec Paolo Belli, disponible dès aujourd’hui, le 24 mars. La chanson, intitulée "Fuori la paura" a été réalisée pendant ces journées caractérisées par l’urgence du Coronavirus.

Dans un communiqué de presse, Beppe Carletti a déclaré : "Ce n’est pas une idée à but lucratif, nous avons toujours été attentifs à la réalité qui nous entoure et le moment que nous vivons ne pouvait pas nous laisser indifférents maintenant. Avec Paolo Belli, nous avons réalisé ce morceau et c’est de bon augure."

Paolo Belli a ensuite ajouté : "Le 21 mars (mon anniversaire), Beppe Carletti m’a appelé et m’a demandé si je voulais participer à ce projet. Dans un moment aussi difficile, c’était un beau cadeau, qui m’a permis de jouer et de chanter les pensées, les rêves et les sentiments qu’il m’avait transmis. Si la même émotion que j’ai ressentie en l’écoutant pouvait à mon tour la faire ressentir au plus grand nombre, ce serait un merveilleux cadeau".
Les artistes ont enregistré des pistes audio et vocales de la chanson dans les studios improvisés de leurs maisons. Grâce à Atos Travaglini et à la supervision de Massimo Vecchi – respectivement ingénieur du son et bassiste de Nomadi – le travail réalisé "à distance" a été transféré en un seul morceau et la chanson "Fuori la paura" est née.



Dialogue Maïeutique



Je t’avoue, Lucien l’âne mon ami, que dès la lecture du titre italien de cette chanson italienne, j’ai vu surgir devant mes yeux le Horla, cet énigmatique personnage qui a tant poursuivi Guy de Maupassant qu’il en avait écrit trois nouvelles, trois versions différentes. Il tentait de l’endiguer, mais finira par être submergé entièrement par lui.

Oh, dit Lucien l’âne, je le connais aussi celui-là qui faisait voler les roses devant les yeux incrédules. Imagine ce que peuvent représenter des roses volantes pour un âne tel que moi. J’admets volontiers, par ailleurs, qu’il n’y en a pas d’autre.

Bien sûr, répond Marco Valdo M.I., il ne peut en exister d’autre que toi ; jamais aucun autre ne pourra revendiquer ton authentique antiquité. Mais, laisse-moi te dire que ce n’est pas le sujet de la chanson. Donc, m’étant mis en tête le Horla, je l’ai établi comme personnage central de la version française ; un personnage qui symbolise ici cette peur irréfragable qui s’est emparée récemment de la quasi-totalité de l’humanité, littéralement affolée, face à ce phénomène naturel qui la bouleverse. Il est vrai qu’elle avait cru pouvoir écarter pour l’éternité et oublier pour toujours la contingence du monde. C’était compter sans la nature, sans la nature même de la vie biologique dont, comme tu le sais, il est prudent, utile et intelligent de ne jamais perdre de vue que pour l’essentiel, elle nous échappe. Elle nous échappe dans ses échappées soudaines ; elle nous échappe aussi par sa complexité. Si importantes, si nombreuses, si étendues soient nos connaissances, elles restent parcellaires, rudimentaires, fragmentaires et singulièrement, lacunaires. La connaissance est un phénomène paradoxal : plus elle s’étend, plus elle mesure sa petitesse, sa nanitude sans cesse renouvelée. Ce n’est pas que nous ne sachions rien, loin de là ; nos sciences sont multiples et fort étendues, mais le monde – considéré dans toutes ses dimensions, s’étend bien au-delà. Dans un nouvel au-delà, l’horizon recule toujours et toujours s’agrandit.

Halte-là, Marco Valdo M.I., tu t’emballes. Je t’en prie dis-moi plutôt de quoi se préoccupe cette chanson et tout ce que tu voulais en dire.

Oh, Lucien l’âne mon ami, cette chanson est une sorte d’invocation contre la terreur qui étreint certains ; elle est une sorte d’incitation au calme, au courage et à la raison. Cela dit, je t’avoue aussi que la version française, stimulée par l’apparition du Horla, ce fantôme de la folie, ce fantasme invisible, ce croquemitaine exotique, ce Phantomas redoutable, s’est enrichie de cette présence. Je te le dis, Lucien l’âne mon ami, cette panique, cette terreur, cette horreur, ce Horla qui s’en vient titiller le monde est le plus grand ennemi de l’homme. Au fait, finalement, quand même, ce qu’on est bien chez soi !

Au fait, oui, ce qu’on est bien chez soi, conclut Lucien l’âne. Et puis, c’est déjà bien qu’on ait la vie ; pour le reste, soyons patients. Chaque chose vient en son temps et qu’on le veuille ou non, il faut s’en accoutumer et s’il faut mourir, mourons tranquilles ; si nécessaire, aidons à mourir dans la tranquillité. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde raviné, mutant, contrariant, évolutionnaire et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Horla, peur ! Quand tout cela sera passé,
Quand nous serons prêts à nous embrasser,
Quand on pourra à nouveau se retrouver,
Quand tout cela sera terminé,
Nous reporterons avec fierté, notre humanité
Hors la peur !
Horla, peur !


Quand nous reprendrons nos jours,
Debout à l’arrêt de chaque jour,
Quand toutes les bonnes choses vont revenir,
Nous marcherons pieds nus vers l’avenir
Et nous enterrerons la peur.
Hors la peur !
Horla, peur !


Quand nous dorloterons nos heures,
Quand nous attendrons le bonheur,
Quand reviendra le bonheur,
Nous marcherons avec le monde
En prenant soin de chaque seconde
Et nous enterrerons la peur.
Hors la peur !
Horla, peur !


Comme chaque nuit,
Comme la nuit qui fuit
Brisée par les cris des sirènes,
Blessée par le stridulet de mon haleine,
De cette voix qui nous tient en vie
Hommes et femmes unis dans cette folie,
En cette nuit qui nous a fait otages
Mais au fond…
Face à l’orage
Crions, crions
Horla, peur ! Hors la peur !
Horla, peur ! Hors la peur !

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